La France et ses mystères

Superstitions, croyances populaires, légendes,
endroits maléfiques et autres lieux habités par des créatures mystérieuses
; voilà le but de cette rubrique. Non pas pour faire peur ou même effrayer
les âmes sensibles, mais surtout pour le plaisir de la découverte et
aussi pour vous faire sourire.
A travers ces pages, découvrons
l’imaginaire de quelques uns de ces lieux hantés par des lutins espiègles,
où par ces êtres hideux qui terrorisaient nos ancêtres. Mélusine, Morgane,
Kraulla, Galipode, Dames Blanches, Filourdi, et autre Croque-mitaine,
voilà l’univers que je vous invite à partager. Chaque région, chaque
lieu, a ses mystères et pour commencer voici une légende de l'Hérault.
Le Pont du Diable (34)
Le Pont du Diable
Ce jour là, Andramélech avait encore désobéi.
Il avait passé de l’autre côté de la grande rivière rouge. Il avait
menti en disant qu’il ne s'éloignerait pas, qu’il irait juste faire
des pâtés de lave. Oui, il avait désobéi et menti. Mais après tout,
ce n’était guère étonnant puisque Adramélech est un diable.
De l’autre
côté de la rivière rouge, il y avait de quoi s’amuser vraiment. Adramélech
soufflait de toutes ses forces dans ces cônes de fumées toxiques, la
fumée ressortait par un autre cône un peu plus loin, en faisant un énorme
« prout ». Il trempait ses doigts dans la lave et écrivait en très gros
sur la paroi des grottes »Belzébuth, tu pu es le bouc », il dégommait
les stalactites et les stalagmites avec de grosses pierres rondes. Il
se taillait un cornet dans le basalte et y faisait couler du métal fondu,
cuivre, nickel, ses parfums préférés, avec une noisette de soufre dessus.
C’était vraiment des bons moments. Pourtant, au fond de lui, Adramélech
ressentait comme un vide. A quoi cela sert d’être un diable si personnes
n’est témoin de vos diableries ?
Mais ce jour là, il allait se passer
quelque chose.
Quelque chose d’extraordinaire…En jouant, il s’était
beaucoup éloigné de la rivière rouge, coulée de lave dans laquelle il
prenait son bain tous les jours. Il venait d’entrer dans une immense
grotte et il bondissait de bloc en bloc, bien aidé en cela par ses sabots
de chèvre, pour grimper jusqu’au plafond. plus il montait, moins il
semblait se rapprocher de sa folle idée. Essoufflé, il finit par atterrir
sur un promontoire. En tâtonnant dans le noir, il découvrit un tunnel
qui s’enfonçait horizontalement dans la roche. Au bout de sa longue
marche, sa progression fut stoppée par un éboulis de grosses pierres
qui obstruait totalement le tunnel.
« Flûte, je vais devoir rebrousser
chemin »., se dit-il. mais un bruit étrange lui fit dresser ses oreilles
pointues. Il y avait quelque chose qui vibrait derrière l’éboulis, quelque
chose de vivant et de puissant. La curiosité est un vilain défaut et,
comme s’était un diable, Adramélech avait presque tous les vilains défauts.
Il entreprit de déblayer le tunnel. Soudain, il y eu énorme fracas.
Dans un rugissement de tempête, Adramélech se sentit comme attrapé par
une grande main, mais une main d’une douceur qu’il n’avait jamais encore
éprouvée. Le petit diable venait de rencontrer l’eau.

Le courant emportait Adramélech dans une folle
course à travers les labyrinthes souterrain de la roche karstique. Enfin,
la rivière le recracha et il tomba sur une grande pierre plate. Il pensait
qu’il était à nouveau dans une grotte. Mais cette grotte avait quelque
chose de spécial, son plafond était constellé de petites taches blanches
et brillantes. Le petit diable venait de rencontrer le ciel.
Bien
sûr, il avait entendu parler de la surface de la terre et des êtres
qui la peuplait : les hommes. Mais il avait toujours pensé que c’était
des histoires inventées pour faire peur aux petits diables et éviter
qu’ils ne s’éloignent trop.
Il fallait pourtant se rendre à l’évidence
: ce qu’il voyait de l’autre côté de la rive, ce n’était manifestement
pas un diable, mais bien un homme.
Chapitre II
Le vieux Raol
pestait contre son âne. Impossible de l’amener au bord du fleuve Hérault.
en cette saison, au débouché des gorges, ses flots sont tumultueux,
l’âne eut peur. Peut-être se souvenait-il d’avoir vu l’un de ses semblables
disparaître dans les eaux sombres en tentant une périlleuse traversée.
Le vieux Raol comprit qu’il devrait porter lui-même le chargement
jusqu’à la rive où l’attendait une petite barque. Il hissa sur son dos
les lourdes draperies commandées de longue date par l’abbaye de Gellone.
« Peste soit de cette rivière, grommela-t-il, je préfère encore
avoir affaire à des brigands de grands chemins. Au moins avec eux, on
peut discuter ».
Il pensait déjà aux tracas qui l’attendaient. Il
lui faudrait traverser la rivière, de l’autre côté il devrait dissimuler
sa marchandise dans les taillis, marcher jusqu’à l’abbaye pour y chercher
un âne, charger les draperies, retourner à l’abbaye, livrer les draperies,
revenir jusqu’à la rivière et la franchir une nouvelle fois sur cette
frêle embarcation. L’esprit envahi par ses soucis, Raol n’était pas
attentif à ses gestes. Et il commit l’irréparable. Il trébucha en montant
à bord de l’esquif, vacilla, tenta de retrouver son équilibre, transféra
tout son poids et celui de son fardeau sur un côté de la barque qui,
en une seconde, se retourna. Les draperies furent englouties dans les
flots, se déployant et filant de le courant comme de gigantesques poissons
blancs.
Emporté lui aussi, le drapier ne dut son salut qu’à un arbre
effondré en travers des flots, auquel il réussit à s’accrocher. Il se
tracta à la force des bras et, trempé, s’affala sur la rive comme une
grosse loche. A peine son souffle retrouvé, il hurla : « Peste soit
de cette rivière, quinze jours de travail engloutis par cette maudite
eau. Encore un coup du Malin ! »
Scandalisé par ce discours, Adramélech
sortie de sa cachette « Hé, qu’est ce que j’ai encore mal fait ? Je
vous ai juste regardé vous démener comme un nigaud. Vous feriez mieux
d’apprendre à nager ou de construire un pont. Hé, ho ! Où courez-vous
comme ça ? Je vous parle, espèce de coprolithe !»
Chapitre III

Félip avait mal au pieds. Il marchait depuis
deux jours sur la draille, il avait hâte de voir fumer la cheminée de
sa maison. « Maman a dû faire la soupe de pois avec du lard ». Les brebis
accéléraient à présent le pas aussi, sentant l’étable proche. Au loin,
il apercevait les toits de son village. Mais avant de s’abandonner à
la joie de retrouver son foyer, le garçon devait affronter cette image
qui lui serrait le cœur par avance. A l’entrée du bourg, il y aurait
ce grand chien maigre et laid, attaché court, le col décharné à force
d’avoir tenté de s’arracher à sa condition de prisonnier. Quand Félip
passerait, le chien le fixerait de ses grands yeux tristes. Il fut extrait
de ses noires pensées par des voix qui provenaient de la rivière.
Adramélech avait amassé une montagne de petits cailloux plats sur
la rive. Il faisait des ricochets. Il avait remarqué le manège d’un
petit groupe d’hommes qui l’observait, dissimulé derrière un bosquet
de cade. L’un d’entre deux sortit de sa cachette et s’approcha d’une
démarche ridicule, à la fois prétentieuse et gauche.
« Je suis Christol,
chef de la Guilde des marchands, je représente les doreurs, les orfèvres,
les drapiers, les potiers et changeurs de toutes la Seigneurie de Montpellier.
Notre Seigneur, Sieur Guilhem, veut commercer avec les autres fiefs
du Languedoc. Il veut un pont sur l’Hérault. Avec tes pouvoir, tu peux
certainement faire cela ? »
Adramélech était concentré à améliorer
sa technique de ricochets. « 12, 13, 14 ! Vous avez vu ça ?!! »
« Peux-tu construire ce pont, oui ou non ?!! Je te donnerai ce que tu
voudras ! » Christol s’était emporté, il avait crié et il le regrettait
déjà.
« Oh là là, vous êtes d’un barbant ! Peuh ! Bien sûr que c’est
dans mes cordes ! Je suis même un spécialiste ! » En disant cela, le
petit diable pensait : « Un pont, un pont, ça peut être amusant ». Sûr
de lui, il lança : « Revenez dans une heure, votre pont sera construit
».
A l’heure dite, les marchands étaient au rendez-vous. Devant
eux s’érigeait une fantastique construction.
-« qu’est cela ? »,
dit le chef de la guilde des marchands d’un air soupçonneux en touchant
l’ouvrage du bout du doigt.
- « C’est un pont en bambou. Le plus
léger et le plus résistant des matériaux, souple et dur à la fois. Remarquez
la légèreté, l’élégance de mon ouvrage !! » Adramélech était vraiment
très fier de son travail, sa queue fourchue frétillait de plaisir.

« Tu te moques de nous ! Crois-tu vraiment que
nous engagerons une charrette sur ces brindilles ? Et notre seigneur,
son armée ? Fait nous un autre pont ou notre accord ne tient plus !
»
-« Grrr, il ne sert à rien de discuter avec des ignorants. Revenez
dans une heure, vous aurez un autre pont. »
A l’heure dite, les
marchands étaient au rendez-vous. Devant eux, s’érigeait une fantastique
construction.
« Vous aviez raison, le bambou c’est trop basique.
Regardez celui que j’ai construit en terre cuite. Un matériau formidable,
il permet de réaliser toutes les formes désirées et puis, vous avez
remarqué comme il est magnifiquement décoré ? » Sur toute la surface
du pont, Adramélech avait peint des poissons multicolores.
« En
terre cuite ?! Tu veux que nous fassions passer nos chevaux sur une
poterie ? Mais tu es fou ! Nous voulons un pont solide et fidèle à nos
traditions, un pont de pierres ! »
« En pierre , Quelle drôle d’idée
mais vos maisons dont déjà en pierres, vos moulins, vos capitelles,
vos églises, vos chemins sont en pierres. Vous n’avez pas envie de changer
un peu ? »
« Nous ne voulons pas changer. Nous avons confiance que
dans ce nous connaissons. »
Adramélech, cela ne l’amusait plus du
tout s’il fallait construire le pont en pierres. Alors il décida de
leur faire peur, il alluma la flamme dans ses yeux, fit briller ses
cornes, claquer sa queue fourchue sur le sol, dressa ses écailles et
avec une énorme voix leur dit : « Si je dois le construire en pierre,
alors je prendrais l’âme du premier être qui franchira ce pont. Je l’emmènerai
avec moi brûler pour l’éternité au plus profond de l’infernal abîme
des enfers. » Il dit cette dernière phrase avec une grimace affreuse,
celle que lui avait apprise son cousin Satanas.
Pétrifié, le chef
de la Guilde des Marchands s’entendit dire d’une voix blanche : « Tu
pourras prendre l’âme du premier être qui franchira ce pont. L’affaire
est conclue. » Voyant que sa ruse avait échoué et de guerre lasse, Adramélech
se mit en colère : « Très bien, bande de croûtes : vous aurez un pont
en pierres, le pont le plus pierreux qu’on puisse imaginer. »
Chapitre IV

« Chut, doucement les brebis, on va se faire
repérer. » Felip avait tout entendu des échanges entre le diable et
les hommes. Il suivait maintenant discrètement le groupe de marchands
et écoutait leur conversation animée.
« Nous dirons à sieur Guilhem
que nous avons construit ce pont et il sera envers nous plein de gratitude.
Il nous donnera les meilleurs charges, les meilleures terres. Nous seront
bientôt riches, puissants et respectés. »
En attendant, il était
clair que le diable aurai rapidement fini le pont. Et qu’il faudrait
aussitôt le payer en lui livrant une âme. Mais laquelle ? « Quelqu’un
à une idée ? »
« Il y a bien le vieux. Il est a moitié aveugle,
il ne marche presque plus. C’est une charge, sa famille sera soulagée.
»
Felip dévalait la draille. Son cœur tapais dans sa poitrine, il
n’avait qu’une idée en tête : arriver avant les marchands à la maison
du Vieux.
Il entra précipitamment dans la pauvre masure, trouva
le Vieux devant la petite cheminée. Il l’attrapa sous les aisselles
et le traîna vers la porte.
« pépé, ça ne va pas de rester là toute
la journée, il faut que vous marchiez un peu pour rester en forme. Allez,
venez, il fait beau. » Et il l’entraîna dans la forêt de chênes verts.
Juste à temps, les marchands toquaient à la porte. « Holà, le Vieux…
Nous sommes venus vous chercher pour faire une promenade à la rivière.
Venez donc, i fait beau ! Peste, il n’y a donc personne dans cette maison
? »
« Moi, moi, moi, je veux venir aussi à la promenade, moi, moi
! » C’était Enguerrand. Il avait 30 ans, mais l’esprit d’un petit enfant.
Christol souffla aux autres : « Très bien, l’idiot remplacera le Vieux..
Allez viens Enguerrand, tu verras, on va bien s’amuser. Tu sais qu’il
y a un nouveau pont ? Non ? tu as déjà marché sur un pont ? »
Impuissant,
Felip les regardait prendre le chemin de la rivière… Le Chien lui avait
fait la fête quand Felip l’avait détaché. Il lui avait léché les mains
de gratitude. Et, comme Felip le pensait, il l’avait suivi, guidé par
son inépuisable confiance de chien.
Le pont était là, le pont de
pierres. Deux arches larges et solides semblant faire corps avec le
rocher dans lequel elles étaient insérées. Felip était arrivé avant
les marchands. Il voulait agir vite, il luttait pour s’empêcher de penser
aux conséquences de l’acte qu’il s’apprêtait à commettre.
Il ouvrit
son sac d’une main tremblante, en sorti un bel os. Respira fort, le
lança de l’autre côté du pont. Le chien s’élança… et disparut pour toujours.
Félip pleurait à genoux dans la poussière, maudissant les marchands
et leur inhumaine cupidité. Le jour venu, quand ils rendront leur dernier
souffle, le Diable prendra aussi leurs âmes !
Sous le pont, la rivière
grondait, couvrant les bruits et les cris. Quel bruits, quel cris ?
Ceux qui venaient de sous la terre. Rires, aboiements joyeux, cavalcades,
chatouilles, bagarre, gratouilles, calins… Adramélech était si heureux.
Qu’aurait-il fait d’une âme ? Il avait un chien.
Vincent Girard
- Hérault Magasine - 12/2013
Drac de La Salvetat sur Agout

C'est l'histoire du sonneur de cloches de Notre
Dame, grand pêcheur et grand buveur, qui déclarait ne pouvoir tirer
de l'eau de l'Agout parce qu'elle sentait la truite, ni celle de la
Vèbre à cause de son odeur d'écrevisses. En allant pêcher en cachette
dans la réserve du Prieur, il lança son épervier sur ce qu'il croyait
être un gros poisson. Mais il avait touché le Drac qui le saisit, l'emporta
dans son gouffre, gouffre situé en face de la Capelo du Bau et se disposa
à le dévorer. Le campanier se souvint alors qu'il avait trois filles
dont il ne s'occupait guère et demanda sa grâce par pitié pour elles.
Le Drac la lui promit, à condition d'épouser l'une d'elles. Les deux
aînées traitèrent leur père de visionnaire et d'ivrogne. Le Drac qui
s'impatientait des mauvaises raisons qu'on lui donnait, menaçait de
rompre les négociations et de manger son futur beau-père, lorsque la
jeune, par pitié filiale, se décida enfin.
Le Drac vint faire une
visite nocturne, suivie de plusieurs autres, sans que les sœurs aînées
puissent obtenir la moindre confidence de leur sœur, qui paraissait
fort satisfaite. Elles firent bonne garde et s'aperçurent que leur horrible
beau-frère, se muait, dans le grenier où couchait leur sœur, en un galant
et superbe chevalier, tandis que les toiles d'araignées se transformaient
en de magnifiques tentures. Mais, au chant du coq, le Drac avait disparu
et tout était rentré dans son état ordinaire de désordre et de pauvreté.
Elles ne purent garder le secret ; d'ailleurs, elles en étaient devenues
folle de jalousie. Le bruit de l'aventure merveilleuse se répandit,
le clergé s'en mêla, vint exorciser la chaumière et la rivière. L'eau
devint bouillante et le Drac accompagné de sa belle qui voulait mourir
avec lui, vint se réfugier dans une grotte où surgit une source qui
porte le nom de "Fount das Novis".

Mais le Drac était enchanté non pas à perpétuité
mais que pour un laps de temps et son enchantement arrivait justement
à son terme ; il reprit sa forme, épousa celle qu'il aimait et les novis
furent heureux et eurent beaucoup d'enfants...
De nos jours, la
Fontaine des Fiancés existe toujours, elle se trouve après le Capello
du Bau, au pied d'un banc, le premier après le tournant. Son débit est
très faible mais son eau possède une étonnante vertu, les jeunes gens
qui en boivent se marient dit-on, dans l'année...
La légende de Sainte Julite

Mélange de tradition chrétienne et tradition
païenne, la légende de sainte Julite se situe dans le département de
la Haute Loire à Saint-Jean d’Aubrigoux, petite commune d’Auvergne.
Le roi Brancos régnait alors sur le village et son fils ainé venait
d’épouser l’héritière du château d’Artites, la très belle Julite. Une
troupe de barbares ravageait toute la contré et vint prendre d’assaut
le château d’Artites, où se trouvait la belle et son époux. Grace à
ses efforts, qui combattit désespérément, Julite put s’échapper et gagna
la forêt. Elle marcha droit devant elle pendant longtemps et arriva
au bourg de Vertaure, où elle chercha du secours, mais aucune porte
ne s’ouvrit devant elle. Il en fut de même au village d’Eyvaras, où
les habitants lancèrent des chiens à sa poursuite. Épuisée, elle tomba
évanouie dans un buisson d’aubépines.
Alors un éclair formidable
déchira le ciel et le village de Verture fut totalement anéantie par
les flammes qui ne laissèrent rien de vivant. Les gens d’Eyvaras, qui
assistèrent au désastre furent alors saisi d’épouvante et, alors, ils
virent la reine des fées, portée par un nouvel éclair, suivit d’une
foule innombrable de fées et de lutins. Pendant que les bonnes fées
entouraient julite et prenait soin d’elle, les lutins, pour punir les
habitants du village, montèrent sur les maisons et arrachaient les toitures
qu’ils jetaient dans des ravins proches. Affolés les habitants, s’enfuirent
en hurlant chercher refuge dans les forêts voisines. La reine des fées
ranima Julite et l’emporta vers le vieux château d’Arzon, alors que
les cloches de Coutarel, enfouies sous le lit du ruisseau, sonnaient
à toute volée, comme elles le font chaque fois que survient un grand
prodiges. Les lutins, une fois leurs destructions achevées partirent
chercher le prince, dont des fées pensaient ses blessures. Enlevé, comme
son épouse, il fut porter dans les airs jusqu’au plus fier sommet des
cimes de Beaumont, où la reine des fées, d’un coup de sa baguette magique,
fit surgir un splendide manoir dominant tout le Livardois.
Julite
et son époux y vécurent heureux pendant très longtemps. Ils eurent beaucoup
d’enfants qui furent les seigneurs de Beaumont et les Chalençon-Polignac.
Les Sorciers de Bicêtre (94)


La Grange au Queult

Vers le milieu du XIIIème siècle,
à une lieu et demie du parvis de Notre-Dame, la rivière de Bièvre
coulait nonchalamment entre le village de Gentilly et une colline
surmontée de quelques chaumières et couverte de prés, de terres
labourées et de vigne. C’était le domaine de la « Grange au Queult
», qui avait été acheté en 1250 par le roi Louis IX au maître queue
de sont père, d’où le nom de la métairie.
Peu de temps après,
le roi donna le domaine à des moines chartreux pour y bâtir leur
couvent. Les moines, ayant au bout de deux ans épuisé les charmes
de l'endroit, profitèrent d'une nouvelle libéralité du roi pour
venir installer leur communauté sur les terres du château de Vauvert,
au sud de l'actuel jardin du Luxembourg, après avoir exorcisé les
diables et démons qui hantaient ces lieux.
Quant à la Grange-aux-Queulx,
elle devint, vers 1280, propriété de Jean de Pontys, évêque de Winchester
et conseiller d'Édouard Ier, roi d'Angleterre ; il y
fit construire le château de Winchester, dont le nom, par déformations
successives, allait peu à peu devenir « Bicêtre ». Ce manoir fut
confisqué par Philippe le Bel en 1294, puis incendié par les Anglais
en 1359. Vers 1400, le duc Jean de Berry, frère de Charles V, fit
édifier sur son emplacement un château somptueux, dont la richesse
fit l'admiration de ses contemporains. Malheureusement, en 1411,
à l'occasion de la guerre entre Armagnacs et Bourguignons, la superbe
demeure fut pillée et incendiée. Ses ruines, abandonnées, devinrent
un repaire de vagabonds, de mendiants et de malfaiteurs en tous
genres pendant plus de deux siècles.
Bicêtre était au Moyen-âge le séjour privilégié
des sorciers et des démons rôdant autour de Paris. la proximité de l’immense
réseau de catacombes qui ouvraient là leur mystérieux labyrinthe contribuait
beaucoup à la survivance de ces croyances. Au XIIIème l’évêque
Jean de Winchester, qui résidait à la cour de Philippe Auguste, voulu
acheter un bâtiment appelé « La Grange aux Queux » soit disant hanté
par des puissances démoniaque et lieu où se déroulait des sabbats. Un
jour, dix moines exorcistes vinrent sur les lieux pour chasser les démons
des ruines. A peine furent-ils entrée dans la première pièce, qu’ils
furent environnés par des flammes surgissant du sol, accompagnée d’horribles
hurlements, de bruits de chaines et autres manifestations diaboliques.
Terrifiés, les moines s’enfuirent en courant et jurèrent de ne plus
revenir dans cet endroit maléfique.
L’évêque voulu constater par
lui-même le terrifiant spectacle que lui avait décrit les moines qu’il
avait envoyé exorciser les lieux et terrorisé à son tour il fut convaincu
de l’existence de l’enfer et il abandonna son projet de résidence. On
désigna alors ce sinistre lieu sous le nom de « château de Winchester,
ce qui, prononcé à la française, devint « Vincestre et bien plus tard
Bicêtre.
Un jour, un apprentis barbier gascon, et se disant plus
malin que d’autres, vint trouver l’évêque et luit dit qu’il se faisait
fort de mettre ne fuite tous les démons, à condition que l’évêque lui
donne une bourse contenant cent écus d’or. L’évêque accepta le marché
et notre jeune gascon pénétra dans la Grange, avec pour tout arme un
cierge et un grand flacon d’eau bénite. Il alluma le cierge et attendit
les fantômes. Un grand homme pâle, tout vêtu de velours rouge, lui demanda
ce qu’il venait faire dans ce lieu. Il lui répondit, qu’il venait prendre
possession de la Grange au nom de l’évêque. Que donnes-tu en retour,
lui rétorqua l’homme en rouge. Mon âme qui est pratiquement pure, lui
répondit le barbier. Acceptant le marché, le diable transcrivit la donation
sur un grand parchemin et y apposa son sceau. L’acte étant rédigé, le
diable le remis au Gascon et lui demanda quand il pourrai prendre possession
de son âme.
Lorsque ce cierge sera éteint, lui répondit le jeune
téméraire, en sortant précipitamment sa fiole d’eau bénite, dont il
aspergea le diable et y enfermant et le cierge et le parchemin. Le diable
vaincu, s’enfuit en hurlant et se griffant de rage. Il jura, mais un
peut tard, qu’on ne l’y reprendrai plus. C’est ainsi que notre brave
gascon gagna ses cent écus d’or et que l’évêque Jean put acquérir la
Grange aux Queues et la transforma en un magnifique palais, dont les
fenêtres, pour la première fois en France, furent garnie de vitres en
verre.
Le sang de la statue (36)

Le 30 mai 1187, deux mercenaires à la solde de
Richard Cœur de Lyon, qui est en campagne contre les armées de Philippe
Auguste jouaient aux dés. A court d’argent, ils avaient choisi comme
enjeu l’index de leur main gauche. Le même soldat perdit deux fois.
Amputé de deux doigts, il entra dans une violente colère et de rage
lança une pierre sur la statue de la Vierge à l’enfant qui ornait, selon
les un le cabaret, selon d’autres le porche de l’église de l’abbaye.
La pierre lancé avec force cassa le bras de l’enfant Jésus qui tomba.
Le sang se mit à couler aussitôt de la pierre et le mercenaire expira
dans d’horrible convulsions tandis que l’on entendait un rire démoniaque,
indiquant la présence du Démon. Aussitôt on accourt en criant au miracle.
Les Anglais sont pris de terreur à l’annonce de l’évènement. le lendemain
matin Jean sans Terre vint sur les lieux et parvint à s’emparer du bras
de l’Enfant Jésus qu’il enveloppe dans un pan de son manteau. Le sang
se mit à couler de nouveau et Jean sans Terre ramena la relique en Angleterre,
où il fit construire une basique en son honneur.
La légende raconte
que le lendemain, un dimanche des fidèles virent la Vierge de pierre
faire un mouvement ; elle saisit les deux extrémité de son voile qui
lui couvrait les seins, le déchirer et mettre sa poitrine à nue en signe
de deuil. Averti Richard Cœur de Lyon vint sur les lieux et reconnaissant
le miracle, il interdit, sous peine de mort, de toucher aux biens de
l’abbaye. Quelque temps après la guerre prit fin et la paix fut reconnue
miraculeuse. Depuis ce temps, on va en pèlerinage à l’abbaye de la Bonne-Dame-de
Bourg-Dieu, fondée en 917 par Ebbes de Déols.
Les Loups Garous de Bordeaux

Pierre de Lancre, conseiller au parlement de
Bordeaux, dans un arrêt daté du 6 septembre 1603, déclare qu’il y lieu
d’engager des poursuite contre les loups-garous nommés La Thilaire et
Grenier . Ce dernier avait comparu en audience publique le 2 juin 1603.
Il avait reconnu les faits suivant : On l’avait conduit dans une forêt
et qu’un grand cavalier, tout de noir vêtu et monté sur un cheval noir,
avait mis pies à terre pour lui donner un baiser glacial. Peu de temps
près le dénommé Grenier serait devenu un loup-garou, après qu’il lui
fut donné par la nommée La Thilaire un vêtement une peau de bête et
des graisses magiques.
Il avoua également qu’avec son père ils couraient
tous deux dans la forêt et qu’ils auraient dévoré une jeune garçon et
une petite fille.
Grenier père, selon un témoin, avait reçu sa peau
de bête d’un certain Pierre Labourant, lequel portait une chaine de
fer qu’il rongeait continuellement et logeait dans une chambre où se
trouvaient les chaudières dans lesquelles les loups-garous faisaient
cuire leurs victimes.
Les Bruixes (64)


De tout temps, les montagnes ont été des endroits
où nul n’osait s’aventurer sous peine de se voir dévorer par les loups
ou les ours. De même ces lieux maudits étaient l’antre de sorcières
et autres démons qui seuls pouvaient vivre dans ces coins reculés. Les
Pyrénées ont été l’un des lieux d'habitat de prédilection des sorcières
et autres être fantastiques qui peuplent les pires cauchemars de nos
jeune têtes blondes.
Dans les Pyrénées, les sorcières portent le
nom charmant de Xipotéra et sont dotées de pouvoir effrayants. A grands
cries d’imprécations hallucinantes, elles vous transforment en crapaud,
en sauterelles, ou en gnome malfaisant et vous tiennent enchainés dans
leur demeure où vous serez soumis à d’horribles tourments.
Elles
sont parfaitement identifiables car elles dégagent une odeur fétide,
leurs nez est crochu, et leurs ongles acérés, et au son de leurs voix
vous serez pétrifier de terreur. Si par malheur, vous en croisez une,
surtout ne riez pas car elle vous jettera un sort terrible que seule
une bonne fée pourra anéantir.
Elle hurlera votre prénom et d'un
coup de son balai magique elle s’envolera pour rejoindre sa demeure.
Une simple hutte en forme de champignon vénéneux où elle se plaira à
cuisiner des vipères, des crapauds, et autres bestioles répugnantes
avec lesquelles elle confectionnera ses filtres et ses poisons.
Et
si pour votre malheur vous entendez des psalmodies qui vous font tressaillir
de frayeur, éloignez vous au plus vite car vous risquez de tomber sur
une clairière où se déroule un sabbat de sorcières et là, les pires
tourments vous y attendent.
La tour Anglica de Barbantane

Le gardien de la tour de Barbantane était un homme très soucieux de protéger sa fille Mounette des galants qui lui faisaient la cour. Or, un soir de fête, il permit à celle-ci d'assiter aux réjouissances données en l'honneur de l'évêque, qui lui avait solennellement remis les clés de la tour de la ville. Les jeunes gens et les jeunes filles tenant des rubans de couleur s'en furent les attacher à un mât planté sur une place. Au son des fifres et des tambourins, ils commencèrent à danser en tenant les extrémités de ces rubans qui s'enroulaient autour du mât en une tresse multicolore. Mounette tenait dans sa main un ruban bleu, et un garçon de Barbentane tenait un ruban cramoisi. A une moment donné, leurs rubans s'emmêlèrent et ils ne purent plus les détacher. A la fin de cette danse, ils étaient tombés amoureux l'un de l'autre. Selon la tradition, le garçon vint demander la main de Mounette à son père. Ce dernier ne voulut rien entendre et il enferma sa fille dans la plus haute chambre de la tour, afin que ni ce prétendant ni aucun autre ne puisse jamais l'ôter à son amour paternel et jaloux. Cependant, le jeune homme ne se laissa pas décourager et chaque soir il vint chanter et danser sous la fenêtre de son aimante. Au pied de la tour poussait un lierre qui montait jusqu'à la fenêtre de Mounette. Un jour, le garçon eut l'idée de grimper la long de la plante, afin de venir délivrer celle qu'il aimait plus que tout au monde. Mais sous le poids de l'intrépide jeune homme, le lierre se détacha et s'abattit sur le pavé, entraînant le jeune homme dans sa chute. Hélas, la tour était tellement haute, qu'il se brisa net le cou. A partir de ce malheureux jour, Mounette s'enferma à jamais dans sa tour. Le lierre repoussa et il est toujours là depuis.
Le Drac de Beaucaire (30)

Le monde mystérieux est peuplé de montres en
tout genre, et voici l’histoire du Drac de Beaucaire.
Un jour ; une
jeune lavandière qui lavait son linge dans le Rhône, fit tomber malencontreusement
son battoir dans le fleuve. Voulant le rattraper, elle glissa dans le
fleuve et fut happer par le Drac. Celui-ci l’entraina au son palais,
et demanda à la jeune fille, terrorisée, de bien vouloir allaiter et
s’occuper de son fils, la mère de l’enfant étant décédée. La jeune lavandière
fut prisonnière de son ravisseur qui la libéra au bout de sept ans.
Son apparition provoqua la stupéfaction des habitants de Beaucaire,
et elle raconta son long séjour dans le palais du monstre disant que
le Drac se nourrissait exclusivement des hommes qui pêchaient dans le
fleuve, et qu’il prenait parfois forme humaine pour déambuler dans les
rues de la cité. Elle raconta également qu’un jour le Drac lui avait
donné à manger un gâteau pétri de la chair de serpent. Comme elle touchait
par hasard un de ses yeux avec un doigt maculé par la graisse du gâteau,
elle eut soudain le pouvoir de voir les dracs sous l’eau.
Un jour,
qu’elle se promenait le long des berges du fleuve, elle aperçut le Drac
qui chassait. Elle le reconnu et lui demanda des nouvelles de son fils.
Le Drac fut fort surpris de se voir ainsi reconnaître, lui qui se croyait
totalement invisible. De quel œil me vois-tu demanda le monstre à la
lavandière. Elle le lui montra, aussitôt le Drac toucha les yeux de
la lavandière qui perdu son don de voir le monstre.
Depuis ce temps,
le lavandières du bas Rhône prirent soin de faire sculpté sur leur battoir
l’image d’un lézard ou d’un dragon. Certains d’entre eux sont visible
encore dans des collections où dans des musées

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