Parmi tous les grands édifices et monuments de toutes sortes qui ornent notre pays, on se doit de citer les grands châteaux qui sont les jalons de notre histoire. De la simple demeure féodale comme par exemple le château de Castelnaud, situé en Dordogne, au palais du Louvre, demeure de nombreux rois de France, notre pays ne compte pas moins de 11 326 châteaux, monuments inscrit dans la Base Mérimée du ministère de la Culture.
De tous les châteaux qui ornent notre pays lequel
faire figurer en tête de liste. Le Louvre ? Amboise ? Fontainebleau ? Chambord
? Blois ? Tous méritent une place de choix dans la liste des grandes demeures
royales qui ont été le théâtre d’évènements importants dans l’histoire de
notre pays. Arbitrairement, j’en conviens, mon choix c’est porté sur Versailles,
qui, s’il a été conçu et a reçu dans ses murs un grand monarque, il est
l’un des plus importants jalons de l’histoire de France, puisque, c’est
depuis ses murs qu’a débuté réellement la Révolution Française.
Souvenez-Vous:
Le 5 mai 1789, les Etats-Généraux débutent à Versailles avec trois ordres
distincts : Le Tiers-Etat (environ 600 membres, dont Mirabeau de la noblesse
et Sieyès du clergé), la Noblesse (environ 300 membres) et le Clergé (environ
300 membres). Le Tiers-Etat, par l'intermédiaire de l'abbé Sieyès, ne tarde
pas à réclamer la réunion des trois ordres.
Le 17 juin, les représentants
du Tiers-Etat proclament l'Assemblée Nationale. Trois jours plus tard, les
députés du Tiers-Etat se réunissent dans la salle du Jeu de Paume car leur
salle habituelle leur a été confisquée par le Roi Louis XVI ; ils y prêtent
le serment, à l’initiative de Bailly de " ne jamais se séparer(...) jusqu'à
ce que la Constitution du royaume soit établie et affermie sur des fondements
solides ". Le 22 juin, environ 150 députés du clergé décident de se joindre
à ceux du Tiers-Etat. Le lendemain, le Roi récuse la réunion des trois ordres
; Mirabeau apostrophe alors son représentant, le Marquis de Brézé, venu
demander aux députés de se retirer : " allez dire à votre maître que nous
sommes ici par la puissance du peuple et qu’on ne nous en arrachera que
par la puissance des baïonnettes ". Le 24 juin, la grande majorité du clergé
rejoint le Tiers-Etat, rejoints le lendemain par une cinquantaine de députés
de la Noblesse, dont La Rochefoucaud, Duport, Lameth et le Duc d’Orléans.
Le 27 juin, le Roi invite son " fidèle Clergé et sa fidèle Noblesse " à
se joindre au Tiers-Etat. Le 9 juillet, l’Assemblée se proclame Constituante.
A partir du 12 juillet, des incidents surviennent à Paris. Les électeurs
du Tiers-Etat décident de former une milice bourgeoise, la Garde Nationale.
Le 14 juillet, le peuple, qui cherche des armes, se rend à la Bastille qui
sert d'arsenal. Le Marquis de Launay, gouverneur de la Bastille, est massacré
et sa tête fixée au bout d’une pique est promenée devant le Palais-Royal.
Au soir du 14 juillet 1789, la Bastille est aux mains des insurgés Parisiens.
Le Duc de Liancourt vient en informer le Roi Louis XVI. Celui-ci lui demande
: "Mais, c'est une révolte ?" ; et Liancourt de répondre au Roi, de manière
visionnaire : "Non Sire, c'est une révolution !"
L’un des problèmes majeurs qui fut soulevé lors
de la construction du château de Versailles fut l’alimentation en eau
des bassins et fontaines du jardin. Il faut aller chercher l’eau de
plus en plus loin. Plusieurs projets sont soumis au roi et même Paul
Riquet, qui supervise la construction du canal du Midi soumet à Louis
XIV le projet de construire un canal sur la Loire pour amener l’eau
dans les jardins de Versailles, mais la Loire et 10 mètres plus bas
que Versailles, le projet est donc abandonnée au profit de faire venir
les eaux de la Seine pour subvenir aux besoins en eau du Château de
Marly et de Versailles.
Le premier système hydraulique du château
est constitué d'un modeste réservoir du parc de 100 m3 et
alimenté par une pompe mue par un cheval et tirant l'eau du lac de Clagny.
Le débit est alors de 600 m3 par jour. Elle permet d'alimenter
les premières fontaines du parc. En 1663, l'intendant des fontaines,
Denis Jolly fait installer une nouvelle pompe actionnée par deux manèges
de chevaux. Les Francine, fontainiers du Roi, vont édifier 3 ans plus
tard, un grand réservoir de 580 m3 construit au-dessus de
la toute nouvelle grotte de Téthys qui disposait d'importants jeux d'eau.
Ils font également construire 3 moulins à vent qui puisent l'eau dans
l'étang de Clagny par une chaine à godets et la mettent ainsi à une
hauteur suffisante pour l'acheminer sur les terrasses nord du château.
Ce premier système hydraulique permet d'alimenter la douzaine de
fontaines alors existantes et le roi inaugure le 17 août 1666 les premières
« Grandes eaux » de Versailles.
En 1667, trois réservoirs de glaise
d'une capacité totale de 5 000 m3 sont construits au nord
du château donnant son nom à la rue qui les longe, l’actuelle rue des
Réservoirs
L'idée de pomper l'eau de la Seine, fleuve ou rivière
importante la plus proche du domaine de Versailles existait depuis plusieurs
années. Mais la distance de 10 kilomètres et surtout le dénivelé de
142 mètres, exigeaient de concevoir une machine monumentale et coûteuse
pour pomper l'eau et l'amener jusqu'aux réservoirs de Versailles. Colbert
avait écarté ainsi divers projets dont celui de Jacques de Manse. Mais
un ambitieux entrepreneur liégeois Arnold de Ville par ses relations
et la fabrication d'une pompe à Saint-Maur va pouvoir présenter directement
au roi son projet d'une pompe à Marly.
En moins d'un an, de mai
1681 et juin 1682, Arnold de Ville et une équipe de charpentiers dirigés
par les frères Paulus et Rennequin Sualem, construisent la machine qui
est inaugurée en présence du roi et de la cour. Colbert va alors ordonner
d'importants travaux pour acheminer cette eau à Versailles avec la construction
d'aqueducs, les aqueducs de Louveciennes et de Picardie, et de réservoirs.
La machine de Marly alimentait en premier les bassins, fontaines
et jeux d'eau des jardins du château de Marly car elle seule permettait
le fonctionnement du Grand jet de Marly (40 m de hauteur) à l'époque
le plus grand jet d'eau de tout le royaume de France.
Le hameau de
Marly-la-Machine est situé sur la rive gauche de la Seine; à peu de
distance de la chaussée de Bougival, au pied du coteau de Louveciennes.
C'est là que fut établie la célèbre machine hydraulique qui passa longtemps
pour un chef-d’œuvre de mécanique et qui était réellement extraordinaire
par la conception de ses détails et l'étendue de son ensemble. Elle
fut inventée par Rennequin-Sualen, Liégeois de naissance, qui en commença
les travaux en 1676 ; il employa six années et huit millions à la construire,
sous l'inspection d'un ingénieur: nommé le chevalier Deville, qui s'attribua
le mérite de l'invention ; il en recueillit la récompense, tandis que
Rennequin- Sualen, dépouillé du fruit de ses talents, mourut oublié
à Bougival le 29 juillet 1708, à l'âge de soixante-quatre ans.
Un
vaste bâtiment, construit sur le bras de la Seine du côté de là rivé
gauche, contenait quatorze roues à palettes, plongeant toutes dans le
courant et portant environ 12 mètre de diamètre. Elles faisaient mouvoir
soixante quatre corps de pompes qui aspiraient l'eau de là rivière et
là refoulaient ensuite dans cinq tuyaux de 0,23 mètres jusqu'aux deux
puisards situés à mi-côte, à 200 mètres de la rivière et à 48 mètres
au-dessus du fond des coursières. De ces deux puisards l'eau était élevée
par soixante-dix-neuf corps de pompes et dans quatre conduites de 0,23
mètres. jusqu'au puisard supérieur, à 648 mètres de la rivière, à 100
mètres au-dessus du fond des coursières. Du puisard supérieur l'eau
était élevée, par quatre-vingt-deux corps de pompes et dans six conduites
de 0,23 mètres jusqu'en haut d'une tour bâtie au sommet de la colline,
à 1 248 mètres de la rivière, à 153 mètres. au-dessus du fond des coursières,
De la tour l'eau coulait dans l'aqueduc, dont le lit est placé à ce
niveau, et qui est connu sous le nom d'aqueduc de Marly ou de Louveciennes
; à l'issue de l'aqueduc l'eau était conduite par des tuyaux souterrains
dans les réservoirs qui la distribuaient partie à Marly et partie à
Versailles. Lorsque les eaux de là Seine étaient à la hauteur convenable
pour que la machiné fonctionnât dans toute sa force, elle donnait en
vingt-quatre heures environ 1,460 mètres cubes d'eau; quand les eaux
étaient basses, le produit n'était guère que de 800 mètres cubes.
Le temps et les nombreux défauts de cette immense machine altérèrent
bientôt ses effets et sa solidité. On s'apercevait que son produit décroissait
rapidement et que les frais de son entretien augmentaient à mesure qu'elle
perdait de son utilité ; on songea enfin à la remplacer par une machine
plus simple, plus régulière, et dans laquelle on put mettre à profit
les progrès faits par la science depuis le temps de Rennequin-Sualen.
Ce fut seulement sous Napoléon que ce projet reçut son exécution.
Parmi les plans divers présenté à l'empereur et examinés par ses ordres,
celui de MM. Cécile, architecte distingué, et Martin, mécanicien, obtient
définitivement la préférence,: et les travaux commencèrent en 1812 ;
suspendus par les événements de 1814 et de 1815, repris sans interruption
dans les années suivantes, ils ont été terminés en 1826. L'ancienne
machine a complètement disparu. Le mécanisme actuel est d'une simplicité
et d'un effet admirables. Huit corps de pompes aspirantes et foulantes
fonctionnent à l'aide d'une puissance de vapeur égale à la force de
soixante quatre chevaux. Les mouvements de ces pompes ne sont pas simultanés
, mais combinés au contraire de façon que les huit pompes aspirent l'eau
et là foulent l'une après l’autre, dans un ordre invariable. Les coups
de pompe sont tellement rapprochés et se succèdent avec tant de régularité,
qu'ils ne forment plus qu'une action continué ; en sorte que l’eau,
affluant de toutes les pompes dans une conduite commune, s'y introduit
et y monte sans intermittences, sans secousses, par un mouvement égal
et constant. La conduite commune se déploie sans interruption sur toute
la pente de la colline, depuis le bâtiment qui renferme la machine à
vapeur jusqu'au sommet de la tour de l'aqueduc, dans lequel elle verse
l'eau après l'avoir amenée d'une distance d'environ 1 400 mètres et
l'avoir élevée d'un seul jet à une hauteur d'environ 167 mètres
La fonte des différentes parties de cette belle machine, les travaux
de terrassement et de construction que nécessitait son installation,
devaient employer le cours de plusieurs années, pendant lesquelles il
fallait pourvoir aux besoins de Versailles, compromis par l'état d'extrême
dégradation où était tombée l'ancienne machine. Pour satisfaire à cette
nécessité, MM. Cécile et Martin établirent, sur l'emplacement occupé
jadis par le premier équipage des pompes de l'ancienne machine, quatre
pompes seulement, disposées d'après le système de la machine à vapeur
et mises en mouvement par deux roués à palettes plongeant dans la rivière.
Une conduite commune et continue porta jusqu'à la tour de l'aqueduc
l'eau refoulée d'un seul jet par les pompes ; cet ouvrage était en quelque
sorte un essai du système de la machine à vapeur, et le succès le plus
heureux couronna cette épreuve.
Lorsque la machine à vapeur fut
mise en activité, on conserva la machine hydraulique, du service de
laquelle on n'avait qu'à s'applaudir. L'établissement de Marly se compose
donc aujourd'hui de ces deux machines, dont le concours semble indispensable
; car les deux machines sont sujettes à chômer, l'une par suite des
nettoyages et des réparations inévitables, l'autre lorsque les eaux
sont trop hautes ou trop basses ; de sages mesures sont prises pour
que, durant le chômage de l'une des machines, l'autre fonctionne sans
relâche, ainsi le service n’est jamais interrompu.
Du côté de la ville, le château de Versailles s'annonce
sur la place d'armes par une vaste avant-cour, dite cour des Ministres,
que la pente du terrain a obligé de terminer en terrasse; de chaque côté
elle est fermée sur les flancs par les bâtiments des ministres, au devant
desquels règne la même terrasse. A droite et à gauche sont placées les statues
colossales, en marbre blanc, des guerriers, des hommes d'Etat les plus célèbres
de la France. Ce sont celles qui décoraient naguère le pont de la Concorde.
Au milieu de la cour s'élève une statue équestre et colossale en bronze
de Louis XIV. Une belle grille de 120 m. de long, enrichie d'ornements dorés,
el terminée par deux pavillons formant soubassement à des statues de la
Victoire, ferme cette cour du côté de la place.
De ce côté le château
n'a pas une grande apparence ; mais du côté des jardins, il déploie une
façade imposante, composée dans toute son étendue d'un soubassement en arcades
appareillées en refends, d'une ordonnance ionique en pilastres, que surmonte
un attique couronné d'une balustrade. Le corps principal de l'édifice, dont
toutes les baies sont en arcades, et les deux ailes ainsi que les faces
en retour, sont décorées chacune par trois avant-corps uniformément ornés
de colonnes accouplées, à l'exception de celui du milieu de la façade, dont
les colonnes ont un même espacement. Des statues de treize pieds de hauteur,
placées sur ces avant-corps, enrichissent cette composition, donnent du
mouvement à ces longues lignes, et contribuent à diminuer, du moins en apparence,
la trop grande hauteur de l'attique. En considérant l'immensité de cette
façade, son bel ensemble, l'unité parfaite qui règne entre toutes les parties,
la magnificence et la richesse des ordres d'architecture et des nombreuses
statues qui la décorent, enfin la beauté el la solidité da sa construction,
on peut, et avec raison, la classer au nombre des belles productions de
l'art en France, et convenir même qu'elle a peu d'égales en Europe, et peut-être
en Italie.
Par un merveilleux effet du hasard, ce palais
magnifique, ce parc où la main de l'homme a tout réglé, tout transfiguré,
ces mouvements de terrain qui ont pris des formes régulières, ces bassins,
où l'eau jaillit, ces canaux alimentés par tant d'efforts, ces perspectives
royales, ces ombrages majestueux ont remplacé cette solitude où les
seigneurs de Versailles avaient établi leur manoir féodal ; Hugo de
Versaliis, contemporain des premiers rois capétiens, ne pouvait pressentir
qu'un jour l'Europe entière viendrait dans ce lieu s'incliner devant
le grand roi, qui y entasserait tant de chefs-d’œuvre que le bruit des
fêtes et des spectacles, les accents de Bossuet et de Massillon, l'harmonie
imposante de l'orgue de la somptueuse chapelle, devaient remplacer les
tintements de la cloche du petit prieuré de Saint-Julien, qui seule,
à l'heure de l’Angélus, troublait les échos de la vallée de Versailles.
A cette époque, ce seigneur, et par la suite ses descendants, lorsqu'ils
revenaient de combattre en Italie sous la bannière de leur maître, de
guerroyer en Espagne contre les Maures, ou de s'opposer aux entreprises
des Normands, rentraient dans Ille-de- France, et, remerciant saint
Julien du succès de leurs armes, ils se livraient aux plaisirs de la
chasse, au milieu de ces bois où régnait seule la nature et que l'art
devait un jour transformer. On sait par quelle trahison Martial de Léoménie,
qui possédait la seigneurie de Versailles, devint la victime de Gondi,
maréchal de Retz, à qui, pour se soustraire aux massacres de la Saint-Barthélemy
et pour obtenir une puissante protection, il avait cédé tous ses biens;
Gondi le fit assassiner, et le 28 août, jour de la fête de saint Julien,
il se fit reconnaître comme seigneur, et prit sous le dais la place
de l'infortuné Léoménie ! En 1624, Louis XIII fit construire par Jacques
Lemercier, son architecte, sur remplacement d'une butte et d'un moulin
dans lequel, après de longues chasses, il trouvait un trop modeste abri,
le château dont la piété filiale de Louis XIV nous a conservé une partie,
celle qui s'élève dans la cour de marbre, curieux fragment placé comme
un joyau, par l'illustre Mansart, dans le splendide écrin créé par son
génie. Louis XIII séjournait une partie de l'année à Versailles, et
l'autre partie au château de Saint-Germain, où il mourut le 14 mars
1643.
Ces différentes gravures représentant le
château de Versailles sont extraites d’un volume appartenant à une
collection d’ouvrages dont je vous livre en intégrale l’introduction,
telle que je l’ai découverte sur le site Gallica de la BNF.
Van Der Aa, Pieter Boudewyn (16..-17.. ; graveur et éditeur d'estampes).
Éditeur scientifique. La Galerie agréable du monde, où l'on voit
en un grand nombre de cartes très exactes et de belles tailles douces
les principaux empires, roïaumes, républiques, provinces, villes,
bourgs et forteresses... les îles, côtes, rivières, ports de mer...
les antiquitez, les abbayes, églises, académies, collèges, bibliothèques,
palais et autres édifices... comme aussi les maisons de campagne,
les habillemens et moeurs des peuples... dans les quatre parties
de l'univers. Divisée en LXVI tomes, les estampes aiant été dessinées
sur les lieux et gravées exactement par les célèbres Luyken, Mulder,
Goerée, Baptist, Stopendaal et par d'autres maîtres renomez, avec
une courte description qui précède chaque empire, roïaume.... Tome
second du Roïaume de France. [Versailles, Clagny, Trianon, Noisy]
/ [Publié par Pieter Vander Aa.]. 1729
Louis XIV naquit le 5
septembre 1638 à Saint-Germain, et vint pour la première fois à
Versailles visiter le château de son père le 48 avril 1651 ; il
y vint souvent depuis cette époque prendre le divertissement de
la chasse.
En 1664 eut lieu la première grande fête donnée à
Versailles par Molière et sa troupe pour la comédie; le sujet était
les « Plaisirs de l’Ile Enchantée », dont le poète Benserade et
li président de Périgny composèrent les récits en vers. Lulli composa
la musique et dirigea les ballets, et l'italien Vigarani fut chargé
des décorations, des illuminations et des feux d'artifice. Pendant
le même séjour on représenta la Princesse d'Elide et les Fâcheux,
de Molière.
Les fêtes et les réceptions se continuèrent à Versailles,
où Louis XIV faisait exécuter de grands travaux par ses architectes
Levau, Dorbay et Mansart. En 1675, on commença la grande galerie,
l'aile dite des Princes; en 1680, Mansart construisit la grande
et la petite Ecurie, et le 6 mai 1682, Louis XIV établit sa demeure
à Versailles.
Mansart, Lebrun, Mignard, Houasse, Audran, Philippe
de Champagne, Puget, Coustou, Coysevox, Girardon, le Hongre, de
Marsy, Lenôtre, ont contribué à la création de cette merveille.
Toute cette cour de femmes adorables et de seigneurs brillants
va servir d'entourage à ce roi magnifique. Le doge de Gênes, l'ambassadeur
Vatteville, les députés d'Alger viendront s'humilier devant lui.
C'est en vain que le doge dira que ce qui l'a le plus surpris à
Versailles c'est de s'y voir, il n'aura pu secrètement se défendre
de l'éblouissement de toute cette majesté.
Le 15 mai 1685, disent
les mémoires du temps, Louis XIV vint placer son trône au bout de
la grande galerie, du côté du salon de la Paix. A midi, le grand
appartement et la galerie étaient pleins. Le doge entra avec quatre
sénateurs que la république avait envoyés pour l'accompagner ; il
était habillé de velours rouge avec un bonnet de même. Les quatre
sénateurs étaient vêtus de velours noir avec le bonnet de même.
Pour conserver toute la dignité que son malheur lui permettait,
le doge resta couvert en parlant au roi. Le roi permit aux princes
de se couvrir pendant l'audience. Le doge remplit sa triste mission
avec une fermeté qui ne laissa pas d'étonner ; la tenue fut plus
haute que son discours et le releva. Et comme après avoir fini de
parler il ne se couvrit plus, les princes lui témoignèrent leur
respect en se découvrant. Après que le roi lui eut répondu, chaque
sénateur parla à son tour ; ils ne s'étaient point couverts tandis
que le doge avait parlé, et lorsqu'ils parlèrent, le doge resta
découvert comme eux. Le doge de Gênes fut traité, non point comme
un souverain, mais sur le pied d'un ambassadeur extraordinaire.
A son audience de congé, le roi lui donna une boîte magnifique avec
son portrait, ainsi qu'aux quatre sénateurs, et de riches tapisseries
des Gobelins.
L'histoire a enregistré les scènes remarquables
qui se sont produites dans ce palais somptueux, agrandi par les
architectes Gabriel et Peyre qui doit sa célébrité au grand roi
qui en ordonna les merveilles, aux artistes qui les exécutèrent
et aux faits historiques qui s'y sont succédé.
Jusqu'au moment où Louis XIV y fit construire
un palais et vint y fixer sa résidence, Versailles n'était qu'un
pauvre village, dont il est fait mention dans une charte de 1057
et dans des titres de 1066 et de 1084. En 1652, l'archevêque de
Paris, de Gondi, vendit à ce monarque le vieux château seigneurial
qui était placé en face du bois de Satory. Sur son emplacement le
roi fit bâtir un petit château, qui servait de rendez-vous de chasse,
où il faisait sa résidence habituelle dans la saison des chasses.
À la mort de Louis XIII, le château de Versailles était déjà entouré
de plusieurs beaux hôtels. Toutefois, Versailles ne devint un lieu
de quelque importance que lorsque Louis XIV eut pris la résolution
d'en faire le lieu ordinaire de sa résidence. Le parc et les bâtiments,
commencés en 1661, furent achevés en 1684.
Le séjour de la cour
de Louis XIV, qui offrait des perspectives de fortune pour une foule
d'individus, ne tarda pas à y attirer une abondance extraordinaire
de capitalistes, et, au bout de quelques années, Versailles se trouva
bâti comme par enchantement.
Versailles est l'une des plus belles
villes de France, et l'on peut même ajouter que peu de villes en
Europe peuvent lui être comparées, tant pour le nombre des édifices
qui la décorent que pour la régularité de sa construction; ses rues
larges, tirées au cordeau et ornées d'un grand nombre de fontaines,
sont exactement dirigées du nord au midi, ou de l'est à l'ouest;
elles se coupent à angle droit, et sont formées de maisons et d'hôtels
généralement bien bâtis.
On y arrive par trois longues avenues,
qui se terminent à la place d'armes.
L'avenue de Paris traverse
la ville et la sépare en deux parties à peu près égales, savoir
le quartier Saint-Louis, ou le vieux Versailles, à gauche, et le
quartier Notre-Dame, ou la ville neuve, à droite. Les avenues de
Sceaux et de Saint-Cloud aboutissent obliquement, l'une à droite,
l'autre à gauche, avec l'avenue de Paris à la place d'armes.
Du côté de la ville, le château de Versailles
s'annonce sur la place d'armes par une vaste avant-cour, dite cour
des Ministres. A droite et à gauche sont placées les statues colossales,
en marbre blanc, des guerriers, des hommes d'État les plus célèbres
de la France. Au milieu de la cour s'élève une statue équestre et
colossale en bronze de Louis XIV. Une belle grille de 120 mètres
de long, enrichie d'ornements dorés, et terminée par deux pavillons
formant sou- bassement à des statues de la Victoire, ferme cette
cour du côté de la place.
De ce côté, le château n'a pas une
grande apparence; mais, du côté des jardins, il déploie une façade
imposante, composée dans toute son étendue d'un soubassement en
arcades appareillées en refends, d'une ordonnance ionique en pilastres,
que surmonte un attique couronné d'une balustrade.
En considérant
l'immensité de cette façade, son bel ensemble, l'unité parfaite
qui règne entre toutes les parties, la magnificence et la richesse
des ordres d'architecture et des nombreuses statues qui la décorent,
enfin la beauté et la solidité de sa construction, on peut, et avec
raison, la classer au nombre des belles productions de l'art en
France, et convenir même qu'elle a peu d'égales en Europe, et peut-être
en Italie.
Depuis près d'un demi-siècle, le palais construit
par Louis XIV était solitaire et pour ainsi dire abandonné, lorsqu'une
noble pensée est venue ranimer ses vastes appartements, restaurer
ses marbres, revivifier ses riches peintures, redorer ses superbes
lambris, et en faire la demeure de la gloire française.
La collection
historique que renferme le palais de Versailles peut se diviser
en quatre parties principales : 1° les tableaux; 2° les portraits;
5° les bustes; 4° les vieux châteaux et les marines. Les tableaux
représentent : les grandes batailles qui, depuis le commencement
de la monarchie jusqu'à nos jours, ont immortalisé les armes françaises;
les événements ou les traits les plus remarquables de nos annales
historiques; le siècle de Louis XIV; les règnes de Louis XV et de
Louis XVI; la brillante époque de 1792; les victoires de la République
; les campagnes de Napoléon ; les actions mémorables de l'Empire
; le règne de Louis XVIII; le règne de Charles X ; la Révolution
de 1830, le règne de Louis-Philippe. - Les portraits comprennent
: la collection de tous les rois de France depuis Pharamond jusqu'à
Louis-Philippe ; les grands amiraux de France ; les connétables
; les maréchaux ; les guerriers célèbres qui n'ont été revêtus d'aucune
de ces dignités. Indépendamment de ces séries, toutes composées
de noms français, on a rassemblé dans une galerie immense les portraits
des personnages de tous les temps, de tous les pays, qui se sont
illustrés sur le trône, dans l'ordre politique, à la guerre, dans
la magistrature, dans les sciences, dans les lettres, dans les arts.
— Les bustes et les statues forment également des galeries de personnages
célèbres depuis les premiers siècles de la monarchie jusqu'à nos
jours ; on y a joint les tombeaux des rois et reines, princes et
princesses de France. - Les „ vieux châteaux forment une collection
curieuse pour les costumes du temps.
Les marines représentent
quelques-unes de nos batailles navales.
Par sa belle architecture et par la richesse
de ses ornements intérieurs, la chapelle du château de Versailles
est un objet d'admiration pour tous les connaisseurs. Elle tient
au château du côté du nord et du côté du cou- chant, et n'a de visible
extérieurement que son chevet terminé en rond-point et sa face méridionale.
Dit salle de l'Opéra, a été achevé en 1770
pour le mariage de Louis XVI; la salle est une des plus grandes
de l'Europe; elle peut contenir trois mille personnes.
Il comprend, dans son enceinte, les jardins
et les bosquets, ornés de statues de bronze et de marbre, de fontaines,
et embellis de jets d'eau et de groupes en bronze, d'une orangerie
et d'un canal. Sa plus grande longueur est de 4,800 mètres, et sa
plus grande largeur de 3,200 nôtres.lorsque les grandes eaux jouent,
le parc et les jardins offrent un coup d'œil ravissant : en se plaçant
au milieu de la terrasse ou parterre d'Eau, on découvre en face
le bassin de Latone, l'allée du Tapis vert, le bassin d'Apollon
et le canal: à droite, le parterre du Nord, la fontaine de la Pyramide,
la cascade, l'allée d'Eau, la fontaine du Dragon et le bassin de
Neptune; à gauche, le parterre des Fleurs, l'orangerie, et, dans
le lointain, la pièce d'eau dite des Suisses. - En arrière du parc
qui renferme les jardins s'étend le grand parc, de 16 kilomètres
de long, dans lequel sont enclavés les châteaux du Grand et du Petit-Trianon.
Il est situé à l'extrémité d'un des bras
du canal, est dû au génie de Mansard; sa construction orientale
est aussi élégante que magnifique; il n'est composé que d'un rez-de-chaussée
divisé en deux pavillons, réunis par un péristyle soutenu de vingt-deux
colonnes d'ordre ionique.
Il est situé à l'une des extrémités du parc
du Grand-Trianon: il consiste en un pavillon de 24 mètres en tous
sens, et est composé d'un rez-de-chaussée et de deux étages. La
façade principale est décorée de six colonnes corinthiennes cannelées
; les autres faces n'ont que des pilastres. Les jardins de ce petit
palais sont délicieux : le jardin anglais est décoré par les plus
jolies constructions.
Depuis près d'un demi-siècle le palais construit
par Louis XIV était solitaire et pour ainsi dire abandonné, lorsqu'une
noble pensée est venue ranimer ses vastes appartements, restaurer ses
marbres, revivifier ses riches peintures, redorer ses riches lambris;
Le roi des Français, pour le sauver et le remplir à tout jamais, a fait
du palais de Versailles la demeure de la gloire et de la majesté française.
Cette multitude de petites chambres dans lesquelles des milliers de
courtisans s'étaient arrangé leurs demeures a disparu ; les appartement
sont repris leur dimension primitive, ou ont fait place à d'immenses
galeries nouvelles. Près de 4,000 tableaux ou morceaux de sculpture
ont été ajoutés aux richesses primitives, que les beaux-arts y avaient
déposées, et présentent aux regards étonnés de travaux si merveilleux
et exécutés en si peu de temps, l'histoire vivante du pays, les actions
mémorables de toutes les époques, et les grands hommes de tous les régimes.
— C'est le roi Louis-Philippe Ier qui a conçu ces immenses travaux,
en septembre 1832, et qui les a dirigés lui-même durant le peu de loisir
que lui laissent les affaires publiques ; ils étaient achevés le10 juin
1837. Versailles conservera longtemps le souvenir de celle mémorable
journée. L'inauguration des galeries historiques a été pour cette ville
une ère nouvelle de prospérité et d'éclat. La cour de Louis XIV n'est
pas dans ce palais, mais la nation entière s'y promène avec les étrangers
de tous les pays ; il est devenu l'objet de la curiosité et de l'admiration
de l'univers entier.
La collection historique que renferme le palais
de Versailles peut se diviser en quatre parties principales : 1° les
tableaux; 2° les portraits; 3° les bustes ; 4° les vieux châteaux et
les marines. Les tableaux représentent : les grandes batailles qui,
depuis le commencement de la monarchie jusqu'à nos jours, ont immortalisé
les armes françaises ; les événements ou les traits les plus remarquables
de nos annales historiques ; le siècle de Louis XIV; les règnes de Louis
XV et de Louis XVI ; la brillante époque de 1792 ; les victoires de
la république; les campagnes de Napoléon; les actions mémorables de
l'empire ; le règne de Louis XVIII; le règne de Charles X ; la révolution
de 1830, le règne de Louis-Philippe. — Les portraits comprennent : la
collection de tous les rois de France depuis Pharamond jusqu’à Louis-Philippe;
les grands amiraux de France ; les connétables; les maréchaux ; les
guerriers célèbres qui n'ont été revêtus d'aucunes de ces dignités.
Indépendamment de ces séries, toutes composées de noms français , on
a rassemblé dans une galerie immense les portraits des personnages de
tous les temps, de tous les pays, qui se sont illustrés sur le trône,
dans l'ordre politique, à la guerre, dans la magistrature, dans les
sciences, dans les lettres, dans les arts.— Les bustes et les statues
forment également des galeries de personnages célèbres depuis les premiers
siècles de la monarchie jusqu'à nos jours ; on y a joint les tombeaux
des rois et reines, princes et princesses de France.
Les vieux châteaux
forment une collection de vues des anciens châteaux de la France avec
les personnages dans le costume du temps.
Les marines représentent
quelques-unes de nos batailles navales. Pour se conformer aux dispositions
du local on a créé de grandes divisions historiques ; on a adapté à
chaque salle, à chaque galerie une série de faits ou de personnages,
rangés par ordre chronologique. Dans l'aile du sud, par exemple, c'est
la collection d'un certain nombre de nos grandes batailles, depuis Tolbiac
jusqu'à Wagram ; là, les premières campagnes de Napoléon ; dans le corps
central du palais, c'est la réunion de tous les maréchaux de France
; dans l'aile du nord, une série d'événements historiques depuis Charlemagne
jusqu'à nos jours.
Sur les confins du bois de Boulogne s'élevait
avant la révolution le château royal de Madrid, dont un restaurant et
une maison de plaisance occupent aujourd'hui l'emplacement. Cet édifice,
commencé vers 1529 par François Ier, à son retour d'Espagne,
fut terminé par Henri II, son fils. Il offrait un des plus beaux exemples
du goût du siècle et des progrès de l'art, à l'époque de la renaissance
en France, il participait du style alors dominant en Italie et qui nous
fut apporté par les artistes célèbres de ce pays que François Ier
fit venir à sa cour. On y reconnaissait le goût des Jean Jocade, des
Cortone, des Primatice et autres artistes qui fleurirent vers le commencement
de ce siècle.
Le château de Madrid était élevé sur un soubassement
formant terrasse et entouré de fossés. Les offices et autres pièces
de service, pratiqués dans cette partie, jouissaient d'une grande célébrité
par leur construction et leur distribution ingénieuse. Quatre pavillons
carrés et symétriques divisaient, sur chacun des grands côtés, la longueur
de l'édifice en trois parties presque égales, dont les intervalles s'unissaient
aux pavillons par une galerie ouverte et servant au moyen de passages
ouverts dans ces pavillons, le pourtour des bâtiments auquel elle présentait
une communication aussi utile qu'agréable. Chaque partie des galeries
se composait de cinq arcades soutenues par de petites colonnes engagées
dans des pieds-droits ; un large perron donnait entrée, sur les deux
façades principales, aux appartements du rez-de-chaussée, qui occupaient
tout le sol compris entre la galerie du pourtour de l'édifiée ; enfin
six beaux escaliers en tours rondes, placés dans les pavillons carrés,
desservaient les étages supérieurs. La simplicité de la disposition
de cet édifice, l'heureuse opposition des corps lisses des pavillons
et les riches galeries ouvertes en arcades qu'ils séparaient, le jeu
des différentes parties qui composaient ce bel ensemble, la beauté de
ses sculptures et des brillantes faïences qui l'ornaient et qui l'avaient
fait surnommer le château de faïence, l'élégance et la grâce répandues
dans toutes ses parties, le faisaient considérer comme le véritable
type du style de l'architecture de cette époque et du goût des artistes
du temps. François Ier se plaisait beaucoup au château de
Madrid, où contre l'usage de ses prédécesseurs, il recevait les dames
à sa cour. Une cour sans femmes, disait-il si galamment, est une aimée
sans printemps, et un printemps sans roses. Henri II, son fils, aimait
aussi beaucoup Madrid, où il allait souvent avec Diane de Poitiers.
Après eux, Charles IX y séjourna de temps en temps avec une demoiselle
Bouet de la Béraudière, dont il eut un fils qui fut archevêque de Poitiers,
connu dans la république des lettres par un poème ayant pour titre
« la France triomphante».
On dit que c’est à Madrid que Charles
IX composa son livre intitulé « la Chasse royale ». Henri IV,
qui préférait les plaisirs du Louvre aux paisibles ombrages de Madrid,
fit transformer ce château en ménagerie et y fit élever des lions, des
ours et autres bêtes féroces.
Henri IV fit de Madrid sa maison de
plaisance; il y vint tant qu'il s'y plus aux doux entretiens de Catherine
de Verdun, religieuse de Longchamp ; mais, quand ces entretiens cessèrent,
il se dégoûta de Madrid, dont il fit présent à Marguerite de Valois
(La reine Margot), sa première femme, en récompense du consentement
qu'elle avait donné à leur divorce.
Marguerite, voluptueuse et dévote,
fil de Madrid un lieu de plaisir et de repos. Sa petite cour se composait
de prélats, d'ecclésiastiques de la plus haute distinction et des beaux
esprits les plus renommés, voisine du monastère de Longchamp, elle y
allait souvent en compagnie de saint Vincent de Taule, alors son aumônier.
Louis XIII habita assez souvent le château de Madrid, notamment
en 1636, époque où une maladie contagieuse affligeait Saint-Germain-en-Laye,
résidence ordinaire des rois de France à celle époque.
La régente,
sa veuve, fit enfermer dans ce château, en 1648, le frondeur Broussel,
conseiller au parlement.
En 1724, Louis XV fonda à Madrid une chapelle
royale sous l'invocation de Saint Louis. Le garde des sceaux d'Armenonville,
disgracié en 1727, y fut exilé par ordre du roi, et y mourut en 1728.
Après sa mort le château de Madrid resta vacant jusqu'à l'époque où
Louis XVI en accorda la jouissance, partie à M. Pelletier de Rosambo,
président à mortier au parlement de Paris, et partie à M. Dufour, doyen
de ses maîtres d'hôtel, qui en furent les derniers hôtes.
L'état
excessif de dégradation où se trouvait ce château le fit comprendre
dans la liste des maisons royales dont la démolition fut prescrite par
ordre du roi en 1787.
Il n'en reste aujourd'hui aucun vestige.
Le château de Blois fut pendant plusieurs siècles
la demeure des comtes de ce nom, et en suite le séjour favori des rois
de France. Il a été habité par plus de cent princes ou têtes couronnées.
Louis XII y est né; François 1er, Henri II, Charles IX, Henri
III y ont tenu leurs cours. Les princes dont la légèreté, la superstition
ou la cruauté ont été le plus funestes à leur royaume, ont porté dans
cette belle contrée les passions de leur ambition malade de leur haine
souvent impuissante et de leurs honteuses amours. Du fond des voûtes
obscures de ce château sortent en foule d'effrayants souvenirs, comme
ces fantômes qui nous apparaissent et nous troublent dans un rêve sombre
et mélancolique.
Dans le nombre considérable d'événements remarquables
dont les murs de ce château furent les témoins, figure la mort de cette
intéressante et vertueuse Valentine de Milan, qui demanda à la France
entière justice du sang si indignement versé de son époux, Louis d'Orléans
et, n'ayant pu l'obtenir, vint déplorer dans le silence de ces paisibles
murs la plus cruelle des pertes.
Après avoir servi de retraite à
la vertu, ce château sert de prison au crime. Isabeau de Bavière y pleure,
non son époux mais le chevalier Bourdon, son amant. C'est peu de ces
scènes d'une douleur tour à tour vertueuse ou criminelle ; ces lieux
ont été postérieurement le théâtre d'événements plus tristement célèbres.
Les guerres de religion, pendant lesquelles l'un des Guise fut tué,
désolaient la France ; les états, connus sous le nom d'états de Blois,
furent convoqués dans ce château pour qu'ils cicatrisassent, s'il était
possible, les blessures profondes du royaume, Henri III les présidaient.
Les Guises, artisans et chefs de la Ligue part leur ambition, mais l'idole
du peuple par leur bravoure, s'y rendirent. C'est eu vain que des avis
secrets avaient appris de l'un d'eux qu'on en voulait à ses jours, il
a dédaigné ces avis et réuni au cardinal son frère il va à l’une des
séances de ces états les plus tumultueux. En s’y rendant il est percé
de plusieurs coups de poignard, sans même pouvoir porter la main à la
garde de son épée.
; Quoique revêtu de la pourpre romaine, si puissante dans ces temps,
son frère n'en fut pas plus respecté. On le conduisit le lendemain,
avec l'archevêque de Lyon, dans une salle obscure de la tour du château.
Là, des soldats les massacrent à coups de pertuisane, jettent le corps
du cardinal dans le large foyer d'une des cheminées et, lorsque le corps
est consumé, ils en dispersent les cendres, dans la crainte que les
ligueurs n'en fissent des reliques.
Des traités solennels, des fêtes
éclatantes, de brillants tournois, ajoutent leurs joyeux souvenirs à
des souvenirs aussi sombres. Le mariage de Charles, duc d'Alençon, avec
Marguerite d'Anjou, fut célébré au château de Blois et les pompes du
mariage bien plus célèbre encore de Henri IV avec Marguerite de Valois
s'y préparèrent.
Séjour d'un grand nombre de princes qui tour à
tour se plurent à l'embellir et à l'augmenter, les fondements du château
de Blois furent jetés pendant la domination des comtes suzerains dont
nous avons parlé. Réédifié et reconstruit plusieurs fois, il ne lui
reste de gothique qu'une tour qui semble n’être encore debout, malgré
le poids des siècles et l'invasion de l'architecture moderne, que pour
rappeler que là fut le théâtre des plus sanglants excès du pouvoir.
Louis XII fit rebâtir, en 1498, la partie orientale du château et
augmenta celle du midi. François Ier bâtit celle du nord,
donnant sur la place des Jésuites ; on y voit encore son chiffre sculpté
et ses armes où figure une salamandre; Gaston d'Orléans fit construire,
en 1635, sur les dessins de Mansard, la belle façade qui regarde l'occident,
laquelle n'a jamais été terminée.
Le château du Raincy a été construit entre 1643
et 1650 pour Jacques Bordier, intendant des finances, à l'emplacement
d'un ancien prieuré de l'abbaye bénédictine de Tiron sur la route de
Paris à Meaux, sur la commune actuelle du Raincy (Seine-Saint-Denis).
Il a été détruit en 1819.
Louis Le Vau fut chargé de la construction
du bâtiment et, selon la tradition, André Le Nôtre des jardins et Charles
Le Brun de la décoration intérieure à laquelle travaillèrent également
François Perrier, Charles-Alphonse Dufresnoy, Philippe de Buyster et
Giovanni-Francesco Romanelli. Entouré de fossés secs et flanqué de cinq
pavillons, le château du Raincy était une demeure d'une magnificence
royale. Les écuries monumentales pouvaient accueillir 200 chevaux. Le
parc de 240 hectares était l'un des plus vastes de la région parisienne.
Les travaux coutèrent la somme fabuleuse de 4.500.000 livres et engloutirent
la fortune de Jacques Bordier. À sa mort en 1660, le domaine
passa à son fils, Hilaire Bordier, qui le vendit en 1663 à la princesse
Anne de Gonzague de Clèves, épouse d'Édouard de Bavière (Pfalz-Simmern),
prince Palatin du Rhin. À la mort de celle-ci en 1684, le domaine passa
à sa fille, Anne de Bavière (1648-1723), épouse d'Henri Jules de Bourbon-Condé,
premier prince du sang. En 1694, celle-ci céda le domaine au marquis
de Livry, qui fut autorisé par lettres patentes de 1697 à réunir la
seigneurie du Raincy et le marquisat de Livry.
Ses héritiers le
vendirent en 1769 à Louis Philippe d'Orléans (1725-1785) dit « le Gros
», duc d'Orléans. Celui-ci fit transformer le parc à l'anglaise par
un paysagiste nommé Pottier et les intérieurs par Henri Piètre. Le parc
fut ensuite complètement transformé par le jardinier écossais Thomas
Blaikie pour son fils, Louis Philippe Joseph d'Orléans (1747-1793),
futur Philippe-Égalité, héritier du domaine en 1785. Les fabriques du
parc sont connues par de nombreuses gravures et par les tableaux de
Carmontelle. La vieille Tour date de la première campagne de travaux,
c'est-à-dire de 1777. Les constructions du Chenil, de la Ferme, de la
vacherie et de l'orangerie quant à elle eurent lieu au cours des années
1786-1787. Parmi ces fabriques, il faut citer les maisons russes, construites
comme des isbas, qui furent particulièrement célèbres.
La Révolution
française confisqua le domaine qui fut racheté par M. Sanguin de Livry,
petit-fils du marquis de Livry, qui y donna des fêtes célèbres auxquelles
participèrent Madame Tallien, Madame Récamier et le danseur Trenitz.
Le château passa ensuite à Claude-Xavier Carvillon des Tillières (1801).
Le munitionnaire Gabriel-Julien Ouvrard, qui louait le château depuis
1799, l'acheta en 1806 mais fit banqueroute l'année suivante. Le château
revint à Claude-Xavier Carvillon des Tillières qui le loua au général
Junot. À cette époque, le château a été remplacé, dans le courant de
la décennie précédente, par une construction néo-classique connue par
une gravure de 1808. En 1812, le domaine est racheté par Napoléon Ier.
Laissé à l'abandon, le château fut occupé par l'armée prussienne
et dut être détruit en 1819. Le domaine revint alors au duc d'Orléans,
futur Louis-Philippe Ier, qui passa au Raincy, jugé plus sûr que son
château de Neuilly, la journée du 30 juillet 1830. Par la suite, il
ne s'en servit plus que comme terrain de chasse. Les invités logeaient
alors dans les maisons russes. Le domaine fut saccagé lors de la révolution
de 1848 et les décrets du 22 janvier et du 27 mars 1852 en dépossédèrent
définitivement la famille d'Orléans pour le faire entrer dans le domaine
de l'État. Le parc fut loti sous le Second Empire et forma la commune
du Raincy, créée en 1869 par division de la commune de Livry.
Cette ville est bâtie dans une belle situation,
sur la rive gauche de la Loire, au pied d'un coteau élevé, dont le sommet
est couronné par un antique château, d'un aspect très pittoresque.
Suivant une ancienne tradition, ce château occupe l'emplacement d'un
fort que fit bâtir Jules César 50 ans avant l'ère chrétienne . Cette
forteresse, qui donna naissance à la ville, fut détruite sous Dioclétien,
et rebâtie peu de temps après par Constantin. Vers l'an 360, l'empereur
Gratien en fit don à Anicien, qu'il avait fait comte de Tours. Vers
540,saint Baud, sixième évêque de Tours, était seigneur du château.
En 860, Charles le Chauve en disposa en faveur de Tertulle, comte d'Anjou
qui l'avait puissamment secondé contre les Bretons et les Normands.
Ces derniers détruisirent, vers l'an 880, le château d'Amboise, qui
fut rétabli par Ingelger, d'autres disent par Maurice. En 1002, Foulques
III, dit le Noir, qui avait hérité de cette seigneurie confia la défense
du château, lors de son départ pour la croisade, à Lizouin Bazouges
qui y soutint de violentes attaques. A son retour de la terre sainte,
Foulques y fonda un chapitre composé de quatre chanoines.
Plusieurs
rois de France ont habité et successivement embelli le château d'Amboise;
Louis XI y institua l'ordre de St-Michel, en 1469, et exempta la ville
de tailles par lettres patentes de 1482.
Charles VIII, qui y naquit
en 1470, y resta jusqu'à son avènement an trône, et avait exprimé intérieurement
le désir d'y établir son séjour. Aussi, voulant rendre le château d'Amboise
le plus magnifique de ceux qui existaient alors, il avait appelé auprès
de lui les meilleurs artistes de l'Italie; mais sa mort prématurée fit
évanouir ce projet. Il n'y eut d'achevé que la chapelle et les deux
tours qui s'élèvent depuis le pied du roc jusqu'au corps de logis qui
s'appelle les Sept-Vertus.
Louis XII, son successeur, fit faire
la grande galerie et le balcon qui regarde du côté de l'ancien couvent
des minimes. On dut ensuite à François Ier l’appartement
du roi et de la reine. Enfin la superstitieuse Catherine de Médicis
fit construire à côté une chambre soutenue par quatre piliers de pierre,
et qui n'avait qu'une simple couverture sur le plancher, ce qu'elle
fit pour éviter la prédiction d'un astrologue qui l'avait avertie de
craindre la chute d'un grand édifice.
En 1761 le château d'Amboise
fut donné par Louis XV, à titre d'échange, au duc de Choiseul, à la
mort du quel il devint la propriété du duc de Penthièvre; il appartient
aujourd'hui au roi Louis-Philippe Ier. Le château d'Amboise
est embelli de jardins forts agréables, élevés en terrasses à 28 mètres
au dessus du sol de la ville. Il est flanqué de deux belles tours, dans
l'intérieur desquelles on peut monter en voiture jusqu'au sommet, l'une
au nord du côté de la Loire, et l'autre au midi du côté de l'Amase.
De la plate-forme de la première de ces tours, on jouit d'une des plus
belles vues qu'offre le cours de la Loire ; l'œil s'égare avec plaisir
sur les riants coteaux et sur les charmants paysages qui bordent les
deux rives du fleuve, et distingue dans le lointain les clochers de
la ville de Tours, placés à 24 kilomètres de distance.
La chapelle
mériterait seule un pèlerinage au château d'Amboise. Elle est bâtie
sur le roc, hardiment assise en saillie; sur la façade qui fait face
au donjon, l'art gothique s'est plu à étaler ses plus charmants caprices,
ses plus fines découpures, ses plus riches broderies. La porte est surmontée
d'un bas-relief sculpté, dont le sujet est la conversion de saint Hubert.
L'intérieur de l'édifice est du plus beau travail, et le pourtour en
est garni de gracieuses colonnettes, dont les chapiteaux s'épanouissent
en bois de cerf qui se rejoignent en ogives capricieuses.<
La situation du château d'Eu est admirable du
côté des jardins, il domine uue vallée riante arrosée par la Bresle
à gauche on voit des allées magnifiques des hêtres séculaires devant
la façade s'étend un parterre orné de statues et de fleurs. Du haut
de la terrasse on aperçoit la mer, qui se termine à l'horizon.
Ce
château occupe l'emplacement d'une forteresse construite par Rollon,
qui y entretenait une nombreuse garnison. Au commencement du XIème
siècle, Guillaume d'Exmes ajouta à cette forteresse des constructions
considérables afin de pouvoir l'habiter avec sa famille, et fit élever
dans l'enceinte du château l'église originairement collégiale d'Eu et
l'abbaye du même nom. Guillaume le Conquérant prit ce château d'assaut
en 1049, et le livra au pillage. Robert Guiscard, comte d'Eu, en étant
devenu propriétaire l’ agrandit et l'embellit tellement qu'il devint
une habitation royale de premier rang, où fut célébré le mariage de
Guillaume le Bâtard avec Mathilde de Flandre.
Lors de l'incendie
qui consuma la ville d'Eu en 1475, le vieux château d'Eu, qui joua pendant
plus de cinq siècles un rôle important, fut entièrement anéanti.
Le château actuel fut commencé en 1581 par ordre du duc de Guise, surnommé
le Balafré ce n'était qu'une aile du projet principal, sur laquelle
avait été construite perpendiculairement l'aile qui formait le fond
de la cour du côté de la vallée de la Bresle, et qui a été détruite
en 1806.
Mademoiselle de Montpensier fit travailler au château d'Eu,
en étendit le terrain, qu'elle fit clore d'une vaste muraille, planta
de belles allées, et fit bâtir dans cet enclos un petit château qui
a été détruit sous l'empire; son nom, ses chiffres, son image, sont
partout au château d'Eu ; on y conserve religieusement un exemplaire
de ses Mémoires tout entier de sa main ; l'écran de son cabinet, les
coussins qu'elle a brodés elle-même, les petits tableaux où elle a mis
des inscriptions d'une orthographe si étrange. A sa mort le comté d'Eu
échut par succession au duc de Penthièvre qui fit réparer et meubler
le château d'une manière convenable. Sa fille, la duchesse d'Orléans
mère du roi Louis-Philippe ayant été dépouillée de tous ses biens par
décret du 4 octobre 1793, le château d'Eu fut séquestré, et son mobilier
saisi et vendu à l'encan.
Après avoir été transformé en hôpital
militaire en 1795, il fut affecté avec ses dépendances à l'habitation
du titulaire de la sénatorerie de Rouen. Plus tard, le château d'Eu
fut désigné pour devenir un palais impérial et réuni à la couronne.
Les événements de 1714 firent rentrer cette propriété dans le domaine
de la duchesse douairière d'Orléans, fille et unique héritière du duc
de Penthièvre. Le duc d'Orléans, aujourd'hui roi, visita le château
en 1821, et charmé de la situation de cette belle résidence, en fit
commencer la restauration. Aujourd'hui l'ancienne demeure des ducs de
Guise, dont l'étendue totale, y compris le parc, est d'environ 35 hectares,
paraît être encore ce qu'elle était jadis, une habitation princière
où le grandiose est réuni au confortable. Les appartements renferment
une des collections de portraits historiques les plus complètes et les
plus précieuses qui existent en Europe.—
Le château contient 60 appartements
de maîtres, 250 logements de suite, des écuries pour 130 chevaux et
des remises pour 60 voitures. La beauté du château d'Eu et les riches
collections qui le décorent y attirent tous les ans une foule de visiteurs,
les uns viennent y chercher les traces de Rollon et de Guillaume le
Conquérant, d’autres des souvenirs des Guise, de la spirituelle princesse
de Conti, de la belle duchesse de Nevers, de mademoiselle de Montpensier,
du bienfaisant duc de Penthièvre; d'autres enfin aiment à y retrouver
les souvenirs de la visite que la gracieuse souveraine de la Grande-Bretagne
vint y faire au roi Louis-Philippe en 1843
Le bourg de Saint-Cloud est agréablement
situé sur le penchant rapide d'une colline qui borde la rive gauche
de la Seine. Le château, bâti sur la pente de cette colline, est
dans une des plus belles situations des environs de Paris. Sur son
emplacement, il existait jadis quatre maisons de plaisance qui furent
achetées pour agrandir le parc et pour avoir la propriété des eaux
qu'elles renfermaient. C'est sur les ruines de ces maisons que s'éleva
le château de Saint-Cloud.
L'acquisition en fut faite par Louis
XIV pour son frère le duc d'Orléans.
La construction du nouvel
édifice fut confié au fameux Lepautre, architecte particulier du
duc d'Orléans, à Girard et à Jules Hardouin-Mansard, architectes
du roi, qui réussirent à former un tout régulier des différents
bâtiments déjà construits. Le dessin du parc et des jardins fut
confié à le Nôtre, et ce coteau sec et aride devint bientôt, sous
les mains de cet habile artiste, un lieu admiré de tous les connaisseurs.
C'est surtout à Saint-Cloud qu'il a montré toutes les ressources
de son génie.
Le château -de Saint-Cloud reçut des embellissements
successifs des ducs d'Orléans, dans la maison desquels il resta
jusqu'en 1782, où Marie-Antoinette en fit l'acquisition. La reine
se plaisait beaucoup à Saint-Cloud, qu'elle habitait souvent ; elle
augmenta le château de plusieurs bâtiments.
En 1795, le château
et le parc de Saint-Cloud devinrent propriétés nationales et furent
compris dans le décret de la Convention qui porte que les maisons
et jardins de Saint-Cloud, etc., ne seront pas vendus, mais conservés
et entretenus aux dépens de la République, pour servir aux jouissances
du peuple et former des établissements utiles à l'agriculture et
aux arts. Parvenu au trône, Bona- parte conserva pour Saint-Cloud
une espèce de prédilection ; il y fit son séjour le plus habituel.
S'il quittait les Tuileries, c'était presque toujours pour se rendre
dans ce château ; c'est là qu'il traita le plus souvent les affaires
publiques, en sorte qu'on disait de son temps le cabinet de Saint-Cloud;
comme on avait dit autrefois le cabinet de Versailles.
On pense bien que l'esprit de l'empereur ne dut pas rester oisif à Saint-Cloud; tous les arts y furent appelés pour concourir à l'embellissement de son palais favori; il y fit exécuter d'immenses travaux pour le rendre digne de recevoir la cour la plus fastueuse et sans doute la plus brillante de l'Europe. Mais, en 1814, tant de soins, tant de travaux, tant de dépenses, furent perdus pour lui, et l'état-major de l'armée autrichienne vint s'installer dans ce château, occupé naguère par Marie-Louise, princesse de la maison d'Autriche, et par l'empereur des Français; quelques jours plus tard, le prince de Schwarzenberg donna aux princes alliés des fêtes brillantes, des spectacles, des bals, dans ces salons où naguère les princes d'Europe avaient incliné leur front devant l'empereur Napoléon.
Toutefois, en 1814, les alliés se contentèrent
d'admirer. Il en fut autrement lors de la seconde invasion de la
France : le maréchal Blucher établit son quartier général à Saint-Cloud.
Cet homme, a-t-on écrit, qui, depuis longtemps, a contracté l'habitude
des mœurs dures et sauvages, se faisait un plaisir de fouler aux
pieds les produits les plus précieux des arts, et à insulter, par
ses souillures, à la magnificence et à l'industrie françaises. Le
héros de la Prusse avait pris pour son logement l'appartement de
Bonaparte. Il couchait dans son lit ; mais, accoutumé probablement
à reposer dans les camps, tout habillé, il suivait là la même méthode.
Nous avons visité cet appartement après son départ, et nous avons
trouvé les draperies, les franges, tous les ornements du lit de
l'ex-empereur souillés, déchirés par les bottes et les éperons du
général prussien ; suivi continuellement d'une meute de chiens,
il les faisait coucher sur une ottomane placée dans l'ancien boudoir
de l'archiduchesse d'Autriche Marie-Louise. De toutes parts, enfin,
on voyait les traces de la barbarie et de la vengeance. Le château
et le parc de Saint-Cloud, occupés par les Prussiens, ressemblaient
à un camp de Cosaques. On ne rencontrait en tous lieux que des bivouacs
d'infanterie et de cavalerie, et, ce qui devait affliger davantage
les yeux français, c'est la vue du pillage auquel étaient livrés
ces beaux lieux ; Blucher lui-même donnait l'exemple ; et, outre
les objets d'art extrêmement précieux, il s'appropria les tableaux
de la famille de Napoléon, qu'il emporta comme autant de trophées.
Le château de Saint-Cloud est composé d'un grand corps de bâtiment
et de deux ailes en retour, avec chacune un pavillon. Tous les appartements
sont richement meublés et renferment un grand nombre de statues,
de vases de porcelaine et plus de deux cents tableaux des plus célèbres
peintres anciens et modernes. Les parties les plus remarquables
de ce palais sont la chapelle, l'orangerie, la salle de spectacle,
le pavillon d'Artois, les écuries, le manège, le grand commun et
le bureau des bâtiments.
Le parc s'étend depuis le bord de la
Seine jusqu'à Garches, et a environ 16 kilomètres d'étendue ; il
a été planté par le Nôtre, et se divise en grand et petit parc.
Le premier renferme plusieurs belles allées, dans l'une desquelles
se tient la célèbre foire de Saint-Cloud ; c'est aussi dans cette
partie que se trouvent les cascades. Le petit parc entoure le château
et s'étend à droite jusqu'au sommet de la colline ; il renferme
des jardins et des parterres ornés de bosquets, de gazons, de bassins
et de statues.
Les pièces d'eau et les cascades méritent l'attention
des curieux, particulière- ment la grande cascade, qui a 56 mètres
de face sur autant de pente. La distribution des eaux est si bien
entendue, que, par l'arrangement et la distribution des chutes,
des jets, des nappes, des bouillons et des lames, on prendrait cette
cascade pour un vaste théâtre de cristal jaillissant. Le grand jet
d'eau, placé à gauche des cascades, vis-à-vis d'une grande et belle
allée, s'élance avec une force et une rapidité incroyable à la hauteur
de 41 mètres.
On remarque encore, dans le parc, le joli monument
de Lysicrate, appelé vulgairement la lanterne de Démosthène, construit
sur un des points les plus élevés qui domine à la fois Saint-Cloud,
Sèvres et l'immense bassin au milieu duquel est situé Paris, le
jardin fleuriste, les pavillons de l'allée des Soupirs, de Montre-
tout et de Breteuil, la glacière, etc.
La fête ou foire de Saint-Cloud
est l'une des plus célèbres des environs de Paris; elle commence
le 7 septembre et dure quinze jours, et, pendant trois dimanches,
elle attire une foule innombrable d'habitants de Paris et des campagnes
environnantes. Pendant la durée de cette foire, les cascades jouent,
les grands appartements du château sont ouverts, et le public peut
les visiter. Le soir, le parc et la grande avenue sont illuminés.
Le château de St-Cloud, bâti sur la pente d'une
colline, est dans une des plus belles situations des environs de Paris.
Il est composé d'un grand corps de bâtiment et de deux ailes en retour,
avec chacune un pavillon. Tous les appartements sont richement meublés,
et renferment un grand nombre de statues, de vases de porcelaine, et
plus de deux cents tableaux des plus célèbres peintres anciens et modernes.
Les parties les plus remarquables de ce palais sont la chapelle, l'orangerie,
la salle de spectacle, le pavillon d'Artois, les écuries, le manège,
le grand commun et le bureau des bâtiments.
Le parc s'étend depuis
le bord de la Seine jusqu'à Garches et a environ 16 kilomètres d'étendue
; il a été planté par le Nôtre, et se divise en grand et en petit parc.
Le premier renferme plusieurs belles allées dans l'une desquelles se
tient la célèbre foire de St-Cloud, c'est aussi dans cette partie que
se trouvent les cascades. Le petit parc entoure le château, et s'étend
à droite jusqu'au sommet de la colline; il renferme des jardins et des
parterres ornés de bosquets, de gazons, de bassins et de statues. Les
pièces d'eau et les cascades méritent l'attention des curieux, particulièrement
la grande cascade, qui a 36 mètres de face sur autant de pente. La distribution
des eaux est si bien entendue que, par l'arrangement et la distribution
des chutes, des jets, des nappes, des bouillons et des lames, on prendrait
cette cascade pour un vaste théâtre de cristal jaillissant. Le grand
jet d'eau, placé à gauche des cascades, vis-à-vis d'une grande et belle
allée, s'élance avec une force et une rapidité incroyable à la hauteur
de 41 mètres. On remarque encore dans le parc le joli monument de Lysicrate,
appelé vulgairement la lanterne de Démosthène, construit sur un des
points les plus élevés du coteau qui domine à la fois St-Cloud, Sèvres
et l'immense bassin au milieu duquel est situé Paris ; le jardin fleuri,
les pavillons de l'allée des Soupirs, de Montretout et de Breteuil ;
la glacière, etc.
C est dans ce château que le 18 mai 1804, le
général Bonaparte a été proclamé empereur des français sous le nom de
Napoléon Ier. Il fit de ce lieu son lieu de résidence préféré.
C’est également dans ce château, dans la grande galerie d’Apollon que
le prince président Louis Napoléon, président de la seconde république,
rééditant la cérémonie au cours duquel son oncle fut sacré, se fait
investir de la à la dignité impériale sous nom de Napoléon III. Chaque
printemps, l’empereur et son épouse, l’impératrice Eugénie viennent
au château de Saint Cloud établir leur cour.
Le 28 juillet 1870, c’est également dans le château de Saint Cloud,
que l’empereur, prenant connaissance de la dépêche insultante de Bismarck
que la France notifie à l’Allemagne sa déclaration de guerre. Devenu
le quartier général de l’armée allemande, le 13 octobre 1870, le château
est bombardé et incendié, par les canons français qui tirent depuis
le mont Valérien.
Complètement ruiné, pendant le siège de Paris,
il n’en restera que des pants de mur qui seront rasés pour des raison
de sécurité en 1891, ainsi fini l’un des plus beaux châteaux de l’Ile
de France.
On n'est pas d'accord sur l'étymologie du nom
de cette ville, qui a été latinisé par Fons Bleaudi, et traduit par
Fontaine-Belle-Eau, à cause des eaux vives et abondantes qui y coulent,
et dont on a fait Fontainebleau. Il est difficile aussi de déterminer
l'époque de la fondation de cette célèbre résidence, royale. On l'a
successivement attribuée sans beaucoup de fondement à Robert, à Louis
VII, à Louis IX. Ce qu'il y a de certain, c'est que vers le milieu du
XII siècle il existait dans la forêt de Fontainebleau une maison royale,
ainsi que le prouve un article 1141 donné par Louis VII, et une charte
de ce même loi de 1160, portant donation à quelques moines, qui se termine
ainsi : Actum publice apud Fontene Bleaudi, in palatio nostro.
En 1169, ce prince fit bâtir à Fontainebleau, attenant à la
maison royale, une chapelle, qui fut consacrée par Thomas Becket, archevêque
Cantorbéry, pendant son séjour en France. Il reste un très-grand nombre
d'actes de Philippe Auguste datés de Fontainebleau, entre autres une
charte de 1186, par laquelle il donne à l'Hôtel Dieu de Nemours tout
le pain qui restera sur sa table pendant le temps qu'il passera à Fontainebleau.
Saint Louis se plut également beaucoup dans cette résidence. En 1259,
il y fonda un hôpital pour y recevoir les pauvres et les malades. Philippe
le Bel naquit et mourut à Fontainebleau. Charles VII fit, dit-on, exécuter
quelques peintures dans ce château. Louis X1 y commença une bibliothèque
que Louis XII fit dans la suite transporter à Blois.
On peut regarder François Ier comme le régénérateur de Fontainebleau.
Sous son règne, le château fui presque entièrement reconstruit; l'on
y ajouta de nouveaux bâtiments, des jardins vastes et bien dessinés
furent créés, sur les dessins du célèbre Primatice et de Nicolo, son
élève. En 1530, François Ier y établit une bibliothèque riche en manuscrits
grecs et orientaux, et en livres imprimés, recueillis dans plusieurs
parties de l'Europe et de l'Asie, par les soins du savant Guillaume
Budée, bibliothèque qui plus tard fut transportée à Paris, et elle est
à l’origine de la Bibliothèque National.
En 1530.Charles Quint, faisant
un voyage eu France, fut reçu à Fontainebleau, et logé dans l'appartement
dit des poètes.
Henri II fit continuer à Fontainebleau divers travaux
que son père avait entrepris ; quelques-uns de ses enfants y reçurent
le jour. En 1560, il se tint à Fontainebleau une assemblée des notables,
relative à la conjuration d'Amboise. Henri III naquit en 1551 au château
de Fontainebleau, qu'il habita souvent. Henri IV en fit son séjour favori,
et dépensa en constructions ou accroissement dans le château et dans
le parc, la somme considérable pour l'époque de 2,440 850* livres soit
la modique somme de 79 571 710 €.
Sa fille Henriette, reine d'Angleterre et femme de Charles Ier,
vint se réfugier a Fontainebleau, après la révolution qui conduisit
ce monarque à l'échafaud. Louis XIII, son fils et son successeur, y
naquit et y fut baptisé sur la plate-forme du donjon de la cour Ovale,
à la vue d'un immense concours de peuple.— Louis XIV passa une partie
de ses jeunes armées au château de Fontainebleau, qui fut entièrement
achevé sous son règne ; il y dépensa la somme énorme de 5,547,493 livres
6 sous et 6 deniers (89 314 637,35€*). Eu 1657, Christine de Suède,
venue eu France après son abdication, reçut, contre le gré du roi, ce
château pour demeure; et c'est là qu'elle fil assassiner, dans la galerie
des Cerfs, le marquis Monaldeschy, son grand écuyer. Le grand Condé
mourut à Fontainebleau en 1686. L'année précédente, le roi y avait signé
la révocation de l'édit de Nantes, acte funeste de fanatisme, qui enleva
à la France plus de cinquante mille familles. Louis XV vint à Fontainebleau
en 1724, et épousa l'armée suivante Marie Leczinska ; le dauphin son
fils, mourut dans la même chambre où le grand Condé avait terminé sa
longue et glorieuse carrière.
La révolution française passa presque inaperçue sur cette demeure royale.
Le palais resta debout au milieu des orages qui détruisaient, sur tout
le sol français, jusqu'aux derniers vestiges de la plus vieille monarchie
du monde.
L'école militaire, qui depuis a été transférée à St-Cyr,
fut établie dans ses bâtiments et contribua à leur dégradation. Napoléon
le trouva dans l'abandon le plus complet, entièrement délabré, et dépensa
6, 242, 000 francs pour le restaurer, ne se doutant pas que sa puissance
devait s'ensevelir en ce lieu. C'est là qu'il fut contraint de renoncer
pour lui et ses descendants an trône de France et d'Italie, et qu'il
fil à l'armée en pleurs ces touchants adieux dont le souvenir est impérissable.
Après lui Fontainebleau fut presque oublié ; sa mémoire seule y est
restée pour rappeler l’une des plus grandes vicissitudes humaines. L'incurie
et le temps détruisaient partout les chefs-d’œuvre de la renaissance,
et bientôt on ne devait plus y trouver la moindre trace du Rosso ni
du Primatice. Mais une ère nouvelle a surgi pour Fontainebleau en 1830
avec le roi Louis-Philippe en a entrepris et fait exécuter par les premiers
talents de l'époque la restauration générale, et ce palais, rendu à
son ancienne splendeur, fait aujourd'hui l'admiration des étrangers.
Résigné, Napoléon fait le 20 avril ses adieux à la Garde impériale dans la cour du Cheval Blanc, devant l'escalier monumental du château. Il baise avec émotion le drapeau que lui présentent les vieux grenadiers, la larme à l'oeil. Une image de plus pour la légende. C'est ensuite le voyage - discret - vers l'île d'Elbe.
Le château de Fontainebleau est composé de six
cours : la cour du Cheval-Blanc, la cour des Fontaines, la cour Ovale
ou du Donjon, la cour ou jardin de l’Orangerie, la cour des Princes
et la cour des Cuisines. Trois entrées principales y conduisent :
L’entrée d'honneur, par la cour du Cheval-Blanc; la seconde, par la
cour des Cuisines ; la troisième, par l'allée de Maintenon, la Chaussée-Royale
et la Porte-Dorée. Chaque cour est entièrement ou à peu près entourée
de trois ou quatre corps de bâtiments.
La cour du Cheval-Blanc s'ouvre
sur la place Ferrare ; elle doit son nom à un cheval en plâtre, copie
du cheval de Marc Aurèle, moulé à Rome en 1560 ; elle est fermée par
une belle grille de 104 m. de. longueur, construite en 1810.
L'aile
droite de cette cour fut commencée sous Louis XV et achevée sous Louis
XVI. La façade qu'on voit au fond est ornée d'un superbe escalier en
fer à cheval, placé à l'extérieur, dont les deux rampes s'élèvent à
la hauteur d'une terrasse placée dans les appartements du premier étage.
L'aile gauche fut bâtie sons François Ier; elle servait de logement
aux ministres. Par la chaussée qui passe sous l'escalier, on se rend
à la chapelle de la Trinité, remarquable par sa belle architecture.
Le principal autel est décoré de quatre colonnes en marbre rare, avec
des chapiteaux en bronze doré, de quatre auges aussi en bronze doré,
et des statues en marbre blanc de saint Louis et de Charlemagne.
La cour des Fontaines, entourée de bâtiments détruis cotés, s'ouvre
du côte du sud sur les jardins ; elle est décorée d'un bassin dans lequel
quatre mascarons versent de l'eau.
La cour Ovale est longue et peu large. Les bâtiments qui l'environnent
sont plus anciens que ceux des autres cours ; les deux tiers de ces
bâtiments offrent un balcon extérieur que supportent 45 colonnes de
grès. Dans l'intérieur sont la salle de bal, la bibliothèque, les appartements
du roi et de là reine, les salles du trône, du conseil, etc.. On montre
dans un salon une petite table en bois d'acajou sur laquelle Napoléon
signa en 1814 son abdication. C'est aussi par ces bâtiments qu'on arrive
à la galerie de Diane, décorée de peintures exécutées par MM. Abel Pujol
et Blondel. Le jardin de l'Orangerie est aussi entouré de divers bâtiment,
dans l'un desquels la galerie des Cerfs, la reine Christine de Suède
fit assassiner Monaldeschy. Le jardin est dessiné en jardin paysager,
et doit son nom à une belle statue de Diane, en bronze, placée au milieu
du bassin. La cour des Princes est la plus petite du château. C'est
dans les bâtiments qui l'entourent que logeait la fameuse Christine
de Suède. La cour des Cuisines est vaste, régulière, et entourée de
trois corps de bâtiments construits sous le règne de Henri IV. Le parc
et les jardins se divisent en plusieurs parties, et répondent à la magnificence
du château : un beau et vaste jardin, dessiné dans le genre pittoresque,
orne, la partie sud du parc, et s'étend le long de la façade extérieure
de l'aile neuve de la cour dite Cheval Blanc; des eaux abondantes traversent
et limitent ce jardin, et vont se perdre en passant sous un rocher dans
la pièce appelée l'Étang. Le Parterre, autrefois jardin du Roi ou du
Tibre est aujourd'hui riche d'ornements et de jets d'eau. Le parc doit
ses principaux agréments à ses belles allées, à la superbe, treille
du roi, et à une magnifique cascade qui alimente un beau canal de 1
170 mètres de long et de 46 mètres de large
:
Ce bourg est fameux dans l'histoire du Valois,
à cause de sou château et de la puissance de ses seigneurs qui faisaient
la loi à toute la contrée.
Il y a eu deux châteaux de Pierrefonds
: le premier était placé sur la montagne, au lieudit le Chêne Herbelot
; il était fortifié, flanqué de tours et entouré de fossés profonds
: Philippe Auguste Chercha à s'approprier cette seigneurie, afin de
détruire la puissance des anciens possesseurs, dont les forces et le
crédit avaient souvent balancé l'autorité de ses prédécesseurs. Il en
confia l'administration à des baillis et à des prévôts qui exerçaient
en même temps les fonctions de receveurs et de juges.
Les habitants
de Pierrefonds avaient une charte de commune que Philippe Auguste renouvela
et confirma d'autant plus volontiers, que les privilèges concédés aux
gens du lieu achevaient d'anéantir l'autorité des fieffés du château.
Le second château de Pierrefonds fut bâti par Louis, duc d'Orléans et
de Valois, vers l'an 1390, sur une croupe de montagne située à l'orient
de l'ancien château.
Vers la fin de 1588 les ligueurs s'emparèrent
du château. Henri IV entreprit en 1593 de réduire cette forteresse à
quelque prix que ce fût; il la fit investir. St-Chamant, qui en avait
le commandement, capitula, et reçut une somme d'argent considérable
; c'était alors une arme excellente pour réduire une place. Louis XIII
ordonna que le château soit démantelé ; on renversa les fortifications
qui en défendaient l'entrée, et l'on enleva la toiture afin que l'intérieur
des bâtiments fût exposé aux injures du temps. Cette espèce de démolition
fut achevée en avril 1617.
Au commencement des guerres des Bourguignons
et des Orléanistes., Pierrefonds fut assiégé par les premiers. Il était
défendu par le capitaine Bosquiaux, qui défit et poursuivit vigoureusement
les ennemis dans leur fuite. Ce même château soutint un second siège
en 1405 ; Bosquiaux se rendit et dicta les conditions de la capitulation.
On lui paya deux mille écus d'or, m. et il sortit lui et les siens avec
tous les honneurs de la guerre. Le comte de Saint-Pol y fit son entrée,
et fut nommé par le roi capitaine du château de Pierrefonds. Le duc
d'Orléans s'étant réconcilié avec le roi, obtint que ce château lui
soit rendu. Saint-Pol fit des difficultés et y fit mettre le feu avant
d'évacuer la place. Quelques- années plus tard, le château de Pierrefonds
fut pris par les Anglais ; mais il rentra bientôt sous l'obéissance
de Charles VII.
Une légende raconte qu’en 1613, le duc de Lesdiguière décida de clore le parc par un mur de sept kilomètres de long. Le diable lui apparut et lui promit de construire le mur en moins de temps qu’il mettrait pour parcourir à cheval le parc dans toute sa longueur soit deux kilomètres cinq cent. Mais s’il échouait, son âme serait à Satan. Le duc accepta le défi. Sa cause semblait perdue mais dans un dernier bond le cavalier et sa monture franchirent la brèche qui se referma en emprisonnant la queue du cheval. Ainsi jusqu’en 1960 on pouvait voir les deux extrémités du mur qui se chevauchaient à cet endroit au lieu de se joindre.
Construit au XVIIéme siècle par François
de Bonne (1543-1626). Il est duc de Lesdiguières, gouverneur du Dauphiné
et compagnon d’armes d’Henri IV et dernier connétable de France. Il
s’empare des terres de Vizille pour y construire sa demeure.
C’est
dans une des salles du château qu’a lieu, le 21 juillet 1788, la première
réunion des États du Dauphiné qui regroupe le clergé, la noblesse et
le Tiers État. Cette première assemblée sera à l’origine de la réunion
du Tiers État à Versailles et qui deviendra ensuite l’Assemblée Constituante
et sera à l’origine de la Révolution de 1789.
Propriété jusqu’en
1895 de l’influente famille Perier connue pour son engagement politique
au sein de la bourgeoisie libérale, le domaine passa ensuite entre plusieurs
mains privées avant d’être acquis par l’État en 1924, conformément à
un vœu national. Il s’agissait de sauver du démembrement ce qui était
devenu un haut lieu d’histoire et de tradition républicaine honoré par
les visites familiales, amicales, officielles ou militantes de La Fayette,
Casimir Perier, Adolphe Thiers, Sadi Carnot et Jean Jaurès. Le domaine,
peu utilisé en définitive, fut cédé au Conseil général de l’Isère en
1973. En 1983, anticipant sur la célébration du bicentenaire de la Révolution
française, le musée de la Révolution française de Vizille prit place
dans les différentes salles du château.
Résidence d'été de la République,
cinq présidents de la République y séjournèrent de 1925 à 1960 : Gaston
Doumergue, Albert Lebrun, Vincent Auriol, René Coty, qui y passa l’été
de 1954 à 1958, et le général de Gaulle, qui y fit un passage dans la
nuit du 6 au 7 octobre 1960 et qui marqua la dernière visite d'un président
dans les lieux.
Situé dans l’étranglement constitué par l’étang
de Vaccarès, d’un côté, et par le massif des Corbières maritimes de
l’autre, le goulet de Salses est le passage obligé de toutes armées
voulant se rendre soit en Espagne, soit en France, si l’armée d’invasion
vient de la Catalogne. Construite entre 1496 et 1504 par le commandeur
Ramirez, grand artilleur du Roi Ferdinand II d’Aragon et Isabelle de
Castille, et assisté par l’Ingénieur Francisco Ramiro López, la forteresse
de Salses a pour principal fonction de barrer l’accès à la Catalogne,
alors domaine des rois d’Aragon, aux troupes françaises de Louis XI.
En 1496, l’armée française avec à sa tête Gaston IV assiège et prend
le château de Salses, et c’est ce qui décide le roi d’Aragon de construire
la forteresse de Salses. Elle est conçue pour en faire un point d’arrêt
de toute invasion et également en faire une base d’opération offensive.
Celle-ci est équipé des derniers perfectionnements pour pouvoir résister
aux boulets en fer, qui ont succéder aux boulets en pierre des premières
bombardes.
Elle sera assiégée une première fois en 1503, et les espagnols
résistent, bien que la forteresse ne soit pas totalement terminée.
En 1544, la paix signée entre François Ier
et Charles Quint amène un siècle de tranquillité et la forteresse perd
peu à peu sa supériorité militaire et son architecture novatrice qu'elle
avait à son origine. Toutefois, elle est de nouveau assiégée pendant
la guerre de Trente Ans (1618-1648), à trois reprises en trois ans :
en 1639, en 1640 et en 1642. Le 20 juillet 1639, après 40 jours de résistance,
la forteresse tomba aux mains des troupes françaises commandées par
Henry II de Bourbon, prince de Condé et par le maréchal de Schomberg,
gouverneur du Languedoc. Malgré cette prise, la forteresse joua son
rôle car les troupes françaises ne furent pas en mesure de poursuivre
leur offensive. En outre, sitôt prise, deux régiments français mis en
garnison, soit 2 000 hommes, dans le fort, sous les ordres de Roger
de Bossort, comte d'Espenan, se retrouvèrent assiégés, à leur tour,
par une armée espagnole sept fois plus nombreuse qui réutilisa les ouvrages
construits par les Français lors de leur siège et non démantelés. Le
siège dura du 1er septembre 1639 au 6 janvier 1640. Seule la faim força
les assiégés à se rendre. Enfin, elle est définitivement conquise par
les Français, le 15 septembre 1642. Ceux-ci perdirent plus de 35 000
hommes lors de ces différents sièges.
En 1659, la forteresse perd
son intérêt stratégique avec la signature du traité des Pyrénées, le
16 novembre. En effet, le traité entérine l'appartenance définitive
du Roussillon à la France et la forteresse se retrouve ainsi loin de
la frontière.
Après avoir servi de prison, notamment, aux condamnés
de l’affaire des poisons, et ensuite de poudrière pendant tout le XIXème
siècle, la forteresse de Salses devient monument national et est classée
monument historique en 1886.
Situé à Boulogne-Billancourt, le domaine originel
avait été acquis en 1817 par James de Rothschild au banquier Jean-Charles
Davillier. Ce dernier l'avait acheté à un certain Hamelin, conseiller
du roi, qui avait fait reconstruire en 1776 une première fois le château
appartenant autrefois à Joseph Fleuriau d'Armenonville, dans le style
néo-classique.
James le fit entièrement reconstruire de 1855 à 1861
par l’architecte Joseph-Armand Berthelin dans le style Louis XIV en
s'inspirant du château de Clagny.
Les façades principales de la
demeure, se développant sur 120 mètres, étaient prolongées par deux
terrasses latérales plantées d'une double rangée de tilleuls taillés
« en berceau » ; le parc de 30 hectares, tracé et planté à cette époque,
jouxtait le bois de Boulogne – que Napoléon III faisait alors aménager
pour les Parisiens par Varé et Alphand – longeait la Seine et côtoyait
le quartier dit « des Menus Plaisirs ».
La décoration intérieure
et les jardins à la française étaient d'Eugène Lami, le parc à l’anglaise
de Joseph Paxton ; leur entretien était assuré par 60 jardiniers.
Une grande orangerie provenant de l'île de Puteaux, vendue par James
de Rothschild après 1848, abritait l'hiver camélias arborescents, grenadiers,
myrtes, mimosas, aloès, agaves, disposés dehors en été, et une quinzaine
de gros orangers en caisses, que début mai un chariot tiré par quatre
percherons transportait dans la cour d'honneur.
Le jardin à la française,
parallèle au saut-de-loup du bois de Boulogne et en bordure du boulevard
Anatole France, rendu invisible par une haie d'arbustes de trois mètres
de haut, avait un parterre de 180 mètres sur 60, orné de broderies de
buis et de séries de rosiers greffés sur tige et l'habituel grand bassin
rond central. Jusqu'en 1939 il fut fleuri de 40 000 géraniums en quatre
variétés roses et une blanche – produits à partir de 100 000 boutures
! – plus les plantes de bordures.
Le parc et les cultures étaient sillonnés d'un double réseau de canalisations.
Couvrant également la superficie du domaine, une prise d'eau en Seine
(avec une crépine face au quai du Quatre-Septembre) complétée par une
station de pompage équipée d'une machine à vapeur alimentée au charbon,
aspirait l'eau du fleuve et la refoulait vers de grands réservoirs dans
le haut du parc.
Quant au « jardin japonais », ce fut une création
de son fils Edmond qui, séduit par une présentation de végétaux d'ornement
japonais à l'Exposition universelle de Paris en 1900, y acquit un lot
de conifères cultivés en potiches apportés par un certain Hatta, qu'il
engagea sur le champ et qui y resta sans avoir revu son pays. Sur un
hectare l'émérite horticulteur de Tokyo put « multiplier les scènes
et y introduire une magnifique collection de végétaux » ; le jardin
fut achevé avant 1925 par Edmond de Rothschild qui en fut le propriétaire
après la mort de James.
Devenus un lieu de mondanités, ces jardins
furent fréquentés par Thiers, Guizot, Berryer, Émile de Girardin et
son épouse, Henri Heine, Rossini et Chopin, et toute la nouvelle aristocratie
européenne ; Debussy y composa ; ils devinrent une référence pour les
horticulteurs après 1879.
Une pagode dotée d'un étage formant terrasse
panoramique et un kiosque servaient de pavillon de thé où le baron aimait
s'y délasser seul, entouré de conifères nains et d'érables japonais;
Georges Clemenceau, amateur et collectionneur d'art asiatique, qui y
fut invité, évoque brièvement le lieu dans ses Lettres à une amie 1923-19294.
Pendant l'Occupation, le château fut pillé par les nazis, puis saccagé
en 1945 par l'armée américaine lors de manœuvres.
Il servit de décor
pour le tournage d’India Song de Marguerite Duras en 1975. Le parc fut
amputé par l'extension de l'hôpital Ambroise-Paré et la construction
de l’autoroute A13.
En 1979 le baron Edmond de Rothschild céda le
château pour un franc symbolique à la mairie de Boulogne qui le revendit
rapidement, avec la parcelle des Canadiens, au cheik saoudien Khalid
Abdulaziz Al Ibrahim pour plusieurs millions de francs. Interdit de
visite, le bâtiment est actuellement couvert de graffiti et le toit
est en partie effondré.
Une folie voisine, le château de Buchillot,
avec son vaste parc, avait été annexée par James de Rothschild en 1817,
permettant de faire passer la superficie du parc de 8 à 30 hectares.
Son domaine a été séparé du parc en 1974 par la jonction entre l'autoroute
A13 et le périphérique. Le bâtiment et le domaine actuel abritent le
musée Paul-Belmondo. Ce château de style XVIIIème, est antérieur
à la construction du château Rothschild.
Galerie
La terre de Coucy, avec l'ancien bourg connu
depuis sous le nom de Coucy-la-Ville, faisait partie des domaines concédés
par Clovis à saint Remi et abandonnés par le saint évêque à l'église
de Reims. Après quatre siècles d'une possession paisible, les invasions
normandes, les convoitises des seigneurs du voisinage inspirant des
inquiétudes plus sérieuses de jour en jour aux prélats propriétaires
de ce fief, Hervé, l'un d'eux, résolut de construire près de Coucy-la-Ville
un château fort destiné à la protéger les fondements en furent jetés
en 880, et les habitations qui se groupèrent autour formèrent un bourg
nouveau qu'on distingua de l'ancienne ville en l'appelant Coucy-le-Château.
Cet accroissement donné à l'importance du domaine ne fit que rendre
plus ardents les efforts de ceux qui cherchaient à s'en emparer en 929,
il était au pouvoir d'Herbert, comte de Vermandois, et le château servait
de prison à Charles le Simple, qui y avait été transféré de Château-Thierry.
Après diverses péripéties, et à la suite d'un compromis accepté par
l'archevêque de Reims en 968, Coucy, moyennant une redevance annuelle
de 60 sols, passa aux mains d'Eudes, fils de Thibaut, comte de Troyes.
Plusieurs seigneurs, dont les noms sont restés inconnus, succédèrent
à Eudes ; enfin, en 1059, le domaine était possédé par un Albéric qu'on
suppose issu des comtes de Vermandois, et qui devint la souche de cette
puissante et fameuse famille des sires de Coucy. Le fils ou petit-fils
de cet Albéric fut Enguerrand 1er, de qui date l'illustration
de la maison. Outre le domaine de Coucy, il possédait encore la baronnie
de Boves, le comté d'Amiens, la seigneurie de MarIe et de La Fère; voilà
pour sa puissance.
Quant à ses mœurs, il épouse, du vivant de son
mari, une certaine dame du nom de Sibylle, fait bénir son union par
l'évêque de Laon, guerroie pendant plusieurs années avec l'époux dépossédé,
se brouille avec un fils qu'il avait eu de sa première femme, Thomas
de Marle, met tout le pays en feu au sujet de ces tristes querelles
de famille et introduit, dans la lutte, le barbare usage de crever les
yeux des prisonniers. Thomas, digne fils d'un tel père, lui succède
en 1116 ; il fait assassiner Henri de Chaumont, qui lui disputait le
comté d'Amiens, pille les marchands qui passent sur ses terres et meurt
frappé, dans une embuscade qu'il avait dressée lui-même, par Raoul de
Vermandois. Il eut pour successeur Enguerrand II, qui, à l'exemple de
son père et de son aïeul, prit la croix en 1146 et partit pour la terre
sainte, où il mourut. Comme son père, Raoul 1er, qui lui
avait succédé, partit pour le grand voyage d'outre-mer et ne revit plus
son château. Son fils, Enguerrand III, lui succéda mais il avait aussi
un frère du même nom d'Enguerrand qui n'eut, comme fils puîné, que quelques
seigneuries en apanage. C'est au fils de ce dernier, nommé Raoul ou
Renaud, et qui était châtelain (officier préposé à la garde du château
et de la ville) de Coucy et non sire de Coucy, comme font écrit à tort
bien des historiens, que se rattache la sanglante légende du sire de
Fayel, qui fit manger à son épouse adultère, la belle Gabrielle de Levergies,
le cœur de Raoul qu'elle avait tant aimé. C'était, d'ailleurs, un «
chevalier beau, courtois, plein de savoir, qui faisait chants et poésies,
mais n'était pas riche d'avoir, » dit la chronique.
Avant de partir pour la croisade, Raoul 1er, sire de Coucy,
avait accordé une charte communale aux deux villes de Marie et de Vervins,
la première en 1174, la seconde en 1183.
Sa veuve, Adélaïde, tutrice
du jeune Enguerrand IlI, donna, en 1197, une charte de paix ou charte
communale en trente-six articles aux habitants de Coucy. Il était réservé
à Enguerrand III de porter la maison de Coucy au plus haut degré de
splendeur. Il augmenta l'étendue de ses domaines, fit élever ce château
fort dont la maîtresse tour ou le donjon frappe d'étonnement le voyageur
comme l'archéologue, fit construire l'enceinte de la ville et élever
les châteaux de Saint-Gobain, d'Assis, de Marie, le Châtelier de La
Fère et la maison de Folembray. Enguerrand III se maria trois fois,
et la dot de chacune de ses femmes vint augmenter son influence et agrandir
ses domaines. Sa seconde femme, Mahaud, était fille de Henri duc de
Saxe et successeur d'Othon IV empereur d'Allemagne. Il fut en guerre
avec l'archevêque de Reims, prit une part glorieuse aux guerres de Philippe-Auguste
contre Richard Cœur de lion, combattit à Bouvines, fit la croisade des
Albigeois et parvint à une renommée militaire europeenne.
Tel était
l'enivrement où l'avaient plongé l'étendue de son pouvoir et l'immensité
de ses richesses que, pendant la minorité de Louis IX, il osa jeter
les yeux sur la couronne de France. Il s'était fait préparer déjà, dit-on,
des ornements royaux dont il aimait à se couvrir devant ses favoris
lorsqu'un accident, une chute de cheval, amena sa mort en 1242. Pendant
le siècle suivant, le nom de Coucy est mêlé à tous les grands événements
de notre histoire ; Enguerrand VII, digne représentant de la noblesse
féodale, dans la guerre des Jacques, fait pendre aux arbres de ses terres
les enfants et les femmes de ces malheureux paysans qu'un régime intolérable
avait poussés à la révolte ; il sert d'otage à l'Angleterre pour la
sûreté du payement de la rançon du roi de France après la bataille de
Poitiers. Édouard III, jaloux de s'attacher un seigneur si puissant,
lui donne en mariage sa seconde fille Isabelle, ajoute aux biens considérables
en Grande-Bretagne qu'il tenait de l'héritage de sa grand'mère, Chrétienne
de Bailleul, la baronnie de Bedford, érigée en comté plus tard, et tout
le comté de Soissons, compris dans la rançon du roi, cédé par la France
à l'Angleterre; mais, à son retour, Enguerrand trouva cet accroissement
de ses domaines compensé par la désolation qui régnait sur ses terres
de Coucy. Il avait cruellement dompté la rébellion de ses vassaux; mais
la cause de la révolte avait subsisté, la misère avait grandi; le découragement,
le désespoir s'étaient emparés de tous les cœurs; les terres restaient
incultes; les paysans n'avaient qu’une pensée fuir ce sol maudit et
aller chercher ailleurs un esclavage moins dur et des maîtres moins
impitoyables ; le sire de Coucy, pour arrêter l'émigration du reste
des habitants, se vit contraint d'accorder une charte collective d'affranchissement
à vingt-deux bourgs et villages. Cet important document porte la date
d'août 1368. Ce même Enguerrand fut chargé par Charles VI de traiter
avec les chefs des maillotins, dans la sédition parisienne que ce mot
rappelle ; il se distingua à la bataille de Rosbecque, le 26 novembre
1382, fut un des chefs de la croisade de 1396 contre les Turcs ; il
combattit vaillamment à la désastreuse journée de Nicopolis et mourut
des suites de ses blessures, prisonnier de Bajazet, le 18 février 1397.
En lui s'éteignit la dynastie directe des Coucy, la plus haute et la
plus complète expression de la féodalité au moyen âge, dont les actes
justifiaient la fière devise
Roi ne suis, Ne prince, ne duc,
ne comte aussi.
Je suis sire de Coucy
. L'histoire du
château et de la ville offre, à dater de cette époque, un bien moindre
intérêt. En 1400, le 15 novembre, la terre est achetée de Marie de Coucy
par Louis d'Orléans, moyennant une somme de 400,000 livres tournois,
qui représenterait environ 3,500,000 francs de notre monnaie. Ce prince
fit restaurer le château et l'embellit de plusieurs grandes salles bien
ornées. Après lui la terre de Coucy est donnée en apanage à Claude de
France et à Diane de Valois ; Gabrielle d'Estrées, pendant les guerres
de la Ligue, habite Coucy et y met au jour César de Vendôme, bâtard
de Henri IV. Après plusieurs aliénations et plusieurs retours à la couronne,
ce domaine est enfin donné, aussi en apanage, par Louis XIV, en 1673,
à Philippe de France, duc d'Orléans, dans la famille duquel il reste
jusqu'à la Révolution. En 1692, un tremblement de terre avait lézardé
le donjon. Mais à peine pouvons- nous donner les dimensions, de la tour
principale de ce donjon, haut de 55 mètres, d'un diamètre de 30 mètres
et d'une épaisseur de plus de 7 mètres. Aujourd'hui, ce château, dont
Viollet-le-Duc a donné une excellente description, est une propriété
nationale.
En 1914, les troupes allemandes se sont évertuées à dynamiter
ce monument, sans qu’aucune raison stratégique ne justifie cette démolition.
« Boussac, disait Thaumas de La Thaumassière
en son Histoire du Berry, est une petite ville d'environ cent maisons,
ceinte de hautes murailles, flanquée de tours à dix toises les unes
des autres. II y a un fort château qui joint la ville, bâti sur un rocher
presque inaccessible, d'une hauteur de plus de quarante piques, entre
la rivière de Petite- Creuse et celle du Beyroux. Les murailles en sont
très épaisses et munies de tours. L'église paroissiale est au milieu,
près de la grande place, où est la grande croix de pierre, à laquelle
on fait la procession tous les vendredis.
À la sortie de la ville
est le cimetière, dans lequel il y a une belle chapelle, dédiée à Notre-Dame
de Pitié, proche laquelle est l'hôpital. »
L'histoire de la ville
est celle de son château. Suivant la légende populaire, il fut bâti
par Jules César. Le conquérant des Gaules est le seul Romain dont les
paysans connaissent le nom. C'est à lui qu'ils rapportent la fondation
de tous les édifices en ruine de tout ce qui ressemble à une place d'armes
ou à un camp fortifié. Une autre tradition attribue l'érection du château
de Boussac au sénateur Léocadus, gouverneur de plusieurs provinces gauloises.
On ne retrouve, dans les débris qui subsistent encore, aucun vestige
d'architecture romaine. Construit vers le Xème siècle, ce
monument fut presque complètement renouvelé au XVème. Sa
position sur la crête d'un rocher, haut de près de quarante mètres (les
constructions ont vingt-six mètres dé hauteur de la base à la corniche),
rappelle les seigneurs féodaux du moyen âge, ces chevaliers aux bras
d'airain, qui, modernes Titans, entassaient Pélion sur Ossa, et dont
les châteaux rivalisaient avec l'aire des aigles, dont ils avaient le
courage, mais trop souvent la rapacité.
Vue du bas de la rivière,
rien de plus sévère que cette imposante construction élevée sur des
blocs gigantesques, d'un granit schisteux, à l'aspect dénudé, où croissent
à grand peine quelques plantes rabougries. Les plus hautes falaises
des côtes de Normandie peuvent seules donner une idée de cette masse,
à laquelle il ne manque que le mugissement de la vague pour représenter
un nouveau Mont- Saint-Michel. Le château, accessible d'un seul côté,
par un sentier tortueux taillé à pic dans le roc, présente une sortie
analogue aux poternes de notre système de défense moderne. Une large
douve l'étreignait de l'autre côté, défendu par une tour gigantesque
si vaste, qu'elle pouvait, disait-on, contenir le roi et toute sa cour
; elle fut démantelée sous le règne d'Édouard III, l'entrée principale
de la place d'armes existe encore aujourd'hui c'est une tour ronde,
également ruinée. De vastes souterrains superposés s'étendent, dit-on,
sous la place ; leur entrée, qui existait dans les rez-de-chaussée du
château, est aujourd'hui comblée. A l'extérieur des murs régnaient des
galeries appuyées sur des corbeaux, par lesquelles on communiquait extérieurement
aux tourelles et qui pouvaient servir de défenses on en aperçoit encore
quelques traces. Le bâtiment octogone qui sert d'entrée actuelle à la
sous-préfecture, est ce qu'il y a de plus curieux comme morceau d'architecture.
Une élégante porte ogivale ornée de trèfles et d'élégantes feuilles
de chou frisé, portant dans son triangle les armoiries parlantes des
de Brosses, des fenêtres à talon font l'ornement de cette jolie tourelle
à pans coupés contenant l'escalier principal. Les fenêtres du dernier
étage ne présentent plus que les informes débris de hautes arêtes à
feuilles de vigne et de chêne, riche application du style religieux
flamboyant. À l'intérieur, la salle des gardes est, sans contredit,
ce qu'il y a de plus remarquable comme spécimen des constructions intérieures
du moyen âge c'est une sorte de caserne où les routiers féodaux attendaient
les commandements du maître; très élevée, cette salle a 15,60 mètres
de long sur 8 de large ; elle est éclairée par deux fenêtres pratiquées
dans le mur, divisées en quatre baies par des meneaux prismatiques,
accompagnées de deux bancs également pris dans l'épaisseur des murs,
qui est de plus de 2 mètres mais ce qui attire surtout l'attention,
ce sont deux cheminées gigantesques, ou plutôt deux chambres à feu:
l'une d'elles, la plus grande, a plus de 6 mètres de pourtour; la plus
petite est surmontée d'un écusson aujourd'hui gratté. Cette salle est
précédée de plusieurs locaux où sont également de gigantesques cheminées
en rapport avec la grandeur de leurs salles, mais il n'en est pas une
où des arbres entiers n'eussent pu se consumer à l'aise. Du balcon de
la chambre haute, placé dans la tour centrale, on découvre un bel horizon,
les deux collines du mont Barlot et de Toulx-Sainte- Croix, tandis qu'au
pied coule, dans un ravin profond et accidenté, un bras sinueux de la
Petite- Creuse. Les charpentés du bâtiment, qui figurent une vaste nef
ou un vaisseau en construction, sont remarquables par leur légèreté.
Enfin, on pouvait dire du château de Boussac ce que Monstrelet disait
du château de Pierrefonds « C'est. un chatel moult bel et parfaitement
édifié et défensable, bien garni et rempli de toutes choses appartenant
à la guerre. »
Après avoir fait partie du patrimoine des seigneurs
de Déols, princes du bas Berry, barons de Châteauroux, etc., la terre
et le château de Boussac passèrent à la famille de Brosses par l'alliance
d'Ebbes de Déols avec Roger de Brosses, en 1244. Ce seigneur eut un
procès avec la comtesse de la Marche au sujet de fourches patibulaires
élevée sur les confins de la baronnie. Il mourut en 1187. Un de ses
fils, Guillaume de Brosses, archevêque de Bourges, consacra la cathédrale
de cette ville. Louis de Brosses trépassa le 5 septembre 1356, à la
bataille de Poitiers, en la compagnie du roi Jehan, roi de France. Son
fils, né en 1375, épousa, le 20 août 1419, Jeanne de Naillac, et s'unit
par ce mariage à l'une des plus illustres maisons du Berry. Ce fut un
des plus dévoués serviteurs de Charles VII. Il assassina, par ordre
du roi, un gentilhomme d'Auvergne, Le Camus de Beaulieu. Ses services
militaires lui valurent le grade de maréchal de France (1426) ; il accompagna
Jeanne d’Arc dans presque toutes ses expéditions et prit part au siège
d'Orléans. C'est lui qui affranchit les bourgeois de la ville et qui
signa la charte de 1427. Les dépenses qu'il fit pour reconstruire le
château épuisèrent toutes ses ressources. Il mourut insolvable en 1432.
Son fils Jean se distingua par sa violence et ses déprédations, la tête
des routiers et des écorcheurs qui désolèrent la France à peine délivrée
des Anglais. Il assista à la journée de Formigny et prit d'assaut, le
4 juin 1450, la ville de Challans.
Pendant la guerre du Bien public,
il suivit le parti de Louis XI. De son mariage avec Nicole Châtillon,
dame de Blois, duchesse de Bretagne par son père, comtesse de Penthièvre,
etc., naquirent sept enfants, dont l'un, Jean de Brosses, créa la branche
dite de Bretagne. René de Brosses, complice du connétable de Bourbon,
fut condamné à mort et périt à la bataille de Pavie. Son fils réclama,
après la trêve de Cambrai (1529), la restitution des biens et du château
de Boussac, confisqués par suite de la trahison paternelle. II ne l'obtint
qu'au prix de son honneur, en épousant la maitresse de François 1er,
Anne de Pisseleu en 1536. Rétabli dans tous ses biens, il reçut le titre
de duc d’Etampes et le gouvernement de Bretagne. Il mourut en 1564,
et avec lui s'éteignit la postérité masculine des de Brosses.
La
seigneurie de Boussac passa successivement à différents maitres, entre
autres à César, duc de Vendôme et bâtard de Henri IV. Un des derniers
possesseurs, François de Rhillac, fit élever la terrasse qui conduit
aujourd'hui au château.
C’est dans cette demeure que mourut Sully, en 1641. C'était autrefois le domaine d'un seigneur de Torcy; il avait élevé, sur les confins de la Beauce et du Perche, une habitation que l'ami de Henri IV fit abattre et reconstruire en entier sur le modèle de la Bastille, dont il était gouverneur. Il est entouré de fossés larges et pleins d'eau que fon passe sur des pontslevis. Les trois corps de logis en façade sont flanqués de quatre tours ayant une' plate-forme en plomb et des créneaux de forme irrégulière sur la façade opposée. On a religieusement conservé tous les ameublements du temps de Sully. Sur les murs sont des peintures à fresque représentant les châteaux de Suil3~-sur-Loire, de Rosny, de Courville, de Villebon et de Nogent. Dans l'une des tours existe un oratoire dont la frise est très curieuse. Après la mort de Sully, ses entrailles furent enfermées dans une urne de plomb et déposées dans la chapelle de Villebon, et son corps fut transporté à l'Hôtel-Dieu de Nogent-le-Rotrou. Ce château est aujourd'hui la propriété du marquis de Pontcarré, ancien député d'Eure-et-Loir.
Le château de la Brède est devenu le but du pèlerinage
des artistes et des gens de lettres de la contrée. C'est un bel édifice
gothique, de forme hexagone, majestueusement assis au milieu d'une immense
prairie que l'on traverse entre deux haies d'aubépine servant d'avenue
jusqu'à la cour d'honneur. Un fossé large, creusé dans le roc vif, toujours
plein d'une eau limpide et courante, baigne le pied de la tour.
Ce fut Montesquieu qui introduisit en France le goût des jardins dessinés
dans le genre anglais, et il est curieux d'en retrouver à La Brède la
première ébauche. Le philosophe fit disparaître le pont-levis avec ses
pesants leviers ; mais on a toujours continué de suivre, à travers un
labyrinthe d'arbustes et de fleurs, les détours obliques et les passages
crénelés qui conduisent à la principale entrée du château. L'intérieur
est vaste et bien distribué ; mais les jours y sont mal pris et les
appartements y manquent presque tous de lumière.
Au reste, laissons
la parole à un pieux visiteur, dont l'admiration est aussi vive et aussi
profonde que bien exprimée
« Je visitai d'abord la chambre de
Montesquieu, décorée d'une boiserie en noyer d'un goût antique. On remarque
encore le vieux lit à quenouilles avec sa garniture de soie verte et
quelques sièges de forme ancienne. Au milieu de la chambre est la table
en acajou, empreinte de l'encre qui s'échappait de la plume du grand
écrivain, et sur la table la vieille écritoire ; le jambage en pierre
de la cheminée laisse apercevoir les traces que le frottement de son
pied y a faites, lorsque, près de son foyer, il se livrait, agité par
son génie, à ses longues méditations.
Il est difficile d'expliquer
la destination d'une espèce de petit cachot de quatre à cinq pieds,
pratiqué dans l'épaisseur et la partie inférieure du mur, et où l'on
arrive par un escalier fort étroit, dont la porte donne dans la chambre
même de Montesquieu. C'est sans doute pour offrir un rapprochement piquant
que l'on a prétendu que dans ce lieu, il avait écrit son chapitre De
la liberté du citoyen.
J'employai plusieurs moments à examiner les
livres qui sont dans les armoires; ce n'est pas là toute l'ancienne
bibliothèque de Montesquieu il ne reste plus qu'environ 400 volumes
anglais, italiens ou français. Plusieurs ouvrages renferment des notes
marginales de la main de Montesquieu, et paraissent avoir servi à ses
travaux. Je remarquai des voyages en grand nombre, des traités de législation,
de philosophie, de jurisprudence, etc.
Je parcourus les manuscrits avec une extrême
attention ; je tâchais de découvrir quelques-unes de ces particularités
qui ne sont pas sans prix lorsqu'elles concernent l'homme de génie.
Sur des cahiers de Montesquieu dans sa jeunesse, je trouvai une liste
d'auteurs, de sa main, qui semble indiquer dans leur ordre ceux qui
étaient alors l'objet de sa prédilection.
Molière, Corneille, Racine,
Boileau, Pascal, Rabelais, Montaigae, La Bruyère, Cervantès ; divers
extraits sur l'histoire grecque et romaine, sur celle des Chinois ;
des collections de sentences et maximes de droit tirées des Pandectes,
des abrégés de Domat et de Pothier, me parurent se rapporter à ses premières
études, ainsi que beaucoup de notes qu'il avait prises sur le droit
civil.
Un discours sur Cicéron me parut être un ouvrage de la jeunesse
de Montesquieu. Il dit en commençant que, de tous les anciens, c'est
celui auquel il aurait aimé le mieux à ressembler. Je regrettai de ne
pouvoir le lire en entier. Des manuscrits des Lettres persanes n'offraient
que le premier jet de la composition, qui avait été complètement changée
; il était aisé de s'en convaincre par la comparaison du texte imprimé.
Montesquieu était fort difficile avec lui-même ; il corrigeait beaucoup,
refaisait souvent. J'ai vu des passages raturés quatre et cinq fois.
»
Les sentiments qui ont dicté cette description ont aussi inspiré
les quatre vers suivants, gravés au-dessus de la porte d'entrée du château,
et dans lesquels peut se résumer notre notice :
Berceau de
Montesquieu, séjour digne d'envie,
Ou d'un talent sublime il déposa
les fruits,
Lieux si beaux, par le temps vous serez tous détruits;
Mais le temps ne peut rien sur son divin génie.
Cette
propriété s'est toujours transmise dans la famille de M. de Montesquieu.
C’est sur le territoire de la commune de Maincy
que s’élève le célèbre château de Vaux le Vicomte, demeure du surintendant
des finances royales de Louis XIV. Le château a souvent changé de nom,
et ce n’était qu’une simple demeure seigneuriale, lorsque Fouquet en
fit l’acquisition en 1653. Il fit abattre l’ancienne demeure pour y
faire construire le château que l’on admire aujourd’hui et qui attire
chaque année des milliers de visiteurs.
Fouquet fait appel à l’architecte
Louis le Vaux pour élaborer et construire sa demeure, à André Le Notre
pour tracer les plans et agrémenter le parc de 300 hectare en Jardin
et aux peintres Pierre Mignard et Charles Le Brun pour la décoration
des appartements.
Le 17 aout 1661, Fouquet, reçoit dans son château,
entièrement terminé, le jeune roi Louis, quatorzième du nom, sa jeune
épouse l’infante Marie-Thérèse d’Espagne, et Anne d’Autriche, la mère
du Roi pour une soirée où sont réunis plus de 6 000 convives. C’est
dans un faste extraordinaire que se déroule ses festivités et qui vaudront
à Fouquet, sa disgrâce, son procès et son emprisonnement dans la citadelle
de Pignerol, situé aujourd’hui en territoire Italien.
Le château
de Vaux le Vicomte est construit à Mancy , petit village situé à 4 kilomètres
à l'est de Melun, a une population de 993 habitants. Le château de Vaux
le Vicomte dépend de cette commune, et y attire annuellement un grand
nombre de visiteurs ce château a souvent changé de nom ; il fut d'abord
appelé Vaux-le-Pénil. ; ce n'était alors qu'une simple demeure seigneuriale
dont le surintendant des finances Fouquet fit l'acquisition et qu'il
fit abattre. Il la remplaça alors, en 1653, par le somptueux château
que nous admirons aujourd'hui. L'architecte Le Vau en dressa les plans,
Le Nôtre en dessina les jardins, et Mignard et Le Brun en couvrirent
les plafonds et les panneaux de leurs plus délicates peintures. Le parc,
de 300 hectares environ, fu t orné de statues, de fontaines, de bassins
et de cascades les eaux furent amenées de loin et à grands frais dix-huit
millions suffirent à peine pour toutes ces merveilles. C'est dans ce
séjour enchanteur que, le 17 août 1661, Fouquet reçut Louis XIV, sa
mère et plus de six mille invités. Tous les mémoires du temps parlent
de cette réception féerique, dont le dénouement fut si fatal à l'amphitryon.
Le prince, en effet, ne put pardonner au surintendant tant de luxe et
de richesses ; il fut de plus blessé de l'ambitieuse devise qui se présentait
à chaque pas à ses regards un écureil poursuivant une couleuvre, avec
la légende « Quo non ascendet ? »( Où ne monterais-je pas?) Colbert,
auquel la couleuvre faisait allusion (coluber), fit entendre au roi
ces mots qui devaient perdre Fouquet « Dilapidation des finances, »
et le 5 septembre, dix-huit jours après cette fête mémorable, Fouquet
fut arrêté à Nantes, par d’Artagnan, capitaine des Mousquetaires du
Roi, ;Il conduit d'abord à Vincennes, puis à la Bastille; enfin, jugé
et condamné par le parlement et enfermé à Pignerol.
L'amitié de Pellisson,
de Gourville, de La Fontaine, de Scudéry, de Saint-Évremont et de Madame
de Sévigné ne put le sauver de sa disgrâce.
Plus tard, le maréchal
de Villars étant devenu possesseur de ce château, que Louis XIV avait
érigé en sa faveur en duché-pairie, et qui reçut le nom de Vaux-Villars,
il le passa à son fils, le duc de Villars, qui négligea l'entretien
des eaux et renversa une partie de ouvrages de Le Nôtre. Le duc de Praslin,
alors ministre de la marine et des affaires étrangères, l'acquit du
duc de Villars; et cette terre, restée depuis dans sa famille jusqu'en
1850.
Le château de Vaux le Vicomte est aujourd'hui la propriété
d'un riche industriel de Paris, le comte Patrice de Vogüé.
Situé sur le territoire de la commune de Lanvellec
(22), le château de Rosanbo est l’un des plus grands châteaux de Bretagne.
Depuis près de 600 ans, le Château de Rosanbo, l’un des plus vastes
domaines de Bretagne, est le fleuron de la famille Le Peletier de Rosanbo.
Construit au XIVème siècle pour assurer la défense de la
vallée du Bô, le Château évolua au cours des siècles pour répondre aux
différentes tendances des modes architecturales :
Il s’enrichit
d’un manoir gothique au XVème siècle, Ensuite des travaux
d’embellissement sont entrepris pour créer une cour intérieure, comme
bon nombres de constructions du XVIIème siècle.
Au XVIIIèmeles
fenêtres sont agrandies et les toits se parent de coupôle à la Mansart,
La cours sera définitivemenent au XIXème siècle. Achille
Duchêne, à qui l’on doit notamment le parc de Vaux le Vicomte, créa
un magnifique parc fait de 3 tapis de verdures, longés par des allées
cavalières, elles même encadrées par des charmilles voûtées comptant
parmi les plus longues de France
On ne sait pas au juste l'époque de la fondation
du premier château. Louis VII établit des religieux de Grandmont, plus
tard remplacés par des minimes, et Philippe- Auguste fit clore de murs
le bois, où l'on entretint un grand nombre de daims et de cerfs. Saint
Louis séjourna souvent à Vincennes ; du temps de SauvaI, on montrait
encore le chêne sous lequel le pieux roi avait l'habitude de s'asseoir
pour entendre les doléances des malheureux « Maintes fois, dit Joinville,
advint qu'en été il alloit seoir au bois de Vinciennes après sa messe,
et s'acostoyoit à un chêne, et nous faisoit seoir entour li, et tous
ceulx qui avoient affaire venoient parler à li, sans des tourbier (empêchement)
d'huissier ne d'aultre. » A partir de ce prince, Vincennes fut,
jusqu'à Louis XI, le séjour des rois. Ce fut Philippe de Valois qui,
en 1337, fit raser le premier château et jeta les fondements du donjon
actuel. À l'entrée du donjon se trouvait, avant la Révolution, une ancienne
inscription en vers, qui, racontant l'histoire du château de Vinciennes,
disait :
La Tour du bois de Vinciennes.
Sur tours neuves et
anciennes
A le prix. Or, saurez en ça
Qui la parfit et commença
Premièrement Philippe, roys,
Fils de Charles, comte de Valois,
Qui de grand' prouesses abonda,
Jusque sur la terre la fonda
Pour s'eu soulacier et esbattre.
L'an mil trois cent trente-trois,
quatre
Après vingt et quatre ans passé,
Et qu'il estoit jà trépassé,
Le roi Jean, son fils, cet ouvrage
Fit lever jusqu'au tiers étage,
Dedans trois ans par mort cessa.
Mais Charles, roy, son fils, laissa,
Qui parfit en brèves saisons
Tours, ponts, braies, fossés, maison
Né fut en ce lieu délitable ;
Pour ce, l'avoit pour agréable.
Ce fut donc Charles V qui parfit le château. Il veilla aussi à l'entretien
du bois, et, pour en conserver les bêtes fauves, ordonna que chaque
nuit quatre habitants de Montreuil et deux de Fontenay viendraient y
faire patrouille ; on leur fournissait un manteau de gros drap où le
chaperon tenait, semblable à ceux que Du Guesclin faisait porter à ses
gens d'armes pour les garantir de la pluie.
Sous le règne de Charles
VII, Henri V, roi d'Angleterre, maître alors d'une partie de la France,
vint mourir à Vincennes. Depuis Louis XI, qui avait nommé son compère
Olivier capitaine concierge du château, Vincennes, que nos rois avaient
élevé pour s'en soulacier et esbattre, servit à un tout autre usage
et devint une prison d'État, une succursale de la Bastille, où furent
enfermés les plus illustrés personnages. Les rois s'y rendirent quelquefois,
cependant, et y firent de courts séjours. C'est là que, le 30 mai 1574,
mourut Charles IX, au milieu d'atroces souffrances. Louis XIII ajouta
de nouveaux bâtiments au château de Vincennes. C'est surtout à partir
de ce roi que la forteresse reçut d'illustres prisonniers ; Richelieu
y envoya le maréchal d'Ornano, le duc de Vendôme et Puylaurens. Le prince
de Condé y fut enfermé, en 1617 ; quarante ans plus tard, son fils,
le grand Condé, y fut enfermé à son tour, ainsi que le cardinal de Retz
et le duc de Beaufort, qui, tous deux parvinrent à s'échapper. Diderot
et Mirabeau y furent incarcérés au XVIIIème siècle. C'est
là que ce dernier, qui y fut détenu 42 mois, écrivit ses Lettres à Sophie
; son ouvrage contre les lettres de cachet fut également composé dans
cette prison; Mirabeau ne pouvait guère choisir de sujet plus convenable
à sa situation.
En 1674, une des tours de Vincennes s'écroula tout
à coup et écrasa le concierge, sa femme et ses trois enfants ; Louis
XIV vint exprès à Vincennes pour voir ce désastre. Mazarin mourut au
château de Vincennes, le 9 mars 1661, et son corps resta dans la Sainte-Chapelle
jusqu'en 1684, date à laquelle il fut apporté à Paris.En 1715, le Régent
et le jeune Louis XV y séjournèrent une année.
Plus tard, on essaya
d'utiliser les bâtiments en y établissant une manufacture de porcelaine.
Vincennes, redevenu prison d'État sous l'Empire, reçut un assez grand
nombre de prisonniers. Le duc d'Enghien n'y parut que quelques heures
la nuit du 20 au 21 mars 1804 suffit à son interrogatoire, à son jugement
et à son exécution. Fusillé dans le fossé du côté de l'esplanade, à
l'angle gauche près de la tour de la Reine, il y fut également enterré
une pierre avec cette simple inscription Hic cecidit, en désigna
longtemps l'emplacement.
Depuis cette époque, Vincennes a ouvert
ses prisons aux ministres de Charles X, et, plus tard, pour d'autres
prisonniers politiques appartenant à des opinions tout opposées.
Tout le monde connaît la belle conduite, en 1814 et en 1815, du commandant
Daumesnil, surnommé la Jambe de bois, dont la statue, œuvre de L. Rochet,
s'élève aujourd'hui sur la place de l'Hôtel-de-Ville. Nommé de nouveau
gouverneur de la forteresse, en 1830, pendant la captivité des ministres
de Charles X, il sut par sa fermeté et ses nobles pensées faire rentrer
dans le devoir une foule égarée, qui était venue réclamer la tête des
prisonniers. La chapelle du château, bâtie sous Charles V est un édifice
gothique d'une remarquable élégance. On y voit d'anciens vitraux peints
par Jean Cousin. La décoration intérieure, qui existait à l'époque de
la Révolution, était due à Henri II. « Les chiffres du roi et de sa
maîtresse, Diane de Poitiers, qui avait été celle de son père, étaient,
dit un historien du château, entrelacés dans les vitraux et sur les
voûtes, avec des cors de chasse, des chiens, des croissants et des cornes
d'abondance. Diane était même représentée dans les vitraux du milieu
de la nef, à gauche. On la distinguait par un ruban bleu, que le peintre
avait mis pour servir de bandeau à ses blonds cheveux ; et, ce qu'il
y avait de plus singulier, elle était représentée toute nue et d'une
ressemblance parfaite. » En 1557, Henri II transféra dans cette chapelle
les assemblées de l'ordre de Saint-Michel, qui se tenaient précédemment
au Mont-Saint-Michel, en Normandie.
Le château de Vincennes servit
de caserne, d’un arsenal et surtout d’une école de pyrotechnie et de
tir. Vincennes a donné son nom aux meilleurs tireurs de l'armée, aux
bataillons de chasseurs à pied, dont la formation est due à l'initiative
du duc d'Orléans, fils aîné du roi Louis- Philippe.
La porte massive
de sortie du donjon provient de la prison du Temple, détruite par Napoléon.
L'empereur fut également à l'origine de l'étêtage des différentes tours
d'enceinte du château. Le parc fut remanié au XIXe siècle dans le goût
des jardins anglais. Napoléon III confia à Viollet-le-Duc le soin de
restaurer la chapelle et le donjon et légua administrativement les 9,95
km2 du bois de Vincennes à la ville de Paris.
Le 15 octobre 1917,
ce fut au tour de Mata Hari d'être fusillée pour espionnage près de
la forteresse de Vincennes, au pied de la butte du polygone de tir,
lieu habituel des exécutions militaires
Le château de Ferrières Ce château, situé sur
la commune de Ferrière en Brie (77) passe pour être le plus luxueux
château construit au XIXème siècle. Construit entre 1855
et 1859 pour le baron Jacob Mayer, dit James de Rothschild, célèbre
banquier, à l’origine de la branche française des Rothschild. Inaugurer
le 16 décembre 1862 par Napoléon III, ce château a vu dans ces murs
défiler des personnages célèbres.
Les appartements, composés de 28
suites, possédaient dès l'origine tout le confort de l'époque avec chauffage
central avec eau courante chaude et froide. Autre particularité, ce
château ne comportait pas de cuisine pour ne pas indisposer les convives
par les odeurs des préparations culinaires. Les cuisines étaient installées
dans un pavillon situé à environ 60 mètres du château et un souterrain
équipé de charriots circulant sur des rails permettaient d’amener les
plats jusque sur la table des invités. Dans ces murs se sont déroulés
de somptueuse fêtes et bals réunissant toutes la plus haute société
parisienne.
Un parc de plus de 1500 hectare complète cette fastueuse
demeure, transformée aujourd’hui en palace avec hébergement et restaurant
gastronomique.
Note : C’est dans ce château, durant le Siège
de Paris pendant la guerre franco-allemande de 1870, que se déroula
les 19 et 20 septembre 1870, la célèbre entrevue entre Otto von Bismarck,
qui y avait installé ses quartiers, et Jules Favre, ministre des Affaires
étrangères de la toute jeune Troisième République. Le contenu de cette
entrevue est resté secret et, en tout cas, c'est lors de cet entretien
que Bismarck exigea la cession de l'Alsace et la Lorraine comme condition
de paix
Situé sur le territoire de la commune d’Ecuillé
dans le Maine et Loire (49), le château de Plaissis Bourré, est une
propriété appartenant à Antoinette de Croix, épouse de Bruno de Ferrières
de Sauvebœuf.
La propriété fut acquise par Jean Bourré, grand argentier
et principal confident du roi de France Louis XI, à la famille de Sainte-Maure,
le 26 novembre 1462. Sur cet ancien manoir, il fit construire, de 1468
à 1473, le château actuel. Jean Bourré étant souvent absent, c'est sa
femme, Marguerite de Feschal, qui veille au bon déroulement des travaux
depuis le château de Vaux. Plus tard, Charles Bourré fut chambellan
du roi, seigneur de Vaux et de Beaumont
La particularité de ce château
est se situe dans le plafond de la salle des gardes. Décoré de scènes
particulières, ce plafond à caisson que l’ésotériste Eugène Canseliet
qualifie le château est une demeure alchimique et que son plafond en
dévoile certains sercrèts. Ce lieu est décrit dans l’ouvrage de Fulcanelle,
détenteur du « Grand Secret » et qui selon la légende aurai découvert
la « Pierre Philosophale »
Chambord d'autre histoire que celle de son magnifique
château. Cette histoire ne commence qu'à François 1er,
Avant son règne, Chambord ne fut pour les diverses dynasties des comtes
de Blois qu'un rendez-vous de chasse, une résidence accidentelle, fortifiée,
cependant, comme l'exigeaient les nécessités de l'époque.
La passion
de François 1er pour la chasse, ou peut-être le souvenir
de son premier amour pour la belle comtesse de, Thoury, dont le manoir
était dans le voisinage, détermina ce prince à préférer pour la construction
qu'il projetait ce lieu triste et sauvage aux sites admirables que lui
offraient les rives de la Loire. Malgré le désir du roi de voir son
œuvre achevée, malgré la vigueur avec laquelle furent poussés les travaux,
les dix-huit cents ouvriers employés aux constructions mirent douze
ans pour terminer cette merveille, et de 1526 à 1547 le total des sommes
dépensées s'éleva à 444,570 livres 6 sols 4 deniers, ce qui représente
une énorme fortune de nos jours.
Charles-Quint vit Chambord dans
toute sa splendeur lorsqu'il traversa la France en 1539. La reine de
Navarre y était la compagne la plus assidue du roi, son frère ; ils
étaient ensemble, dit-on, lorsque François, déjà vieux et poursuivi
par les mélancoliques souvenirs de sa jeunesse, hélas passée écrivit
sur les vitraux de sa chambre à coucher avec la pointe d'un brillant
qu'il portait au doigt ces deux vers si souvent cités
Souvent
femme varie,
Bien fol est qui s'y fie.
On dit que Louis
XIV, jeune et heureux, sacrifia à Mlle de La Vallière les vers satiriques
du monarque vieux et désabusé.
Henri II hérita de la prédilection
de son père pour Chambord et fit continuer les travaux sur les mêmes
plans. A son chiffre enlacé à celui de Diane de Poitiers, au croissant,
emblème de la belle duchesse, on reconnaît les parties de l'édifice
auxquelles il a fait travailler.
Sauf quelques voyages de Catherine
de Médicis, Chambord fut négligé pendant les règnes suivants.
C'est
à Chambord que Charles IX fit l'exploit de vénerie célébré par Baïf,
de forcer un cerf à course de cheval, sans le secours des chiens.
M. L. de La Saussaye, l'historien de Chambord, rapporte quelques-uns
des vers rocailleux de ce poète :
Moy donc (ce que je puis),
vous, mon grand Roy, je chante,
Avec que le cheval la beste tresbuschante
Au coup de vostre main. Sur un chesne branchu
Vouant du chef du cerf
le branchage fourchu,
Le Roy Charles neufvième, et premier qui a
vue,
Sans meule, sans relais, à la beste recrüe
Piquant et parcourant
fait rendre les abbois,
En consacre la teste à la dame des bois.
Henri III, efféminé, Henri IV, vaillant, négligèrent Chambord ;
le premier, retenu par ses plaisirs; le second, par la politique et
par l'amour de Fontainebleau et de Saint-Germain.
Louis XIII enfant
y chassa. Hérouard, son médecin, dit qu'en avril 1616 « Le roy s'en
alla tirer de la hacquebuse et tua plus de vingt moineaux. » Devenu
majeur, Louis XIII vint souvent chasser à Chambord. Gaston d'Orléans
lui rendit une certaine animation. Louis XIV, après la mort de son frère,
y donna quelques fêtes. Deux pièces de Molière y furent jouées pour
la première fois Pourceaugnac, en 1669, et le Bourgeois gentilhomme,
en 1670. C'est en 1684 que Louis XIV visita Chambord pour la dernière
fois.
Les travaux qu'y exécuta Mansart sont d'un triste
effet et suffisent pour faire apprécier la distance qui sépare l'architecture
des deux époques.
Le roi de Pologne Stanislas, le maréchal de Saxe
et la famille de Polignac sont les derniers hôtes qu'aient abrités les
murs de Chambord avant la Révolution. Napoléon avait donné ce domaine
au duc de Wagram, négociateur de son mariage avec une archiduchesse
d'Autriche. Cette propriété, étant devenue trop onéreuse à sa veuve,
fut mise en vente et rachetée, au moyen d'une souscription, par les
légitimistes, qui en firent hommage au jeune fils du duc de Berry. Le
prince, reconnaissant, a toujours gardé depuis le titre de comte de
Chambord.
Le château de Chambord forme un donjon quadrangulaire flanqué
d'une tour à chacun des angles, élevé de trois étages et entouré d'une
enceinte de constructions se reliant gracieusement à la partie postérieure
du palais et ménageant, par le peu d'élévation qu'on leur a donnée,
la perspective de la façade principale. Un livre suffirait à peine à
la description des richesses architecturales que renferme Chambord le
grand escalier est à lui seul une merveille. Limité par l'espace, nous
renverrons nos lecteurs aux savantes et intéressantes notices de MM.
Merle et de La Saussaye. A toutes les époques, la terre de Chambord
a été renommée pour ses chasses. C'est dans son parc de 5,500 hectares
qu'entoure un mur de plus de huit lieues de circuit que la tradition
populaire place la légende de la Chasse-Machctbée. M. L. de La Saussaye
nous dit que lorsque le craintif Solognot dont le pied a foulé l'herbe
qui égare se trouve vers minuit près du pavillon de Montfrault, il est
exposé à rencontrer la figure effrayante d'un chasseur nocturne, habillé
de noir et accompagné de chiens noirs, qui n'est autre que Thibaut de
Champagne, dit le Vieux ou le Tricheur, premier comte héréditaire de
Blois, l'un des types les plus complets de ces barons de fer des premiers
temps de la féodalité. C'est encore lui que, pendant les belles nuits
d'automne, on entend partir, à grand bruit d'hommes, de chevaux, de
chiens et de cors pour chasser à travers les airs jusqu'aux ruines du
château de Bury, où se fait la halte et d'où il revient ensuite à Montfrault.
Les mêmes bruits qui se font entendre au départ continuent pendant tout
le temps de la chasse aérienne sans que l'on puisse apercevoir ni chevaux,
ni chiens, ni chasseurs.
Là légende est restée vivace et les femmes
se signent encore en la racontant. Durant la guerre franco-allemande
de 1870-1871, le parc et le château de Chambord furent enlevés et occupés
par l'ennemi qui obligeait les forces françaises à se rejeter vers Amboise
le 9 décembre 1870).
Maintenon .(Mesteno), doit la plus grande partie
de son importance et de sa célébrité à la femme habile qui lui a emprunté
son nom pour faire oublier celui de veuve de Scarron et pour dissimuler
celui de reine de France.
L'agréable situation du pays, les charmes
de cette petite vallée qu'arrosent l'Eure et la Voise y avaient déterminé
la construction d'un important château dès le temps de Philippe-Auguste
plus tard, cette propriété avait été considérablement embellie par les
soins de Jean Cottereau, trésorier des finances sous Louis XI et Charles
VII; mais toutes ces splendeurs devaient être éclipsées par les magnificences
de Louis XIV.
Le château et le parc prirent des proportions dignes
des hôtes qu'ils devaient souvent abriter. L'eau de l'Eure, prise au
bourg de Pontgouin, fut amenée à Maintenon par un canal de 35 mètres
de largeur et de 45 kilomètres de longueur, à travers les obstacles
d'un sol très accidenté ; il restait encore à franchir la vallée de
Maintenon un gigantesque aqueduc, soutenu par 48 énormes piliers, qui
ressemblaient à autant de tours, relia les deux crêtes de la colline
; deux rivières vinrent donc couler dans les fossés du château et serpenter
sous les ombrages du parc. Quoique les travaux n'aient point été menés
à fin et que les rêves du maître et des artistes n'aient pu être complètement
réalisés, l'esprit reste consterné devant l'énormité des sommes absorbées
par ces royales fantaisies, quand on songe surtout que, moins de soixante
ans après leur réunion à Maintenon, les matériaux destinés à embellir
le séjour d'une favorite étaient transportés avec de nouveaux frais
à Crécy, près de Dreux, pour réédifier le palais d'une autre marquise,
Mme de Pompadour, qui, bien inférieure d'ailleurs sous le rapport des
qualités du cœur et de l'esprit, n'avait pas non plus d'autres titres
que sa devancière, le caprice d'un roi, pour épuiser ainsi les ressources
du pays et gaspiller la fortune de la F rance.
La famille de Noailles
a hérité du magnifique domaine de Maintenon. Le parc est soigneusement
entretenu, le château a été restauré et les appartements sont aujourd'hui
meublés dans le goût moderne.
Une opinion assez répandue est que
le mariage secret du roi avec la veuve du pauvre poète fut célébré dans
la chapelle de ce château ; quoique le fait soit très problématique,
les étrangers ne manquent pas de visiter la petite église qui, du reste,
est d'une grande simplicité. Pendant la guerre franco-allemande de 1870-
1871, Maintenon fut occupé par les troupes ennemies.
La première occupation remonte aux IXèmeet
Xème siècles (muraille primitive et vestiges d'un village).
Les plus anciens vestiges sont une chapelle préromane et des murs défensifs
sur le sommet de la table de basalte, entre le XIème siècle
et le XIIème siècle. La paroisse et la châtellenie de Murol
ont été créées probablement au XIème siècle au détriment
des vieilles paroisses environnantes (Saint-Nectaire, Saint-Victor-la-Rivière
et le Vernet-Sainte Marguerite). Le château est construit autour et
sur les vestiges d'une coulée de basalte à l'intersection de trois anciennes
voies romaines (Limagne, Le Mont-Dore, Clermont-Ferrand). Il est agrandi
et renforcé régulièrement entre le XIIème siècle et le XV
ème siècle, en particulier au XIVème siècle par
Guillaume de Sam (ou de Murol), avec notamment la réalisation d'une
chapelle funéraire Au XV ème siècle, le château devient propriété
de la famille d’Estaing après le mariage de Jehanne de Murol avec Gaspard
d’Estaing. La haute cour est totalement remaniée suivant la mode bourgeoise
et palatiale de l'époque.
Leur descendant François Ier d’Estaing construit une vaste
enceinte bastionnée qui entoure le château ainsi qu'un palais de la
Renaissance sur le côté est avec un vaste jardin suspendu, mais les
travaux restent inachevés. Une pièce d'artillerie portant le nom de
François d'Estaing a été découverte dans le château. Durant l'Ancien
régime, Richelieu épargne le château du fait du prestige de la famille
d'Estaing, mais le monument est quasiment abandonné et certaines de
ses parties sont en ruine. Il est également épargné lors de la Révolution
française, faisant office de prison durant cette période, et finit par
être utilisé comme carrière de pierres. Au XIXème siècle,
à la suite d’un don du propriétaire, le comte de Chabrol, il devient
propriété de la commune de Murol. Du sommet du château la vue sur le
parc des volcans d’Auvergne est impressionnante et une table d’orientation
vous permet de localiser les principaux sommets visibles du lieu.