Cathédrale Notre-Dame de Strasbourg (67)


L'horloge astronomique de Strasbourg
Cathédrale Notre-Dame de Strasbourg
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Le site de la cathédrale fut utilisé par plusieurs édifices religieux successifs, à partir de l'occupation romaine. Un sanctuaire romain dédié au dieu Mars a été élevé sur cette emplacement jusqu'à une date inconnue. On sait qu'une cathédrale fut élevée par l'évêque de Strasbourg saint Arbogast, à la fin du VIIème siècle, sur la base d'un temple dédié à la Sainte Vierge, mais aucun vestige n'a été conservé jusqu'à aujourd'hui. La cathédrale primitive fut remplacée durant le VIIIème siècle par un édifice plus important, terminé sous le règne de Charlemagne. Le testament de l'évêque Rémi, daté de 778, atteste de sa volonté d'être inhumé dans la crypte. C'est certainement dans l'édifice que sont prononcés les serments de Strasbourg. Les fouilles menées récemment révèlent que cette cathédrale carolingienne possédait trois nefs et trois absides. Un poème décrit cette cathédrale, ornée d'or et de pierreries par l'évêque Ratald. La cathédrale est la proie des flammes à de multiples reprises, en 873, 1002 et 1007. En 1015, l'évêque de Strasbourg Werner de Habsbourg, et l'empereur Henri II posent ensemble la première pierre d'une nouvelle cathédrale sur les ruines de l'édifice carolingien. Werner construit une cathédrale de style ottonien, mais celle-ci brûle en 1176, car les nefs sont, à l'époque, couvertes d'une charpente en bois.
L'Humanisme et la Réforme gagnent Strasbourg au XVIe siècle et vont largement marquer la ville. Strasbourg est une des premières villes qui appelèrent au changement. Les thèses de Luther sont affichées dès 1518 aux portes de la cathédrale et les écrits luthériens se propagèrent rapidement grâce aux imprimeurs. La ville adopte la Réforme La cathédrale est soumise au culte protestant à partir de 1521 (sauf pendant la décennie 1548-58). S'en suit une guerre entre les évêques protestants et catholiques, qui précède la guerre de Trente ans. A cette occasion, coupée du Saint Empire romain germanique, la ville de Strasbourg s'offre à Louis XIV, en 1679. Deux ans plus tard, la cathédrale est rendue au culte catholique. L'introduction de la Réforme mit fin à la production artistique qui se trouva privée d'un de ses principaux mécènes habituels : l'Église catholique. Une quarantaine d'autels ont ainsi disparu de la cathédrale durant cette période.
Au siècle suivant, peu de temps après l'investissement de Strasbourg par les troupes de Louis XIV, en septembre 1681, la ville restitua la cathédrale Notre-Dame aux catholiques, ainsi que quarante autres églises. Le jubé fut détruit en 1682 lors de la réintroduction du culte catholique qui suivit le rattachement de Strasbourg au Royaume de France. Il datait du XIIIème siècle.


Le Brie de Meaux L'horloge astronomique de Strasbourg
La cathédrale de Strasbourg

Le puits à margelle de la cathédrale appelé "Kindelsbrunnen" ou "Taufbrunnen" en alsacien, ce qui signifie "le puits aux enfants" ne fut fermé avec une dalle qu'en 1766, car il gênait les processions. Il est à l'origine de nombreuses légendes.
Les arcades ou galeries latérales destinées à cacher les boutiques des marchands ont été construites de 1772 à 1779 par l'architecte Jean-Laurent Goetz. Elles sont l'une des dernières manifestations du style gothique en France. En 1792, à la suite de la Révolution française, 235 statues sont détruites par les iconoclastes. Certaines cloches sont descendues et fondues pour en faire des canons.
Jean Hermann, alors directeur du Jardin botanique, sauve de la destruction une partie des statues de la Cathédrale de Strasbourg en les enterrant dans le Jardin botanique (situé à la place occupée actuellement par l'École des Arts Décoratifs). La cathédrale devient le temple du Culte de la Raison et de l'Être suprême.

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Portail Saint Laurent

Jean Hermann (1738-1800) nous décrit ainsi dans ses "Mémoires" les dégâts révolutionnaires : «...Au grand portail, on démonta quinze grandes statues sur piédestaux; on abattit un grand nombre de figures représentant soixante et dix faits historiques de la Bible, taillées dans des cannelures en bosse ou bas-reliefs. On détruisit encore le grand bas-relief placé au-dessus de la porte et représentant un grand nombre de faits historiques ; vingt-quatre statues placées entre des colonnes de très petit module, très artistement travaillées ; de même douze statues appelées les musiciens. Aux deux portails latéraux, on démonta vingt-quatre statues sur piédestaux ; toutes les figures en bosse placées dans les cannelures des cintres des deux portails ; les deux bas-reliefs au-dessus des deux portails ; les trois grandes statues équestres représentant les rois Clovis et Dagobert et l'empereur Rodolphe d'Habsbourg; treize statues au-dessus de la rosace avec des figures en bas-relief, travaillées en bosse... Quatre pommes de pin, servant d'ornement aux tourelles, furent abattues ; les ignorants vandales les prenaient pour des fleurs de lis. Au portail connu sous le nom de Saint-Laurent furent abattues dix statues sur des piédestaux ; sous un baldaquin, saint Laurent couché sur un gril, au-dessus du portail ; trois autres statues dans l'intérieur du baldaquin. A la façade vis-à-vis du château royal, ci-devant palais épiscopal : quinze statues sur piédestaux ; deux bas-reliefs en bosse au-dessus des deux portes. A la prétendue croix, au sommet de la flèche, on a abattu les ornements arabesques et les extrémités regardées à tort comme des fleurs de lis. Dans la chapelle de la Croix ou de Sainte-Catherine, cinq statues...»

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Cathédrale Notre-Dame de Strasbourg

12 juillet 1793, on installa le télégraphe optique à bras conçu par Claude Chappe sur la plate-forme de la toiture de la cathédrale. Il sera enlevé en 1852. En 1793, les révolutionnaires, par la bouche d'un aventurier originaire de Lyon, séminariste défroqué, Jacobin et membre de la Convention Nationale nommé Antoine Téterel, exigent qu’on démolisse la flèche de la Cathédrale de Strasbourg jusqu'à la hauteur de la plate-forme. La flèche de par sa hauteur exceptionnelle de 142 mètres qui est la plus haute de toute la chrétienté ferait injure au sentiment d'égalité. Antoine Téterel animé par un excès de zèle révolutionnaire, fit par ailleurs démolir de nombreuses statues de la façade. La flèche ne dut son salut qu’à un ferronnier plein de bon sen, le citoyen Jean-Michel Sultzer, ami d'Euloge Schneider, vicaire général et accusateur public du tribunal révolutionnaire de Strasbourg. Il proposa de coiffer la flèche de la cathédrale d’un immense bonnet phrygien, symbole des Jacobins. Il insista sur l’intérêt qu’il y avait à se servir de cet immense symbole pour manifester au delà du Rhin les vertus de la liberté et de la Révolution française. Il hissa sur la flèche cet énorme bonnet phrygien en tôle rouge qui y demeura jusqu’en 1802 et que les strasbourgeois appelèrent en dialecte alsacien, le «Kàffeewärmer» (la chaufferette à café). Ce bonnet phrygien fut réclamé après la Terreur par le bibliothécaire de la ville de Strasbourg Jean-Jacques Oberlin et conservé parmi les curiosités historiques de la cité.

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Buste de Jean Michel Sultzer

Au numéro 24 place de la cathédrale, sur le pignon saillant de la maison face à la cathédrale, il y a le buste de Jean-Michel Sultzer regardant la flèche qu'il vient de sauver. Il est placé au-dessus d'une enseigne en fer forgé représentant la cathédrale dont la flèche est coiffée d'un bonnet phrygien rouge.
Le 4 octobre 1801 la cathédrale est rendue aux catholiques et à partir de 1813 débutent les grands travaux de restauration. Les façades et la statuaire sont restituées par les sculpteurs Jean Vallastre (1765-1833), Étienne Malade et Philippe Grass (1801-1876). En 1823, sous la Restauration on plaça une statue équestre de Louis XIV sculptée par Jean Vallastre dans la niche vide du quatrième contrefort de la façade. En 1835 on installa un paratonnerre sur l'édifice (dès 1780, Barbier de Tinant, commissaire des guerres, avait proposé dans un mémoire à l'Académie des sciences l'établissement d'un paratonnerre sur la flèche de la cathédrale ; et Benjamin Franklin, rapporteur lui-même du projet avait conclu favorablement) et l'on abaissa le parvis d'environ un mètre pour mettre en valeur la façade principale.
Pendant l'annexion de l'Alsace-Lorraine au Troisième Reich, le culte catholique fut provisoirement interdit dans la cathédrale par un décret de Hitler. Son secrétaire particulier Bormann aurait confié que le Führer comptait « transformer la cathédrale de Strasbourg en monument national puisqu'elle était revendiquée à la fois par les catholiques et les protestants ». La cérémonie en l'honneur de la victoire, mêlée à un semblant de religion est organisée par la Wehrmacht au début de juillet 1940, corrobore ces projets.
En 1944 a lieu un violent bombardement américain qui endommage la tour de croisée (la tour de l'architecte Gustave Klotz) et le bas-côté Nord. Dans la ville de Strasbourg enfin libérée, le 23 novembre 1944, Maurice Lebrun, spahi du 1er RMSM de la 2ème division blindée du général Philippe Leclerc de Hauteclocque, déploya le drapeau français au sommet de la cathédrale, faisant suite au serment de Koufra (28 février 1941) où le futur Maréchal Leclerc fait le serment avec ses soldats de ne pas déposer les armes avant d'avoir vu le drapeau français flotter sur la cathédrale de Strasbourg.
La tour de croisée (la tour de Gustave Klotz) se voit recouverte d'une charpente provisoire et d'un carton bitumé en 1945. Elle sera restaurée et rénovée de 1988 à 1992. En 1945 également a lieu la remise des vitraux par les Américains qui les ont retrouvés dans une mine de sel à Heilbronn en Allemagne. Ils avaient été volés par l'occupant.


Le Taufbrunnen

La légende du Taufbrunnen
La légende du Taufbrunnen

Taufbrunnen

On raconte qu'autrefois existait dans la cathédrale un puits à enfants , le " Taufbrunnen " autrement dit " Puits à baptème ". Il était situé dans l'absice devant le pilier central prés du mur lorsqu'on rentre par le portail sud. Sous la cathédrale, il y avait alors un lac où flottaient les âmes des enfants qui ne demandaient qu'à venir au monde. C'est un nain à longue barbe, tout de rouge vétu en voguant doucement à la surface du lac dans une barque argentée qui se chargeait de les rapporter à l'aide d'un grand filet doré. Il les livrait à la cigogne, l'oiseau préféré de la déesse Holda qui les transportait directement dans les berceaux. Mais pour être sûr du résultat, il fallait que les parents commandent d'abord leurs enfants à travers le tuyau du " Fischbrunnen ", fontaine qui se trouvait à l'angle de la place Gutenberg car celle-ci était reliée au lac de la cathédrale.




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