Au Vème siècle, Saint Namace, un évêque de la cité des Arvernes, fit bâtir une première cathédrale obtenant ainsi que le culte chrétien sorte de ce qui était appelé par Grégoire de Tours le « vicus christianorum ». Il dédia cet édifice aux saints Vital et Agricol dont on fit venir les reliques de Ravenne. L'aspect de plan basilical nous est connu par la description qu'en fit Grégoire de Tours. Longue de 43 mètres, elle était ornée de marbre, possédait une nef et deux collatéraux plafonnés, un transept et soixante-dix colonnes. Elle fut détruite en 760 par Pépin le Bref. Celui-ci, se repentant de son acte, donna une somme importante à l’évêque Haddebert pour financer sa reconstruction qui dura de 764 à 768. Ce second édifice fut à nouveau détruit par les Normands en 915. L’évêque Étienne II fit bâtir une troisième cathédrale romane, qui fut consacrée en 946. Elle passa pour un modèle inégalé et servit probablement de prototype à de nombreuses églises en Auvergne. La crypte date du Xème siècle ; elle comprend un déambulatoire et des chapelles rayonnantes. Elle possède un sarcophage du IVème siècle en marbre blanc.
En 1248, l'évêque Hugues de la Tour décida
de lancer le chantier d'une nouvelle cathédrale, s'inspirant
de la Sainte-Chapelle qui avait fait son émerveillement lors
d'un passage à Paris. Construire une église dans le prestigieux
style gothique du Nord lui permettrait ainsi d'affirmer sa suprématie
sur une ville qui avait été remise au pouvoir épiscopal juste
quelques décennies auparavant.
Le chantier fut confié à
Jean Deschamps à qui l'on doit aussi les cathédrales de Narbonne
et de Limoges. Inspiré par Beauvais et Amiens, il réalisa des
plans originaux où les fenêtres n'occupent pas tout l'espace
disponible entre les supports et ne possèdent pas d'arcs formerets,
où les ogives sont à pénétration directe sous la voute, où le
plan elliptique des piliers du rondpoint du chœur laisse toute
la lumière des fenêtres absidiales pénétrer dans le sanctuaire
et où d'ingénieux débords de la terrasse permettent de faire
le tour des arcs-boutants.
La principale originalité de
l'édifice est le matériau utilisé : la pierre de Volvic qui
donne une couleur sombre et dont la résistance permit d'élever
des piliers d'une grande sveltesse. Cette particularité lui
valut le surnom moqueur de « Cathédrale des charbonniers » par
les frères Goncourt. Jean Deschamps travailla de 1248 à 1287
sur le chœur, dans lequel Saint-Louis vint marier son fils,
le futur Philippe le Hardi, avec Isabelle d'Aragon. Le roi finança
peut-être pour cette occasion, une partie des vitraux qui paraissent
sortir du même atelier que ceux de la Sainte-Chapelle. Le chœur,
le transept et le début de la nef sont achevés vers 1295. Pierre
Deschamps prit la succession de son père jusqu'en 1325, poussant
les travaux au-delà de la croisée de transept. De 1325 à 1340,
les tours des bras de transept furent élevées par un maitre
d'œuvre inconnu. L'une d'entre elles nous est familière : la
tour de la Bayette, la plus haute, qui doit son nom au guetteur
que l'on postait à son sommet (bayer voulait dire guetter).
Elle est surmontée d'un gracieux campanile en fer forgé ouvragé
à l'allure méridionale. Les chapelles Sainte Madeleine et Sainte
Agathe abritent de très rares peintures murales datant du XIIIéme
et XIVéme siècle découvertes et restaurées en 1992-1993.
De 1340 à 1355, Pierre de Cébazat, connu
pour avoir travaillé à la Chaise-Dieu, acheva les trois travées
de la nef, qui permettaient de rejoindre les tours romanes de
l'église d'Étienne II. Les troubles de la guerre de Cent ans
ne lui laissèrent pas le temps d'achever son œuvre. Durant les
années qui suivirent, le chapitre se contenta de faire sculpter
un nouveau chambranle pour la porte de sa sacristie.
La rose
à dominante bleue placée au-dessus du portail nord date du XIVéme
siècle ainsi que celle à tonalité orangée qui surplombe le portail
sud. Toutes les deux s’inscrivent dans un carré de 8,50 mètres
de côté. Entre 1444 à 1474, fut placé au-dessus du chœur le
clocher dit « du retour », véritable dentelle de pierre ajourée.
Il fut abattu après 1741. Entre 1507 et 1512 fut élevée une
haute toiture couverte de plomb, en remplacement du toit d'origine.
Un projet de façade gothique flamboyant fut refusé par le chapitre
car son cout était trop élevé.
Durant la Révolution, les
révolutionnaires voulurent abattre l'église, mais le bénédictin
Verdier-Latour réussit à les persuader qu'elle constituerait
un excellent lieu de rassemblement populaire. Seuls jubé, stalles,
autel, statues et mobilier, à l'exception du chandelier pascal
de Philippe Caffieri, furent détruits et trois des tours des
transepts furent rasées. La Bayette ne dut sa survie qu'à son
utilité pratique : elle donnait l'heure ! La façade romane de
la cathédrale d'Étienne II fut abattue en 1851.
Il fallut
attendre 1866 pour que démarrent les travaux d'achèvement, réalisés
d'après les plans de Viollet-le-Duc par son élève Anatole de
Baudot. En 1884, la façade occidentale avec ses flèches et la
dernière travée de la nef étaient enfin achevées dans le respect
complet des méthodes de construction du Moyen Âge. Seule la
taille un peu plus sèche des pierres marque la différence. Détail
peu remarqué, l'intérieur de l'édifice fut entièrement peint
en faux appareil. L'emmarchement d'accès sur la rue des Gras
ne fut réalisé, quant à lui, qu'au tout début de notre siècle.
Détail curieux, lors de ces travaux la maison natale de Blaise
Pascal fut détruite.
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