Située aux portes de Bourg en Bresse, le monastère
royal de Brou, est un chef d'œuvre de l'architecture gothique flamboyante
et elle fut construite entre 1506 et 1532 par Marguerite d'Autriche,
l'épouse inconsolable de Philibert le Beau qui mourut prématurément
d'un accident de chasse à l'âge de 24 ans. Afin de lui offrir le plus
beau des mausolés, elle fait appelle à l'architecte flamand Louis van
Bodeghem.
L'Église Saint-Nicolas-de-Tolentin de Brou est une nécropole
royale qui abrite la tombe et le gisant de Philibert le Beau, duc de
Savoie et prince du Piémond. Il est né le 10 avril 1480 à Pont d'Ain
et mort le 10 septembre 1504 dans cette même ville; la tombe et le gisant
de son épouse Marguerite d'Autriche, Marguerite de Habsbourg, archiduchesse
d'Autriche, princesse de Bourgogne, Elle est née le 10 janvier 1480
à Bruxelles et morte le 1er décembre 1530 à Malines. Elle
fut successivement princesse de Bourgogne, fille de France, infante
d'Espagne, duchesse de Savoie. Et enfin la tombe et le gisant de Marguerite
de Bourbon, appelée aussi Marguerite de Berry, née le 5 février 1438,
morte le 24 avril 1483 à Pont-d'Ain. Elle est la mère de Philibert le
Beau. Voici ce que l'on peut lire dans La France illustrée
A 2 kilomètres à l'est de Bourg s'élève la merveilleuse
église de Brou, trop célèbre et trop vantée pour que nous la passions
sous silence. Au milieu d'une des vastes forêts qui couvraient alors
le pays, saint Gérard de Mâcon vint, en 958, se construire un modeste
ermitage, autour duquel se forma une petite communauté. En 1120, Ulric
seigneur de Beaugé et de Bresse, finit ses jours dans ce monastère.
Il relevait de l'abbaye d'Ambronay, en Bugey, qui y nomma des prieurs
jusqu'en 1516.
Quelques années avant cette époque, la contrée était
gouvernée par Philippe VII de Savoie ; ce prince, qui aimait beaucoup
la chasse, fit une chute de cheval dont l'art des médecins était impuissant
à le guérir ; Marguerite de Bourbon, sa femme, qui l'aimait avec tendresse,
fit vœu de remplacer l'ermitage de saint Gérard par un riche couvent
de bénédictins, si Philippe recouvrait la santé. Ce pieux désir ayant
été exaucé, elle se mit en devoir d'accomplir la promesse qu'elle avait
faite. Surprise par la mort, elle légua par testament la continuation
et l'achèvement de son œuvre à son mari et à son fils, alors âgé de
deux ans il ne fut donné ni à l'un ni à l'autre de remplir la dernière
volonté de Marguerite ; mais l'enfant, devenu homme et régnant sous
le nom de Philibert le Beau, avait épousé Marguerite d'Autriche, qui
lui survécut, et à laquelle il légua à son tour l'accomplissement du
vœu maternel. Cette princesse s'en acquitta fidèlement. La Bresse lui
ayant été assignée pour douaire, elle se rendit à Bourg, voulut voir
par elle-même l'emplacement du monastère projeté, y ajouta la construction
d'une église et chargea des travaux un architecte nommé André Colomban,
qui en promit la complète exécution moyennant une somme de deux cent
mille écus d'or, marqués au coin de France.
Les premiers fondements furent jetés au commencement de l'année 1511 ; Marguerite en posa la première pierre ; puis elle partit pour les Pays-Bas, dont Charles- Quint, son neveu, venait de la nommer gouvernante, laissant à l'évêque Gorrevod le soin de veiller à l'achèvement du monument. Les travaux furent d'abord poussés avec vigueur; mais, au bout de dix-huit mois, la somme promise et payée à Colomban avait été absorbée, et les travaux étaient loin d'être terminés ; l'artiste, découragé et désespéré, prit la fuite et alla se cacher à Salins sous la robe d'un ermite ; mais bientôt assailli par les regrets, tourmenté du désir de savoir comment se poursuivait l'œuvre qu'il avait conçue et dans laquelle il avait placé tant d'espérance et de gloire, il revint, et, grâce à son déguisement, il put, sans être reconnu, s'approcher des travaux.
Ils étaient confiés à un certain Philippe de Chartres, qui substituait ses plans et ses dessins à la pensée de Colomban. Dieu sait ce que dut souffrir le grand artiste, partagé entre la crainte d'être reconnu et la douleur de voir ses conceptions mutilées. Pendant huit jours, épiant le départ des ouvriers qui s'éloignaient à l'heure des repas, il vint effacer les tracés de Philippe et les remplaça par des dessins en harmonie avec le plan primitif ; pendant huit jours, ses ruses trompèrent toutes les recherches de Philippe, des ouvriers et leurs efforts pour découvrir le sorcier qui jetait le trouble et la confusion dans leurs travaux ; Colomban fut enfin pris sur le fait, conduit devant l'évêque auquel il avoua tout, et qui lui pardonna ; on fit plus, on lui rendit la direction qu'il avait abandonnée, et il put achever son œuvre, pas assez tôt cependant pour que Marguerite pût voir terminée la pieuse tâche à laquelle elle avait pris tant de part. Cette princesse mourut à Malines ; mais elle recommanda par testament que son corps fût transporté et enterré à Brou. Elle légua douze mille florins aux religieux de cette église et trois cents florins aux chanoines de Notre-Dame de Bourg, à condition « Qu'eux et leurs successeurs diroient à perpétuité et annuellement, au nombre de douze, tant chanoines que clercs, le vendredi avant le dimanche des brandons et les vigiles des morts, neuf psaumes et neuf leçons auprès de son tombeau, plus une grand'messe à la fin de laquelle ils chanteroient à haute voix les psaumes De profundis, Miséréré libéra me » Le même legs était fait, sous les mêmes conditions, aux pères jacobins, aux cordeliers et aux antonins de la ville.
Les dépouilles de Marguerite furent transférées
à Brou, selon son désir, et inhumées en grande pompe auprès des restes
du duc Philibert, son époux, dans un caveau situé au milieu du chœur
de l'église. L'asile que leur avait préparé Colomban était et est demeuré
un chef-d’œuvre. Le frontispice de la façade extérieure est couronné
par trois frontons d'un goût très original; celui du milieu, qui est
le plus élevé, est d'un dessin qu'on ne retrouve dans aucun autre monument
de la Renaissance, Le portail, dont l'arc est surbaissé, est couvert
d'ornements et d'arabesques, remarquables par la richesse du travail
et la perfection des détails. L'intérieur de l'édifice est généralement
simple ; ce n'est que dans le chœur que tout le luxe architectural s'est
déployé. La blancheur éclatante de la pierre et du marbre de Carrare
employés dans la construction, les reflets de la lumière qui ne pénètre
qu'à travers des vitraux d'un coloris aussi vif qu'harmonieux, tout
donne au sanctuaire un aspect de magnificence et de richesse qui rappelle
les splendeurs de l'école byzantine et la pompeuse ornementation des
temples de Venise. C'est dans cette partie de l'édifice que se trouvent
les trois mausolées en marbre blanc qui ont tant contribué à la renommée
de l'église de Brou. A droite est celui de Marguerite de Bourbon, qui
fit vœu de fonder le monastère ; vis à vis est celui de Marguerite d'Autriche,
sa belle fille, dont nous avons dit le zèle pieux. La devise de cette
princesse, fille de l'empereur Maximilien 1er, tante de Charles-Quint,
et qui, selon la chronique, après avoir eu deux maris, mourut vierge,
était formée de ces mots répétés de toutes parts dans l'église « Fortune,
infortune, fort une. »
Au milieu est le plus beau des trois monuments,
celui de Philibert le Beau, fils de la première et mari de la seconde
Marguerite. Le prince est représenté mort au-dessus du mausolée, et
mourant au-dessous ; l'une et l'autre figure offrent le même fini et
la même vérité ; près des tombeaux est la statue en marbre de Colomban,
qui semblé veiller encore à la conservation de sa merveilleuse église.
Il reste à admirer les boiseries du chœur, la sculpture gothique d'un
élégant jubé, une chapelle du même style, revêtue de marbre et décorée
d'une ornementation aussi riche de détails qu'admirable de finesse et
de perfection. Sur l'autel est un immense tabernacle construit d'une
espèce d'albâtre et tout couvert de sculptures délicieuses, dont les
sujets sont empruntés aux mystères des livres saints. Devant le portail,
en avant de la porte d'entrée, on voit un cadran elliptique fort curieux
comme indice de l'état des sciences exactes au XVIème siècle
; il a été reconstruit en 1757, par Lalande et à ses frais.
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