Abbaye de La Sauve-Majeure (33)


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Abbaye de La Sauve-Majeure
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L'abbaye de La Sauve-Majeure est connue sous le nom de la Grande Sauve ou Sauve Majeure, Sauve signifiant bois. Elle fut fondée en 1079 par le duc d'Aquitaine et Saint Gérard (Gérald d'après les sources hagiographiques latines). À son apogée, elle abritait 300 moines.
Sur le lieu-dit de Hauteville, à égale distance de la Garonne et de la Dordogne, l'abbé Gérard de Corbie fonde Notre Dame de la Grande Sauve en 1079. Son nom est issu du nom de la forêt occupant à l'époque l'Entre-deux-Mers (Inter duo Maria) : La Silva Major.
L'abbé construit alors une première église abbatiale. Avec l'appui du duc Guillaume VIII d'Aquitaine, avec le soutien du pape et grâce à de généreux donateurs et protecteurs parmi lesquels les rois de France et d'Angleterre, l'abbaye prospère rapidement. Elle se trouve sur la route de Compostelle et servit de point de départ régional pour le pèlerinage. Elle était sous la tutelle des rois d'Angleterre. L'abbé Gérard y est enterré à sa mort en 1095 et le pape Célestin III le canonisa en 1197. L'église actuelle fut consacrée en 1231.
L'abbaye de la Sauve a eu une vie monastique s'inspirant de celle de l'abbaye de Cluny et fut régie par la règle de saint Benoît. Au Moyen Âge, Grande Sauve était riche et puissante et disposait de 51 prieurés, jusqu'à Bruwell en Angleterre. Sa réputation en fit une rivale du centre urbain de Bordeaux. Aliénor d'Aquitaine y fit de nombreux séjours. Mais la richesse de la Grande Sauve attira aussi les pillards, les Basques, les Navarrais qui mirent l'abbaye mille fois à sac. Les bourgeois de la Sauve se révoltèrent maintes fois contre les riches moines de l'abbaye.
Des réparations et fortifications furent apportées au XVIe siècle après les ravages de la Guerre de Cent Ans qui opposa le Royaume de France et d'Angleterre de 1337 à 1453 pour l'appropriation de l'Aquitaine et du Poitou. Ces restaurations interviennent dans un climat de contestation des privilèges de l'abbaye et de rivalité économique avec la bastide de Créon. Elles signent le déclin de l'abbaye et la perte de son influence.
Par ailleurs, en avril 1462, le roi Louis XI (1423-1461-1483) confirma les droits, les privilèges et le reste de l'abbaye, accordés par ses prédécesseurs.


Abbaye de La Sauve-Majeure

Elle rejoignit plus tard la congrégation des Exempts et devint Mauriste en 1667. En 1665, une tempête cause de gros dégâts aux toitures de l'église, aux dortoirs et au réfectoire. Le clocher s'écroule à la fin du XVIIIe siècle à la suite de ces dommages. De plus, en 1759, un tremblement de terre ébranle l'église.
À la Révolution française, les richesses de l'abbaye sont confisquées et dispersées. En 1793, les bâtiments furent utilisés comme prison. Les voutes de l'église tombèrent en 1809. Elle est alors exploitée comme carrière pendant 40 ans pour construire les bâtiments du village de La Sauve.
En 1837, l'archevêque achète les bâtiments conventuels et fait édifier un collège de jésuites. Il est plus tard transformé en école normale d'instituteurs. Mais en 1910, un incendie détruit l'école et le site est de nouveau abandonné. Entre 1914 et 1918, les bâtiments sont transformés en petit hôpital militaire de campagne.


Abbaye de La Sauve-Majeure

La Sauve doit son origine à un ancien monastère, fondé sur la fin du XIème siècle par saint Géraud moine de Corbie ; il avait traversé sans en recevoir d'atteinte les orages de la première Révolution et il était devenu une propriété sénatoriale, lorsque, acquis par des propriétaires avides, il est tombé sous le marteau démolisseur du vandalisme et de l'ignorance.
Pas un seul débris ne reste de sa grande nef, ni de ses chapiteaux byzantins, ni de ses colonnes si richement sculptées.
L'abbaye de La Sauve devait sa célébrité et ses richesses aux miracles opérés par l'intercession de saint Géraud, son fondateur. Les évêques d'Agen, en 1096, et de Périgueux, en 1102, donnèrent l'exemple des libéralités en sa faveur ; ils furent imités par les ducs d'Aquitaine et les rois d'Angleterre. Éléonore avait ajouté à d'autres dons le droit d'asile. L'église paroissiale, aujourd'hui classée parmi nos monuments historiques, avait été construite par Grimmoire, devenu depuis évêque de Comminges ; la dédicace en avait été célébrée, le 24 août 1231, par Géraud, archevêque de Bordeaux.
Henri III d'Angleterre convoqua à La Sauve, pour les réconcilier, les seigneurs de Blanquefort et de Fronsac, qui étaient en guerre.
L'abbé avait, ce qui était alors presque général, droit de haute justice sur les habitants des domaines du monastère; mais ce qui semble plus particulier à celui de La Sauve, c'est que les moines faisaient l'office de bourreaux, fouettant et pendant de leurs propres mains ceux qu'ils avaient condamnés. Il paraît au reste que la vue du sang les effrayait peu ; car, à propos d'une contestation sur la propriété d'un pré où se livraient les combats judiciaires, nous lisons « Le juge, l'abbé et les religieux vous informent que le pré, où la lice a été ouverte pour le duel, est compris dans la sauveté du monastère. »
Montluc devait avoir une haute estime pour des moines de ce caractère; aussi, pendant les guerres de religion, vint-il passer quelques joués à La Sauve avant la bataille de Targon. Le temps avait sans doute modifié les mœurs de l'abbaye, lorsque Montesquieu venait de sa terre, qui en est voisine, faire de fréquentes visites à La Sauve.
De juges et de bourreaux, les moines étaient devenus savants ; La Sauve était le rendez-vous des beaux esprits de la province. Malgré cela, une puérile et superstitieuse tradition subsistait encore au siècle dernier parmi les pèlerins de La Sauve les femmes de la contrée, qui se rendaient dans l'église de l'abbaye, après avoir fait une prière, allaient déposer, sur un autel dédié à sainte Pointe, sancta Puncta, des épingles neuves que le sacristain recueillait avec soin.



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