L'abbaye de La Sauve-Majeure est connue sous
le nom de la Grande Sauve ou Sauve Majeure, Sauve signifiant bois. Elle
fut fondée en 1079 par le duc d'Aquitaine et Saint Gérard (Gérald d'après
les sources hagiographiques latines). À son apogée, elle abritait 300
moines.
Sur le lieu-dit de Hauteville, à égale distance de la Garonne
et de la Dordogne, l'abbé Gérard de Corbie fonde Notre Dame de la Grande
Sauve en 1079. Son nom est issu du nom de la forêt occupant à l'époque
l'Entre-deux-Mers (Inter duo Maria) : La Silva Major.
L'abbé construit
alors une première église abbatiale. Avec l'appui du duc Guillaume VIII
d'Aquitaine, avec le soutien du pape et grâce à de généreux donateurs
et protecteurs parmi lesquels les rois de France et d'Angleterre, l'abbaye
prospère rapidement. Elle se trouve sur la route de Compostelle et servit
de point de départ régional pour le pèlerinage. Elle était sous la tutelle
des rois d'Angleterre. L'abbé Gérard y est enterré à sa mort en 1095
et le pape Célestin III le canonisa en 1197. L'église actuelle fut consacrée
en 1231.
L'abbaye de la Sauve a eu une vie monastique s'inspirant
de celle de l'abbaye de Cluny et fut régie par la règle de saint Benoît.
Au Moyen Âge, Grande Sauve était riche et puissante et disposait de
51 prieurés, jusqu'à Bruwell en Angleterre. Sa réputation en fit une
rivale du centre urbain de Bordeaux. Aliénor d'Aquitaine y fit de nombreux
séjours. Mais la richesse de la Grande Sauve attira aussi les pillards,
les Basques, les Navarrais qui mirent l'abbaye mille fois à sac. Les
bourgeois de la Sauve se révoltèrent maintes fois contre les riches
moines de l'abbaye.
Des réparations et fortifications furent apportées
au XVIe siècle après les ravages de la Guerre de Cent Ans qui opposa
le Royaume de France et d'Angleterre de 1337 à 1453 pour l'appropriation
de l'Aquitaine et du Poitou. Ces restaurations interviennent dans un
climat de contestation des privilèges de l'abbaye et de rivalité économique
avec la bastide de Créon. Elles signent le déclin de l'abbaye et la
perte de son influence.
Par ailleurs, en avril 1462, le roi Louis
XI (1423-1461-1483) confirma les droits, les privilèges et le reste
de l'abbaye, accordés par ses prédécesseurs.
Elle rejoignit plus tard la congrégation des
Exempts et devint Mauriste en 1667. En 1665, une tempête cause de gros
dégâts aux toitures de l'église, aux dortoirs et au réfectoire. Le clocher
s'écroule à la fin du XVIIIe siècle à la suite de ces dommages. De plus,
en 1759, un tremblement de terre ébranle l'église.
À la Révolution
française, les richesses de l'abbaye sont confisquées et dispersées.
En 1793, les bâtiments furent utilisés comme prison. Les voutes de l'église
tombèrent en 1809. Elle est alors exploitée comme carrière pendant 40
ans pour construire les bâtiments du village de La Sauve.
En 1837,
l'archevêque achète les bâtiments conventuels et fait édifier un collège
de jésuites. Il est plus tard transformé en école normale d'instituteurs.
Mais en 1910, un incendie détruit l'école et le site est de nouveau
abandonné. Entre 1914 et 1918, les bâtiments sont transformés en petit
hôpital militaire de campagne.
La Sauve doit son origine à un ancien monastère,
fondé sur la fin du XIème siècle par saint Géraud moine de
Corbie ; il avait traversé sans en recevoir d'atteinte les orages de
la première Révolution et il était devenu une propriété sénatoriale,
lorsque, acquis par des propriétaires avides, il est tombé sous le marteau
démolisseur du vandalisme et de l'ignorance.
Pas un seul débris ne
reste de sa grande nef, ni de ses chapiteaux byzantins, ni de ses colonnes
si richement sculptées.
L'abbaye de La Sauve devait sa célébrité
et ses richesses aux miracles opérés par l'intercession de saint Géraud,
son fondateur. Les évêques d'Agen, en 1096, et de Périgueux, en 1102,
donnèrent l'exemple des libéralités en sa faveur ; ils furent imités
par les ducs d'Aquitaine et les rois d'Angleterre. Éléonore avait ajouté
à d'autres dons le droit d'asile. L'église paroissiale, aujourd'hui
classée parmi nos monuments historiques, avait été construite par Grimmoire,
devenu depuis évêque de Comminges ; la dédicace en avait été célébrée,
le 24 août 1231, par Géraud, archevêque de Bordeaux.
Henri III d'Angleterre
convoqua à La Sauve, pour les réconcilier, les seigneurs de Blanquefort
et de Fronsac, qui étaient en guerre.
L'abbé avait, ce qui était
alors presque général, droit de haute justice sur les habitants des
domaines du monastère; mais ce qui semble plus particulier à celui de
La Sauve, c'est que les moines faisaient l'office de bourreaux, fouettant
et pendant de leurs propres mains ceux qu'ils avaient condamnés. Il
paraît au reste que la vue du sang les effrayait peu ; car, à propos
d'une contestation sur la propriété d'un pré où se livraient les combats
judiciaires, nous lisons « Le juge, l'abbé et les religieux vous
informent que le pré, où la lice a été ouverte pour le duel, est compris
dans la sauveté du monastère. »
Montluc devait avoir une haute
estime pour des moines de ce caractère; aussi, pendant les guerres de
religion, vint-il passer quelques joués à La Sauve avant la bataille
de Targon. Le temps avait sans doute modifié les mœurs de l'abbaye,
lorsque Montesquieu venait de sa terre, qui en est voisine, faire de
fréquentes visites à La Sauve.
De juges et de bourreaux, les moines
étaient devenus savants ; La Sauve était le rendez-vous des beaux esprits
de la province. Malgré cela, une puérile et superstitieuse tradition
subsistait encore au siècle dernier parmi les pèlerins de La Sauve les
femmes de la contrée, qui se rendaient dans l'église de l'abbaye, après
avoir fait une prière, allaient déposer, sur un autel dédié à sainte
Pointe, sancta Puncta, des épingles neuves que le sacristain
recueillait avec soin.
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