Le Mont Sainte Odile (67)


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Le Mont Sainte Odile
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Le mont Sainte-Odile (Odilienberg en allemand) est un mont vosgien, situé dans le département du Bas-Rhin, culminant à 764 mètres d'altitude. Il est surmonté par un couvent fondé par sainte Odile, l'abbaye de Hohenbourg, qui surplombe la plaine d'Alsace. Par temps clair, la vue s'étend jusqu'à la Forêt-Noire. Il s'y trouve aussi les vestiges d'une muraille ancienne, le « mur païen ».
Haut lieu de la culture alsacienne, c'est un lieu de pèlerinage très fréquenté (1 300 000 visiteurs par an) consacré à sainte Odile, patronne de l'Alsace.
Le promontoire est un lieu idéal de surveillance et de refuge. Le mur païen dont les archéologues discutent la période de construction est un ensemble mégalithique unique en Europe. La route d’accès actuelle emprunte l’itinéraire d’une route dallée de cette époque.

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Le Mont Sainte Odile

Au VIIème siècle, Etichon, duc mérovingien, règne sur l’Alsace. Sa femme, Bereswinde lui donne un enfant premier-né : une fille aveugle. Rejetée par son père, la fillette est élevée dans le couvent de Palma. Elle y reçoit le baptême et est guérie de sa cécité. Revenue en Alsace, elle reçoit de son père le Hohenbourg et y érige un monastère qui devient très florissant. Elle-même y meurt en 720.


Après le décès de Sainte Odile le centre devint un lieu d'un pèlerinage. Trois filles du frère d'Odile, Adalbert (vers 673-722) devinrent abbesses : sainte Eugénie († 735), sainte Gundelinde ou Gerlinde, première abbesse de l'abbaye de Niedermunster et Sainte Attale (vers 690-741) première abbesse vers 718 de l'abbaye de Saint-Étienne de Strasbourg. Par un privilège de Charlemagne, renouvelé par Louis le Pieux, le monastère de Hohenbourg fut protégé par l'immunité impériale.
À la fin du XIIème siècle, l'évêque Conrad de Strasbourg confirma l'exemption du haut plateau qui en tant que terre salique était soustrait à toute juridiction civile ou ecclésiastique. Seule l'abbesse avait le pouvoir d'administrer le monastère. En 1045, Bruno d'Eguisheim, évêque de Toul consacra l'église de Hohenbourg. En 1050 il visita le monastère comme souverain pontife sous le nom de Léon IX et accorde à l'abbesse Bertha une bulle confirmant les biens de Hohenbourg ainsi qu'un certain nombre de privilèges et le droit d'élire librement leur abbesse

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Le tombeau de Sainte Odile

Le couvent et l'église de Sainte-Odile eurent à subir de grands désastres dans le cours des siècles. Ce sont d'abord les Hongrois qui dévastent et pillent vers 917 et 925 le couvent et ses dépendances. En 1045, on ne sait pas quel évènement l'église est détruite par les flammes puis reconstruite par le pape Léon IX. Quatre années plus tard un nouvel incendie se déclare au sommet du Hohenbourg communiqué dit-on par la forêt en flamme. Vers 1115 le duc Frédéric le Borgne incendie le monastère pour se venger des Hohenbourg qui sont ses pires ennemis.
À peine nommée, en 1200, Edelinde de Landsberg doit faire face à un violent incendie à Hohenbourg communiqué par la forêt en feu qui réduit une grande partie du couvent en cendres. Les travaux de reconstruction achevés, un autre incendie provoqué accidentellement vers 1224 se déclare sur le haut de la montagne.
Henri, roi des romains, accorde un privilège spécial aux habitants de la montagne en les exemptant de tailles et d'impôts. La même année, selon la tradition, Sainte Elisabeth de Thuringe vient se recueillir à Hohenbourg. Les deux reconstruction en un quart de siècle grève lourdement le budget de la communauté.
En 1229, l'abbaye d'Hohenbourg est dirigée par une dénommée Werentrude qui succède à Elisabeth de Lutzelbourg qui meurt en 1223. En 1243, le couvent est à nouveau en feu. Sous le règne de l'abbesse Agnès II un nouvel incendie se déclare en 1277 au couvent. À peine reconstruit, la forêt voisine brûle à nouveau vers 1301 communiquant le feu à l'abbaye.
En 1365, les Routiers avec à sa tête Arnaud de Cervole écument la région. Ils montent au sommet du Hohenbourg en pillant et en commettant les pires atrocités.
En juillet 1473, une forte canicule provoque un feu de forêt. Les flammes arrivent jusqu'au sommet de la montagne et communiquent le feu au monastère qui est presque entièrement consumé. On soupçonne les Bourguignons de Charles le Téméraire d'être à l'origine des incendies de forêts. Il faut une fois de plus tout reconstruire.
C'est sans doute de cette époque, au moins en partie, que datent les murs actuels de l'église avec leurs fenêtres gothiques.
Au début du XVIème siècle, des agitateurs profitant de la réforme luthérienne soulèvent les paysans, non seulement contre les nobles, mais surtout aussi contre le clergé, les couvents. Un des lieux de rassemblement se trouvait non loin de Heiligenstein, au pied du Mont sainte-Odile.
Le couvent de Hohenbourg est pillé et incendié, ainsi que le prieuré de Saint-Gorgon et l'abbaye de Truttenhausen.
L'écrasement des paysans à Scherwiller par les troupes du duc de Lorraine ne ramena pas pour autant le calme. De nombreux strasbourgeois embrassèrent avec enthousiasme le réforme et divisèrent ainsi l'Alsace en deux camps qui cherchèrent à triompher l'un contre l'autre. Les chanoinesses de Hohenbourg qui avaient vu disparaitre le couvent de Niedermunster et le prieuré de Saint-Gorgon n'eurent plus la volonté, ni le désir de reconstruire les bâtiments abbatiaux.
À la veille de l'Annonciation, en mars 1546, des flammes se mettent à jaillir du toit alors que l'abbesse prend son bain, elle a juste le temps de sortir de la pièce. On parvient à sauver des flammes la croix de Niedermunster, le calice de Sainte Odile et l'Hortus Deliciarum. Il n'y a semble-t-il pas de pertes humaines, mais d'énormes dégâts. Des pans entiers de maçonnerie, les murs de l'église, la chapelle de la croix, les deux chapelles à l'extrémité du rocher sont consumés. Le tombeau de Sainte Odile, ainsi que le sarcophage de l'abbesse Eugénie et celui d'Aldaric ont été miraculeusement préservés de la destruction.
Après l'incendie de 1546, les chanoinesses abandonnèrent cette abbaye, et plusieurs d'entre elles, entre autres l'abbesse Agnès d'Oberkirch adoptèrent les doctrines de la Réforme protestante. Les revenus des monastères de Hohenbourg et de Niedermunster furent alors réunis à ceux de l'évêché.
En 1572, l'église est complètement détruit par la foudre. Mais bientôt, la guerre de Trente Ans devait débuter qui mit aux prises les troupes de la Ligue Catholique aux ordres de l'empereur Ferdinand II et celles de l'Union Évangélique des princes allemands commandés à l'époque par le comte Ernst Von Mansfield. En 1622, les soldats de ce chef pillèrent et incendièrent tout ce qui avait été reconstruit à cette époque au mont Sainte-Odile.
Ce n'est qu'après les traités de Westphalie en 1648 que les fonds furent rassemblés permettant la réinstallation des prémontrés.
Hélas, à peine les chanoines prémontrés avaient-ils eu le temps de remettre en état le couvent, que le couvent est à nouveau la proie des flammes le 7 mai 1681. Une vaste collecte publique est alors organisée en Alsace et dans le Sundgau et jusqu'en Souabe, en Bavière et en Rhénanie jusqu'à Cologne pour restaurer les ancienne constructions et édifier une nouvelle église conventuelle. Celle-ci est consacrée le 20 octobre 1696.
En France durant la guerre de trente ans des bandes de pillards désarmés cherchent à faire fortune en Alsace. Ils mettent semble-t-il le feu à l'abbaye vers 1365. En 1375, Enguerrand de Coucy lance ses soudards sur Hohenbourg et provoque des dégâts considérables à l'abbaye.
Sous l'abbatiat d'Anastasie d'Oberkirch, la guerre des paysans met l'abbaye en ébullition entre février et mai 1525. Un groupe de paysans occupe Hohenbourg. Les chanoinesses se mettent à l'abri dès l'approche du danger en se rendant le plus souvent dans leur propre famille.
Agnès de Zuckmantel, future abbesse, cherche refuge derrière es murailles de Strasbourg. En 1632, ce sont les Suédois qui occupent la montagne où se trouve l'abbaye et commettent des dégâts dans les bâtiments fraichement rénovés.

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La chapelle des Larmes

L'église actuelle fut construite entre les années 1687 et 1692, les autres bâtiments sont d'une construction plus moderne.
À la Révolution, la population des communes voisines pilla le couvent. Dans les objets volés se trouvait un œil d'or massif, riche ex-voto inestimable. En 1791, la maison de ferme et d'hôtellerie, qui était propriété national, fut adjugée avec une bonne partie des terres et la forêt, au sieur Meinrad Bruder, maire de Mutzig, et le 27 mai 1796 le couvent, y compris l'église, les chapelles et la grande cour plantée de tilleuls, fut acquis, au prix de 3 195 livres, par François Louis Rumpler, ancien chanoine de la collégiale de Saint Pierre-le-Jeune à Strasbourg. En 1798 le domaine de Sainte Odile, ferme et couvent, devint la propriété de la famille Laquiante, qui le vendit en 1831 aux sieurs Wittmann de Heiligenstein, et Steinmetz de Barr, tous deux propriétaires. Ceux-ci, dès l'année suivante, cédèrent le tout à l'abbé Lhulier, ancien curé de Mandray près de Saint-Dié qui vendit à son tour le domaine aux frères Baillard en 1837. Douze ans plus tard, il fut acheté par M. Lauge de Strasbourg qui le céda à M. Rohmer d'Illkirch.
planche23 C'est de ce dernier propriétaire que l'évêché en fit l'acquisition le 16 août 1853, M. Schir, vicaire-général, fut chargé de tout ce qui concerne l'administration spirituelle et matérielle du pèlerinage. Les religieuses du Tiers-Ordre de Saint François, établies à Reinacker, près de Saverne, furent appelées pour diriger l'hôtellerie et cultiver les terres.
À côté des nombreuses chapelles du Mont, on compte l'église dédiée à l'Assomption de la Vierge Marie. Cette église conventuelle, détruite à de nombreuses reprises par le feu, a été reconstruite en style baroque. La première pierre a été posée en 1687, les travaux sont achevés en 1692. La consécration de l'édifice est célébrée avec faste le 20 octobre 1696 par Mgr Peter Creagh, archevêque de Dublin et primat d'Irlande en exil à Strasbourg.
Le mobilier de l'église sera partiellement détruit lors de la Révolution française, puis reconstitué. Un nouvel orgue est notamment installé en 1862 (l'orgue actuel date de 1964).
En 1924 est inauguré le clocher, remplaçant le petit clocheton qui existait jusqu'alors. Ce clocher est flanqué d'une tourelle que domine une imposante statue de Sainte Odile bénissant l'Alsace. Cette statue est l'œuvre du sculpteur colmarien Alfred Klem. Le clocher contient par ailleurs un ensemble de 31 cloches, dont la plus grosse pèse cinq tonnes.



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