Place sous le patronage de saint Just et de saint
Pasteur, c'est un édifice des plus remarquables par la hauteur de sa
voûte et la hardiesse de sa construction. Il n'y a de bien entier que
le chœur, mais c'est sans contredit un des plus beaux édifices gothiques
que l'Europe possède, par la pureté du style de l'architecture, et par
la richesse et la profusion des ornements ; les voûtes ont dans œuvre
40 mètres d'élévation, la légèreté et la grâce des piliers, la multiplicité
et le luxe des vitraux, la solidité et la hardiesse d'exécution des
travaux extérieurs, tout concourt à rendre cet édifice très remarquable
; aussi les connaisseurs de tous les pays le considèrent-ils avec autant
d'intérêt que de curiosité ; il est, dans l'état actuel, le quart de
ce qu'il devait être dans son plan primitif. L'ensemble de ce monument
annonce le beau temps de l'architecture gothique ; cependant les deux
tours qui le surmontent manquent un peu de légèreté, et n'offrent pas
ces découpures élégantes que l'on admire sur la plupart des tours gothiques
de la même époque, et que l'on remarque même dans plusieurs parties
de l'édifice.
On lit dans les anciennes chroniques, que cette église
fut consumée par les flammes au Vème siècle. Un évêque, nommé
Rustique, commença à la rebâtir en 441, et l'on prétend qu'elle fut
achevée en 445, ce qui annonce assez l'état où elle devait se trouver.
Charlemagne en fit recommencer la construction sur un plan plus vaste,
mais sans doute très peu solide, puisqu'elle tomba en ruine du temps
de Louis IX. A cette époque, un archevêque de Narbonne, qui avait accompagné
le roi en Afrique, entreprit la reconstruction de ce temple, qu'avait
préméditée son prédécesseur Guy-Fulcoldi, devenu pape sous le nom de
Clément IV. Ce pape envoya de Rome à Maurice, archevêque de Narbonne,
la pierre fondamentale de cette église, bénie d'avance ; la fondation
fut commencée le 13 avril 1272. La construction du chœur, celle des
chapelles et les deux grandes tours ne furent achevées qu'en 1332; mais
la nef ne fut point bâtie. L'édifice resta ainsi imparfait jusqu'au
commencement du XVIIIème siècle, époque ou un archevêque
de Narbonne, nommé Ex.Laberchère, résolut de le continuer ; il posa
la première pierre de la nef le 13 avril 1708. Quelque temps après l'argent
manqua, et le travail fut suspendu. En 1772, M. de Beauveau, archevêque,
essaya de le continuer, et ne fut pas plus heureux. Enfin, depuis 1840,
les travaux d'achèvement se poursuivent avec activité, grâce au zèle
du conseil de fabrique et au concours du gouvernement.
Au milieu
du chœur de l'église cathédrale, on voyait jadis l'un des plus anciens
tombeaux des rois de la troisième race : celui de Philippe le Hardi,
mort à Perpignan en 1285. Le corps de ce prince ayant été transporté
de Perpignan, on le fit bouillir dans de l'eau et du vin, afin de séparer
les chairs, qui furent enterrées à Narbonne, des os qui furent rapportés
à Paris.
On a rétabli dans une chapelle de St-Just un mausolée sur
lequel on voit une assez belle statue en marbre blanc, portant l'armure
en usage au XVème siècle ; elle représente un guerrier nommé
de Lasbordes, dont les descendants existent encore, dit-on, à Narbonne
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