Le Prieuré de Saint Michel de Grandmont (34)


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Chapelle du Prieuré

Le Prieuré Saint Michel de Grandmont Situé à quelques lieux de Lodève, le prieuré de Notre Dame de Grandmont domine un vaste paysage d’où on peut apercevoir la Méditerranée qui se profile dans le lointain. Ce lieu de prières et de recueillement, totalement isolé, exprime l’esprit d’isolement que souhaitaient les frères ermites de l’Ordre de Grandmont.
L’Ordre de Grandmont s’inscrit dans le courant du renouveau manochisme(*) des XI et XIIème siècles. Une élite spirituelle refuse la vie installée dans le confort matériel et recherche la prière dans la solitude.
Le fondateur de l’Ordre : Etienne de Thiers (1045-1124)
Il est le fils de d’Etienne de Guimart, vicomte de Thiers, et de Candide, son épouse. Confié à l’âge de 12 ans à Milon, doyen du chapitre de Paris, qu’il suit à Rome, lorsque qu’il est nommé conseillé du Pape Alexandre II. Cet à cette époque qu’il entre en contact avec les ermites de Calabre. A la mort de son protecteur, il obtient le soutient du Pape Grégoire VII pour mener une vie d’ermite en Auvergne.
La Communauté d’Etienne de Muret.
Il vend ses biens, cède son titre de vicomte et se retire dans les bois de Muret, près d’Ambazac. Vivant dans une cabane de feuillage, se nourrissant de fruit, il vit en ermite et pour pénitence porte une cote de maille sous sa robe de bure. Touché par sa sainteté, rapidement rejoint par des disciples, il fonde une église, consacrée par l’évêque de Limoges le 10 septembre 1112. Appelé « les Bonhommes » à cause de leur grande charité et l’austérité de leur vie, ils reçoivent la visite, le 27 janvier 1124, du cardinal Grégoire, élu pape en 1130, et de Pierre de Léon. Etienne de Muret décède le 8 février 1124.

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Cloitre Prieuré

Chassés par les moines bénédictins d’Ambazac, le seigneur Amélius de Montcocu leur donne le lieu-dit de Grandmont. En 1125, les premières cellules construites, les frères de Muret transportent le corps d’Etienne en ce lieu de prière et reçoivent de nombreux privilèges des seigneurs locaux.
Suite à plusieurs miracles et de peur que ces prodiges attirent de trop de visiteurs, Pierre de Limoges se rend sur le tombeau d’Etienne de Muret et lui promet que si les miracles ne s’arrêtent pas, il jettera sa dépouille dans la rivière. Et cette menace arrêtât net les miracles.
Après la disparition d’Etienne de Muret, les ermites élisent le premier prieur en la personne de Pierre de Limoges (1124-1136). Le troisième prieur Etienne de Liciac (1139-1163) s’emploie à achever la construction du monastère et édicte les règles qui régissent la vie communautaire et dont le pape Adrien IV fait éloge dans sa bulle du 25 mars 1156. En 1175, Amaury, roi de Jérusalem, fait don au sixième prieur de Grandmont, Pierre Guillaume de Treignac (1170-1187) d’un morceau de la « Vrai Croix ». Les moines de Grandmont rassurent également de nombreuses reliques des « Vierges de Cologne ».

Site préhistorique de Grandmont

Les règles de vie de l’ordre furent rédigées entre 1140 et 1150 par le plus fidèle disciple d’Etienne de Muret, Huguges de la Certa, suivant les enseignements et sentence du Maître :
- Obéissance à Dieu et au pasteur qui dirige la communauté.
- Vie dans la solitude et le silence dans un lieu retiré.
- Refus d’activités paroissiales.
- Accueil des pauvres.
La règle indique les fonctions : les clercs voués exclusivement aux louanges divines et à la contemplation, les convers se consacrent au temporel. Chaque maison est administrée par un dispensateur convers.
Sous l’impulsion d’Etienne de Liciac, l’ordre passe de 12 à 74 religieux. Cet essor est dû aux libéralités d’Henri II Plantagenet, roi d’Angleterre, et de Louis VII le jeune, roi de France. Laîc et religieux cherchent prières et apaisement auprès des ermites de Grandmont. À la fin du XIIIème siècle l’ordre compte 149 celles ou maisons.
A la suite de l’augmentation de la population de l’ordre, des tensions internes et des conflits surviennent entre les clercs et les convers que les papes Urbain III, Célestin et Honorius III tentèrent d’apaiser. Le pape Clément V instaure l’autorité absolue du prieur et le pape Jean XXII érige l’ordre en abbaye.
Le 30 aout 1189, à la demande de Gérard Ithier, septième prieur de Grandmont, Etienne de Muret est canonisé en présence du cardinal Saint Marc et de nombreux évêques.
Comme nombre d’ordre monastique, les prieurés sont soumis à la commende (**).

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Le plan d'eau

Le Concordat signé entre François Ier et le Pape Léon X, organise la commende.
Le 27 octobre 1629 Charles Frémon réforme l’ordre en suivant à la lettre les règles d’Etienne de Muret, dans l’humilité et la pénitence, appelé la réforme de « l’Étroite Observance ».
En1766, et sans en référer au pape Clément XIII, Louis XV crée la « la Commission des réguliers » afin de réformer les ordres monastiques dont le relâchement des mœurs entraine des procès au parlement. Afin de pouvoir s’approprier les richesses accumulées par le prieuré de Grandmont, l’archevêque de Toulouse, Loménie de Brienne et l’évêque de Limoges, Louis Charles du Plessis d’Argentré obtiennent de cette commission la suppression de l’ordre.
La bulle papale de Clément XIV supprime l’ordre du prieuré Saint Michel de Grandmont. L’ordre sera maintenu jusqu’à la mort du dernier prieur Xavier Mondain de la Maison Rouge survenue le 11 avril 1787.



* Le monachisme est l'état et le mode de vie de personnes qui ont prononcé des vœux de religion et font partie d’un ordre dont les membres vivent sous une règle commune, séparés du monde.

(**)Dans le régime de la commende, un abbé (ou un prieur) commendataire est un ecclésiastique, ou quelquefois un laïc, qui tient une abbaye (ou un prieuré) in commendam, c'est-à-dire qui en perçoit personnellement les revenus, et qui, s'il s'agit d'un ecclésiastique, peut aussi exercer une certaine juridiction sans toutefois exercer la moindre autorité sur la discipline intérieure des moines



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