La Chapelle s'élève au côté droit, à la place
où se trouvait autrefois la grotte de Thétis, transportée au bosquet
d'Apollon. L'ancienne chapelle du château de Louis XIII, située près
de l'escalier de marbre, fut démolie ; Louis XIV la fit reconstruire
à l'endroit où se trouve maintenant le salon d'Hercule ; lorsque madame
de Maintenon put exercer son influence, Mansart fit disparaitre la grotte
voluptueuse, ornée par Girardon et célébrée en vers par Lafontaine ;
il bâtit la chapelle actuelle, son dernier ouvrage, merveille d'art
conservée avec tant de bonheur au milieu des révolutions, qu'après une
simple restauration, elle semble être achevée seulement aujourd'hui.
On remarque, à l'extérieur, la pureté des pilastres corinthiens,
les archivoltes des grandes fenêtres, où sont des enfants portant les
attributs du culte catholique. Ces admirables sculptures sont de Tuby,
Offement, Armand, Defer, Bourdict, Raon, Grettepin, Yigier, Rousseau,
de Corbeil, Dedieu, Francois et Foiriot.
La balustrade supérieure
est ornée de vingt-huit statues de pierre, de la hauteur de trois mètres..
Elles représentent du côté parc, saint Thomas et saint Jacques-le-Mineur,
par Manière; saint Jacques-le-Majeur et saint André, par Théodon ; saint
Paul et saint Pierre, par Poirier; saint Jérôme et saint Augustin, par
Coustou; saint. Grégoire et saint Ambroise, par Lepautre. Au Chevet,
les quatre évangélistes, par Van Clève; et, du côté du nord, saint Basile
et saint Athanase, par Poultier; saint Chrysostome, par Flamen: saint
Grégoire de Naziance, par Hurtrel ; saint Philippe et saint Barthelemy,
par Flamen; saint Simon et saint Jude, par Lemoine; saint Barnabé, par
Bourdict; saint Mathias, par Lapierre.
Les ornements du comble sont en plomb; le temps
en a détruit la dorure. Aux deux extrémités sont des groupes d'anges,
par Lepautre et Coustou.
A l'intérieur, rien ne peut se comparer
à la richesse, à l'élégance, des ornements. Le maitre-autel est en marbre
et en bronze doré. Les autels et chapelles des bas-côtés, richement
décorés, sont orner, de bas-reliefs par Coustou, Adam l'aîné, Vinache
Bouchardon, Lepautre, Slodtz ; les peintures par Jouvenet; Coypel a
représenté, au plafond de la voûte, le Père éternel dans sa gloire;
Lafosse dans la voûte du chevet, la Résurrection de Jésus-Christ ; et
Jouvenet, au-dessus de la tribune du roi, située au premier étage, vis-à-vis
le maître-autel, a exécuté un chef-d'oeuvre: la Descente du Saint-Esprit
!
A ce luxe, s'ajoutait autrefois la pompe des cérémonies. On y
célébra les mariages du duc de Berry, petit-fils de Louis XIV, avec
mademoiselle d'Orléans : du duc de Bourbon avec mademoiselle de Conti;
du prince de Conti avec mademoiselle de Bourbon ; de Madame, première
fille de Louis XV, avec don Philippe, infant d'Espagne ; du duc de Chartres
avec mademoiselle de Conti ; du dauphin avec l'infante d'Espagne; du
dauphin Louis XVI avec l'archiduchesse Marie-Antoinette.
Dans toutes
ces fêtes, la grandeur royale ne disparaissait pas - toujours devant
la majesté divine, et nous ne décrirons pas les minuties de-L’étiquette
qui s'imposaient jusque dans cette chapelle. Saint-Simon nous dit que
le roi Louis XIV voulait que ses courtisans imitassent sa piété, et
que leur ferveur fût modelée sur la sienne. Il conte à ce sujet une
histoire assez plaisante, que plusieurs auteurs ont rapportée après
lui. Brissac, major des gardes du corps, était doué d'une franchise
toute militaire et ne pouvait souffrir l'hypocrisie. Il avait remarqué
que les tribunes étaient garnies de dames, même au plus froid de l'hiver,
les jeudis et les dimanches, où le roi manquait rarement d'assister
au salut, et que, par contre, il n'en venait qu'un très-petit nombre
quand de bonne heure on avait pu savoir que Sa Majesté ne viendrait
pas. Ces dames, sous prétexte de déchiffrer plus facilement leurs livres
d'Heures, avaient toutes devant elles des petites bougies qui les faisaient
parfaitement remarquer et reconnaître. Un soir que le roi devait aller
au salut, les tribunes étaient encombrées et les gardes à leur poste
; tout à coup le major Brissac paraît à la tribune vide du roi, lève
son bâton et crie : Gardes du roi, retirez-vous ; le roi ne viendra
pas. Aussitôt les gardes se retirent, des murmures circulent dans la
foule des femmes, les bougies s'éteignent, et les voilà toutes s'éloignant,
à l'exception de quelques dames véritablement pieuses. S'assurant que
les femmes étaient parties, Brissac fait revenir les gardes ; presque
aussitôt arrive le roi, bien surpris de ne voir personne, et demandant
par quelle circonstance il y a si peu de monde au salut. Au sortir de
Sa Majesté, Brissac lui raconta l'épreuve à laquelle il avait mis la
piété des dames de sa Cour ; le roi et ceux de sa suite en rirent de
bon cœur ; et le major, tout brave qu'il était, n'osait, depuis ce temps,
passer seul près de ces dames, craignant d'être étranglé.
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