La chartreuse de Valbonne est un ancien monastère
de moines-ermites de l'ordre des Chartreux dont l'ensemble des bâtiments
occupe une grande surface. Fondée au XIIIème siècle, elle
est située dans un vallon au sein de la riche forêt domaniale de Valbonne
abritant des essences rares en région méditerranéenne, sur la commune
de Saint-Paulet-de-Caisson, dans le département du Gard et la région
Occitanie. Elle dispose d'une église conventuelle, d'un grand cloître
(350 mètres de périmètre) et d'un petit cloître (début xiiie siècle)
et de nombreuses chapelles. Plusieurs de ses tours ainsi que la toiture
de l'église conventuelle et son clocher sont couverts de tuiles vernissées
de style bourguignon conférant à l'ensemble un aspect des plus pittoresques
pour une chartreuse provençale.
Au Xème siècle, "Notre-Dame
de Bondilhon", un petit monastère de religieuses bénédictines est bâti
dans la vallée qui abritera la future Chartreuse, au cœur du massif
forestier. Mais à la fin du XIIème siècle, les religieuses
abandonnent leur monastère trop isolé.
Le 10 février 1204, l'Ordre
des Chartreux obtient le territoire de Bondilhon de Guillem Ier
de Vénéjean, évêque d'Uzès. C'est alors un vallon marécageux. Une dizaine
de moines s'y installent, défrichent et assainissent ce domaine. Une
partie de la Chartreuse actuelle repose sur des voûtes construites à
cette époque. L'endroit devient la vallis bona, dont le nom Valbonne
est issu.
En 1585, la chartreuse est pillée et incendiée
durant les guerres de religion. Sa reconstruction commence dès 1593
et de nouveaux moines arrivent de la Grande Chartreuse pour la restaurer
et la repeupler. Le grand cloître et la porte d'entrée sont construits
à cette époque. Une nouvelle église est bâtie entre 1770 et 1780.
Le 13 février 1790, la loi supprimant les ordres religieux oblige les
chartreux à partir. Le 1er octobre 1790, le dernier père
chartreux quitte Valbonne qui revient à l'État.
En 1806, Napoléon
Ier, en reconnaissance des services que l'hospice de Pont-Saint-Esprit
avait rendus à ses soldats malades, lui fit don de la chartreuse en
ruine et des domaines qui en dépendaient. Inutilisables par l'hospice,
tout est vendu aux enchères. Le 28 janvier 1836, Les chartreux reprennent
possession des lieux pour 65 300 francs. En 1862, elle est habitée par
22 moines.
Les lois votées en 1901 entraînent un nouveau départ des
chartreux. En 1907 à Uzès, l'État met aux enchères la chartreuse. Jean-Claude
Farigoule, industriel de Calais, l'obtient pour 35 000 francs. À partir
du 1er janvier 1915, en pleine Première Guerre mondiale, il loue les
locaux à l'armée qui en fera un centre de formation et d'entraînement
pour les jeunes recrues de la région. La chartreuse abritera jusqu'à
600 hommes dans ses bâtiments jusqu'à la fin de la guerre. À la mort
de Farigoule, tout est à nouveau mis aux enchères à Pont-Saint-Esprit.
Le pasteur Philadelphe Delord, seul acquéreur
présent, achète la Chartreuse et son domaine de 40 hectares pour 300
000 francs grâce au soutien financier d'un médecin américain, le docteur
Justin Abott, membre de l’«American Mission to Lepers». Il y installe
une léproserie à partir de 1929. Elle comptera jusqu'à 400 malades.
L'œuvre de la léproserie de Valbonne sera également soutenue par la
générosité de Marthe North-Siegfried (1866-1939), fondatrice de la Croix-Rouge
alsacienne. À Strasbourg, elle fonde un comité qui récolte les dons
tant en nature qu'en espèces. Elle en est la vice-présidente. En contact
avec Monsieur Dormoy, le directeur de la léproserie, elle lance différentes
campagnes de dons jusqu'à sa mort en 1939. De 1929 jusqu'à la fin du
XXème siècle, plus de 400 lépreux ont été pris en charge
et accompagnés dans leur terrible épreuve à Valbonne. Plus de 80 y moururent.
La chartreuse est aujourd'hui un lieu touristique et on peut visiter
une partie de ses bâtiments, de la forêt qui l'entoure et de son vignoble.
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