Marais et Place Forte de Brouage (17)


# La Cité de Carcassonne  
Brouage

Rappelons que l'Aunis fut inventé au XIVème siècle, en 1373. Ce partage de la Saintonge, par le cours inférieur de la Charente, est à la base de la division de ses habitants : un siècle et demi plus tard, au long des luttes fratricides des guerres de religion, on s'aperçut bien vite que leur virulence, exceptionnelle dans notre région, était basée moins sur une question de dogme que sur un principe économique. Le sel (dont l'impôt, la gabelle, fut institué en 1340) était une des plus grandes ressources du royaume. Cette richesse provenait, en majeure partie, des marais de Brouage qui appartenaient aux Dames Abbesses de Saintes. Voilà une précision qui explique bien des choses.
Ce joyau d'architecture militaire, jadis port florissant, surgit aujourd'hui du marais, irréel, tel un mirage.

« Voyageur, arrête-toi ici,
car le sol que tu foules

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Brouage

et l'air que tu respires,
sont imprégnés de Gloire
et de Grandeur passées. »

Lorsqu'on suit la route directe de Marennes à Rochefort à 6 kilomètres environ de Marennes dans une grande plaine d'anciens marais salants, transformés en pâturages, apparaissent, soudain, lorsqu'on est arrivé à la crête de la colline où fût construite la vieille ville forte d'Hiers, des fortifications, des fossés, des talus couverts de gazon et couronnés d'ormeaux centenaires.
Si on approche, on voit une enceinte de pierres de taille ramponnées de fer, des portes monumentales à demi- ruinées. L'une d'elles est surmontée du blason, en relief, du Cardinal de Richelieu.
Aux angles de ces fortifications, des petites échauguettes quadrangulaires ; derrière les fortifications, des maisons basses, des rues désertes, qui se coupent en angles droits, une modeste église, une fontaine, des vergers remplaçant les quartiers d'autrefois ; au pied des fortifications, une terre grasse que sillonnent des chenaux desséchés.
Pourquoi cette forteresse dans cette solitude ? Que gardait-elle ? Que défendait-elle ? Pourquoi ces ruines et cette mort ? alors qu'on devine que là il y a eu richesses, mouvements et vie. On dirait qu'une horde d'envahisseurs a passé sur ville et a tout détruit. On consulte un guide et ou lit ces quelques lignes : Brouage, à 38 kilomètres de Royan. Restes d'une place forte du XVIème siècle Richelieu reprenant une idée de Charles VIII d’y établit un arsenal pour contrebalancer la puissance de La Rochelle. Colbert transporte cet arsenal à Rochefort. Brouage est la patrie de Champlain.

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Il m'a paru intéressant de ne pas nous contenter de brèves indications de rechercher pourquoi la forteresse de Brouage avait été édifiée, de connaître les causes de prospérité, de sa décadence et de sa ruine ; de savoir aussi pourquoi la nièce de Mazarin. Marie Mancini. y avait et en fermée.
On a toujours plaisir et quelque fois profit à animer les vieilles pierres, à repeuplée les rues désertes, à découvrir comment, dans ces ruines a vécu, travaillé. Souffert et aimé.
Brouage. dit André Hallays dans un description pittoresque et si exacte que nous devoir la reproduire, est un admirable le spécimen de l’architecture, militaire antérieure à Vauban.
Ces remparts, surannés nous émeuvent par la fierté de leur carrure et par l'énergique dessin de leurs éperons de pierre ; ils gardent la crâne élégance par où se signalèrent tous les caractères du génie français dans la première moitié du XVIIème siècle : art le plus délicat et le plus sobre semble avoir dessiné les encorbellements des guérites aux angles de la fortification. Tout a été aménagé pour les besoins de la guerre, rien pour l'agrément et tout, aujourd’hui nous enchante par sa magnifique perfection. Le temps y ajoute ses prestiges : les pierres blanches se sont nuancées d'or pâle sous le soleil ; entre les blocs joints, les fers, qui assuraient la solidité de l'appareil, ont laissé des traînées de rouille.

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Ailleurs, le mur se fleurit d'une ton touffe de pariétaires, ou disparaît sous une écharpe de lierre. Mais nous pourrions nous passer ici des charmant et romantique sortilèges de la ruine, nous serions encore saisis d'admiration à la vue de cette forteresse nue qui pour tout étalement, porte les armes du Cardinal, sculptées au fronton de ses défenses.
Brouage n'est plus qu'un petit village abandonné. Ce fut un port prospère.
Les ruines nous émeuvent toujours. C'est que bien que la mort se présente tous les jours à nos yeux tous les jours, nous n'y pouvons croire. Lorsque nous savons que là où furent des monuments, une ville un port l'agitation d'une foule en travail sont maintenant des pierres, des rues désertes, des canaux envasés, des solitudes nous sommes effrayés par de tels changements.
L'homme bâtit des édifices, des temples, des fortifications, il les croit éternels. Quelques années passent et rien, ne reste, pas même, quelquefois, le nom de ce qui a, disparu.
Dans les ruines de Brouage, un grand roi a aimé ; cet amour a fait trembler un Mazarin. Il a failli bouleverser la destinée d'un peuple. On ne s'en souvient plus.




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