Édouard de Woodstock


AlfredDreyfus
Édouard de Woodstock

Edouard Plantagenêt, plus connu sous le nom de Prince noir ou parfois d’Édouard le noir, prince de Galles, comte de Chester, duc de Cornouailles et prince d'Aquitaine. Né le 15 juin 1330 à Woodstock, il était le fils aîné d'Édouard III et de Philippa de Hainaut. Dans son enfance, ses loisirs favoris étaient les jeux de balle et d'argent, la chasse au faucon et les récitals de ménestrels, distractions communes de la noblesse de l'époque. Ses précepteurs furent Walter Burley et le chevalier de Hainaut Walter Mauny. À huit ans, alors que son père partait pour la Flandre afin de contracter des alliances contre la France, Édouard fut nommé « gardien du royaume ». Il est choyé par Édouard III qui n'avait négligé ni son éducation ni son instruction de prince.
Déjà habitué et formé aux tournois, Édouard de Woodstock débarqua le 11 juillet 1346 à Saint-Vaast-la-Hougue, guerroya en Normandie aux côtés de son père, et connut sa première grande bataille à Crécy en 1346 où il assuma le commandement de l'aile droite de l'armée anglaise à l'aide du comte de Warwick. Une chronique de l'époque voulait que le jeune prince eût failli perdre la vie ce jour là : désarçonné par un chevalier français, ce serait son porte étendard qui aurait eu la présence d'esprit de le dissimuler sous la bannière au dragon rouge du prince de Galles, et qui aurait repoussé nombre d'assaillants. La nuit tombée, Édouard aurait commandé l'exécution de tous les soldats français blessés incapables de payer rançon et, au matin, un massacre plus grand encore, quand les milices urbaines françaises vinrent en renfort, mais trop tard : l'esprit de la chevalerie n'avait pas été respecté par le prince, qui en eut grande honte devant son père : c'est après cette bataille qu'il aurait pris l'habitude de porter une armure noire.
À la suite d'une révolte sévèrement matée dans son comté de Chester, il fut nommé lieutenant de Gascogne. Mandaté par son père, il arriva à Bordeaux le 20 septembre 1355, en pleine guerre de Cent Ans, pour protéger les possessions anglo-aquitaines contre les Français. Deux semaines plus tard, il mena une campagne à travers le Sud-Ouest, maraudant à travers les comtés de Juillac, d'Armagnac et d'Astarac. En Languedoc, nombre de villes et de villages furent la proie de la soldatesque, de véritables actes de terreur étant menés à Montgiscard, à Carcassonne et Narbonne. Le but n'était pas de soumettre à la couronne anglaise les terres conquises, mais de les piller pour affaiblir et ruiner le camp français : il s'agissait là de la stratégie fondamentale de la guerre de Cent Ans, basée sur les chevauchées et non sur une guerre de position. Il détruisit Castelnaudary le 31 octobre 1355. Le jour de Noël, il avait regagné Bordeaux, d'où il écrivit à son père pour l'informer de son succès.
Au printemps de 1356, sa réputation de stratège et la crainte qu'il inspirait lui permirent de lever sans mal une armée disparate composée surtout d'Anglais, de Gallois, et de Gascons. Cette campagne de 1356 le conduisit cette fois à travers le Poitou en passant par Bourges qu'il ne parvint pas à enlever, prenant Vierzon dont il fit passer la garnison au fil de l'épée.
Ralentie par son considérable butin et fatiguée par les combats, sa troupe se replia vers Bordeaux et, à Maupertuis, près de Poitiers, Édouard et ses hommes infligèrent une sévère défaite aux Français qui les poursuivaient. C'est lors de cette bataille de Poitiers, le 19 septembre 1356, qu'Édouard captura le roi Jean II, ce qui permit des tractations avantageuses pour l'Anglais. Cette année-là il mène ses troupes au pillage de Trappes, déjà fortement ravagée par Bouchard IV de Montmorency.
En 1360, le traité de Brétigny-Calais accorda au roi Édouard III d'Angleterre des terres en plus de son duché d'Aquitaine « traditionnel » qui s'étendait approximativement de Saintes à Bayonne, en passant par sa capitale, Bordeaux. Ces terres étaient le Quercy, le Périgord, le Limousin, le Rouergue, la Bigorre, le comté d'Armagnac, l'Agenais et le Poitou. Ces territoires, cédés en 1362, par la France en toute souveraineté — constituèrent une principauté autonome qu'il gouverna sur place jusqu'au début de 1371. Édouard fut nommé prince d'Aquitaine par son père le 19 juillet 1362, et le resta jusqu'à son abdication le 5 octobre 1372.
Édouard de Woodstock se maria en 1362 avec sa cousine Jeanne de Kent. Ils entretinrent à Bordeaux une cour où régnaient luxe et extravagance ; fêtes et tournois étaient fréquents. Les taxes qu'il imposa sur le territoire de sa principauté pour les financer étant considérables, une partie de la noblesse et de la bourgeoisie commencèrent à montrer des signes de mécontentement. Cette véritable « fronde » fut menée par l'un des plus puissants seigneurs de la région, le comte d'Armagnac, fidèle à la maison capétienne.


Edouard en Aquitaine

Edouard en Aquitaine


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le gisant du Prince Noir

Le 20 Septembre 1355, le Prince Noir débarque à Bordeaux avec 1.000 hommes d'armes et 11.000 archers. Le lendemain de son arrivée il fait donner, dans la cathédrale, lecture des lettres de son père : Édouard III octroie pleins pouvoirs à son fils Prince de Galles, institué Lieutenant d'Aquitaine. Il part de Bordeaux le 5 Octobre : sur le conseil de Jean Chandos, il lance une chevauchée parfaitement inattendue vers le Sud-Est avec 1.500 lances, 11.000 archers et 3.000 bidauts c'est à dire des troupes légères armées de dards, d'une lance et d'un poignard. Partie de Bordeaux, son armée traverse la Garonne à Port Sainte Marie, ravage l'Astarac, l'Armagnac, puis par Toulouse envahit le Languedoc et ne s'arrête qu'à Narbonne. Elle ne s'attarde pas, puisqu'il ne s'agit nullement d'une conquête mais de pillage. Remontant en sens inverse, elle vient repasser le fleuve à Port Sainte Marie et regagne Bordeaux. Le Prince Noir pourra, le jour de Noël, écrire à son père Édouard III que la mission est accomplie.

En cette année 1355, le Prince Noir peut se flatter de la réussite de sa mission. Au retour de cette équipée, l'entrée à Bordeaux est un interminable défilé de chariots. Les Gascons, si nombreux sous les ordres du Prince que l'on peut parler de l'armée anglo-gasconne du Prince Noir, sont ravis. Pour la plupart, ces bidauts sont de pauvres bougres recrutés sur les terres ingrates du pays landais, ce qu'ils ont vu les a éblouis.
EN 1356, second raid du Prince Noir
Lorsqu'il congédie son armée, puisque l'hiver est là, le Prince Noir ne court pas grand risque. Il sait qu'il retrouvera ses soldats au printemps, et sans qu'il soit besoin de hausser la solde. L'effet psychologique est énorme et la réputation du Prince de Galles se nourrit de cette campagne militaire réussie. Cette réputation de stratège d'Édouard de Woodstock est désormais établie en même temps que la crainte de son armée aux actions si redoutables. Cette même année, Monflanquin passe sous le contrôle du Prince Noir.

En 1356, le Prince Noir avait déclaré sa résolution de châtier, réduire et dompter les rebelles à son autorité. Il n'alla pas jusqu'au bout de ses vengeances et même les rebelles purent exploiter ses victoires et les amener à servir leurs propres intérêts. Le 11 avril 1357, en échange d'un acte de soumission, Arnaud de Montagu obtient le pardon de tous les excès commis par lui-même ou par ses compagnons et serviteurs, la remise de toutes les peines civiles et pécuniaires encourues pour ses crimes, et bien d'autres avantages. L'alliance d'un autre seigneur gascon, Jean de Gallard sire de Limeuil va coûter encore plus cher. Les principales conditions du contrat prévoient : 2.000 livres tournois à Jean de Gallard lui-même en compensation des domaines confisqués par le roi de France ; 2.000 autres livres pour sa fille si elle épouse un des fils du sire d'Albret; tous les revenus du "château de Monflanquin" en Agenais, avec les droits de haute, moyenne et basse justice; la perception de l'impôt sur les vins d'entre-Dordogne; la ferme de la prévôté de l'Ombrière et celle du château et de la châtellenie de Clairac; la confirmation de tous les droits de propriété, des salins et des pariages, octroyés jadis par le roi de France. De plus, tous les tenanciers du sire de Limeuil sont exemptés des subsides et des tailles. Le Prince Noir s'engage à n'exiger d'eux les aides extraordinaires que dans le cas d'extrême nécessité et seulement après avoir obtenu l'assentiment de leur seigneur. Enfin, pour compenser "les grandes sommes d'argent qu'il disait perdre à cause de la dite obéissance" Jean de Galard recevait 1.000 écus d'or.
Le 15 Janvier 1371, le Prince Noir, atteint d'hydropisie, fait ses adieux aux Bordelais, dans la cathédrale St André, avant de rejoindre l'Angleterre. Un an plus tard, à Londres, il renonce à la Principauté d'Aquitaine. Redevenu duché, l'Aquitaine perd l'autonomie qui avait été la sienne. Le Prince Noir mourra en Juin 1376, alors que du Guesclin et Jean Ier d'Armagnac n'ont cessé de gagner du terrain sur le continent.



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