Catherine Segurane
En dehors de l'épisode du siège de Nice,
aucun document n'existe sur Catherine Ségurane. Elle est vraisemblablement
une « bugadiera » (ou lavandière) vivant à Nice au XVIème
siècle, et serait fille de pêcheur. Sa date de naissance reste mystérieuse.
L'historien du XIXème siècle Louis Durante indique qu'elle
est née en 1506 « de parents obscurs, vivant de leur travail » mais
il est peu vraisemblable qu'il ait eu pour affirmer cela connaissance
de documents que tout le monde ignore. Jean-Baptiste Toselli parle
du « commencement du XVIème siècle ». Décrite comme femme
du peuple et fille des faubourgs, elle est surnommée Maufaccia ou
Maufacha, en conséquence de quoi l'idée s'est installée qu'elle
était plutôt laide. Toutefois rien ne l'affirme, ce surnom pourrait
simplement provenir de ses airs plus virils que féminins et de son
caractère impétueux.
. Le 15 août 1543, le château de Nice et
la ville sont sous le feu de cent-vingt galères franco-ottomanes
placées sous le commandement de Barberousse et sorties dès les premières
heures du matin de la rade de Villefranche. Sur terre, quatre batteries
ciblent la ville. Dans le même temps, les troupes franco-turques
donnent l'assaut à la porte Pairolière (située au sud-ouest de l'actuelle
place Garibaldi) puis à la tour Sincaïre. Les soldats turcs parviennent
à se hisser jusqu'au sommet de la tour et l'un d'entre eux agite
en signe de victoire un étendard vert frappé d'un croissant d'or.
D'autres sources indiquent qu'il s'agit d'un drapeau rouge avec
un croissant d'or. Il se dirige pour le planter sur le rempart quand
Catherine Ségurane, alors selon certains auteurs en pleine fureur
et poussant un « cri sauvage », surgit, entraînant derrière elle
quelques soldats. Elle brandit son battoir à linge avec lequel elle
assène un coup violent sur la tête du janissaire. Celui-ci aurait
été tué sur le coup, le crâne fracassé, ou selon d'autres sources,
il aurait été simplement assommé. Elle lui arrache alors son drapeau,
en brise la hampe et en déchire le tissu. Enfin, elle aurait jeté
en leur direction l'étendard mis en pièces, en signe « de bravade
et de mépris ». Toutefois, à l'occasion de la commémoration du 15
août 1855, il est expliqué qu'elle jeta le drapeau turc dans la
mer. D'autre part, certains ouvrages parlent de plusieurs combattants
turcs assommés à coups de battoir par Catherine Ségurane puis repoussés
en bas des remparts. Tous notent qu'elle parvient à galvaniser la
résistance niçoise.
Même si la ville se retrouve par la suite
ravagée par les assaillants, le château, lui, résiste jusqu'à l'arrivée
des troupes du duc de Savoie Charles III, le 9 septembre 1543, qui
délivre les Niçois en provoquant le départ précipité de l'armée
franco-turque.
Il est parfois relaté qu'en plus de son acte
de bravoure, Catherine Ségurane aurait dévoilé une « partie charnue
» de son anatomie, et se serait essuyée avec le drapeau de l'ennemi.
Ce geste provocateur, surtout pour des musulmans, aurait finalement
mis en fuite les assaillants. Jean-Baptiste Toselli explique que
la légende à propos de ce geste fut inventée par le chroniqueur
niçois Scalier au XIXème siècle, puis qu'elle a été selon
lui reprise par ceux qui voulaient remettre en cause l'existence
de Catherine Ségurane afin de contribuer à ôter tout crédit au récit
qui lui est associé