Le sud de la France, contrairement
au Nord, avait atteint un degré de raffinement, de cultures et également
de prospérité qui suscitait l'envie et aussi la convoitise des gents
du Nord. Prospérité due surtout aux échanges que pratiquait le Sud avec
les pays méditerranéens, et qui en avait également acquit la culture
par les échanges avec les pays musulmans et grecs.
Ces convoitises
allaient pouvoir être satisfaite, en prenant pour motif l'hérésie des
Patarins (bien plus tard, elle sera appelée l'Hérésie Cathare), qui
selon Rome, mettait en péril, l'Eglise, toute puissante et surtout,
la privait d'une partie de ses revenus, les hérétiques refusant de payer
la dime.
Leur croyance était basée sur l'existence de
deux Dieux. L'un bon, créateur du ciel et des hommes à l'état d'esprit
pur dans le ciel, et chacun d'eu était associé à un ange de lumière.
Le Dieu mauvais lui gouvernait tous ce qui est sur terre, et c'est lui
qui était le maitre des vivants. Pour se racheter les hommes devaient
respecter certains principes et notamment de rejeter la propriété, et
de s'abstenir de faire certains pratiques et de respecter les commandements
de Dieu.
Les fondements de la religion cathare avaient été définis
dans le village de Saint Félix de Caraman lors d’un concile tenu en
1176 en présence du pape des Hérétiques, Papaniquintas venu tout droit
de Constantinople. Qualifiée par le Vatican comme hérésie du fait que
les adeptes de cette croyance rejetaient les enseignements de l'Église,
mais qui plus est, refusaient catégoriquement de payer la dime l'Église
décida de la combattre. Afin de vaincre cette religion, Le pape Innocent
II envoya plusieurs légats pour convaincre les adaptes de cette foi
à revenir dans le giron de l'Église, sous peine d'excommunication. Si
le clergé vivait dans le luxe et la volupté, les cathares pratiquaient
une religion faite de douceur, de respect et d'humilité. La noblesse
et la bourgeoisie du Midi, rejetant le despotisme papale favorisait,
et même embrassait cette nouvelle religion, alors que le clergé du Midi
perdait toute considération.
Si certains seigneurs, comme Raymond V de Toulouse
avait combattu les hérétiques, faisant même appel, en vain, au roi Louis
VII, son fil, Raymond VI, qui lui avait succédé en 1194 avait d'autre
sentiments. Les vicomtes de Bézier et de Carcassonne accordaient aux
pasteurs hérétiques les mêmes considérations et les mêmes privilèges
qu'au clergé.
Le pape envoya en Languedoc plusieurs pères abbés afin
de convaincre, d'excommunier et de châtier avec une extrême vigueur
tous les hérétiques sans succès. En 1208, le Pape Innocent III décréta;
après avoir appris l’assassinat de son Légat, Pierre de Castelnau; que
le souverain pontife avait envoyé convaincre, sans succès Raimond VI;
que l’Église n’a plus recours au bras séculier, pour vaincre l’hérésie
et que pour la combattre, à défaut du suzerain, elle convoque tous les
chrétiens et même de disposer des territoires contaminés, en les offrant,
par-dessus le suzerain, comme butin aux conquérants. Pratique appelée
« terram exponere catholicis occupandum » (La terre aux conquérants).
Des moines se mirent à parcourir le nord de la France et même en Allemagne
pour appeler les hommes à la croisade.
Ce qui eut pour conséquence de faire venir du nord de la France, sans parler d’autres nations, une armée de gueux, de détrousseurs et autres manants venus plus pour l’appât du gain que motiver pour pourfendre les hérétiques, taches dévolues au Dominicains, qui s’en donnèrent à cœur joie pour envoyer au bucher nombre de victimes dont beaucoup étaient innocentes. Le Légat du Pape, Arnaud-Amauri, chef théorique de la croisade, confia le commandement à un certain Simon de Montfort, petit seigneur de l’ile de France, qui à la tête de cette armée, allait se livrer à des exactions et des carnages sans nom.
Le 22 juillet 1209, Béziers fut pillée, incendiée
et une partie de sa population massacrée, et ce n’était que le début
d’une épopée sauvage qui, pendant 15 ans, allait mettre le sud de la
France à feu et à sang pour se terminer sur les pentes du Château de
Montségur, où les derniers deux cents défenseurs furent conduits au
bucher le 16 mars 1224 après un siège qui avait duré du 13 mai 1223
au 14 mars 1224, soit près d’un an. Quatre personnes ont réussi à quitter
la forteresse assiégée avec le trésor des cathares et celui-ci n’a jamais
été retrouvé.
On peut voir encore aujourd’hui un grand nombre de
ruines de citadelles, qui, du haut de leurs cimes, sont les uniques
témoins survivants de cette croisade.
*Le nom de Cathare ne
fut adopté que vers 1688 (du grec Katharos : pur). Les contemporains
de Simon de Montfort employaient les termes de pauliciens (de Saint-Paul
de Samosate), patarins, tisserands, texerans, boulgres (Bulgares), turlupin
et autres popublicains.
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