L'Affaire des Eperons d'Or

En mai 1300, Guy de
Dampierre, comte de Flandre et allié du roi d'Angleterre Édouard
1er, est emmené en captivité par les Français et son
domaine est annexé au royaume de France. Mais ses partisans, les
Liebaarts (du « léopard » porté sur le blason des Flandres), opposés
à la minorité patricienne des Leliaarts (Les fleurs de lys des armes
de France) se rebellent.
À la suite du massacre de soldats français
à Bruges (« Mâtines de Bruges » le 18 mai 1302), Philippe IV le
Bel dépêche Robert II d'Artois à la tête d'une armée pour secourir
la garnison de Courtrai.
L'armée française compte alors 6 500
hommes : 2 500 chevaliers, 1 000 arbalétriers et 3 000 autres éléments
d'infanterie légère. Face à elle, les Flamands disposent de 9 000
combattants : quelque 400 nobles et une piétaille de milices communales,
d'artisans et de paysans.
La ville de Courtrai est prise par
Gui de Namur (fils du comte de Flandre) dans les premiers jours
de juillet et la garnison française se réfugie dans le château.
Entretemps le roi Philippe le Bel a levé une armée à la tête
de laquelle se trouve le comte Robert d'Artois (les « Leliaards
»). Guillaume de Juliers (petit-fils du comte de Flandre et archidiacre
de Liège), rejoint alors ses oncles Gui de Namur et Jean de Namur
au siège de Courtrai.
Le 8 juillet 1302, les deux armées se
font face. Les forces en présence sont déséquilibrées. Les troupes
flamandes, les « Klauwaerts » sont composées de 20 000 combattants
des hommes à pied munis du goedendag, lourde lance hérissée d'une
pointe métallique. Ils sont assistés de façon importante des milices
namuroises des frères de Namur et liégeoises de Guillaume de Juliers,
ainsi que de milices du Brabant, de Zélande et des Anglais. Les
troupes sont confiées au commandement de Pieter de Coninck, Gui
de Namur et Guillaume de Juliers. Ils prennent position sur un plateau
bordé par la Lys d'une part et des marécages d'autre part, le long
d'un fossé en demi-lune. Derrière eux se trouvent les murailles
du château de Courtrai.
Les troupes françaises composée des
chevaliers français de Robert d'Artois et de mercenaires (environ
50 000 hommes d'après Giovanni Villani) s'amassent dans la plaine
de Groeninghe.
Cette armée est constituée d'archers italiens,
de fantassins et de chevaliers. Elle se partage en trois corps,
l'un commandé par le connétable Raoul de Nesles, l'autre par Robert
d'Artois et le dernier par le Comte de Saint-Pol. Le comte Robert
d'Artois, sûr de la victoire, rejette la suggestion de contourner
l'armée flamande. Le 11 juillet au matin, les archers italiens entament
les hostilités avec un certain succès. Après un échange de flèches
et de carreaux d'arbalètes, les Français font avancer leurs fantassins
jusqu'au fossé.
Les chevaliers français, impatients de récolter
les fruits d'une victoire qu'ils jugent facile, s'élancent et dans
la précipitation s'embourbent dans les marécages. Le corps d'armée
de Raoul de Nesles puis celui de Robert d'Artois s'engouffrent dans
ce piège. Les chevaliers trop lourdement armés ne peuvent s'extirper
du bourbier. Le fossé en arc de cercle les empêche de contourner
l'obstacle. L'arrière-garde, commandée par le comte de Saint-Pol,
décide alors de rebrousser chemin.
Les combattants flamands
et leurs alliés, peu au fait des us et coutumes de la guerre, massacrent
les chevaliers à terre sans chercher à faire de prisonnier. Périssent
ainsi dans la bataille un grand nombre de chevaliers français dont
le comte Robert d'Artois, le comte de Nesles, le comte Jean d'Aumale
et le négociateur Pierre Flote. Les troupes victorieuses ramènent
comme trophées les éperons d'or de tous les chevaliers tombés dans
la bataille.
Ces trophées orneront l'église Notre-Dame de Courtrai
avant d'être récupérés par la France et installés à Dijon.

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