Les Monuments aux Morts


Les monuments aux morts n’existent quasiment
pas avant le XIX ème siècle: les monuments commémorent
les victoires militaires portent rarement les noms des soldats morts,
à moins qu'il ne s'agisse de personnalités. Une exception notable
est cependant le cas de la porte Désilles à Nancy, édifiée entre
1782 et 1784 pour commémorer l'indépendance de l'Amérique et qui
rend également hommage aux Nancéiens morts durant la bataille de
Yorktown.
Un projet de Lucien Bonaparte avait cependant prévu
en 1800 que seraient inscrits sur des Colonnes départementales élevées
« à la mémoire des braves du département morts pour la défense de
la patrie et de la liberté. » les noms de « tous les militaires
domiciliés dans les départements qui, après s'être distingués par
des actions d'éclats, seraient morts sur le champ de bataille. »
L’Arc de triomphe de l'Étoile, dont la construction débute en 1806,
porte seulement le nom d'officiers supérieurs, qui ne moururent
pas forcément au combat, et parfois encore vivants lors de la construction
du monument.
Des monuments sont également érigés pour commémorer
les soldats morts lors des guerres de la guerre franco-prussienne
de 1870 et des guerres coloniales.
En 1889, Vic-en-Bigorre vote
une subvention de 1 500 francs pour un monument en l'honneur des
morts de la guerre de 1870. Exécuté par le sculpteur vicois Edmond
Desca, et inauguré en 1894, La Revanche représente un guerrier farouche
armé d'un gourdin.
En 1895, la ville de Montauban commande au
sculpteur Antoine Bourdelle un Monument aux Combattants et Défenseurs
du Tarn-et-Garonne de 1870-71. La ville de Vernon (Eure) a un monument
aux Mobiles de l'Ardèche. La ville de Taninges (Haute-Savoie), un
monument aux morts de la Guerre franco-prussienne de 1870.
À
Aurillac (Cantal), plus précisément sur la place de la Préfecture,
le 14 juillet 1906 est inauguré le monument à la mémoire des enfants
du Cantal morts pour la défense de la Patrie lors de la guerre face
aux Prussiens. Avec l'aide d'une souscription publique et le soutien
du Souvenir Français, la statue de bronze est l'œuvre du sculpteur
Jean-Baptiste Champeil, originaire du Cantal et grand prix de Rome
en 1896. Cette sculpture représente et célèbre le patriotisme d'un
soldat tombant sous les tirs ennemis tout en tenant contre sa poitrine
le drapeau tricolore


Le deuil de la Grande Guerre a déterminé
les communes à rendre hommage à leurs morts pour la Patrie. Dans
les années 1920-1925, ce sont quelque 36 000 monuments aux morts
qui furent érigés malgré les difficultés de la reconstruction.
L'Etat est intervenu pour accorder des subventions et règlementé
les édifications. Les pertes massives (en France, il y eut 1,4 million
de morts et 3 millions de blessés sur 8 millions de mobilisés, pour
une population de 40 millions d'habitants) amènent, le plus souvent,
non à glorifier la victoire, mais à honorer ceux qui ont perdu la
vie.
Cet aspect est important, car la très grande majorité des
monuments élevés à cette occasion le sont à l’initiative, ou au
moins avec la participation financière des anciens combattants,
qui formaient 90 % des hommes de 20 à 50 ans en France. Leur motivation
à continuer de se battre était l’espérance que cette guerre serait
la dernière (« la Der des Ders »), et que leur sacrifice ne serait
pas vain ; les monuments sont aussi là, dans une certaine mesure,
pour rappeler ce sacrifice.


Il n'est donc pas étonnant de trouver une
forte concentration de ces lieux de mémoire dans les régions où
se sont déroulés les combats, par exemple en Lorraine.
Leur construction
commence dans l’immédiat après-guerre, mais se prolonge tout au
long du XXème siècle (quelques petites communes se dotent
d’un monument aux morts seulement dans les années 1990, comme Fontaine-le-Comte).
Dans la plupart du pays, on ajoute à la liste des morts de la Grande
Guerre ceux de la Seconde Guerre mondiale, puis des guerres suivantes
comme les guerres de décolonisation en Indochine et Algérie.
En France, on y trouve parfois aussi une copie de l’Appel du 18
juin comme à Clermont l'Hérault. La période principale de construction
est cependant les années 1920, dans les pays occidentaux : 30 000
de 1918 à 1925 en France, soit quinze inaugurations par jour les
trois premières années d’après-guerre. En 1924, par exemple, à Reims
un monument « Aux héros de l'Armée noire » est élevé à la mémoire
des soldats africains tombés pendant la Grande guerre. Il fut détruit
par les troupes d'occupation en 1940. Un réplique exacte de ce document
a été élevé à Bamako(Mali)

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