Mon nom étant celui d’un animal de légende, générateur
de frayeurs et de terrifiantes superstitions et, de plus étant né, comme
par hasard, un 31 octobre, je ne pouvais décemment pas passer sous silence
l’une des fêtes les plus populaires outre Atlantique. Alors pour vous
faire revivre la légende voici l’origine d’une fête où les enfants,
et même les adultes prennent un malin plaisir à se transformer en des
monstres hideux pour aller quémander quelques friandises.
Il était
une fois, il y a très longtemps, au royaume celtique des gens qui croyaient
en un curieux seigneur: Samhain, prince de la mort dont la fête tombait
un 1er novembre, alors que s’annonce l’hiver et que s’enfuit
Lugh, le roi du soleil. Les druides, qui, par ailleurs, lui vouaient
un culte dévot, histoire de se concilier ses bonnes grâces et d’éviter
la famine, étaient convaincus que les défunts de l’année revenaient
des entrailles de la terre la veille de la fête, afin d’y participer.
Et hanter leurs regrettées chaumières. Cordiaux, les vivants préparaient
donc des offrandes à leur intention, histoire de se concilier leurs
faveurs. Mais comme on n’est jamais trop prudent, ils allumaient des
feux pour les tenir à distance. Les vivants se montraient d’autant plus
généreux que les prêtres, les fameux druides savaient se montrer persuasifs:
ils se déplaçaient de maison en maison, réclamant des offrandes et menaçant
quiconque y verrait à redire des pires calamités. Pire encore, ils n’hésitaient
pas à prononcer des malédictions devant attirer la mort sur la maison.
Pour éclairer leur chemin, les druides portaient des navets évidés,
découpés en forme de visage grimaçant où brulait une bougie. C’est au
XVIIIème siècle que le navet devint citrouille, quand les immigrants
irlandais introduisirent Halloween au Etats-Unis.
Au fil du temps, au fond des campagnes Irlandaise,
la légende s’embellit. La petite flamme n’était pas une simple bougie!
C’était « Jock », devenu Jack par la suite, un esprit qui habitait
dans la lanterne. Ainsi commence l’histoire de Jack-o-lentern, chantée
par tous les troubadours celtes. Selon la légende cet esprit était naguère
un joueur de cartes malchanceux qui avait vendu son âme au Diable pour
payer ses dettes de jeu. Coup de poker il ne résista pas à la tentation
de proposer une revanche au Diable. Qu’il gagna, évidemment, sinon il
n’y aurait pas eu de ballade irlandaise à partir de 1846, quand la Famine
de la Patate, le pain des irlandais, força quelques deux millions d’entre
eux à émigrer au Nouveau Monde en emmenant dans leur baluchon quelques
belles histoires à raconter au coin du feu. Quoi qu’il en soit, le conte
soutient que furieux, l’ange déchu refusa à Jack l’entrée du royaume
des ténèbres. Et comme sa vie d’erreurs ne lui ouvrit pas les portes
du ciel, le pauvre Jack n’eut pas d’autre alternative que d’errer, comme
une âme en peine, sur la terre. Pour s’éclairer dans la sombre nuit,
Jack mit un charbon ardent dans un navet évidé. Et s’en alla hanter
les chemins, ad aeternam. Le navet, dans la petite histoire, tenait
évidemment le rôle de l’âme damnée, que brandissaient, il y a bien longtemps
les druides, histoire de faire peur aux bonnes âmes et les inciter à
la générosité!
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