La révolte des Bonnets Rouge

La révolte du papier timbré, ou des bonnets
rouge, qui éclate en Bretagne en juillet 1675 est la dernière grande
révolte populaire du XVIIème siècle en France. Louis
XIV, en guerre avec les Provinces-Unies, a besoin d’argent. Douze
nouvelles taxes sont créées par son ministre des finances Colbert,
entre 1664 et 1675 qui a décidé de passer outre les prérogatives
des Etats de Bretagne qui refusent ces nouvelles taxes (Privilèges
conservés par Anne de Bretagne et validés par le traité de 1532).
En 1674, c’est la vente du tabac et une taxe sur la vaisselle
d’étain qui tombe sous le contrôle royal. Le Duc de Chaulnes, gouverneur
de Bretagne, représentant du roi, explique à Colbert que les paysans
s’émouvaient de la rumeur d’une nouvelle imposition sur le blé et
sur le sel (gabelle)… Ecrasés par les impôts féodaux, la révolte
gronde dans les villes et dans les campagnes.Néanmoins, en 1673,
un papier timbré est exigé pour tout acte notarié. Cette dernière
mesure, un impôt camouflé, qui oblige de timbrer les actes notariés
entraine une vague de protestations en Bretagne, une province rattachée
relativement récemment à la couronne française (1532) et qui connaissait
jusqu’à lors un régime d’exemptions et de libertés. Ces impôts imposés
sans concertation et sans l’aval des états de la province de Bretagne
provoquent des soulèvements tout d’abord urbains (Rennes, le 18
avril 1675, Nantes, Dinan, Vannes, Guingamp…), puis enfin villageois.
La répression se met rapidement en place mais pendant plus de
trois mois, les autorités constituées le gouverneur, le duc de Chaulnes,
les lieutenants de Haute et de Basse Bretagne, sont incapables de
maîtriser la situation. D’autant qu’à partir de juillet, ces soulèvements
antifiscaux prennent une dimension antinobiliaire avec des insurgés
forçant les seigneurs à renoncer aux prélèvements domaniaux. Ils
rédigent même un « code paysan » réclamant à la fois « la liberté
de la province Armorique » mais aussi la suppression des droits
seigneuriaux. La répression sera à la mesure de ces contestations
à l’autorité du roi et à la société d’ordres : le parlement de Rennes,
jugé trop laxiste est exilé à Vannes et le duc de Chaulnes, qui
a obtenu des renforts militaires, pratique procès expéditifs et
exécutions sommaires. L’ensemble de ces mesures répressives ramènent
bientôt le calme et la soumission.
La mort et l'enterrement
du meneur Sébastien Le Balp n'est pas suffisant pour le roi. Son
corps est exhumé. On fait un procès à son cadavre qui est ensuite
traîné sur une claie, rompu et exposé sur une roue. Il est décapité
puis son corps est enterré à l’église de Kergloff tandis que son
crane est recueilli à la chapelle de Saint-Drézouarn (Kergloff).
Le Balp devient un martyr de la liberté armorique et un symbole
d’une lutte pour l'égalité entre les classes. Les bretons appelaient
"liberté armorique" les privilèges de la Bretagne en vertu du traité
d'union de la Bretagne et de la France.
Les Bonnets rouges sont
torturés, exécutés ou condamnés aux galères. Au milieu de la répression,
le duc de Chaulnes a cette phrase terrible : "Les arbres commencent
à avoir le poids qu'on leur donne". S’en suit des massacres de femmes
et d’enfants torturés, des viols, incendies… Les Bonnets rouges
pendus à un arbre
Madame de Sévigné, écrit en décembre 1675,
toutes ces troupes de Bretagne ne font que tuer et voler. Ils s'amusent
à voler, ils mirent l'autre jour un petit enfant à la broche.
Les représailles du roi font trembler les paroisses et les villes.
Plusieurs clochers du pays bigouden qui avaient sonné le tocsin
de la révolte sont décapités ou leur cloche déposée : les églises
paroissiales de Tréguennec, Combrit, reconstruit en 1774 et Lanvern
St Philibert à Ploneour Lanvern, les églises tréviales de Lambour
à Pont Labbé et Saint Honoré et l'église chapelaine de Languivoa
à Ploneour Lanvern. Ceux de Lanvern et Languivoa, Lambour n'ont
jamais été reconstruits. A Rennes, un faubourg est entièrement rasé
et le parlement est exilé à Vannes le 16 octobre 1675. Il est obligé
de verser une contribution de trois millions de livres au trésor
de guerre, une somme colossale. Le Parlement restera à Vannes du
mois d’octobre 1675 jusqu’en 1689, date de la nomination du premier
intendant de la province .