La Faculté de Médecine de Montpellier



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La place de la Comédie
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L'Amphithéatre de la Faculté de Médecine

Parler de Montpellier, c'est éveiller aussitôt à l'esprit l'idée de sa Faculté de médecine. Des origines de la ville à l'heure présente, l'Ecole tient, en effet dans la cité, une place de premier plan. Et la question se pose aussitôt de comprendre pourquoi et comment le plus ancien établissement d'enseignement médical du monde actuel s'est constitué dans son enceinte.
A l'écart des grandes voies de communications, vers l'Espagne ou l'Italie, Montpellier n'est sur le trajet de nulle part, à moins d'emprunter la voie transversale qui conduit de Toulouse à Tarascon.
Son arrière pays, dans le bas Languedoc, est étroitement resserré entre la mer et les Causses désertiques des Cévennes; Nîmes et Béziers le bride de chaque côté. Sa population n'est que de très moyenne importance. Enfin, son activité économique se borne à peu près exclusivement au commerce du vin, tant la nature du terrain et du climat y sont peu favorable à d'autres cultures. Il faut donc remonter dans le passé pour trouver, dans l'histoire et jusqu'à la géologie, la clef du problème.
Des Pyrénées au Rhône, entre les Cévennes et la Golfe du Lyon, s'étale une bordure de terrains secondaire avec, au centre, une cuvette tertiaire, de la rivière de l'Aude, à celle de l'Hérault. A quelques kilomètres de distance de cette côte primitive et assez découpée, des îlots volcanique ont surgi par la suite : montagnes d'Agde, de Sète, croupe de Maguelone.

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François Gigot de Lapeyronie, né à Montpellier le 15 janvier 1678 et mort à Versailles le 25 avril 1747, est un chirurgien français. Il fut notamment le premier chirurgien et confident du roi Louis XV.

Plus tard, à l'époque quaternaire, les torrents cévenols ont englobé les deux premier et constitué une longue dune séparative qui forme un second rivage en bordure de mer. Ce lido aride et sablonneux se constitue du côté du large par une plage à pente très douce sous les eaux, tandis qu'il isole, vers les terres, des étangs échelonnés bout à bout, que des graus (gradus), passages étroits et sans profondeur, relient par intermittence à la mer. De ces ilots ensablée, un seul à persisté plus longtemps; par comparaison avec les autres les Phéniciens l'appelais :« Mégalé nésos» ou grande île, encore que les dimensions du territoire de Maguelone nous paraissent aujourd'hui minimes, puisqu'il mesure à peine vingt-sept hectare. Elle aussi ne tarde pas à être réunie aux précédents par les alluvions venus du Rhône, entraînés qu'ils sont par un courant marin dirigé du fleuve vers l'occident.
Telle quelle, la côte du Bas-Languedoc est plate et monotone, peu favorable au demeurant à la vie maritime, sauf au voisinages des anciens îlots.
Pour les navigateurs, désireux de renouveler leur provision d'eau potable, partout sur la côte , il n'est que d'eau saumâtre, dont les infiltrations des étangs rendent l'usage peu agréable : quelques puits seulement leur donnent de l'eau douce émergeant, le long des terrains éruptifs, de nappe d'eau, venues de fort loin. D'où la fréquentation, par les vaisseaux de l'antiquité, de ces points privilégies et l'exclamation joyeuse des Phéniciens : quelle bonne aubaine !« agathé thuké» qui a donné son nom à l'un des îlots. Ainsi se constituent, dès l'antiquité, ces deux villes : Agde et Maguelone; celle ci va prospérer davantage du fait des facilités offertes à la navigation par l'existence du Lez à ses portes : navigable, ce petit fleuve conduit vers la voie romaine qui traverse la Gaule Narbonnaise. Prospère, par son activité commerciale, entre les autres villes de cette province, elle le demeure au morcellement de l'Empire Romain, et dès lors, après avoir, pour un temps fait partie de la Septimanie, elle reste en Languedoc, à travers les vicissitudes politiques, le seul port de la France sur la méditerranée, puisque, jusqu'à l'acquisition tardive par Louis XI, de la Provence et de Marseille, le Rhône va constituer la frontière de la France avec le royaume d'Arles et le Saint Empirer Romain Germanique; De fait, même aujourd'hui, de Beaucaire à Tarascon la formule est resté de « Terre de royaume» et «Terre d'Empire».

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Façade de la préfecture de Montpellier

Maguelone n'a pas qu'une importance commerciale. C'est aussi un point stratégique, repaire de Sarrasins, au moment de leurs incursions conquérantes. Leur nom est demeuré attaché à l'un des graus qui coupent sur ce point le cordons littoral. Charles Martel la fait raser en 737, sa cathédrale exceptée.
Ses habitants se retirent à deux lieux de là dans l'épaisseur des terres, et tandis que l'Evêque et son chapitre vont s'établir, cent ans durant, à Substantion, l'antique Sexta Statio des tables de Peutinger, les commerçants édifient de l'autre côté du fleuve une ville nouvelle, héritière de l'activité d'affaires de Maguelone.
Dès le Xème siècle, unique port de la couronne sur la mer latine, le port de la jeune cité est en quelque sorte spécialisé dans le commerce des épices, d'ou le nom de « Mons Pistillarius », ou montagne des commerçants en denrées coloniales, donnée à la colline dont le nom va luis rester. Les bateaux de ces marchands viennent jeter l'ancre en vue de Maguelone, face au port Sarrazin. De là des barques à fond plat remontent le cours du Lez, jusqu'au port Juvénal, sous les murs de la ville, d'où un commerce d'une incomparable activité, où se mêlent toutes les races, les religions et les langues.

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Les médecins célèbres -Faculté de Médecine

Deux grand courant cependant. Le bassin oriental de la Méditerranée avec escale obligatoire sur les côtes d'Italie, d'où les intermédiaires chrétiens; la moitié occidentale relève des Arabes d'Espagne dont l'activité s'est faite plus paisible. A leur suite, de nombreux juifs jouent le rôle de banquiers. Ils se groupent au centre ville, autour de l'Eglise Notre Dame à laquelle leurs comptoirs font donner le nom de Notre Dame des Tables, en raison des tables de changeurs où ils font commerce de monnaies.
Les besoins du négoce amène de partout des hommes d'affaires : Montpellier devient une ville importante, la seconde du royaume avec ses 20 000 habitants.
Les premiers maîtres de médecine sont aussi les plus riches d'entre ces marchands et sont aussi de culture relative et possèdent dans leur coffre à objets précieux quelques manuscrits traitant l'art de guérir. D'origine salernitaine ou ibérique, c'est toujours l'œuvres d'Hippocrate ou de son Ecole, souvent traduite en languedocien par les Juifs dont les colonies sont prospères dans toute la région Par eux, Hippocrate, pour prépondérant qu'il soit, n'est pas seul, il voisine avec Razès, Constantin et Avicenne.
Au milieu de l'ignorance et des superstitions ambiantes, la possession de ces livres confère à leurs détenteurs un prestige certain, et leurs correspondants demandent à les consulter, à les lire.. Le possesseurs y consent volontiers, chez lui sous sa surveillance ou sa direction, et moyennant salaire.
Ce sont là les premières écoles de Médecine : l'expression va persister longtemps, puisque sous Louis Philippe, dans les registre du conseil de la Faculté, se trouve encore la formules «les écoles».
Peu à peu, le renom de ces lecteurs leur vaut, non seulement des élèves, mais aussi des consultants venus de loin, tel cet Héraclius de Montboissier, archevêque de Lyon, qui, tombé malade au cours d'un voyage «ad limina», se fait transporter, de Saint-Gilles, où il était parvenu, jusqu'à Montpellier pour s'y faire traiter, dépensant avec les médecins, raconte Saint-Bernard, dans une lettre de 1135 « ce qu'il avait et ce qu'il n'avait pas».
Peut-être convient-il de ne pas tirer argument de cupidité contre eux, car si le prélat est parti de sa ville archiépiscopale avec les richesses et le cortège qui conviennent à un seigneur de si haute condition, poursuivi par des brigands, il s'est déguisé sous les effets de l'un de ses serviteurs et n'a gardé sur lui qu'une faible somme, dont il n'était pas malaisé de voir bientôt la fin.

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Le Jardin botanique

La concurrence entre médecins devient promptement assez âpres, d'autant que d'irritantes questions d'origine et de religion viennent s'y mêler. Les chrétiens d'origine salernitaine, voient d'un mauvais œil des infidèles leur disputer la faveur des élèves et c'est pourquoi ils se tournent vers le pouvoir local, représenté, en janvier 1181, par Guilhem VIII, seigneur de Montpellier, et lui demande pour eux seuls le monopole de l'enseignement.
Incompétent en matière médicale, et ne voyant que l'avantage pour la ville de posséder le plus grand nombre possible de maîtres en médecine; en fait ils ne sont d'ailleurs à peine une dizaine; l noble seigneur s'élève contre une telle prétention et après l'avoir qualifier « d'odieuse, d'injuste et d'impie », il décide au contraire : « dans l'intérêt du bien public, sa propre utilité et celle de mes sujets, je ne donnerai jamais à personne , quelles que soient ses prières et ses supplication, le droit exclusif de lire ou de tenir école de médecine à Montpellier... c'est pourquoi, tant en mon nom qu'en celui de mes successeurs, je donne plein pouvoir à quiconque le désirera, que qu'il soit et d'où qu'il vienne.»
Libérale entre toutes, cette décision laissait le champ ouvert aux rivalité de personnes, avec comme conséquence, de fâcheux résultats : de prétendues compétences s'improvisent : pour pouvoir recruter des élèves, plus d'un n'hésite pas sur le choix des moyens, voire même de les détourner, en cours de scolarité, sans même de savoir, s'ils ont au préalable acquitté à l'endroit du précédent enseigneur le salaire convenu à l'avance. De tels abus eussent sans doute provoqué un revirement dans l'esprit de Guilhem, mais son unique héritière, Marie, avait apporté en dot la seigneurie de Montpellier à Pierre d'Aragon, et de ce suzerain éloigné, l'indépendance chatouilleuse des bourgeois de la ville avait obtenu un charte communale. En dépit des clauses de style qui font figurer le nom du roi d'Aragon en tête des actes publics, pendant près d'un siècle, jusqu'à son retour à la couronne de France, Montpellier est une sorte de république autonome s'administrant elle-même sous l'autorité de consuls électifs.
Soucieux de soutenir leur popularité, ceux-ci se garderont bien d'intervenir dans ces chicanes de boutiquiers. Seul un pouvoir indépendant et hors de discussion avait des chances d'intervenir avec succès.
Au début du XIIIème, l'affaire des albigeois met tout le Midi en effervescence. Pour en finir avec ses troubles, le cardinal Conrad, évêque de Porto et de Sainte-Rufine, est envoyé en Languedoc, comme légat, par le pape Honorius III.
Il s'arrête à Montpellier. Ce n'est pas que la ville soit touchée par l'hérésie, et de fait, elle a pu éviter les horreurs qui ont ensanglanté Béziers et Carcassonne, mais depuis la donation du 27 avril 1085 à Grégoire VII par Pierre de Melguel et de sa femme, Almodis de Toulouse, seigneurs de Maguelone, et à ce titre, suzerains de Montpellier, la ville est sous la protection du Saint-Siège : le légat de Rome est donc chez lui dans la cité. Les hauts dignitaires ecclésiastiques de la région viennent lui présenter leurs devoirs, et tout spécialement les évêques de Maguelone, d'Agde, de Lodève et d'Avignon. C'est par leur intermédiaire que la corporation médicale élève jusqu'à lui ses doléances.



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