Sur la route conduisant à Notre Dame de la Salette,
une nécropole où sont inhumés 54 Canadiens rappelle la catastrophe du
13 novembre 1950 où un avion ; conduisant des pèlerins venus rendre
visite au Sanctuaire de La Salette ; s’écrase sur Grande Tête de l'Obiou,
sommet culminant à 2 789 mètres situé dans le massif du Dévolu dans
l’Isère. Les éléments composant le décors de ce sanctuaire ont été réalisés
à partir des débris de l’avion.
Voici le récit de ce crash tel qu’il fut publié
dans une édition du Dauphiné Libéré datée du 13/11/2010 :
À l’époque
du crash, il avait 27 ans. Journaliste au quotidien catholique “Le Réveil”,
il a fait partie des quelques journalistes qui sont montés sur les lieux
de l’accident. Jack Lesage se souvient de ce 13 novembre 1950 et des
jours qui ont suivi. Reproductions de Unes de journal et carte IGN tachetée
de post-it à l’appui, il raconte.
« Il était 20 heures quand un
chauffeur du journal est venu me trouver. On n’avait pas le téléphone
à l’époque… Il me dit que Pierre Albert, le grand reporter du journal,
m’attend, et qu’il faut monter à Corps parce qu’il y a un avion qui
s’est écrasé dans la montagne. Bon, on commençait à avoir l’habitude,
il y en a déjà un qui s’était écrasé trois ans plus tôt sur la Moucherolle…
Je suis arrivé là-bas, Pierre Albert m’a dit qu’on avait eu l’info
par l’AFP : un avion Rome-Paris avait disparu, on pensait à l’époque,
il n’y avait pas de radar, je crois qu’il s’était écrasé dans les Alpes.
Les habitants de Pellafol avaient entendu un grand bruit. Alors
on est allé à Pellafol, au cours d’un voyage atroce : il y avait un
brouillard à couper au couteau, la route était très légèrement verglacée
et le chauffeur ne voyait pas clair… On est partis de La Posterle en
camion, on est monté sur à peu près 1 km. Il y avait de la neige. Les
gendarmes nous ont dit que ce n’était pas la peine d’aller plus loin.
Là, on a commencé la marche à pied, en pleine nuit, avec pour seul
éclairage la lampe électrique des gendarmes. On marchait dans 20-25
cm de neige. Sur les côtés et sur le chemin, on voyait des tas de feuilles
de papier de format carnet. J’en ai ramassé une : c’était une image
pieuse, avec des textes en latin. Je l’ai montrée à un gendarme, qui
m’a dit avoir entendu dire que c’était un avion de pèlerins. »
«
Vers 23 h 30, on a trouvé en face de nous des gendarmes qui descendaient.
Ils nous ont dit : “Ce n’est pas la peine de monter par là, on est allés
jusqu’au pied du petit Obiou, il n’y a aucun débris. Si vraiment l’avion
s’est crashé, c’est en ayant touché le sommet du grand Obiou et les
débris sont tombés au nord, dans la Casse Rouge”. On est redescendus.
»
Le lendemain, Jack Lesage est retourné à Pellafol.
« Un poste
avait été établi aux Payas. Avec les autres journalistes, on y est allés
et on s’est tenus prêts. Vers 11 heures, on nous a informés que l’avion
avait été trouvé et que tout le monde était mort. On y est allés. Il
y a un camion qui est parti des Payas jusqu’au chalet des Baumes. On
était avec des gars de Pellafol. On a mis trois heures et demie pour
monter. À l’époque, j’étais bien en forme et habitué à la montagne.
Au début il y avait 10 ou 20 cm de neige ; quand on a fait le tour de
l’Obiou, il y avait peut-être 30 cm. On est arrivés à 14 heures. Et
alors là… Là, alors… Scène de crime, comme on dit ! Impressionnant.
On avait vu des tas de morts pendant la guerre, mais c’était impressionnant
: il y avait des cadavres qui étaient coupés en deux… C’est difficile
à décrire… C’est comme si une bombe géante était tombée. C’était réparti
sur 1 km, sur une espèce de combe très pentue. Il fallait qu’on redescende
pour les éditions du lendemain et à cause de la nuit. J’ai dû faire
25 ou 30 photos. On a dû passer une heure, une heure et demie sur le
site, pas plus. »
Par Sébastien DUDONNE
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