La bataille de Coutras se déroule le 20 octobre
1587, pendant les guerres de Religion. Elle voit la victoire du protestant
Henri de Navarre qui écrase l’armée royale commandée par le duc Anne
de Joyeuse, lequel meurt dans la bataille.
Les guerres de Religion
opposant catholiques et protestants durent en France depuis 1562. Le
roi de France Henri III avait mené une politique conciliante, dont témoignent
la promulgation de l'édit de Beaulieu en 1576 puis celle de l'édit de
Poitiers l’année suivante. Mais une nouvelle crise est provoquée par
la mort du frère du roi, François d'Alençon : le huguenot Henri de Navarre
devient l'héritier présomptif de la couronne. La Ligue, menée par le
duc de Guise, dresse alors le royaume contre le roi, qui se retrouve
isolé.
Le 18 juillet 1585, Henri III promulgue un édit annulant tous
les édits précédents, accordant des places aux catholiques, payant les
mercenaires de la Ligue sur le Trésor royal, interdisant le protestantisme
en France, et ordonnant la restitution des places de sûreté protestantes.
Les protestants sont expulsés du pouvoir.
Et alors que le parti de Guise
obtient places et faveurs, le roi de Navarre est déchu de ses fonctions.
Cet édit est une déclaration de guerre contre les protestants. Henri
de Navarre cherche des appuis, sans succès. La « bulle privatoire »
du pape Sixte Quint lui apporte, dans une certaine mesure, celui des
milieux gallicans et royalistes français ; s’y joignent les Politiques
français, partisans d’une certaine tolérance (comme le gouverneur du
Languedoc, Montmorency-Damville), puis l’Angleterre et le Danemark,
mais seulement après l’assassinat de Guillaume d’Orange, la déposition
de l’électeur de Cologne (l’évêque était devenu calviniste) et les succès
de l’Espagne dans sa lutte contre les protestants des Pays-Bas.
Devant
l’intransigeance de Guise, la guerre est inévitable. Fin juillet 1587,
une armée commandée par Anne de Joyeuse, l'un des mignons du roi, arrive
en Poitou, où se trouve celle d'Henri de Navarre. Celui-ci est rejoint
par ses deux cousins catholiques François de Bourbon-Conti et Charles
de Bourbon-Soissons, opposés aux menées de la Ligue. Lorsque Joyeuse
reçoit le renfort de Mercœur, Henri de Navarre se replie vers le sud.
Joyeuse s'élance à ses trousses, souhaitant l’arrêter avant qu'il ne
passe la Dordogne et ne trouve refuge en Guyenne.
Lorsque les deux
armées se retrouvent face à face, Joyeuse, dans un premier temps, renonce
à attaquer l'armée d'Henri de Navarre qui a commencé à traverser la
Dronne. Impulsif, avide de la gloire que peut lui apporter une victoire
sur le Béarnais, Joyeuse se ravise et lance sa charge de loin, au grand
galop. Quand il arrive au contact, ses chevaux sont épuisés, et ses
escadrons de lanciers ont perdu leur cohésion, perdant toute efficacité.
De son côté, Henri de Navarre adopte une tactique innovante dans la
façon de disposer ses troupes : il intercale des pelotons de fantassins
(cinq hommes de front) avec des escadrons de cavalerie, de façon à la
soutenir. L’affrontement des deux cavaleries tourne à l’avantage du
roi de Navarre. La charge des chevau-légers protestants rompt l’armée
royale, qui est mise en déroute. La bataille a duré un peu moins de
trois heures.
Joyeuse, qui s'est constitué prisonnier, est abattu
d'un coup de pistolet en représailles à ses exactions récentes, notamment
du massacre dit de Saint-Éloi, au cours duquel huit cents huguenots
ont été exécutés à La Mothe-Saint-Héray le 21 juin 1587. Son jeune frère,
Claude de Joyeuse (1569 – 1587), seigneur de Saint-Sauveur, est tué
d'une arquebusade dans le ventre. Plus de deux mille catholiques, dont
trois cents gentilshommes, ont perdu la vie, parmi lesquels Jacques
d'Amboise, l'aîné de la branche d'Amboise-d'Aubijoux.
Henri de Navarre
se comporte de manière chevaleresque, libérant les prisonniers contre
la promesse de versement d'une rançon, faisant soigner les blessés et
enterrer les morts, et rendant à leur famille les dépouilles de Joyeuse
et de son frère.
A part un simple panneau qui indique lieu de la
bataille, aucun autre monument commémoratif de cette bataille n’existe
à Coutras.
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