La Gaule demeura cinq siècles sous la domination
de Rome, qui la transforma par la puissance de sa civilisation. Auguste
la divisa en quatre provinces et soixante cités ; au IVème
siècle, une disposition nouvelle la partagea en dix-sept provinces et
cent vingt cités. Les forêts druidiques tombèrent sous la hache ; les
villes s'augmentèrent, s'embellirent, se multiplièrent ; les routes
sillonnèrent les parties les plus reculées du pays ; des arcs de triomphe,
des temples, des cirques ornèrent les cités les plus considérables,
surtout dans le Midi; des écoles célèbres s'élevèrent à Bordeaux, Lyon,
Vienne, Autun ; les Gaulois y brillèrent et donnèrent à la littérature
latine un glorieux contingent de poètes et de savants.
Le commerce
et l'industrie enrichirent le pays jusqu'au jour où les vices du gouvernement
impérial amenèrent la misère à la suite de la richesse. Les champs se
dépeuplèrent, la culture cessa, les pauvres citoyens de la Gaule, réduits
au désespoir par la tyrannie du fisc, se révoltèrent, au IVème
siècle, sous le nom de Bagaudes, et parcoururent le pays comme plus
tard les Jacques.
Du côté du Rhin, les barbares entamaient déjà la
frontière et les Francs Saliens s'établissaient sur les bords de la
Meuse. Enfin, une révolution religieuse achevait d'ébranler la constitution
de l'empire, le christianisme réparateur et consolateur avait tout envahi
; il avait pénétré, dès le IIème siècle, dans le midi de
la Gaule, et, au IIIème, dans les contrées du centre et du
nord. « La Gaule, déjà préparée par les doctrines druidiques, reçu
avidement le christianisme; elle sembla se reconnaitre et trouver son
bien. Nulle part il ne compta plus de martyrs. Le Grec d'Asie saint
Pothin, disciple du plus mystique des apôtres, fonda la mystique Église
de Lyon, métropole religieuse des Gaules. Mais la nouvelle croyance
se répandit plus lentement dans les campagnes. Au IVème siècle
encore, saint Martin trouvait à convertir des peuplades entières et
des temples païens à renverser. »
L'empire romain était sur le
déclin quand les barbares arrivèrent. Un torrent traversa la Gaule en
la dévastant. Quelques-uns des envahisseurs s'y fixèrent les Burgondes
entre le Rhône et les Alpes ; les Wisigoths dans la Narbonnaise et l'Aquitaine,
les Francs sur les bords de la Somme.
Tous ces peuples étaient germaniques.
Survinrent les Huns, race étrangère et formidable, également odieuse
aux Germains et aux Romains, qui se réunirent contre elle ; ces Asiatiques
furent détruits dans la plaine de Chalons, et Attila s'enfuit en 452.
Depuis ce jour, où la Gaule vit se heurter sur son territoire tous les
peuples du monde, on peut dire qu'elle devint le cœurs de l'Europe nouvelle.
La nouvelle religion irrita au plus haut point
la toute-puissance de Rome qui voyait en elle un ennemi implacable des
dieux qu’honoraient Rome. Il fallait donc éliminer les annonciateurs
de cette doctrine qui prêchaient l’amour du prochain et la paix.
Il s’ensuivit une vague de persécution et d’exécution d’un grand nombre
de chrétiens qui à partir de Rome allait se propager dans tout l’empire
Romain. Lorsque le 4 juillet 64, un terrible incendie ravagea Rome,
Néron aurait accuser les chrétiens d’être à l’origine de ce sinistre,
ceci afin de mieux faire admettre que la persécution des chrétiens était
un juste châtiment afin de les punir d’avoir voulu détruire la cité
qui, jusqu’alors était placée sous la protection de Jupiter et des nombreux
dieux qui protégeaient l’empire
La foi nouvelle se répandit rapidement
en Orient parmi les esclaves, les pauvres et les femmes, mais son expansion
fut lente d'abord en Occident.
Il y eut sans doute, dès les premiers
temps, des chrétiens isolés en Gaule, mais on ne sait rien de certain
là-dessus, jusqu'à ce que, vers l'année 160 après la naissance de Jésus-¬Christ,
arrivèrent d'Asie à Lyon deux Grecs, Pothin et Irénée, disciples de
Polycarpe, qui avait été disciple de saint Jean.
Et ils établirent
à Lyon la première église que nous connaissions dans la Gaule. La persécution
s'abattit bientôt sur eux. Les Romains et les peuples soumis aux Romains
rendaient les honneurs divins aux statues des dieux, aux statues des
empereurs, aux statues des cités, aux enseignes mêmes des légions. Les
chrétiens disaient que, chez les Romains, tout était dieu, excepté le
vrai Dieu, et qu'on ne doit s'agenouiller que devant lui et prier que
lui. Et, comme ils refusaient de participer aux cérémonies publiques
où l'on adorait les dieux de Rome, on les traita en ennemis publics,
et Pothin, leur évêque, c'est-à-dire celui qui veille sur les autres,
vieillard de quatre-¬vingt-dix ans, fut envoyé au supplice avec quarante-sept
d'entre eux (177 après Jésus¬-Christ ). Une jeune esclave, appelée Blandine,
plutôt que de renier sa foi, se laissa déchirer par les bêtes féroces
dans l’amphithéâtre de Lyon ; ce fut la première des héroïnes chrétiennes
qui succédèrent en Gaule aux anciennes héroïnes du temps des druides.
Ces amphithéâtres, dont il subsiste encore deux
magnifiques, presque intacts, à Nîmes et à Arles, et plusieurs autres,
mutilés et en ruines, en divers lieux de la France, étaient de vastes
édifices, de forme ovale à plusieurs rangs d'arcades et de gradins;
il s'asseyait là dix fois, vingt fois plus de spectateurs que dans nos
théâtres, autour d'une arène où les Romains célébraient leurs jeux cruels,
et faisaient combattre à mort des hommes les uns contre les autres ou
contre des bêtes sauvages. Ils y exposaient aussi aux bêtes les con¬damnés,
et ce fut ainsi que périrent beau¬coup de martyrs chrétiens. La persécution
s'étendit aux autres cités de la Gaule orientale, qui, à l'exemple do
Lyon, avaient commencé d'accueillir la foi chrétienne.
A Autun, Symphorien,
fils d'un des admi¬nistrateurs municipaux, fut condamné à mort pour
avoir refusé de s'agenouiller devant la statue de Cybèle, déesse de
la terre. Comme on le menait hors de la ville pour l'exécution, sa mère
lui criait du haut des murailles : « Mon fils, mon fils Symphorien,
souviens¬-toi du Dieu vivant: élève ton cœur en haut, et regarde Celui
qui règne dans le ciel! On ne t'ôte pas aujourd'hui la vie, on te la
change en une meilleure ! »
Le sang des martyrs n'étouffa pas
le chris¬tianisme dans les cités où il avait germé et fit naître de
nouveaux chrétiens dans d'autres villes. La persécution se ralentit,
mais pour se ranimer par intervalles. Après Pothin, Irénée fut le chef
de l'église de Lyon, et il fut le plus grand parmi les chrétiens de
son temps, et les églises de Rome et d'Asie reconnurent l'autorité de
sa foi et de sa doctrine.
Conformément à la volonté de la Providence
divine, cette extension est due à la fidélité et au zèle des prédicateurs
de l'Évangile, à la mort héroïque des martyrs, et à la traduction de
la Bible dans les langues connues du monde romain. Déjà l'empereur Septime
Sévère (193-211) fit atrocement souffrir les chrétiens, mais les pires
persécutions survinrent sous le règne de Dioclétien et du tétrarque
Galère entre 303 et 311. Loin d'extirper la foi chrétienne et l'Évangile,
cette persécution servit à purifier les prédicateurs et à leur ouvrir
des portes pour répandre le message de l'Évangile. De même, les premières
persécutions de Chrétiens sont apparues en Gaule, sous le règne de Marc
Aurèle, empereur romain de 161 à 180 après J. C. Les Chrétiens refusant
de participer aux cultes les dieux romains, afin que ceux-ci protègent
l’empire contre les invasions des peuples venus du Nord. Les premières
exécutions auront lieux à Lugdunum, aujourd’hui Lyon, avec en particulier
le Martyre de Sainte Blandine.
Pour clore ce chapitre citons seulement Quintus Septimius Florens Tertullianus,
dit Tertullien, né entre 150 et 160 à Carthage et décédé vers 220 à Carthage,
«Le sang des martyrs est une semence de chrétiens»
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