Ce Texte, provient du Dictionnaire géographique, historique, industriel et commercial de toutes les communes de la France (Volume I - Eusèbe Girault de Saint-Fargeau, (1799-1855), publié en 1844. Il ne figure ici qu’à titre de curiosité et fera sans doute sourire nos amis Basques et ce que je peux certifier, leur accueil est un exemple à donner à bien d'autres habitants de notre pays.
Regio Vascorum, Basclorum,
Basconia, Vascitania. Du côté de la France, le pays basque renferme
les trois petites contrées du Labour, de la basse Navarre et
de Soûle. Le Labour formait avec quelques vallées voisines l'évêché
de Bayonne. Il eut des seigneurs particuliers, sous le titre
de vicomtes, dans le XI et dans le XIIème siècle.
Réuni plus tard à la Gascogne, il entra dans le domaine de la
maison de Béarn, et fit accession à la couronne de France par
l'avènement de Henri IV. Lors de la création des départements
en1790, le Labour fut compris dans celui des Basses-Pyrénées
où il forme la majeure partie de l'arrondissement de Bayonne.
La basse Navarre, dont la capitale était St-Jean-Pied de Port,
ne formait dans l'origine qu'un canton du royaume de Navarre.
Restée seule au pouvoir des rois de Navarre de la maison d'Albret,
elle n'en conserva pas moins le titre de royaume, et les rois
de France ne dédaignèrent pas de s'intituler aussi rois de Navarre
lorsque cette petite souveraineté fut réunie sous Henri IV au
domaine de la couronne. En 1790, elle forma le district de St-Palais
puis, à l'établissement des préfectures, elle fut partagée entre
les arrondissements de Bayonne et de Mauléon.
La Soule, dont
Mauléon était la capitale, avait titre de vicomté; elle eut
des seigneurs particuliers jusque vers la fin du XIIIème
siècle, et fut réunie définitivement à la couronne en 1607.
En1790, elle forma le district de Mauléon qui devint plus
tard une sous-préfecture par l'addition d'une portion de la
basse Navarre.
Les Basques, forment une race remarquable par leur taille bien prise, leurs traits fortement caractérisés, leurs cheveux noirs, leur teint brun et coloré, leur corps droit, nerveux, leur démarche vive, hardie, leurs regards assurés, la force de leurs muscles, la souplesse et la grâce de leurs mouvements. Les Basques sont moins grands que les Béarnais mais leur corps est plus vigoureux, leurs muscles plus saillants.
Ils sont les mieux faits de taille, les plus agiles de corps,
et l'on peut dire aussi les plus spirituels et les plus adroits
des peuples des montagnes des Pyrénées. Leur agilité est passée
en proverbe. Courir, sauter, danser comme un Basque sont des
dictons français dont on reconnaît la justesse quand on a vu
le peuple auquel ils s'appliquent. Leur costume favorise encore
cette légèreté un béret bleu, une veste courte et rouge, un
gilet blanc, un mouchoir de soie négligemment noué autour du
cou, des culottes d'étoffe blanche ou de velours noir, le tout
proprement ajusté, forment leur habillement ; ils sont chaussés
de souliers, ou d’espadrilles de cordes, qui rendent le pied
sûr et léger. Enfin, une large ceinture de laine rouge ou de
soie cramoisie les enveloppe et complète le costume national.
Le costume des femmes n'est remarquable que par leur coiffure
et par un mouchoir d'un bleu foncé ou d'un blanc éclatant, qui
attaché sur le haut de la tête, flotte derrière les épaules
et donne un air piquant d'abandon aux femmes charmantes qui
les portent. Leur démarche est facile, légère, et cela indique
des formes heureuses et dans une parfaite harmonie. L'éclat
de leur coloris, la vivacité de leur regard, leur taille svelte
et bien prise, et la grâce de leurs mouvements, donnent aux
agaçantes Basquaises un charme indescriptible. Celles qui fréquentent
les marchés ont toutes les grâces de celles qui habitent les
villes; elles offrent, dans les rues de Bayonne, un contraste
parfait avec les paysannes des Landes aux maussades chapeaux
de feutre, aux têtes sans expression et sans beauté.
Les
deux sexes jouissent d'une grande liberté de commerce qui ne
tourne pas toujours au profit de la pudeur publique on voit
fréquemment au milieu de la place de St-Jean-Pied-de-Port, les
jours de marché, des jeunes gens et des jeunes filles, non-seulement
s’embrasser, mais s'abandonner à des caresses dont on aurait
honte partout ailleurs, sans que personne y fasse la moindre
attention. Les jeunes filles font choix de bonne heure d'une
étoffe de mari, et rarement trompées, elles regardent comme
très naturel de se livrer à celui qui a déterminé ce choix. C'est
un mariage anticipé qui ne leur paraît pas tirer à conséquence.
Il arrive quelquefois qu'elles vivent intimement avec celui
qui les a séduites, sans pour cela déchoir dans l'estime publique,
pourvu cependant que cet homme soit célibataire ou veuf on suppose
toujours que la fille a été séduite par une promesse de mariage
qui se réalisera un jour.
Les Basques ont tous les défauts et toutes les qualités attachés à un état social qui participe de l'état de simple nature et de l'état civilisé; ils sont fiers, impétueux et, bien différents des paysans des autres pays, ils marchent la tête haute, les épaules effacées, et s'inclinent rarement les premiers devant l'étranger qu'ils rencontrent leur salut a toujours le caractère de l'égalité. Ils sont pasteurs et guerriers, enthousiastes de la liberté, ne s'allient jamais qu'entre eux, et ne permettent aucune innovation dans leur langage ni dans leurs costumes. Braves jusqu'à la témérité, ils ont donné, dans toutes les guerres que nous avons eu à soutenir, des preuves éclatantes de leur courage. L'élévation et la fierté de leurs sentiments leur fait préférer la mort à une mendicité oisive trop fiers pour tendre la mains, ils se trouvent dans une nécessité absolue, ils se décident à voler car quelque horreur qu'ils aient pour le crime, ils partagent l'opinion des Spartiates de ne mépriser le voleur que lorsqu'il est maladroit. Ennemis de la contrainte, les Basques se roidissent contre les menaces et les peines, mais on peut beaucoup sur eux par la douceur et la persuasion. Ils sont prompts à s'enflammer et faciles à s'apaiser; ennemis implacables, vindicatifs et extrêmes dans la vengeance, amis fidèles, francs, sincères et infiniment portés à obliger.
Les Basques sont naturellement hospitaliers, ils
accueillent celui qui les visite, et leur premier soin n'est
pas de lui faire une invitation oiseuse et calculée. Ils détachent
tout de suite une table ordinairement fixée par des gonds à
la muraille de leur chambre principale, et relevée contre cette
muraille; ils la couvrent de linge blanc, et ils y déposent
les mets qu'ils ont chez eux. Refuser ce qu'ils donnent de si
bon cœur, ce serait leur faire un affront ; leur offrir une
rétribution, ce, serait les insulter. Quand un Basque se marie,
il n'entre pas dans une maison dont il épouse l'héritière et,
s'il n'est pas héritier lui-même de celle où il introduit son
épouse, chacun de ceux qui le connaissent s'empresse de lui
faire un cadeau de manière qu'il se trouve de suite meublé et
muni de tout ce qui est nécessaire à un établissement; la pierre,
le bois, la main-d'œuvre lui sont fournis pour construire sa
maison, il reçoit des bestiaux, du linge des ustensiles de ménage
;
il n'a que des terres à défricher.
Les Basques aiment les
fêtes et les jeux avec passion, la danse et le jeu de paume
sont leurs exercices favoris, et ils y excellent; ils tiennent
singulièrement aux fêtes locales, et s'y rendent de 20 à 30 kilomètres
; c'est un supplice pour eux d'en être privés. Les exercices
gymnastiques sont usités parmi eux, et entretiennent leur agilité;
ils lancent des leviers avec adresse et force ; ils s'exercent
à sauter avec de longues perches, et franchissent un espace
de huit à dix mètres.
Les Basques dédaignent la recherche
dans leurs logement est dans leur ameublement ; ils ne savent
vivre que dans les temples, dans les places publique est dans
leur famille mais leurs habitations sont d'une propreté recherchée
tout y est en ordre et à sa place ; tout y est lavé, frotté,
essuyé; tout y est brillant d'aisance et de bonheur. En général,
ces habitations sont commodément distribuées et très vastes
car les Basques tiennent beaucoup à ce que eux, les leurs et
jusqu'à leurs animaux, soient à leur aise.
La culture de
leurs champs se fait remarquer par une grande régularité dans
tous les détails les plus vastes champs sont soignés comme des
jardins et des parterres, les intervalles, les alignements,
tout semble tracé au cordeau. Suivant une ancienne tradition,
la nation basque est restée indépendante au milieu des nations
esclaves.
Les Basques n'ayant jamais été conquis, leurs personnes
et leurs biens n'ayant jamais été inféodés, toutes leurs terres
sont allodiales, leurs personnes libres; en un mot, ils sont
tous nobles par le seul fait de leur naissance, et exempts des
taxes auxquelles les biens roturiers et les roturiers étaient
soumis. Leurs prétentions à cet égard sont fondées, et ils les
ont soutenues dans tous les temps elles ont été plusieurs fois
reconnues légitimes par les rois de France.
Malgré l'identité
de caractère et de mœurs des habitants des trois peuples basques,
il existe néanmoins entre eux une antipathie plus ou moins sensible
mais, hors de chez eux, on les voit toujours se lier d'une étroite
amitié, et se soutenir mutuellement. D'autres nuances les distinguent
encore. Les Souletins sont plus rusés et plus astucieux que
les autres Basques. Les Navarrais passent pour avoir plus de
légèreté dans le caractère. Les Souletins et les Navarrais vivent
plus sobrement, et sont plus simples dans leur extérieur que
les Labourdins, ils s'adonnent plus volontiers à l'agriculture,
et nourrissent beaucoup de bestiaux. Les Labourdins sont plus
enclins au luxe que les premiers. Il y a parmi eux plus de gens
oisifs. Voisins de la mer, ils sont en grande partie classés
dès leur jeunesse pour le service de la marine ; les voyages lointains
sont l'origine d'une plus grande aisance et de leur luxe. La
langue des Basques n'a aucune analogie avec les langues des
pays circonvoisins ni, avec aucune langue connue. Un phénomène
aussi extraordinaire mais non pas unique en Europe, a exercé
la critique et l'imagination des savants, qui ont beaucoup disserté,
beaucoup écrit sur l'alphabet primitif d'un peuple qui n'a pas
d'alphabet, sur l'histoire d'une nation qui est dépourvue de
monuments historiques et chez laquelle il n'existe que des traditions
confuses.
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