François 1er perdit, en
1536, le dauphin son fils, dont le caractère magnanime lui
promettait un digne successeur. Ce jeune prince avait fait
un voyage sur le Rhône arrivé à Tournon, et s'étant échauffé
en jouant à la paume, il demanda de l'eau fraiche, que Sébastien
de Montecucculi , gentilhomme de Ferrare, son échanson,
lui présenta dans une tasse de terre rouge. Il en but avec
beaucoup d'avidité, tomba malade, et mourut au bout de quatre
jours. Cette mort prématurée pouvait être la suite d'une
pleurésie; on y chercha l'effet d'un empoisonnement.
La rumeur publique accusa de ce crime
Montecucculi comme
vendu, soit à Charles-Quint, près duquel il avait été employé
dans sa jeunesse et dont il servait la vengeance et l'ambition
soit à Catherine de Médicis, qui l'avait amené en France,
et dont il rapprochait ainsi le mari, Henri II, du trône;
soit à la reine Éléonore, dont il ménageait l'espérance
de voir les enfants qui naitraient de son lit posséder le
sceptre un jour.
L'histoire, en déplorant la mort du
dauphin, ne parait avoir adopté aucune de ces conjectures
sur cet évènement. Conduit à Lyon pour y être jugé par des
commissaires, Montecucculi fut appliqué à la question. Ses
connaissances en médecine, un traité des poisons trouvé
dans ses papiers, les aveux que lui arracha la torture ces
présomptions passèrent pour des preuves. Après une instruction
solennelle qui eut lieu en présence du roi, des princes
des cardinaux et des ambassadeurs, invités d'y assister,
l'accusé fut condamné. L’exécution de ce gentilhomme, qui
eut lieu en Roanne, est un modèle du genre en matière de
châtiment pour un crime commis contre la personne d’un prince
de sang.
D’abord trainé sur une claie depuis la prison
de la ville jusque devant l’église Saint Jean, le condamné
en chemise et pieds nus tenant dans sa main une torche allumée
doit demander pardon à Dieu, au roi et à ses juges pour
son crime. Ensuite il est trainé sur une claie de l’église
à la place Grenette, lieu de l’exécution de la sentence.
Après avoir brulé au fer rouge, les mains du condamné, il
est démembré par quatre chevaux. Les parties ainsi arrachés
sont ensuite exposées aux quatre portes de la ville de Lyon,
sa tête fixée au bout d’une pique sur l’unique pont de Lyon.
Les lyonnais se feront une joie d’arracher morceau par
morceau des lambeaux de chair du supplicié jusqu’à que l’on
se décide afin à bruler les restes. La tête du malheureux
sera lacérée, le nez coupé, la langue et les yeux arrachés,
et les enfants la défonceront à coup de pierres. Cet acharnement
à dépecer cette dépouille, accompagné de mille malédictions
envers l’assassin du dauphin fut la preuve évidente de l’attachement
du peuple envers son roi. Ces faits sont enregistrés au
grand conseil de Lyon le 7 octobre 1536.
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