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Introduction
Frontispice de l'ouvrage
Avant-propos
Frontispice de l'ouvrage
Une description complète de
toute la richesse de notre patrimoine se trouve dans les ouvrages
de MM. Charles Nodier, J. Taylor et Alphonse de Cailleux et publiés
en 1825 et ayant pour titre « Voyages pittoresques et romantiques
dans l'ancienne France ». Afin que de nombreux monuments et autres
lieux ne disparaissent à jamais sous la pioche des démolisseurs,
il m’a semblé bon de mettre au grand jour ces ouvrages qui décrivent
des monuments et autres vestiges dont notre territoire abonde et
qui pour certains ont été détruits pour faire place à autre choses.
Pas toujours avec bonheur, hélas !
Introduction
Il y a quarante
années j'ai commencé cet ouvrage, et je ne donne aujourd'hui au
public que le dix-huitième volume. Quarante ans de travaux et de
luttes pour accomplir l'œuvre qui, la première, a si puissamment
contribué à arrêter la dévastation des antiquités du moyen âge,
des antiquités nationales de la France ! Je prie Dieu avec ferveur
d'éloigner de notre belle patrie, de cette terre si riche autrefois
des plus nobles, des plus somptueux, des plus magnifiques monastères,
abbayes, cathédrales, églises et châteaux de l'Europe; de refouler
à jamais loin de nous cette puissance barbare, cette fureur de destruction,
qui a fait perdre à notre pays tant de joyaux d'art, de si splendides
et si admirables monuments ! Non-seulement ce livre a pris la défense
de chefs-d'œuvre méconnus., mais il a éclairé l'opinion publique,
éveillé l'attention des artistes et des protecteurs des beaux-arts;
il a provoqué les bienfaits du gouvernement en faveur de nos gloires
nationales. Lorsque cet ouvrage parut, la lithographie ne donnait
que des croquis, et les hommes d'étude affirmaient qu'il était impossible
de produire jamais, par cette invention nouvelle, des œuvres sérieuses.
La publication de nos premières livraisons détruisit ce préjugé,
et les lithographies terminées des Atthalin, des Villeneuve, des
Fragonard, des Haghe, des Harding, des Bonington et des Dauzats,
fondèrent ce bel art des dessins sur pierre, non-seulement en France,
mais en Angleterre et en Allemagne; reproduction du génie graphique
qui, sans nuire à l'art magistral de la gravure, concourt à nous
donner, outre de charmants paysages et de délicieux sujets de genre,
des œuvres historiques des plus grands maîtres de la France et de
toute l'Europe. Des hommes d'érudition et de grand talent créaient
en même temps une nouvelle archéologie, celle du moyen âge. Nous
ne revendiquons que le faible mérite d'avoir signalé les premiers
un champ d'étude qui devait faire éclore les admirables travaux
des Vitet, des Mérimée, des Lenormant, des Auguste le Prévost et
des Caumont. Au premier rang des architectes éminents qui ont fondé
les principes de cette merveilleuse révolution libérale dans les
arts, nous devons placer Duban, Viollet-le-Duc, Lassus, Albert Lenoir,
Questel et Danjoy. Les hommes illustres que nous venons de nommer,
de plus jeunes qui mériteraient d'être cités, voudront bien accorder
à Charles Nodier, à ses collaborateurs, au vieillard sur le bord
de la tombe qui trace ces lignes, l'honneur d'avoir dit des premiers
dans ce siècle, dans cette France, si riche d'admirables monuments
qu'on méconnaissait alors Arrêtez ces dévastations, soutenez ces
ruines ; les débris du passé glorieux de nos pères méritent votre
respect. Ce sont des trésors, l'honneur du génie des beaux-arts
de la patrie. Adieu, belle province ! Tu es fière de posséder tes
champs Catalauniques trempés du sang des soldats d'Attila vaincu
; tu dois être glorieuse de compter parmi les apôtres de la civilisation
saint Remi, qui a fait notre premier roi chrétien. Ducs d'Austrasie,
comtes de Champagne, vous avez vaillamment tenu vos épées dans ces
temps de guerres continues. L'un de vous, Thibaut, reçoit le nom
de Grand et de prince le plus puissant de son temps; Henri est surnommé
le Libéral, et Thibaut IV par ses chants honore la poésie; enfin,
une de vos filles, Jeanne, qui épouse le roi Philippe le Bel, apporte
en dot, avec les comtés de Champagne et de Brie, le royaume de
Navarre, et enrichit ainsi la couronne de France de ce que le partage
des conquêtes de Clovis entre ses enfants avait fait perdre au royaume.
Monuments merveilleux que nous allons dessiner, qui datent de la
gloire romaine à notre élégante Renaissance, vous égalez les plus
beaux de la France. Reims, qui as vu sacrer nos rois; Clairvaux,
où a vécu saint Bernard; Paraclet, qui reçus les dépouilles mortelles
d'Héloïse et d'Abélard ; Joinville, qui gardes le tombeau de l’historien
et de l'ami de saint Louis; Meaux qui illustra Bossuet; ruines (les
monastères de Saint-Rémi, de Montier-en-Der, de Hautvillers, de
Molemes, de Morimond, du Val-des-Écoliers, de Saint-Pierre, de Trois-
Fontaines, de Montier-la-Celle, de Pontigny; églises de ChâIons,
de Troyes; gracieux sanctuaire de Notre-Dame de l'Épine; vieux remparts
de Sens et de Provins; châteaux, hôtels, maisons, que le génie de
l'architecture et de la sculpture ont ornés et embellis, salut et
adieu peut-être pour la dernière fois !
Charles Nodier
Dans une série d’ouvrages trouvés dans les labyrinthes
de la BNF sur le site Gallica, je me suis arrêté sur une collection
de livres intitulés Voyages pittoresques et romantiques dans l'ancienne
France rédigés par MM. Charles Nodier, J. Taylor et Alphonse de Cailleux
et publiés en 1825. Ces livres abondamment illustrés décrivent des lieux,
des villes, des bourgs et je n’ai pas pu résister au plaisir de vous
les présenter. Les textes sont en François du XIXème siècle
et pour en faciliter la lecture je les ai réécrits dans le Français
d’aujourd’hui. J’espère que vous trouverez le même plaisir à les lire
que j’ai eu à les rédiger.
Frontispice de l'ouvrage
Frontispice
Frontispice de l'ouvrage
Le frontispice représente le type de la première
architecture chrétienne. D'abord l'on transforma quelques temples
païens en église, puis l'on bâtit des églises avec les ruines des
temples qui s'écroulaient, ou que les peuples du nord renversaient
au moment où leurs hordes couvraient le midi de l'Europe. Ces premiers
édifices furent nommés baptistaires, parce que le peuple y accourait
en foule pour y recevoir le premier sacrement du chrétien : leur
genre de construction a quelque chose de solennel, comme le siècle
qui les vit s'élever, comme ces dogmes du Christ qui devaient produire
une si grande révolution sur les mœurs et les institutions des hommes.
Les plus beaux exemples, dans notre vieille Europe, de ces monuments
qui ont vu nos premiers frères recevoir les eaux du baptême, sont
: Santa-Maria dei Pagani dans la vallée de Nocera entre Naples et
Salerne, et le baptistaire de Constantin à Rome. En France, les baptistaires
en d'Aix, et de Saint-Jean à Poitiers aucun royaume de l'Europe,
après l'Italie et Constantinople, ne possède deux édifices aussi
importants pour l'histoire de l’architecture chrétienne. Nous ignorons
si les notes que nous fîmes parvenir à l'autorité en 1819, à l'époque
où nous parcourions la France pour recueillir tous les matériaux
de notre ouvrage, ont pu préserver le baptistaire de Poitiers de
la destruction, ce qu'il y a de vrai, c'est qu'alors on bâtissait
une église d'un assez mauvais goût, et qu’il aurait fallu la dixième
partie de cette dépense pour conserver un monument unique dans le
monde civilisé. Depuis quelques années on détruit moins nous en
félicitons la sagesse du gouvernement, et nous recommandons aux
proconsuls dans les provinces, cette belle ordonnance de l'empereur
Julien qui défendait de renverser les temples de la religion détruite,
et qui assignait des destinations d'utilité publique à ceux qui
ne pouvaient être transformés en églises. Le genre d'architecture
de notre frontispice est des sixième et septième siècles, nous verrons
beaucoup d'exemples d'une architecture analogue, mais d'une époque
plus rapprochée.
Eglise Sainte-Trophime de Arles
Les colonnes de l'arc de triomphe à Besançon et
la façade de l'église de Sainte-Trophime à Arles, sont le commencement
et l'apogée en France de ce style du Bas-Empire : le dernier exemple
que nous présentons est l'un des plus beaux temples chrétiens des
premiers siècles. Les colonnes du portail principal du dôme à Pise
ont les mêmes ornements elles viennent de Byzance, sont en marbre
et aussi d’un très beau travail. Toute l'Italie est couverte de
cette architecture mâle et originale. Nous recommandons plus particulièrement
aux hommes qui voyagent dans l'intérêt des arts, Venise, Gênes,
Ravenne, Rimini, Côme, Sienne, et la petite ville de Borgo San-Donino
à quelques lieues de Plaisance. Selon la coutume des Grecs du
Bas-Empire, la sculpture du fronton représente l'Apocalypse au-dessous
est écrit : Ego sum A et £1. En France, vers le huitième et le neuvième
siècle, on trouvait plus souvent ce verset de l'écriture : Ego sum
qui est, qui erat, et qui venturus est. Sur la la corniche supportée
par les colonnes, des lions dévorent des chevaux, figure symbolique
des premiers âges les bases sont soutenues par des lions, autre
symbole de la force de la religion chrétienne souvent sur la base
on sculptait des arènes et nos premiers martyrs. Au milieu du monument
est la statue représentant la province, portant à la main droite
un glaive, emblème de son génie militaire une couronne est décernée
à ses hommes lettrés les productions de son sol sortent d'une corne
d'abondance une charrue est à ses pieds et dans le fond l'on aperçoit
la chaîne du Jura entre les colonnes et au centre du stylobate,
des médaillons et un bas-relief donnent la représentation du site
de quelques ruines, qui ne sont pas assez importantes sous le rapport
pittoresque pour être dessinées séparément, mais que dans le cours
de notre narration nous aimerons à rappeler, parce qu'à ces vieux
monuments se rattachent quelques vieilles chroniques ou des faits
honorables pour la province. Ce sont les châteaux de Tôle, de Chevroz,
de Ramel et, du Pin, les tours de Montmorot, de Roset, et les ruines
de Monnet-le-Château. La planche de détails donne deux chapiteaux
dont l'anomalie doit plaire même aux hommes les moins versés dans
l'étude et les beautés de la sculpture du moyen âge le grandiose
de la représentation du Christ et de la Vierge au milieu de ces
anges qui soutiennent le tailloir, et l'ajustement de la tête de
la divinité sur la campane, sont d'un goût et d'une élégance que
nous n'avons retrouvés que dans les ordres composites antiques.
On remarque dans l'église de Montréale, près de Palerme, quelques
chapiteaux qui proviennent sans doute d'un ancien temple, et qui
pourraient avoir servi de type à ceux que nous présentons.
Au milieu d'une médaille qui représente la mort
du brave capitaine Lacuson, et dont l'exergue porte : Dulce est pro
patria mori, un guerrier se précipite du haut d'un rocher dans un abyme.
Ce fut ainsi que se termina la vie d'un homme qui combattit pendant
sept années pour la liberté de son pays. Au-dessus de cette médaille
est attachée aux branches d'un pin du nord, emblème des montagnards,
la devise de Besançon. Les armes de Charles-Quint sont appendues à un
mélèze, et du côté opposé un arbre, dépouillé de feuilles, indique la
campagne de la conquête de 1673, qui se fit en hiver. Le double aigle
indique la diète germanique. Au-dessous le génie de la province est
entouré des trophées des principales villes de la Franche-Comté-Besançon,
Dôle, Lons-le-Saulnier, Vesoul, et Gray. Nous devons l'élégance qui
se fait remarquer dans l'ajustement de ce dessin à M. Charles Percier,
qui a bien voulu se distraire un moment de ses admirables travaux pour
nous aider à élever le monument que nous avons consacré à la patrie.