J'ai eu la chance de trouver dernièrement
un vieux grimoire datant de la fin du 19ème siècle
rédigé par un certain Paul Strauss, Conseiller Municipal de
la Ville de Paris. Cet ouvrage intitulé «Paris ignoré »; nous
décrit les différents services publics de la Ville de Paris.
Afin de vous faire partager le charme désuet de cette vision
parisienne, j'en ai extrait quelques gravures et certains textes.
Cet ouvrage ne comporte aucune photographie, uniquement des
dessins et des gravures. Cet ouvrage, est malheureusement en
fort mauvais état.
(Cliquez sur la gravure pour l'agrandir
!).
Note : D'autres rubriques sont actuellement en
cours de frappe et viendront compléter ces notes !
Aux entrées de chaque ville de France, il était perçu une taxe sur toutes les denrées et produits qui pénétraient dans la ville et pour percevoir cet impôt il existait des barrières où des fonctionnaires encaissaient cette dîme. On peut découvrir, en parcourant une grande cité, des constructions portant au fronton « Octroi ». Paris n'échappait pas à cette règle et chaque porte de Paris comportait son bureau d'Octroi. Un certain Mercier auteur d'un ouvrage portant le titre de Tableau de Paris a écrit sur ces fameuses bâtisses :« Elles sont communément de sapins, rarement de fer, mais elles pourraient être d'or massif, si ce qu'elles rapportent avait été employé à les faire de ce métal ». Les soixante neuf ouvertures terrestres et fluviales de la ville de Paris qui prélèvent la dîme municipale ne rapportent pas moins de cent quarante neuf millions de francs à la ville, sur lesquels l'Etat en récupère soixante douze millions. Vers la fin du règne de Louis XVI, les Fermiers Généraux avaient obtenu qu'une muraille, suivant la ligne des barrières, ceinture la ville de Paris afin de mieux contrôler l'entrée des denrées pénétrant dans la ville. Cette muraille souleva les plus ardentes récriminations et l'on pu dire : le mur murant Paris rend Paris murmurant. Le 14 juillet 1789, après avoir pris La Bastille, les Parisiens s'empressèrent de mettre bas les grilles et de brûler les bureaux de la Ferme Générale. Le 1er Mai 1791, un décret supprimant les droits d'entrées sur le vin, la viande et toutes les denrées fut promulgué par l'Assemblée, et à minuit sonnant, au son du canon, toutes les portes de Paris s'ouvrirent faisant déferler sur la capitale la cargaison de plusieurs centaines de voitures et de bateaux qui attendaient depuis déjà plusieurs semaines le bienheureux signal de l'entrée gratuite. Commandée par La Fayette la garde nationale, musique en tête, fit le tour des barrières au milieu de l'allégresse générale. Neuf ans plus tard, l'argent faisant cruellement défaut à certaines grandes villes, et notamment à Paris, la taxe sur les produits importés dans les villes, fut instaurée et donnèrent naissance à l'Octroi. Pendant les toutes premières années, la surveillance étant de nuit, passablement relâchée, on découvrait le spectacle d'échelles et autres tunnels creusés pour faire pénétrer en fraude les denrées soumises à la taxe, et certains fonctionnaires se firent rouées de coup pour avoir été un peu trop curieux. L'Octroi fût définitivement supprimé dans les années 1950.
La Villette est le marché aux bestiaux et c'est là que les limousins, les charolais et autres bœufs viennent séjourner provisoirement avant d'être abattus pour finir sur l'étal des bouchers. Mais le ventre de Paris se trouve aux halles et bien que les bâtiments ne soient pas encore achevés (nous sommes en 1990) les halles sont le lieu de transit de toutes les denrées alimentaires qui arrivent de provinces pour se retrouver sur la table de la ménagère. Les Halles, avec ses forts qui transportent, chargeant ou déchargeant les marchandises, avec ses crieurs qui vendent poissons, viandes, fruits et légumes et pas question de trouver des tomates en décembre ! Et puis n'oublions pas les marchés, le marché aux fleurs de la place Voltaire, de la Cité, ou sur les trottoirs du quai aux fleurs du pont Notre Dame au quai de Gesvres. Le marché aux oiseaux est situé quai de la Mégisserie. A Paris tout se vend et tout s'achète, les bouts de cigares, les chiens, les chats et même les rats qui servent à dresser les chiens ratiers ! Le Vieux Temple et son célèbre carreau avec ses râleuses chargées de racoler le chaland, ses vendeurs de fringues usagées, de fripes et autres défroques et puis on y vend aussi des étoffes de prix que la couturière prendra plaisir à transformer en une splendide robe pour y loger son panier.
Installé le long de la Seine, à deux
pas de Notre Dame, sur l’Ile de la Cité, le marché aux fleurs
étale ses pétales, ses parfums et autres plantes et c’est
le lieu où les parisiennes viennent faire provision de fleurs
pour aiguayer leur demeure.
En 1793, c’est sur ce marché
que chaque jour la citoyenne Richard, concierge de la Conciergerie,
venait chaque matin acheter, pour la reine captive, des
œillets, des tubéreuses et surtout des juliennes. Les Fleurs
furent la dernière joie de Marie-Antoinette en ce sombre
cachot qu’elle ne quitta que pour monter dans la charrette
du bourreau.
Le marché du boulevard de l'Hôpital est le siège d'un concours annuel pour les chevaux de trait, au mois de mai de chaque année. C'est également dans son enceinte que le lundi, le mardi, le jeudi et le vendredi se réunit la commission d'examen des cochers. Au cours de l'année 1891, cette commission a examiné 1841 candidats et elle a délivré 1264 diplômes de baccalauréat ès fouet et de licence ès rues. Le vin est de tout temps la boisson la plus prisée des français et comme, il se doit, les parisiens n'échappent pas à cette règle. Nous en produisons une énorme quantité puisque chaque année le vignoble français produit environs 68 millions d'hectolitres de vin. Mais avant de le boire, il faut le stocker et sur les berges de la Seine, précisément sur le quai Saint Bernard est installée la Halle au Vin à l'emplacement de l'Abbaye Saint Victor. C'est là que les négociants viennent s'approvisionner en vin provenant des différents terroirs et opèrent le coupage et autre mélange. Ces gros rouges (qui tachent) seront ensuite engloutis dans le gosier des guincheurs dans les guinguettes, dans l'estomac des piliers de bars et autres débits de boissons et également vendus à la tireuse dans les épiceries. Les quais de Bercy abritent le tout nouvel entrepôt des vins et c'est là que sont livrés les grands crus de bourgogne et de beaujolais. Tous les vins qui arrivent dans la capitale voyagent par bateaux !.
Paris a encore ses pavés, beaucoup sont en pierre mais depuis 1881 le pavage en bois prend la relève et on dénombre 500 000 mètres carrés de rues pavées en bois. Un nouveau revêtement des voies apparaît avec l'asphalte. Les chaussées asphaltées se font uniformément avec une fondation en béton de ciment de Portland sur laquelle on comprime à chaud, à l'aide de pilons en fer ou de rouleau en fonte une couche d'asphalte, celle-ci qui contient une proportion de bitume de 7 à 8 pour cent provient de mélange des roches de Seyssel (Ain), du Val de Travers (Suisse) ou de Dagora (Sicile).
La rue de la Cité est certainement la voie la plus ancienne de Paris, On y circulait déjà, en l’an 360, sous le règne de l’empereur Julien dans la grande voie romaine qui allait de Senlis à Orléans, laquelle traversait Lutèce en ligne droite. Son trajet couvrirait aujourd’hui la rue du faubourg Saint-Martin, le le pont Notre-Dame, le Petit Pont et le faubourg Saint-Jacques et reliait La Gaule à Rome.
Le Grand Dépôt de Grenelle sert à la fois d'hostellerie pour les pavés neufs et d'hôpital pour les pavés anciens. Il abrite également le dépôt pour les machines à vapeur, ainsi que l'usine à balais, là où sont fabriqués les balais à rouleau pour les balayeuses. Pour prendre soin des fleurs, la ville dispose de tonneaux d'arrosement. Evidement la ville dispose de ses propres ateliers, écuries, voitures, c'est là que l'on ferre les roues des omnibus, les chevaux ont leur maréchal ferrant, leurs écuries, leurs palefreniers, leur vétérinaire. Les fleurs et plantes vertes qui décorent Paris ont leur serre à la Muette ainsi que les jeunes arbres qui orneront les boulevards et les quais de la ville. Le jardin fleuriste est en pleine essor en 1855 il n'avait produit que 600 plantes alors qu'aujourd'hui il fournit plus de trois millions de plantes qui reviennent chacune à 13 centimes tandis que leur valeur marchande dépasse les 50 centimes.
Les égouts Après deux mille ans, les
modernes en sont revenus à la tradition romaine sur le rôle
et sur l'importance des cloaques; l'hygiène a remis à la mode
le Dieu Sterculinus, la gracieuse Déesse Cloacine, l'aimable
Mephitis. Des siècles de barbarie et d'indifférence avaient
fait perdre jusqu'au souvenir de cette religion édilitaire,
les anciens prévôts des marchands, Michel Turgot, le père du
ministre célèbre, François Miron et Jules Aubriot ont restauré
le culte des rues propres et des maisons salubres. Au XIVème
siècle la voirie de Paris était pitoyable; la moindre averse
inondait les maisons, la chaussée était encombrée de détritus,
d'infects ruisseaux compromettaient la santé publique. Le premier
égout voûté a été construit sous Charles VI, dans la rue Montmartre,
par Hugues Aubriot, prévôt des marchands; en 1605. Les rues
étaient défoncées au centre et un véritable ruisseau s'écoulait
transportant déchets ménagers, excréments et autres détritus
vers les fossés de la Bastille et autres lieux laissant planer
sur la capitale une odeur très particulière qui n'avait absolument
rien à voir avec l'agréable senteur d'une rose. En ce Paris
du XIXème siècle d'importants progrès ont été réalisés et l'on
compte aujourd'hui près de 875 Km d'égouts.
Pour les amoureux
d'odeurs particuliaires, une société propose aux parisiens une
visites en bateau des égouts parisiens
Dès 1879, le réseau téléphonique de Paris
commençait à fonctionner, non sans difficulté il est vrai, plusieurs
sociétés se partageaient l'exploitation de ce réseau : la société
Edison, la société Gower, la société Goulevin et Compagnie.
L'année suivante ces exploitations rivales se confondirent en
une seule qui prit le nom de Société Générale des Téléphones.
les fils téléphoniques parcouraient dès lors 440 kilomètres.
La Société Générale des Téléphones a exploité le réseau parisien
ainsi que plusieurs réseaux de province, jusqu'au 1er septembre
1889, date de rachat et de la prise de possession par l'Etat;
c'est elle qui a créé le réseau parisien tel qu'il existe aujourd'hui
avec sa division en douze bureaux centraux. Si à l'origine les
câbles téléphoniques voyageaient dans Paris de maison en maison
par voie des airs, ils furent vite invités à à s'enfuir dans
les égouts pour éviter de transformer la capitale en une gigantesque
harpe éolienne.
Les câbles débouchent dans le standard téléphonique
et chaque téléphoniste a dans son tableau vingt cinq abonnés.
Et les conversations n'échappent pas aux oreilles subtiles des
jeunes filles curieuses. Ainsi elles doivent être d'une discrétion
absolue. Mais, ceci n'empêche pas les petites vengeances lorsque
ces demoiselles sont victimes des rebuffades de certains usagers.
Ainsi une jeune artiste du Théâtre des Folies Amoureuses; Mademoiselle
Trois Etoiles, abonnée au téléphone ne ménage pas les épithètes
malsonnantes et les dures remontrances à l'employée qui fait
son service; elle a même cherché à attirer sur cette faible
tête les foudres vengeresses de l'administration supérieure.
La jeune téléphoniste, assez irritée, considérait la jolie abonnée
comme son ennemie.
Or, il arriva qu'un jour Melle Trois Etoiles
demanda une communication avec la maison X..., une des premières
de la place de Paris; une fois la communication établie, la
conversation suivante s'engage : Voix d'homme : Ma chère amie,
j'arrive de Rouen, l'affaire réussira, je pense être de retour
demain matin.
Voix de femme : Très bien, mon ami, je t'attends.
Cette conversation ne laissait aucun doute sur l'intimité du
chef de la maison X.... avec sa jeune correspondante.
Deux
jours après, Melle Trois Etoiles appelle au téléphone et demande
la communication avec Madame X...., en ajoutant qu'il était
absolument inutile de lui dire avec qui elle allait être mise
en correspondance téléphonique.
La Vindicative téléphoniste
ne répondit pas et annonça ainsi la communication : la téléphoniste
: Je vous mets en communication avec Melle Trois Etoiles, rue
de l'Europe. Madame X.. croyant avoir mal compris : Vous dites
Melle Trois Etoiles mais je ne connais pas cette personne, vous
devez vous tromper. Non Madame, c'est bien de chez elle qu'on
demande à vous parler. Et bien mettez nous en communication,
je vais voir ce qu'elle me veut. Immédiatement une voix d'homme
: Ma chère amie, j'arrive à Rouen et j'espère cette fois conclure
définitivement. Madame X... stupéfaite d'entendre la voix de
son mari, sait désormais à quoi s'en tenir sur les voyages à
Rouen.
La paix du ménage était troublée, la téléphoniste
s'était cruellement vengée.
Autre moyen de communication, destiné
surtout au transport de missives et de documents, le réseau
pneumatique où les documents circulent dans une boite en fer
blanc, elle même placée dans un petit étuis en cuir fort.
Une partie des boites est pourvue d'un collecteur obturateur
en cuir serrée sur le fond par un écrou; cette série de boites
porte le nom de piston. Un piston seul ou une boite et un piston
forment un train.
Les trains circulent dans les réseaux sous
l'action du vide et de la pression.; sept ateliers de force
répartis dans les différents quartiers et communiquant avec
les réseaux par des canalisations spéciales introduisent l'air
comprimé dans les tubes.
N'oublions pas la poste qui délivre
le courrier avec ses facteurs, sa sacoche, ses tilburys et ses
omnibus.
Jusqu'en 1789, des crieurs jurés parcouraient la ville, vêtus d'une dalmatique blanche parsemée de larmes noires et de têtes de morts; ils étaient chargés de crier les «;choses étranges » qui se trouvaient égarées, comme enfants, mules, chevaux et autres; ils annonçaient le vin à vendre, et ils portaient, dans ces circonstances, un hanap doré. Ils avaient le monopole des annonces sur la voie publique, et leur fonction principale était la publicité des décès; au milieu de la nuit, ils ne craignaient pas d'agiter leur sonnette, en jetant dans les airs la triste nouvelle :
Cette confrérie riche et puissante fournissait les accessoires funéraires, et même les pleureuses; ils précédaient le convoi funéraire en habit de deuil faisant tinter leur clochette et tirant des sons lugubres de curieux instruments faisant un tel tintamarre qui réveillait les morts et faisait mourir de frayeur les vivants.L’ordonnateur des pompes funèbres est un fonctionnaire municipal qui a en charge le bon déroulement des obsèques et c’est lui qui représente l’autorité publique. Il accompagne le défunt de son domicile au lieu de l’enterrement sans quitter des yeux le convoie funèbre. L’écharpe rouge et bleu, les insignes brodées au collet de l’habit, la cocarde au deux couleurs ne laissent aucun doute sur le caractère officiel de sa charge. Il tient en main le long bâton d’ébène en signe d’autorité. Il est comme l’héritier direct des anciens crieurs jurés de corps et de vin des siècles passés. Déjà à l’époque le marché de la mort se porte bien, et nombre de personnes sont là pour exploiter cette manne funéraire. Des racoleurs sont même employés pour savoir qui est sur le point de trépasser. Ainsi monsieur X, un grand homme du monde, fut dans l’obligation de laisser sa femme, sérieusement malade, à Cannes. Un jour un visiteur se présente au domicile parisien de Monsieur X et insiste pour être reçu. A peine arrivé devant monsieur X il lui dit: - Monsieur, je me permets de me présente à vous pour vous proposer mes service en ses pénibles circonstances. Monsieur X, un peut estomaquer par cette entrée en matière lui rétorque: - Quelle offres et quels services venez me proposé et pourquoi ces pénibles circonstances? - Pardon d’insister, mais vous êtes bien Monsieur X, dont l’épouse est actuellement à Cannes. - Bien sur, mais que voulez vous me proposer? - Vous ignorez donc que votre épouse est décédée cette nuit. C’est ainsi que le malheureux veuf apprit une demi-heure avant les services officiels que sa chère épouse venait de passée de vie à trépas. Un service d’information très organisé avait eu connaissance de la nouvelle bien avant que le malheureux en soit informé. Le service des pompes funèbres est très bien organisé avec ses chevaux, ces palefreniers, voitures et cochers, et aussi ses accessoires et ses fonctionnaires zélés qui ont en charges les nombreux défunts de Paris. Pendant des siècles on enterra partout à Paris. Des enclos funéraires entouraient tous les édifices religieux de Paris. Outre les 15 cimetières publics existants on dénombrait 4 abbayes et 42 couvents d’hommes, 8 abbayes et 44 couvents de filles, 15 communautés, 50 paroisses, 10 églises, 80 chapelles et 20 chapitres qui refermaient presque tous des sépultures. De tous ces vieux cimetières intérieurs, Saint Nicolas, Saint Paul, Saint Séverin, Saint Jean, Saint Joseph, de la Trinité, Saint Médard, le plus tristement célèbre est celui des Innocents situé sur l’emplacement du square actuel. Il tire son nom des jeunes enfants que l’on enterrait en ce lieu. Les premiers crématoriums entre en services et si en 1889, le nombre d'incinération, à la demande des familles a été de 49, en 1990 il est passé au chiffres surréaliste de 121, sans compter les 2 188 bières contenant les débris des hôpitaux.
Cet établissement, destiné à l'exposition des cadavres trouvés dans la Seine ou sur la voie publique, et qui n'ont pas été reconnus, était avant 1863 à l'extrémité du pont Saint-Michel, sur la rive droite du petit bras de la Seine ; il s'élève aujourd'hui à l'extrémité orientale de la Cité, près du pont Saint-Louis. Les cadavres y restent exposés pendant trois jours, à moins qu'ils ne soient réclamés dans un délai moindre. En 1877, il a été déposé à la Morgue 630 corps ou portions de corps ceux-ci reposent sur des dalles de marbre continuellement rafraîchies par de l'eau courante.
De nos jours, la mortalité moyenne à
Paris oscille entre 1100 et 1 200 décès par mois en temps ordinaire,
environ 39 par jour. Il est impossible, ici comme à la Chine,
de conserver les ancêtres dans le vestibule de nos étroites
habitations de là, nécessité de vastes champs où s'entassent
les générations successives. Mais, avant de montrer comment
Paris s'enterre, nous allons dire en peu de mots comment il
s'enterrait autrefois.
D'abord on enterra un peu partout;
puis chaque église eut son cimetière, et Paris posséda autant
de cimetières que d'églises. Le plus célèbre fut le cimetière
des Saints-Innocents. À la fin du VIIIème siècle,
on enterra dans un emplacement qui est devenu la place des Victoires
et qui se nommait alors les Champeaux. Les morts augmentant
plus que les vivants, le cimetière des Champeaux gagna du terrain
les rues Coq-Héron, Coquillière et presque tout le quartier
des Halles furent couverts de tombes placées sans ordre et sans
méthode.
À la fin du XIIème siècle, « on construisit,
dit M. Léon Vafflard, tout autour de la clôture du cimetière
des Saints- Innocents, une galerie voûtée appelée Charniers.
C'était là qu'on enterrait ceux à qui la fortune permettait
de se séparer du commun des mortels. Cette galerie sombre, humide,
servait de passage aux piétons ; elle était pavée de tombeaux
et tapissée de monuments funèbres. Plus tard s'y installèrent
des boutiques de modes, de lingerie, de mercerie et des bureaux
d'écrivains publics. » En 1786, Paris éprouva le besoin de se
débarrasser de cette immense pourriture, que les générations
de dix siècles avaient accumulée dans son sein et qui avait
exhaussé le sol primitif de plus d'un mètre.
Il y avait
longtemps que les habitants souffraient et se plaignaient des
exhalaisons mortelles qui engendraient les plus grands maux;
il fallut l'effondrement d'une immense fosse qui ébranla tout
le quartier de la Lingerie pour ouvrir les yeux aux gouvernants.
Enfin, en cette même année, l'archevêque de Paris ordonna la
suppression de cette immense nécropole, où les barons de Charlemagne
dormaient à côté des coureurs de ruelles et des brelandiers.
Les débris humains du gigantesque charnier furent enlevés et
transportés dans les anciennes carrières, à Montrouge, où ils
formèrent une ville souterraine appelée les Catacombes. En 1790,
l'Assemblée constituante défendit d'enterrer les morts dans
les églises, les chapelles et les hospices. Mais ce ne fut qu'en
l804 qu'un décret ordonna la création de quatre cimetières établis
hors de l'enceinte de Paris un au nord, un au sud, l'autre à
l'est, le quatrième à l'ouest. Il n'a été établi que trois de
ces cimetières, qui sont Le Père-Lachaise(Est), Montparnasse
(Sud), Montmartre (Nord).
Elle a lieu du 1er mai au
31 octobre 1878 sur le Champ de Mars et sera inauguré en grande
pompe par Le Maréchal Président Mac Mahon. Pas moins de 19 mois
ont été nécessaire pour préparer cette grandiose manifestation
qui couvre 75 hectares entre le Champ de Mars et la butte Chaillot.
cliquez ci pour découvrir un diaporama de cette exposition
Paris a très souvent été le théâtre de
grandes expositions, l’Exposition Universelle, 1867, qui fut
un triophe, celle de 1878 de grande mémoire, où fut présenté
la tête de la statue de la Liberté et celle de 1889 qui vit
la construction de la Tour Eiffel. En 1937, aux pieds de la
tour Eiffel, Paris organise une grande exposition internationale
à laquelle participe nombre de nations et également toutes les
provinces françaises et bien sur le Sud-ouest.
En juillet
1937, le journal Sud Ouest Economique publie une brochure consacré
à cette manifestation et je me suis permis d’en extraire quelques
gravures et photographies que je vous livre uniquement pour
le plaisir.
Inauguré par le Président de la République Albert
Lebrun, qui dans sa déclaration nous dit, citant un grand poète:
« Une exposition internationale est la signature des peuples
mis au bas d’un acte de fraternité, c’est la charte des industries
s’associant aux arts, des sciences encourageant les découvertes,
du progrès multipliant le bien-être, de l’idéal s’accouplant
avec le réel, c’est la communication des nations dans l’harmonie
qui sort du travail ». Et de conclure : «Puisse le grand
rassemblement de cette année enseigner une fois de plus aux
hommes qu’il n’est pour le monde de dignité de vie que dans
une compréhension mutuelle des besoins, des aspirations, du
génie de chaque peuple ; de prospérité que dans un échange toujours
plus intense des produits et des idées; de bonheur que dans
une saine pratique de concorde et de paix internationale.
»
Nous sommes en juillet 1937, un certain Hitler veille
aux destinées de l’Allemagne. Deux ans plus tard il engloutira
l’Europe et le Monde dans un gigantesque carnage qui fera plus
de trente six millions de morts et laissera derrière lui un
univers de ruines.
. Le 1er juillet 1810 a lieu
l'incendie de l'ambassade d'Autriche à Paris, lors de la fête
organisée par le prince de Schwarzenberg ambassadeur d'Autriche
en France, pour célébrer le mariage entre Napoléon et l'impératrice
Marie-Louise Cet incendie au cours duquel Pauline d'Arenberg,
belle-sœur du prince, perdit la vie provoqua la mort d'au moins
90 personnes.
A la suite de cet incendie meurtier, l'empereur
Napoléon 1er réorganisera complètement l'organisation
des Sapeurs Pompiers de Paris.
Le corps des gardes-pompes
sera dissous et remplacé le 10 juillet 1811 par un corps militaire
de sapeurs du génie de la Garde impériale chargé d'assurer la
sécurité incendie des palais impériaux. Cette compagnie est
le premier corps militaire de sapeurs-pompiers de l'Histoire.
Le 18 septembre suivant, Napoléon réforme complètement ce corps
en créant le bataillon des sapeurs-pompiers de Paris, corps
strictement militaire, sous les ordres du préfet de police ),
et composé de quatre compagnies de cent quarante-deux hommes.
Sa mission est de stopper, mais également de prévenir les incendies
dans la capitale. L'appellation de « sapeurs-pompiers » dérive
de la filiation avec les sapeurs de la Garde impériale Cette
dénomination rencontre une franche hostilité de la part des
officiers supérieurs du génie car ces sapeurs n'appartiennent
pas, disent-ils, au génie et « ne savent rien de l'art de la
sape des sièges ».
Le 25 mai 1887 à 21 heures, un incendie se déclare au dessus de la scène de l'Opéra Comique pendant la représentation du premier acte de Mignon. Cet incendie, provoqué par une défectuosité de l'éclairage au gaz de la herse située au-dessus de la scène, coûte la vie à quatre-vingt-quatre personnes, dont quatre danseurs, deux choristes, quatre habilleuses, quatre ouvreuses, et met au chômage tout le personnel.
La gravure est la reproduction d'une affiche réalisée pour faire appel à la générosité en faveur des victimes de l'incendie de l'Opéra Comique
Le 3 mai 1897 Vers 16 h 30 un incendie
provoqué par la lampe de projection du cinématographe détruit
totalement le Bazar de la Charité et provoque la mort de plus
de 120 personnes.
La lampe de projection du cinématographe
a épuisé sa réserve d'éther et il faut à nouveau la remplir.
Monsieur Bellac le projectionniste, demande à son assistant
Grégoire Bagrachow, d'allumer une allumette mais l’appareil
est mal isolé et les vapeurs d'éther s’enflamment. Quelques
instants après, alors que les organisateurs - parmi lesquels
figurent le duc d'Alençon - ont été informés de l'accident et
commençaient déjà à faire évacuer, dans le calme, les centaines
de personnes présentes dans le hangar, un rideau prend feu,
enflamme les boiseries puis se propage au vélum goudronné qui
sert de plafond au Bazar.
Un témoin dira : « Comme une véritable
traînée de poudre dans un rugissement affolant, le feu embrasait
le décor, courait le long des boiseries, dévorant sur son passage
ce fouillis gracieux et fragile de tentures, de rubans et de
dentelles. »
Au grondement de l'incendie répondent
les cris de panique des 1 200 invités qui tentent de s'enfuir
en perdant leur sang-froid. Certaines personnes tombent et ne
peuvent se relever, piétinées par la foule des fuyards, pris
de panique. La duchesse d'Alençon dira à la jeune comtesse Mathilde
d'Andlau : « Partez vite. Ne vous occupez pas de moi. Je partirai
la dernière. » À l'extérieur les pompiers arrivent sur les lieux
cependant que des grappes humaines surgissent du bazar, transformé
en brasier. Quelques-uns des visiteurs tentent de se sauver
par la cour intérieure : ils seront sauvés grâce à l’intervention
des cuisiniers de l’Hôtel du Palais, MM. Gomery et Edouard Vaudier,
qui descellèrent trois barreaux des fenêtres des cuisines pour
les aider à s’extirper de la fournaise.
Un quart d’heure
à peine après le début de l’incendie, tout est consumé : le
hangar n’offre plus l’aspect que d’un amoncellement de poutres
de bois calcinées, mêlées de cadavres atrocement mutilés et
carbonisés.
Parmis les victimes dénombrées, il ne figure
que huit hommes, comme quoi, l'homme est plus rapide à sauver
sa carcasse, que des venir en aide à son prochain même si celui-ci
est un être qui lui est cher. Déjà, les revues féministes de
l'époque avaient fustigé ce comportement de lacheté.
Alors que la deuxième ligne (Dauphine-Nation)
vient juste d'ouvrir, un incendie se déclare le 10 août 1903
à cause d'un court-circuit sur une rame à la station Barbès.
La rame est évacuée et l'incendie maitrisé. Afin de ne pas bloquer
le réseau, la rame est poussée vide vers Nation par la rame
qui arrivait derrière (préalablement évacuée). Mais à la station
Ménilmontant, le feu reprend sans qu'on puisse l'éteindre. Au
même instant, la rame suivante, qui avait ramassé les quelque
300 voyageurs des deux rames évacuées arrive à la station précédant
Ménilmontant : la station Couronnes. Mais averti de la reprise
de l'incendie, le chauffeur ne redémarre pas et prie les gens
de descendre afin d'évacuer la station par l'escalier. Les gens
commencent à en gravir les marches lorsqu'une personne demande
qui va rembourser les billets. Trouvant cela légitime, les autres
voyageurs se rassemblent et interrogent le conducteur qui ne
sait pas. La foule s'énerve et proteste.
Cependant, la fumée
de l'incendie (la fumée uniquement, le feu étant resté circonscrit
à la rame de métro), qui a envahi la station Ménilmontant évacuée,
se propage dans le tunnel pour jaillir soudainement dans la
station Couronnes, côté tête du train où se trouvent les protestataires.
Aveuglé, par réflexe, le groupe fuit la fumée vers l'autre extrémité
du quai, malheureusement sans issue. Quelques heures plus tard,
les pompiers compteront 84 corps, entassés les uns sur les autres.
Le 22 octobre 1895, le train N° 56, de la Compagnie des chemins de fer de l'Ouest, assurant la liaison Granville - Paris, amène à Montparnasse ses 131 passagers; la locomotive N° 721 de type 120 est conduite par Guillaume Marie Pellerin un mécanicien travaillant depuis plus de 19 ans dans cette même compagnie. Voulant combler le retard de 9 mn accumulé pendant le trajet, le mécanicien souhaite néanmoins respecter son horaire en arrivant à l'heure prévue en gare. Le mécanicien n'ayant pas actionné son frein assez tôt, la locomotive après avoir démolie les butoirs, enjambée et traversée les quais et la grande halle de la gare, passe à travers une verrière et atterrit dans la rue de Renne 10 mètres plus bas sur une station de tramway. Madame Marie-Augustine Aguilard tenancière d'un kiosque à journaux situé rue de Renne, qui se jour là, remplaçait son mari fut tuée sur le coup, non pas par la locomotive qui passa au dessus d'elle; mais par un morceau du mur arraché par la locomotive. C'est accident fit un mort et six blessés grave: deux voyageurs, deux employés des chemins de fer et un pompier et une passante dans la rue de Renne qui fut blessée par des gravats. La locomotive resta plus de quatre jours dans sa fâcheuse position avant de pouvoir être enlevée. Cet évènement provoqua un afflux de badauds voulant découvrir ce curieux spectacle.
A l’origine de ce qui restera comme une
« semaine terrible », des conditions météorologiques exécrables.
A un été 1909 particulièrement pluvieux, a succédé un hiver
marqué par des pluies et des chutes de neige importantes qui
saturent les terres et font monter le niveau de la Seine. A
quoi vont s’ajouter de nouvelles pluies torrentielles sur toute
l’Europe à partir du 18 janvier qui déclenchent des crues du
fleuve et de ses affluents, touchant la région parisienne, puis
la capitale où le niveau de la Seine atteindra le 28 janvier
8,50m
Car l’ampleur de l’inondation de 1910 résulte à la
fois des conditions météorologiques et géologiques et du contexte
urbanistique de la capitale.
« L’eau s’est engouffrée par le réseau moderne des égouts et
par les tunnels du métro en construction, en particulier la
ligne nord-sud, et a suivi un ancien bras souterrain de la Seine
qui remontait jusqu’à la gare Saint-Lazare », Quant aux gares
riveraines d’Orsay et des Invalides, elles ont été entièrement
inondées : « L’eau est montée très haut dans la gare d’Orsay,
au point qu’une locomotive et ses wagons ont été complètement
engloutis ! ». La « ville lumière » va être non seulement inondée,
mais plongée dans l’obscurité et paralysée. « L’électricité,
l’eau potable, l’évacuation des ordures, tout ce que Paris avait
conquis a été touché. Les transports ont été les premiers désorganisés,
alors que Paris était une des villes les mieux dotées au monde
dans ce domaine, avec cinq lignes de métro et quatre en construction,
un réseau ferroviaire reliant toute la province ».
Le transport
fluvial des voyageurs, alors très actif, est lui aussi interrompu.
Des péniches et bateaux ont été coincés entre deux ponts pendant
plus d’un mois. Tandis que l’eau s’étendait sur douze arrondissements,
faisant de Paris une sorte de Venise. Les photos prisent à l'époque
sont éloquentes : chaussée défoncée, sol littéralement effondré,
comme sur le boulevard Haussmann ou la rue Saint honoré, le
boulevard Saint-Germain devenu un canal, dans le quartier de
la gare de Lyon, également très touché, on peut voir la rue
de Lyon et le boulevard Diderot entièrement recouverts d’eau
La Foire Saint-Germain, lieu où l’on
pouvait voir divers spectacles de rue, danseurs, marionnettistes,
des « singularités de diverses sortes », mais aussi quelques
marchands merciers, de dragées ou de poupées a pris feu en plein
Paris, la nuit du 16 au 17 mars 1762.
Voici, présenté ci-dessous,
une la description de ce drame trouvé dans un journal de l’époque
.
« La nuit du 16 au 17 de ce mois (mars), le feu prit en
cette Capitale à la Foire Saint-Germain. Un vent de nord, qui
soufflait avec une extrême violence, fit faire en peu de temps
un si grand progrès aux flammes, qu’en moins de cinq heures,
toutes les boutiques et loges de la foire qui n’étaient construites
que de bois, furent totalement consumées. Les maisons voisines
opposées à la direction du vent, auraient couru un grand risque
si l’activité des Gardes Françaises ne les eut garanties ; cependant
l’église de Saint-Sulpice a été un peu endommagée : le feu avait
gagné deux poutres de la Chapelle de la Vierge ; et quelques
plombs de couverture ont été fondus. Un seul charpentier a eu
le malheur de périr dans les flammes : il y a eu trois autres
ouvriers blessés, et deux ne l’ont été que légèrement.
Le
Premier Président de Police et plusieurs des Principaux Magistrats,
se sont transportés au lieu de l’incendie : par leurs soins
et par la sagette des ordres qu’ils ont donnés ; on n’a perdu
que plus que la dixième partie des marchandises, qui, sans les
précautions dont on a usé, auraient pu être exposées au pillage.
»
La bonté a ses limites
Les magistrats, qui « par la
sagesse des ordres qu’ils ont donnés », ont permis aux maisons
voisines d’accueillir les divers meubles et objets sauvés des
flammes. Toutefois, pour éviter quelques disparitions malencontreuses,
l’ordonnance suivante a été émise 3 jours plus tard, intimant
les propriétaires temporaires de rendre les biens :
Ordonnance
de Police
Gendarme du Roi au XVIIIème siècle qui enjoint
aux particuliers chez lesquels il a été déposé des Meubles et
Effets provenant des magasins et boutiques de l’enclos de la
Foire Saint-Germain, ou des Maisons voisines, lors de l’incendie
du dix-sept de ce mois, de les rapporter dans huitaine du jour
de la publication de la présente Ordonnance, au Couvent des
Petits-Augustins, pour y être déposés dans telle salle qui sera
indiquée par le portier de la maison.
Du vingt mars mil
sept cent soixante deux, Sur ce qui Nous a été remontré par
le Procureur du Roi, que dans l’horreur du désastre par lequel,
la nuit du seize au dix-sept de ce mois, tout l’enclos de la
Foire Saint-Germain a été réduit en cendres, il n’a pu, sans
admiration, être témoin du zèle avec lequel ceux dont le secours
pouvait être utile ou nécessaire, s’y sont portés pour arrêter
le progrès des flammes ; il n’a pas moins été touché de voir
dans la proximité, les Palais des Princes devenir l’asile des
malheureux, et avec quels sentiments d’humanité, sur un aussi
bel exemple, tous les habitants des maisons circonvoisines se
sont empressés à procurer un abri sûr aux marchandises, que
des mains aussi courageuses que charitables, avaient pu dérober
à l’impétuosité du feu ; mais comme dans une aussi grande confusion,
la charité même peut avoir besoin d’un guide éclairé qui la
conduise dans les restitutions dont elle s’est fait une loi
; ledit Procureur du Roi a pensé qu’il était de son devoir de
Nous proposer d’indiquer au Public, qui le désire sans doute,
les moyens les plus propres de remplir cet objet.
Il se
réserve par la suite, si les circonstances le demandent, et
suivant l’exigence des cas, de déployer toute la sévérité de
son ministère, et de se pourvoir même au (tribunal) Criminel,
contre ceux, s’il s’en trouve, qui pourraient être prévenus
d’avoir fait servir jusqu’au victimes du malheur public, de
proie à leur cupidité.
A ses causes, réquérait ledit Procureur
du Roi [...] ordonnons que dans huitaine pour tout délai, à
compter du jour de la publication de notre présente Ordonnance,
tous ceux qui auront retiré chez eux des Meubles, Hardes ou
Effets provenant des Magasins, Boutiques ou Echoppes qui étaient
dans l’enclos de la Foire Saint-Germain, ou des Maisons voisines
qu’on a jugé à propos de déménager, seront tenus de les rapporter
et de les déposer dans une des salles du Couvent des Petits-Augustins,
qui leur sera indiquée par le portier dudit Couvent, pour chacun
desdits Meubles, Hardes ou Effets être remis par les Commissaires
Chenu, Guyot et Léger ou l’un d’eux, que Nous commettons à cet
effet, en présence d’un des Syndics de la Foire, à ceux qui
donneront des indications certaines que lesdits Meubles, Hardes
ou effets leur appartiennent, et qu’ils en sont les véritables
propriétaires ; de laquelle remise ledit Commissaire dressera
procès-verbal, qu’il signera et fera signer, tant au Syndic
de la foire, présent, qu’à la personne à laquelle la restitution
sera faite ; le tout sans frais. Et sera notre présente Ordonnance
imprimée, lue, publiée et affichée partout où besoin sera, à
ce que personne n’en ignore.
Ce fut fait et donné par
Nous ANTOINE-RAYMOND-JEAN-GUALBERT-GABRIEL DE SARTINE, Chevalier,
Conseiller du Roi en ses Conseils, Maître des Requêtes ordinaires
de son Hôtel, Lieutenant Général de la Ville, Prévôté et Vicomté
de Paris, le vingt Mars mil sept cent soixante-deux. Morisset,
Greffier
L’ordonnance ci-dessus a été lue et publiée à haute
et intelligible voix, à Son de Trompe et Cri public, en tous
lieux et endroits ordinaires et accoutumés, par moi Philippe
Rouveau, Huissier à Verge et de Police au Châtelet de Paris,
et seul Juré-Crieur ordinaire du Roi et des Cours et Juridictions
de la Ville, Prévôté et Vicomté de Paris, y demeurant rue Saint
Denis, vis-à-vis l’ancien grand Cerf, Paroisse Saint-Leu Saint
Gilles, soussigné accompagné de Louis-François Ambezar et Claude-Louis
Ambezar, Jurés Trompettes, le 21 Mars 1762, et affichée ledit
jour esdits lieux et autres ou besoin a été, à ce que personne
n’en prétende cause d’ignorance.
Signé, Rouveau
Parmi les très nombreux ouvrages et documents
numérisés par la Bibliothèque Nationale de France et disponibles
sur le site Gallica, j’ai découvert ce document pour le moins
original qui recense tous les lieux qui furent bombardé par
l’aviation allemande lors de la Grande Guerre (1914 – 1918).
– Ils figurent sur la carte ci-contre sous la forme d’un point
noir.
De même sur une la carte suivante, on peut voir tous
les points d’impacts des obus qui furent lancés sur Paris par
le canon à longue portée surnommé « La grosse Bertha ».Ce canon,
installé au abord de Paris et d’une portée de 12 Km provoqua
la mort de 256 personnes et blessé 620. La reproduction de ce
canon est en fait une maquette figurant sur un réseau de chemin
de fer miniature.
L'important, c'est d'en être. De figurer sur les listes de ce club très privé qu'est la Café Society de l'après-guerre, «la jet-set d'aujourd'hui avec l'élégance en plus" note l'écrivain Philippe Séguy. Bals des oiseaux de la duchesse de Talleyrand, bal des rois et des reines du comte et la comtesse de Beaumont, bals du marquis de Cuevas, de Charles de Beistegui, de Marie-Hélène de Rothschild, de la vicomtesse de Noailles, du baron Alexis de Redé... le tout-Paris international s'enivre, se masque et rivalise dans une débauche de luxe et de magnificence. On y croise le duc et la duchesse de Windsor, Fred et Daisy de Cabrol, la vicomtesse de Ribes, Paul Morand, Salvador Dali, Louise de Vilmorin, Daisy Fellowes, Jean Cocteau, Porfirio Rubirosa, tout un monde cosmopolite dont la raison d'être est l'élégance et le raffinement (photo: Charlotte Aillaud, lors de la soirée surréaliste donnée par Marie-Hélène de Rothschild au château de Ferrières, le 12 décembre 1972). Philippe Séguy poursuit: «Cette société connaît aux derniers soubresauts d'une survivance de l'Ancien Régime. Il y a un côté très nostalgique dans cette manière d'être.» Imaginons... 1969. Vêtu en prince caucasien, Alexis de Rédé reçoit à l'hôtel Lambert, une des plus belles demeures de Paris pour un bal oriental follement dispendieux qu'immortalise l'aquarelliste Serebriakoff. Après avoir traversé la cour où des éléphants en papier mâché montent la garde, les invités sont accueillis dans le grand escalier par des laquais à moitié nus grimés en «esclaves noirs»... Tout est dit. (1878)