Dans une série d’ouvrages trouvés dans les labyrinthes de la BNF sur le site Gallica, je me suis arrêté sur une collection de livres intitulés Voyages pittoresques et romantiques dans l'ancienne France rédigés par MM. Charles Nodier, J. Taylor et Alphonse de Cailleux et publiés en 1825. Ces livres abondamment illustrés décrivent des lieux, des villes, des bourgs et je n’ai pas pu résister au plaisir de vous les présenter. Les textes sont en François du XIXème siècle et pour en faciliter la lecture je les ai réécrits dans le Français d’aujourd’hui. J’espère que vous trouverez le même plaisir à les lire que j’ai eu à les rédiger.
Le frontispice représente le type de la
première architecture chrétienne. D'abord l'on transforma
quelques temples païens en église, puis l'on bâtit des églises
avec les ruines des temples qui s'écroulaient, ou que les
peuples du nord renversaient au moment où leurs hordes
couvraient le midi de l'Europe. Ces premiers édifices furent
nommés baptistaires, parce que le peuple y accourait en foule
pour y recevoir le premier sacrement du chrétien : leur genre de
construction a quelque chose de solennel, comme le siècle qui
les vit s'élever, comme ces dogmes du Christ qui devaient
produire une si grande révolution sur les mœurs et les
institutions des hommes. Les plus beaux exemples, dans notre
vieille Europe, de ces monuments qui ont vu nos premiers frères
recevoir les eaux du baptême, sont : Santa-Maria dei Pagani dans
la vallée de Nocera entre Naples et Salerne, et le baptistaire
de Constantin à Rome France, les baptistaires en d'Aix, et de
Saint-Jean à Poitiers aucun royaume de l'Europe, après l'Italie
et Constantinople, ne possède deux édifices aussi importants
pour l'histoire de l’architecture chrétienne. Nous ignorons si
les notes que nous fîmes parvenir à l'autorité en 1819, à
l'époque où nous parcourions la France pour recueillir tous les
matériaux de notre ouvrage, ont pu préserver le baptistaire de
Poitiers de la destruction, ce qu'il y a de vrai, c'est qu'alors
on bâtissait une église d'un assez mauvais goût, et qu’il aurait
fallu la dixième partie de cette dépense pour conserver un
monument unique dans le monde civilisé. Depuis quelques années
on détruit moins nous en félicitons la sagesse du gouvernement,
et nous recommandons aux proconsuls dans les provinces, cette
belle ordonnance de l'empereur Julien qui défendait de renverser
les temples de la religion détruite, et qui assignait des
destinations d'utilité publique à ceux qui ne pouvaient être
transformés en églises. Le genre d'architecture de notre
frontispice est des sixième et septième siècles, nous verrons
beaucoup d'exemples d'une architecture analogue, mais d'une
époque plus rapprochée. Les colonnes de l'arc de triomphe à
Besançon et la façade de l'église de Sainte-Trophime à Arles,
sont le commencement et l'apogée en France de ce style du
Bas-Empire : le dernier exemple que nous présentons est l'un des
plus beaux temples chrétiens des premiers siècles. Les colonnes
du portail principal du dôme à Pise ont les mêmes ornements
elles viennent de Byzance, sont en marbre et aussi d’un très
beau travail. Toute l'Italie est couverte de cette architecture
mâle et originale. Nous recommandons plus particulièrement aux
hommes qui voyagent dans l'intérêt des arts, Venise, Gênes,
Ravenne, Rimini, Côme, Sienne, et la petite ville de Borgo
San-Donino à quelques lieues de Plaisance.
Selon la coutume
des Grecs du Bas-Empire, la sculpture du fronton représente
l'Apocalypse au-dessous est écrit : Ego sum A et £1. En France,
vers le huitième et le neuvième siècle, on trouvait plus souvent
ce verset de l'écriture : Ego sum qui est, qui erat, et qui
venturus est. Sur la la corniche supportée par les colonnes, des
lions dévorent des chevaux, figure symbolique des premiers âges
les bases sont soutenues par des lions, autre symbole de la
force de la religion chrétienne souvent sur la base on sculptait
des arènes et nos premiers martyrs. Au milieu du monument est la
statue représentant la province, portant à la main droite un
glaive, emblème de son génie militaire une couronne est décernée
à ses hommes lettrés les productions de son sol sortent d'une
corne d'abondance une charrue est à ses pieds et dans le fond
l'on aperçoit la chaîne du Jura entre les colonnes et au centre
du stylobate, des médaillons et un bas-relief donnent la
représentation du site de quelques ruines, qui ne sont pas assez
importantes sous le rapport pittoresque pour être dessinées
séparément, mais que dans le cours de notre narration nous
aimerons à rappeler, parce qu'à ces vieux monuments se
rattachent quelques vieilles chroniques ou des faits honorables
pour la province. Ce sont les châteaux de Tôle, de Chevroz, de
Ramel et, du Pin, les tours de Montmorot, de Roset, et les
ruines de Monnet-le-Château. La planche de détails donne deux
chapiteaux dont l'anomalie doit plaire même aux hommes les moins
versés dans l'étude et les beautés de la sculpture du moyen âge
le grandiose de la représentation du Christ et de la Vierge au
milieu de ces anges qui soutiennent le tailloir, et l'ajustement
de la tête de la divinité sur la campane, sont d'un goût et
d'une élégance que nous n'avons retrouvés que dans les ordres
composites antiques. On remarque dans l'église de Montréale,
près de Palerme, quelques chapiteaux qui proviennent sans doute
d'un ancien temple, et qui pourraient avoir servi de type à ceux
que nous présentons.
Au milieu d'une médaille qui représente la mort du brave capitaine Lacuson, et dont l'exergue porte : Dulce est pro patria mori, un guerrier se précipite du haut d'un rocher dans un abyme. Ce fut ainsi que se termina la vie d'un homme qui combattit pendant sept années pour la liberté de son pays. Au-dessus de cette médaille est attachée aux branches d'un pin du nord, emblème des montagnards, la devise de Besançon. Les armes de Charles-Quint sont appendues à un mélèze, et du côté opposé un arbre, dépouillé de feuilles, indique la campagne de la conquête de 1673, qui se fit en hiver. Le double aigle indique la diète germanique. Au-dessous le génie de la province est entouré des trophées des principales villes de la Franche-Comté-Besançon, Dôle, Lons-le-Saulnier, Vesoul, et Gray. Nous devons l'élégance qui se fait remarquer dans l'ajustement de ce dessin à M. Charles Percier, qui a bien voulu se distraire un moment de ses admirables travaux pour nous aider à élever le monument que nous avons consacré à la patrie.
Note : Les carte figurants dans ces pages proviennent du site Gallica - La bibliothèque numérique de la Bibliothèque Nationale de France.
A l’origine près de 300 peuples différents
occupaient notre territoire avec leurs coutume, leur limites
leurs mœurs que Jules César désigna sous le nom de Civitas.
L'étymologie latine du terme nous renseigne sur son sens premier
: 'pro vincere, terroir conquis.
Chaque province romaine
de la Gaule ou provincia avait une définition juridique précise,
des limites clairement définies et des structures administratives
codifiées. Le nombre de ces provinces, leurs organisations et
leurs limites ont largement varié en cinq siècles ; chacune
était dirigée par un proconsul ou un propréteur.
César, outre
la Provincia (Provence), déjà romaine, divisa la Gaule en 3
provinces : l'Aquitaine, la Belgique et la Celtique.
En 4
siècles de domination romaine, leur nombre passa de 3 à 11,
augmentation due à la fois à l'expansion de l'empire et à la
diminution de taille avec démembrement des entités initiales
: Première et 2ème Germanie, 1ère, 2ème,
3ème et ème Lyonnaise, 1ère
et 2ème Aquitaine, 1ère et 2ème
Belgique, 1ère et 2ème Narbonnaise, la
Novempopulanie, la Séquanaise, la Viennoise, les Alpes cottiennes,
les Alpes maritimes, les Alpes grées et les Alpes pennines.
Ces provinces se subdivisaient en cités (civitas ou civitates
au pluriel) dont le nombre est passé de 33 à 113.
Par la suite ces territoires sont devenus
des châtellenies avec des hommes honorés pour leur valeur aux
combats et qui ont pris possession des lieux, devenant, par
la suite, barons, vicomtes, comtes, ducs qui devront tous rendre
hommages à leur suzerain.
Avant la Révolution, la France
était constituée de circonscriptions territoriales issues de
l'histoire, de la géographie et du peuplement qui étaient différentes
selon les différents pouvoirs qui s'y exerçaient, avec des catégories
différentes comme métropoles, provinces, diocèses, duchés, baronnies,
gouvernements, états, élections, généralités, intendances, parlements,
pays, bailliages, etc.. suivis d'un nom de région qui était
souvent le même, sans recouvrir la même étendue géographique.
Ainsi, le ressort du parlement d'Artois ne correspondait pas
au même territoire que le gouvernement d'Artois ou que l'intendance
d'Artois.
C'està la suite de la Loi du 22 décembre 1789 relative
à la constitution des assemblées primaires et des assemblées
administratives que la France fut divisée en départements
Le mot province nous vient de l’Italie,
qui signifiait territoire confié par le Sénat de Rome à l’administration
d’un magistrat. Par exemple, Caius Sextus Calvinus, fut nommé
administrateur de la provincia situé près de l’embouchure du
Rhône qu’il nomma tout bonnement la Provence.
Un domaine,
est une portion de territoire placé sous l’autorité d’un vavasseur,
qui doit non seulement rendre l’hommage lige au seigneur qui
lui a octroyé le domaine et pourvoir dans une certaine limite
aux besoins de son seigneur
Le seigneur est lui-même vassal du roi
et à qui, il doit rendre l’hommage lige, il doit non seulement
participer à l’ost, mais également fournir une ou plusieurs
lances pour assurer la défense du royaume. Un seigneur fait
partie des grands du royaume, et est souvent un pair de France;
il administre un vaste territoire appelé province. Ainsi lorsque
les différentes seigneuries devinrent propriété du domaine de
la couronne, le roi, nommait lui-même les intendants chargés
d’administrer la province qu’il leur avait attribué.
Aujourd’hui
le terme province, désigne tout ce qui n’est pas inclus dans
la région Ile de France, et souvent ce nom est utilisé de façon
péjorative par les parisiens pour désigner les habitants de
autres régions de la France