Une promenade originale à travers les
grandes provinces de France. Ces gravures proviennent d’un ouvrage
portant pour titre « La France – un portrait en couleurs » édité
par les éditions Odé en 1959 et nous font découvrir la richesse
de notre pays. Pour le plaisir de la découverte, j’en ai extrait
quelques gravures et des extraits de textes, tous signés par
de grands écrivains.
Les cartes sont de Jacques Liozu. Né le 6 octobre 1866 à Les
Cabannes, décédé à Cordes le 8 novembre 1948.
Elève à l'école
des Beaux-Arts de Toulouse puis de MM. Cormon et J.P. Laurens
à celle de Paris, avant de faire un séjour en Tunisie. Rentré
à Albi, il devient professeur de dessin et, de 1911 à 1934,
conservateur du musée. Expose à Albi dès 1897, expose aussi
à Paris, au salon de la Société nationale des Beaux-Arts (en
1912 par ex.) et à celui des Artistes français (en 1913). Il
réussit portraits, natures mortes, paysages et, de surcroît,
excelle dans la représentation par la plume et le crayon des
particularités locales, telles que sites et coins pittoresques
des rues d'Albi, physionomies et scènes de moeurs surtout rurales
de la région. De fait, il illustre quantité de livres d'auteurs,
livres scolaires, couvertures, journaux, cartes postales, etc..
Face au Palatinat et au duché de bade,
cette région de l’est français qui mériterait le nom de marche
pour le rôle qu’elle a joué dans la lutte de deux civilisations
rivales, est constituée, tant, sur le plan panoramique que sentimental
ou administratif, par six départements auxquels il est indispensable
d’ajouter une portion des Ardennes avec Sedan, une portion de
la Haute Saône avec Héricourt et Villersexel, le Territoire
de Belfort et le pays de Montbéliard. Tel est l’Est, que l’on
pourrait presque loger virtuellement dans l’angle formé par
le Rhin et la Moselle, si l’on agrandissait cette figure. Géographiquement,
c’est un triptyque – Alsace, Lorraine, Vosges- d’une unité diffuse,
mais immédiatement perceptible.
Les territoires de l’est
constituent, en réalité, une sorte de petite nation où se confondent
la géographie et l’histoire, le paysage et la passion. Famille
de départements vulnérables dont le cœur saigne trop souvent,
ils jouent un rôle écrasant, ils supportent tous les risques.
Ils sont une véritable personne morale, et qui semble ajouter
à son aspect, à ses attraits, quelque chose de planant, de vibrant,
par quoi se maintient la présence et la violence des épreuves
subits, de souvenirs douloureux.
Jules Beucler, dit André
Beucler, écrivain français né à Saint-Pétersbourg le 23 février
1898 et mort à Nice le 26 février 1985.
Il y a trois sortes de pays en Auvergne
: ceux de la vieille roche cristalline, qui sont de forêts et
d’herbe pauvre ; ceux des volcans, à l’herbe drue, pays d’élevage
; à leurs pieds, ceux qui ont été fait de cendres et d’alluvions,
riches, ceux-là, donnés à l’épi, à la grappe, à la pomme. Et
trois sortes d’Auvergnats : le forestier-pasteur, homme candide,
vivant plutôt de ce que la terre lui donne que ce qu’il la force
à produire ; l’éleveur qui se forme dans les foires et se fait
un commerçant redoutable ; enfin le cultivateur vigneron, le
Limagnier, l’homme qui a l’idolâtrie du labeur, parce que son
devoir est de faire rendre le plus possible à une terre qui
le paye si bien.
Tout est partie de l’Auvergne. Elle avait
la suzeraineté dans les Gaules. César rapporte que cent ans
avant Gergovie, les Cimbres envahirent le pays. Les Gaulois
s’enfermèrent dans leurs places fortes et tinrent bon. Plutôt
que de se rendre, ils mangèrent ceux qui n’étaient pas utiles
à la défense. Les Cimbres, lassés, n’ayant pu emporter des lieux
comme Corent, peut-être, ou telle haute table de basalte se
retirèrent. Les Auvergnats, sans regarder au prix payé, avaient
sauvé la liberté. Ils durent être les grands vainqueurs d’alors.
Henri Pourrat, écrivain français et ethnologue qui a recueilli
la littérature orale de l'Auvergne ; né à Ambert (Puy-de-Dôme)
le 7 mai 1887 et mort à Ambert le 16 juillet 1959,
Bourgogne, nom que l’on ne peut prononcer
sans évoquer un roulement de futailles, sans voir apparaitre
des visages enluminés, sans entendre chanter dans notre mémoire
quelques chansons à boire : « Je suis fier d’être bourguignon
». Encore convient-il de dire pourquoi.
Si on regarde une
carte des anciennes provinces de France, on est tout d’abord
surpris. Que comprend cette province qui fit tant de bruit,
et par toujours de futailles, dans notre histoire. Un fragment
des départements de l’Yonne, celui de la Côte d’Or, la Saône
et Loire, une partie de l’Ain. Quelques copeaux par-ci par-là
du côté de la Nièvre, de la Champagne et de la Loraine. En 1789,
il ne restait rien d’autre du grand-duché d’Occident, qui s’étalait
du Zuiderzee à la Picardie, de la Loire au Jura Suisse. À en
croire quelques-uns de mes compatriotes, l’Europe a manqué avec
Charles le Téméraire l’occasion de faire son unité.
Raymond
Dumay (6 novembre 1916 - Les Figuières, Ensuès-la-Redonne 28
juillet 1999) écrivain français de la Bresse mâconnaise.
Il n’est point de terre à déconcerter
davantage par la variété, la diversité de ses visages. Il y
a deux Bretagnes, l’Ar Mor, le Pays de la Mer, l’Ar Coat, le
Pays des Bois. Il y a cinq Bretagnes, le Pays Gallo, le Trégor,
le Léon, La Cornouaille, le Vannetais. Chacune de ces provinces
a sa langue, qui n’est pas comprise au-delà de sa frontière,
son climat, son type d’homme.
La côte devient bretonne dès
le Mont Saint-Michel. En guise de borne, la Bretagne s’offre,
sitôt le départ, cette « pyramide de rêve », cette « châsse
gigantesque, grande comme une montagne et ciselé comme un camé
». Chose singulière, ici c’est la Bretagne qui est plate, alors
que la Normandie, dresse, à l’est, les hautes falaises du Cotentin.
Les granits, cependant ne vont point tarder à apparaitre. Les
voici, dès le Grouin de Cancale qui tend son mufle déchiré vers
le noir semis des iles Chausey.
Ces roches sont encore celles
avec lesquelles on peut jouer, témoin ce vieux prêtre qui a
sculpté, comme un bon sauvage, les rocher de Rothéneuf.
Roger Vercel, pseudonyme de Roger Delphin Auguste Cretin,
né le 8 janvier 1894 au Mans et mort le 26 février 1957 à Dinan,
écrivain français.
Le cœur de la France est-il à Moulin,
à Nevers ou à Bourges. Vieille dispute sentimentale entre régionaliste.
Bourbonnais, Berry, Nivernais… C’est bien là, en tout cas, le
« Centre » de la France.
Berrie, en vieux français désignait
une plainte découverte. Il suffit de traverser la « Champagne
» de Bourges, entre Marmagne et Villeneuve, pour voir combien
le nom convient au pays. Sainte Solange est sa patronne. Ses
reliques sont encore vénérées aujourd’hui en l’église du village
qui porte son nom. Est-ce à cause de cette pastourelle ? Le
Berri est surtout un pays d’élevage, de moutons, de chèvres.
À Bourges sont nés deux des hommes les plus intelligents de
l’Histoire de France, Jacques Cœur et Louis XI. Le premier inventa
la grande finance Internationale. Ce fut sans doute la raison
pour laquelle Charles VII, son royaume grignoté, Paris perdu,
vint s’installer au pays des moutons : la caisse du roi des
marchands était à portée de sa main. Dorloté par Agnes Sorel,
riche de tous les biens de Jacques Cœur, on comprend que le
« roi de Bourges » éprouvât peu d’envie de redevenir le roi
de France. Mais Jeanne d’Arc avait de la poigne… Vous verrez
à Bourges, admirable, comme neuve la maison de Jacques Cœur,
avec ses curieux personnages de pierre qui regardent à la fenêtre.
Les sculpteurs ont taillé un peu partout le cœur, emblème du
maitre de la maison, et les deux devises qui le guidèrent vers
la fortune : « A vaillant cuers rien impossible » et « En close
bousche n’entre mousche ». Un peu partout aussi, deux lettres
enigmatiques : R.G.
René Barjavel, écrivain et journaliste
français, né le 24 janvier 1911 à Nyons (Drôme) et mort le 24
novembre 1985 à Paris,
La Champagne est peut-être la seule province
française où, à l’instable climat parisien, succèdent le climat
continental du pays de la craie, le climat montagnard de l’Ardenne,
le climat océanique des forêts briardes. Pas de pays apparemment
plus aride de la Champagne sèche, jadis qualifiée de « pouilleuse
», établie sur un sous-sol de craie blanche. Cependant, la pluie,
en s’y infiltrant, a créé des nappes souterraines qui jaillissent
en sources, dite somme (somme Py, somme Tourbe, somme
Suippe). Et si l’aspect de la pinède y est sévère, le blé, l’avoine
et la betterave ont fini par la transformer au prix de patient
effort.
On ne sait pas assez que la vallée de la Marne, entre
la Ferté-sous-Jouarre et Épernay, est une des plus riantes de
de France et sans doute l’une des plus humaine. Les forêts de
hêtres, de bouleaux, de chênes et de charmes couvrent les crêtes
; la vigne et les arbres fruitiers dévalent le long des pentes,
tandis que le blé frissonne dans les creux. De même, les vallée
de l’Aube et de la Seine, d’Arcis à Anglure et de Troyens à
Bray-sur-Seine, forment une longue oasis de fraicheur verte,
piqué de villages aux toits rouges, où la terre est maternelle
et la vie aimable.
Glissons vers l’aimable dépression du
Bassigny, où règne le poirier sauvage, pour remonter jusqu’au
plateau de Langres, où les villages sont rares et les pâturages
maigres. D’épaisse forêts ont quelque peu isolé cette marche
de Champagne du reste de la province. Et, cependant la vallée
de la Suize, aux portes de Chaumont, entre ses pentes habillées
de pins, n’est pas sans parenté avec la gentillesse marnaise,
et le plateau de Langres, dans sa mélancolique âpreté, ne laisse
pas oublier qu’il donne naissance aux trois cours d’eau champenois
par excellence, la Seine, l’Aube et la Marne.
Yves Gandon,
écrivain français, né à Blois en 1899 et mort à Paris en 1975.
La Corse est une ile d’une diversité
infinie dans ses paysages et dont la seule est la lumière et
le ciel. La couleur aussi – cette couleur jaillit de toute part
: de l’eau, du rocher, de l’air, de l’arbre, de la fleur. On
a dit que la Corse est une « montagne dans la mer ». C’est vrai,
et c’est là, je crois le secret de son charme. La montagne est
partout et partout différente.
Toute la côte occidentale
où se rencontre brusquement le roc et l’eau, est inhumainement
belle. Le golfe de Porto, les calendes de Piana où se mêlent
l’aveuglement des couleurs, bleu frangé d’écume de la mer, roches
rouges sur le vert cru du maquis, et les formes étranges, fantastiques
de la pierre, constituent un paysage fascinant. C’est à peine
si le golfe de Calvi au nord, et celui d’Ajaccio au sud, tempèrent
par la douceur et l’élégance de leurs lignes ce que la nature
a mis là d’excessif. Non moins grandiose et surprenant est le
site de Bonifacio, à l’extrémité méridionale de l’ile. Ici pas
un arbre, une falaise calcaire d’un blanc éclatant que la mer
a striée horizontalement et creusés de grottes admirables.
Roger Sauvat
Des sommets d’où l’on est comme précipité
dans la plaine. Des bois, des eaux aux courbes d’une incomparable
sinuosité, des eaux au cours noble, de belle rivière : le Doubs,
la Saône avec leurs affluents aux noms jolis dont chacun nous
met dans l’oreille comme un chant de folklore : La Semouse,
l’Alliance, l’Ougeotte, la Lanterne, la Baignotte, le Durgeon,
la Colombiné, La Gougeonne, la Rigotte… Et aussi la Romaine,
comme pour rappeler que César passa par-là, chassant les Barbares
envahisseur de la Séquanie, forçant le farouche Arioviste de
tourner bride avec ses bandes.
Hélas ! Appelé en libérateur,
César devint l’ennemi, car le Franc-Comtois s’accorde mal d’aucune
servitude. Et César ouvrait l’ère des longues guerres qui ravageaient
le beau pays, disputé, convoité, livré à l’un, ravi à l’autre,
donné en dot jusqu’au jour, de bataille en bataille, vint Louis
XIV, le Roi Soleil, réalisateur de cette Franche Comté française,
si parfaitement française, après juste ce qu’il fallait de sang
versé pour l’honneur de la résistance quand on est du pays où
chacun se redit à plaisir, aux heures que sonne le tocsin :
Rends-toi, Comtois !
Nenni, ma foi !
Car
cette terre si riante est le pays d’hommes rudement trempés
et d’âme dure lorsqu’il le faut. L’orgueil de la race est un
parfait orgueil paysan. L’une des illustrations de la province,
Prudhom, venu après le phalanstérien Fourier (né comme lui à
Besançon), Prudhom qui, le premier, posa avec une fermeté nouvelle
de la question sociale dont notre époque cherche âprement la
solution, répondait un jour à quelque gentilhomme faisant parade
de ses quartier de noblesse : « J’ai quatorze quartiers
de paysannerie, Monsieur ! Comptez-vous le même nombre de quartiers
de noblesse ? »…
André Salmon, écrivain français, né
le 4 octobre 1881 à Paris et mort le 12 mars 1969 à Sanary-sur-Mer.
Ce pays qu’au sortir et au ras de la
région toulousaine arrose la Garonne, et sur qui elle étend
à droite les longs bras du Tarn, du Lot, de la Dordogne, à gauche
les moignons du Gers et de la Baïse, présente toutes les unité
qui favorise le développement d’une nation unité géographique,
assurée par le fleuve dont le bassin remplit tout entiers, frontières
naturelles que constituent les Pyrénées, l’Adour, l’océan et
les Causses. Le nord seul (au-delà de la Dordogne, Rhin trop
fragile) laissant la porte ouverte aux conquêtes et aux invasions
; unité raciale, sensible dans un type de petits hommes (celto-ibère,
inégalement mâtiné de sarrasin et de germanique) bruns, râblés,
fiers et braves ; unité de langue, caractérisée, dans les campagnes,
par la persistance d’un parler d’oc ; unité de folklore, marquée
par des usage matrimoniaux et autres, des croyances fantastiques
qui relèvent d’une civilisation propre et très ancienne ; unité
de littérature (du moins en langue locale développée sous le
règne de l’héroïque et du truculent ; unité de construction
sous le signe du toit plat ou à pente faible ; en fin de compte,
unité historique : car le duché d’Aquitaine (compte tenu d’exorbitantes
extensions vers le nord puis la généralité de Guyenne et Gascogne
enveloppèrent grossièrement les mêmes régions…
André
Berry est un écrivain français, né à Bordeaux le 1er août 1902
et décédé à Paris le 7 octobre 1986.
On s’est accoutumé depuis longtemps à
dire le « Languedoc », pour signifier le « Païs de la langue
d’Oc », par une espèce d’ellipse commune dans la langue française.
Si l’on ne tient compte que des frontières arbitraires, on doit
admettre, bien sûr, que les ville de Mende et du Puy, chefs-lieux
de la Lozère et de la Haute Loire, sont des ville du Languedoc
au même titre que Nîmes, Montpellier, Albi, Carcassonne et Toulouse.
Mais le vieux Languedocien que je suis n’est pas aujourd’hui
tout à fait de cet avis.
Examinons d’abord le Haut Languedoc
et Toulouse qui est depuis des siècles la ville capitale. Le
sinistre Simon de Montfort, fut tué sous ses murs qu’il assiégeait
en 1218, et il faut bien évoquer le pays à cette époque.
La plus aimable des civilisations y florissait, la plus élégante,
la plus poétique, et partout dans le Languedoc, il en était
ainsi. La viole des cours d’amour résonnait sous les lauriers
de Narbonne ; les Capitouls de Toulouse condamnait le Belle
paule dont la beauté faisait sensation dans la ville à s’accouder,
le dimanche, après la grand-messe, au balcon de sa maison, afin
que tout un peuple ivre de beauté puisse la voir.
La terre
était prodigue de blé, de fruit et de roses ; un rêve nouveau,
pur, clair, harmonieux semblait naître, un miracle se préparait…
Léo Larguier, poète, né le 6 décembre 1878 à La Grand-Combe
- mort le 6 décembre 1950 à Paris.
Il fallut le train et l’auto pour que
le limousin devienne enfin ce qu’il est par sa situation naturelle
: lieu de passage en l’Aquitaine et les pays parisiens, entre
le centre et l’Océan, la Garonne et la Loire. Pendant des siècles,
les grandes voies humaines l’ont contourné, et l’humanité primitive
rôda longtemps sur les bords du vieux plateau avant d’y aborder.
C’est le destin de ce pays : il écartait l’étranger, il vivait
replier sur lui-même, et, pourtant, jusqu’aux guerres de Religion,
rien ne lui a été épargné des calamités de l’Histoire jusqu’à
ce que, en effet, se construisît et consolidât autour de lui
le royaume de France, et que l’éloignement des frontières en
fît un arrière-pays préservé (limogé dit cela très bien), le
Limousin fut amplement ouvert aux désastres.
Après les grandes
invasions, rien ou à peu près rien ne subsista d’un florissant
passé préchrétien. Et presque aussitôt, entre Wisigoths de Toulouse
et les Francs du nord, le Limousin entre dans son destin de
pays écartelé. Le souvenir des dévastations normandes se détache
sur le fond des incessantes guerres féodale.
Mais après Crécy,
après Poitiers, que commence la période la plus sombre de l’histoire
limousine. Marche frontière entre le royaume de France et le
duché de Guyenne, le pays est bouleversé par les « chevauchées
» anglaises. Froissart décrit longuement le sac de Limoges en
1370, par le Prince Noir. Près de quatre cents ans plus tard,
à quelques lieues de là, ce sera Oradour.
À peine nées dans
l’enchevêtrement inouï d’usages et de coutumes propre aux pays
frontières, les petites villes se disputent les privilèges politiques.
Des épidémies, d’effroyable disettes déciment la périodiquement
la population avec les guerres de Religion, recommence le temps
des massacres.
À partir de son rattachement à la couronne,
en 1607, le Limousin n’a plus guère d’histoire propre…
br>
Jean Blanzat, romancier français, né le 6 janvier 1906 à Domps,
Haute-Vienne, et décédé en 1977.
Lyon, étrange ville, faite de lumière
et de ténèbres.
Deux fleuves : le torrent alpin aux eaux
glacées qui éventre la ville, le Rhône, dieu glauque, qui de
toutes ses pentes abruptes, aspire aux flots de la Méditerranée,
et la Saône aux rives grasse, qui flâne avant de tumultueuses
épousailles.
Deux collines : Fourvière, sanctuaire mystique
où règne Marie, vers lequel chemine les pèelrins fervents à
la recherche de la grâce ; la Croix Rousse, palpitante du bruit
des métiers des canuts, sonore dans leurs rires, de leur accent,
où fleurissent les « bistros » presque champêtre, dans lesquels
on arrose de Beaujolais vil le saucisson, les quenelles et le
fromage.
On peut accéder à Fourvière par des chemins presque
campagnards d’où l’on domine le cours de la Saône et on long
desquels on croise des nonnes silencieuses. Au flanc de la colline
on trouvera le témoignage le plus grandiose qu’ai transmis
Lugdunum , le théâtre romain ouvert de tous ses gradins
sur la scène. La voix des comédiens y résonne encore. Quand
l’été s’allume au ciel rhodanien, on retrouve dans ce cadre
admirable l’atmosphère des grandes célébrations.
Cette scène
et les reste des aqueducs qu’on trouve dans la banlieu lyonnaise,
évoquent la colonie de Lugdunum telle que l’avait fondé, en
l’an 43 avant J.C., Munatius Plancus, sur cette colline inspirée,
bien protégée par la nature. Le nom signifie soit colline du
dieu Lug, ou colline de la Lumière, ou colline aux Corbeaux.
… Jean-Jacques Lerrant
Le Maine, ou tout au moins ce qui constitue
son noyau, est une très vieille province dont l’unité remonte
aux rassemblements gaulois. Il était alors habité par les Auberces
Cénomans qui ont laissé de nombreux dolmens épars. Conquise
et soumise par Crassus, lieutenant de Jules César, la province
se rebelle avec Vercingétorix et subit sa défaite. Malgré l’occupation
romaine, les Cénomans surent habilement se libérer, retrouver
leur indépendance sous les derniers Césars et la conserver jusqu’au
Vème siècle après s’être unis à la République Armoricaine.
Le Maine passe ainsi de main en main en gardant son caractère
et son unité, en les accusant même sous l’influence du christianisme
que Saint Julien a commencé à prêcher au IIIème siècle.
Les évêques et les moines firent si bien qu’en 778, Charlemagne
traversa Le Mans pour se rendre en Espagne, il le jugea l’une
des plus importantes et des plus industrieuses villes de son
royaume.
Du Mans, le touriste ne peut s’intéresser qu’à la
vieille ville construite sur une colline qui domine la rive
gauche de la Sarthe. Depuis les murs gallo-romains, visible
dans certains cours, jusqu’à la place de la République où le
général Chanzy tente une dernier effot, on peut, en une courte
promenade suivre l’histoire du Mains.
Pierre-Jean Launay,
écrivain français, né à Carrouges le 27 décembre 1900 et décédé
le 23 avril 1982.
Les paysages de la Flandre, de l’Artois
et du Hainaut sont mélancoliques, et pour cette raison, ils
permettent aux hommes de ce triptyque une gaîté brusque mais
accueillante que l’on constate les jours de kermesse dans les
Gohelle, l’Ostrevent, le Boulonnais, la Thiérache, l’Artois
et la Picardie. Une kermesse flamande, digne de ce nom, renoue
toutes les traditions célébrées dans les toiles des grands peintres
flamands de la vie populaire : celle des paysans qui dansent,
mains nouées, autour du moulin, et celles de bourgeois qui vont
tirer à l’arc derrière un tambour et un flageolet. Il faut visiter
ces trois provinces sans se presser ; il faut, à l’occasion,
boire un verre de bière.
Puisqu’il s’agit ici de présenter
trois provinces à ceux qui désirent découvrir quelques amis,
nous allons prendre pour point de départ la route de Paris à
Lille, tout au moins, jusqu’à Amiens, ce qui nous permettra
de flaner entre Saint Valéry, cher au peintre Dignimont, Abbeville
et Péronne, entre les « hortillonnages » d’Amiens, et les Maris
fréquentés par les carnads qu’on dupe avec des « appelants »
jusqu’au tombeau en croûte dorée des fameux pâtés d’Amiens.
Voici donc la Picardie : Amiénois, Santerre, Vermandois, Thiérache,
Laonnois, Soissonnais, Valois, Beauvaisis, les hautes terres,
et vers a mer, le Vimeu, le Ponthieu, le Boulonnais et le Calais.
Toutes ces terres portent leur poésie…
Pierre Mac Orlan,
écrivain français, membre de l’Académie Goncourt, de son vrai
nom Pierre Dumarchey, né à Péronne le 26 février 1882 - mort
à Saint-Cyr-sur-Morin le 27 juin 1970
La Normandie n’apparait qu’avec l’arrivé
des Vikings et leur dénomination sur une grande part de la Neustrie.
Elle devient immédiatement une terre privilégiée, un organisme
exemplaire. L’établissement nouveau se fait en deux étapes principales
: 911 et 933. D’abord feudataire du royaume et chargés de sa
défense au Nord, les Normands assurent leur indépendance complète
par une étrange valeur, aussi bien guerrière que civile.
La puissance normande se marque de façon éclatante par la conquête
de l’Angleterre en 1066 ; aurait pu s’accentuer encore par celle
de la France en 987, où la mort interrompit le duc Guillaume
et délivra Philippe Ier. La Normandie s’étendait
jusqu’à Pontoise, d’où l’on voit les fumées de Paris.
La
Normandie est justement déterminé par l’ensemble et les contrastes
de ses « pays » pagi qui sont de très anciennes délimitations
devenues incertaines, mais dont l’aspect est étonnamment caractéristique
et homogène. Les principaux sont, en allant de l’est à l’ouest,
le Pays de Caux, le Lieuvin, le Pays d’Ouche, le Pays d’Auge,
le Bocage, le Passais et le Cotentin. Si la Normandie peut être
comparée à une belle fille plantureuse, les Pays seraient, autour
de ses hanches, de solides garçonnets, bien portants, mais chacun
dans sa complexion ; quelques filles aussi, contre la superbe
maman : la campagne de Neubourg, la Plaine Saint-André, la Plaine
de Caen, toutes blondes comme les blés qui les couronnent.
Notre grand fleuve est la Seine, qui semble ne pouvoir se décider
à nous quitter. Elle se meut avec une nonchalance royale, entre
des falaises blanches à l’est, et des prés riants et bas à l’ouest,
loin de tout encaissement, dans une luminosité particulière
que les murailles de craie et ses tapis d’herbe entretiennent.
Elle reflète en passant des merveilles naturelles et artistiques,
une nature d’une richesse sans bornes et des villes orfévrées.
La Seine ne devient fleuve touristique qu’en entrant chez nous,
meublant tout le paysage de sa traîne grandiose et à partir
de Rouen, de son flot marin…
Jean Balthazar Marie Mallard
de La Varende, Agis de Saint-Denis, baron Agis de Saint-Denis,
« vicomte » de La Varende, connu sous le nom de Jean de La Varende,
est un écrivain français, né le 24 mai 1887 au château de Bonneville
à Chamblac (Eure), mort le 8 juin 1959 à Paris.
Les géographes d’aujourd’hui nomment
le pays que je vais essayer de caractériser le Centre-Ouest.
Et ils en écrivent comme d’une région de France bien délimitée.
Pourtant, quelle diversité se cache sous ces vieux noms familiers
et chantants de provinces telles que le Poitou, l’Aunis, l’Angoumois
et la Saintonge. Ces « pays d’Ouest », ce Centre Ouest, si vous
préférez, rassemblent des régions aussi différentes que les
Mauges et le Marais breton, que le sud de la Saintonge et le
Bocage Vendée du nord, que le marais mouillé de Luçon et les
plateaux desséchés qui domine et séparent les vallées de la
Vienne et du Clain.
Y aurait-il unité plus apparente chez
les populations qui vivent sur ces terroirs ? Pas du tout, car
il s’est produit par là-bas un extraordinaire brassage et mélange
de races. On retrouve des Celtes dans les bocages vendéens,
des indigènes d’ascendance ibérique autour des Sables d’Olonne.
Dans le Marais breton, au nord, des Mogols aux yeux bridés,
à la peau couleur vert-de-gris. Dans toute la Vendée, des descendants
blonds des Hollandais qui vinrent, jadis, assécher nos marais
et renouveler leurs miraculeux polders. Partout des Anglo-Saxons.
Des Arabes dans toute le vallée du Clain, où les Maures s’étaient
fixés et avaient fait souche bien avant que Charles Martel n’y
descende arrête les troupes de l’émir Abd-el-Raman qui devait
laisser ses os dans cette vallée paisible…
Maurice Alphonse
Jacques Fombeure, écrivain et poète français, né à Jardres (Vienne)
le 23 septembre 1906 et mort à La Verrière (Yvelines) le 1er
janvier 1981,
Si l’on pouvait l’embrasser d’un seul
coup d’œil, la chaine des Pyrénées, de l’orient à l’occident,
n’apparaîtrait point comme un monstrueux caprice de la nature,
comme une fantaisie chaotique et désordonnée, mais comme une
œuvre d’art. De toutes les montagnes d’Europe, les Pyrénées
sont peut-être, avec celle de l’Attique, les plus civilisée.
Elles semblent prêtes à vivre avec l’homme en toute amitié.
Ces Pyrénées occidentale, je les voie dans mes souvenirs comme
un paradis vert et bleu. Ce ne sont ici que des beautés végétales.
De Saint Jean de Luz à Pau, la haute muraille azurée protège
un grand parc où les prairies sont épaisses et lustrées comme
des pelouses, où les forêts étalent de larges plis pulpeux.
De Ciboure à Combo, de Guéthary à Hasparren, les beaux, agiles,
musculeux Basques, champion du bond et du saut, se vouent gaiement,
passionnément, à leurs jeux nationaux, sans se laisser contaminer
soit par les foules cosmopolites, qui ont fait de Biarritz l’un
de leurs rendez-vous de prédilection, soit par la foule de pèlerins
que, depuis bientôt cent ans, déversent à Lourdes, plus au nord,
les « trains blancs » par milliers.
A côté de ces deux villes
sans long passé, la Guyenne, la Navarre, le Béarn ont des cités
où l’on voudrait pouvoir flâner…
Jean-Louis Vaudoyer,
historien d’art et écrivain français, né au Plessis-Piquet le
10 septembre 1883 et mort à Paris le 20 mai 1963. Membre de
l’Académie française.
On pourrait croire superflu de délimité
la Provence. Un Français sait à peu près ce que c’est, encore
qu’il y englobe le plus souvent l’ancien comté de Nice qui n’est
français que depuis 1860 et a gardé beaucoup de son origine
italienne, aussi bien dans les mœurs que dans son architecture.
Il est connu surtout sous le nom de Côte d’Azur, territoire
des vacances cosmopolites et de la retraite des frileux, littoral
de villas cossues et de palaces internationaux conformes à l’idéal
préfabriqué dans le cerveau des touristes. La Provence, si belle
et si noble dans sa sincérité, s’arrête ici, sur la rive du
Var et même à Antibes, port-frontière de l’ancienne France.
Historiquement, elle ne comporte que les départements des Bouches
du Rhône, du Var et des Basses-Alpes* (nom que portait les Alpes
de Hautes-Provence), mais on y fait rentrer à bon droit celui
du Vaucluse et une partie de la Drôme. On ne peut dire non plus
qu’elle s’arrête au Rhône, elle le franchit à plusieurs endroits,
s’étend jusqu’à Beaucaire, Villeneuve, Saint Gilles et même
jusqu’à Nîmes, bien que toute ses villes fassent partie de l’ancien
Languedoc.
On pourrait dire que la Provence est partout où
règne le Mistral, ce vent qui jaillit des défilés du Rhône,
les cornes en avant, comme un taureau se rue dans l’arène avec
la fureur d’être libre, mais ne déracine jamais un arbre ni
même ne fait tomber un abricot. Il est provençal, et par suite,
impétueux et grandiloquent, mais bon bougre dans le fond ; et
quand il a bien fait son tapage de trois, six ou neuf jours
comme pour les années du bail, il s’endort dans je ne sais quelle
caverne de la montagne et laisse le soleil se promener tout
seul en robe de Roi Mage, à travers les garrigues et les olivettes.
Albert t'Serstevens, écrivain français d'origine belge,
né à Uccle (Bruxelles) le 24 septembre 1885 et mort à Neuilly-sur-Seine
(Hauts-de-Seine) le 13 mai 1974.
S’il fallait absolument accoler au mot
Savoie une épithète particulièrement expressive, ce n’est pas
« grandiose » ou « pittoresque » que je choisirais, mais « humaine
». Oui, l’humaine Savoie. Il semble en effet, peut-être justement
à cause de la présence imminente de ces grandes montagnes qui
continuent avec une impassibilité tellurique à fendre le cours
des temps, que les signes fragiles de la vie, patiemment accumulé
dans leur ombre par des générations de montagnard, y revête
une signification plus émouvante qu’ailleurs, plus fraternelle
aussi.
Au fond de sa vallée comme au creux d’une paume protectrice,
repose Chambéry, patrie de Xavier et de Joseph Maistre. Ici
et là des faubourgs grouillants de « vogues », un labyrinthe
amusant de passages couverts, le strict épanouissement d’une
arcade en tiers-point où le feu d’artifice d’une antique ferronnerie.
Au fond de la crypte de Lemenc, des fossoyeurs de pierre se
penche inlassablement depuis quatre cents ans sur un Christ
au tombeau, tandis que sur la colline d’en face, aux Charmettes,
Jean-Jacques décidait, aux alentours de1736, de « consacrer
à Dieu le reste de ses jours ». Au fond de la rue de Boigne,
remarquable par ses arcades (et ses pâtisseries), s’érige l’ensemble
architecturale composite du château ducal. Il abrita jusqu’à
la fin du XVIème les princes de cette remarquable
Maison de Savoie qui plaça simultanément quatre de ses filles
sur les trônes de France, de Sicile, d’Angleterre et d’Allemagne,
et donna des princes modèles ; Amédée VIII, par exemple qui,
dès 1430 promulguait un code inspiré du droit romain. Elle fournit
ses rois à l’Italie, et ses gisants reposent sous les dalles
de l’abbaye de Hautecombe, au bord du lac du Bourget, dans un
décor pensif de frondaisons et de reflets moirées. Tellement
pensif, et tellement moiré, et tellement « état d’âme » que
serait à en écrire immédiatement Le Lac si Lamartine
ne s’en était déjà chargé…
Paul Gayet-Tancrède alias
Samivel, écrivain, poète, français, né le 11 juillet 1907 à
Paris, mort le 18 février 1992 à Grenoble.
Nous allons suivre la Loire dans sa lente
promenade qui la mènera de l’Orléanais au Blésois, de la Touraine
à l’Anjou. Dès les abords d’Orléans, elle pénètre en pays de
roseraies ; les roses des pépinières d’Orléans sont parmi les
plus délicates de ton, les plus fines de parfum. Mais il n’y
a pas de roses sans épines : Orléans est aussi la ville du vinaigre.
Or, qui dit vinaigre dit délices de la cuisine, et le vinaigre
est bien à sa place ici pour entrer dans la sauce poivrade du
lapin de la Sologne, dans l’assaisonnement des jeunes laitues
de mars, dans toute la gamme des moutardes. Dominant la plaine
des blés et des avoines, la cathédrale dresse ses clochers à
fines colonnettes, en sorte de pendant à Notre Dame de Chartres
à l’autre bout de la plaine. Et Jeanne d’Arc domine la cathédrale
et la plaine et les blés et les avoines du haut de sa gloire.
De bonnes vieilles bourgades, toujours solides sur leur base,
l’on vue passer, se la rappelle fort bien : c’est Meung (que
l’in prononce Mun), c’est Beaugency, c’est Mer ; elles ont peu
changé depuis le temps de Jeanne, elles ont gardé leur air de
bonhomie, avec un trait de finesse paysanne mâtinée de confort
bourgeois, très révélateur d’une conception de la vie propre
à ces riches régions. Les blessures de la guerre n’ont pas réussi
à marquer d’amertume ou de mélancolie le charmant Beaugency
: c‘est le type même de la cité de sagesse où les heures sont
douces à ceux qui ne leur en demandent pas trop ni trop peu.
Il faut dire aussi que les vins du pays aident singulièrement
à parfaire cette douceur des instants.
Maurice Bedel
romancier français , né à Paris, le 30 décembre 1883 ; décédé
à La Genauraye, Thuré (Vienne), le 15 octobre 1954.
Tout est partie de là. Avant même que
Hugues Capet, élu à Senlis, et sacré à Noyon, pût arpenter son
petit lopin de terre de France en une journée de cheval, la
France était contenue dans son Ile. Autour de ce lieu-dit, toutes
les parcelles du plus beau royaume sous le ciel se sont agglutinées
de siècle en siècle. Paris devait naître en Ile-de-France, terre
promise de longue date autant par la grâce du ciel que par les
soins de la géologie.
En vérité, l’Ile-de-France s’est d’abord
appelée la France, et ce nom désignait le petit pré capétien
allant de Saint Denis à la lisière de la forêt de Chantilly,
le comté de Senlis, les fiefs carolingiens de Bathésy, de Verberie
et de Compiègne et la châtellenie de Poissy. Dès la réunion
de ces enclaves, le petit domaine perd son caractère insulaire,
bordé qu’il était par la Seine, la Marne et l’Oise et au nord,
par la Thève, petite rivière issue de l’étang de Mortfontaine
et qui va se jeter dans l’Oise à l’abbaye de Royaumont où Saint
Louis enterra cinq de ses fils. D’autre veulent désigner la
Nouette comme frontière au nord, se référant à des appellations
comme Ver-en-France, Ermenonville-en-France ou Thieux-en-France.
C’est en 1433 que pour la première fois apparaît le mot « Ile
de France » dans un texte officiel où le fameux La Hire, compagnon
de Jeanne d’Arc se dit « Lieutenant pour le roi notre sire
et capitaine général deçà la rivière Saine ès pays de l’Isle-de-France.
»Telle que nous la voyons délimitée en 1790, la province fut
définitivement constituée sous Louis XIII. Elle comprend, outre
la Petite France originelle, le Beauvaisis, le Valois, le Soissonnais,
le Laonnois, la Brie française, le Gâtinais, le Hurepoix, le
Mantois et le Vexin français.
Jacques Perret, écrivain
français, né le 8 septembre 1901 à Trappes dans les Yvelines
et mort le 10 décembre 1992 à Paris.