En 1380, la comtesse Jeanne Ière
de Provence (1348-1382) plus connue sous le nom de la reine
Jeanne sans enfants, adopte Louis d'Anjou, le frère du roi de
France Charles V. Le cousin de Louis, le duc Charles de Duras
(ou Durazzo), mène alors l'Union d'Aix, le parti provençal anti-angevin,
et assassine Jeanne, entrainant une guerre de succession qui
se terminera par la victoire du parti d'Anjou. Prenant avantage
des troubles, le comte de Savoie Amédée VII le Rouge, qui souhaite
avoir un accès vers la mer, négocie avec Jean Grimaldi de Bueil.
Celui-ci, baron de Beuil, gouverneur de Nice et sénéchal, a
en effet la volonté de soustraire à la suzeraineté du comté
de Provence, sa partie orientale située en rive gauche du Var
et de l'Estéron. Pour sa part, le comte de Savoie voit dans
la réalisation d'une dédition de Nice à la Savoie l'occasion
d'élargir ses terres. Sous l'influence de Jean Grimaldi de Bueil,
qui commande la garnison de Nice, les Niçois se soumettent et
accueillent leur nouveau suzerain selon les traditions provençales.
L'accord est scellé à l'abbaye Saint-Pons le 28 septembre 1388,
suivant lequel la ville de Nice et sa viguerie, la cité de Puget-Théniers
et les vallées du Haut-Var (hormis Guillaumes), du Cians (avec
Beuil), de la Tinée et de la Vésubie constituent la division
administrative des Terres Neuves de Provence incorporée aux
États de Savoie. Division qui englobera aussi la vallée de l'Ubaye.
Au total, la nouvelle entité rassemble quatre vigueries : celle
de Nice, celle du val de Lantosque, celle de Puget-Théniers
et celle de Barcelonnette. La Savoie est à l'époque un État
puissant, doté d'une importante force armée, prospère et bien
administré, contrairement à la Provence. Avec l'accord des populations,
l'armée savoyarde s'installe alors dans ces terres neuves et
Nice en devient la capitale sous l'autorité civile et militaire
d'un gouverneur savoyard. En 1388, cette prise de possession
de Nice par la maison de Savoie n'est faite qu'à titre provisoire.
Elle est confirmée en décembre 1391 quand les syndics de Nice
firent hommage et prêtèrent serment de fidélité au représentant
du comte de Savoie. Si les descendants de Charles de Duras renoncent
à protester contre cette annexion, il n'en est pas de même pour
la maison d'Anjou.
Ce
n'est qu'en 1419 que la veuve de Louis II d'Anjou, la reine
Yolande, renonce au nom de son fils, Louis III, à ses droits
sur Nice. Les grands féodaux, à l'exception de quelques familles
: les Grimaldi, les Berre, les Lascaris, émigrent sur la rive
droite du Var, de façon à rester provençaux. Quoique située
sur la rive droite, Gattières sera aussi arrachée à la Provence
à la même époque. Amédée VII lance la création d'une nouvelle
noblesse, qui se développera surtout au XVIIème et
XVIIIème siècles, et Jean Grimaldi reçoit une vingtaine
de fiefs en reconnaissance de son action. Monaco, alors génoise,
mais détenue par les Grimaldi depuis 1297 se voit reconnaitre
son indépendance en 1489, par le roi de France et le duc de
Savoie. Entretemps, dans le reste de la Provence, le roi René
s´avère être également le roi dont la faiblesse fait tomber
la Provence entre les mains des rois de France. En effet, Louis
XI lui fait comprendre que son héritage lui conviendrait. Le
roi déshérite son successeur naturel, René II de Lorraine, au
profit de Charles V d'Anjou. En 1481 ce dernier, sans successeur,
est disposé à donner ses terres à Louis XI qui remporte ainsi
une grande victoire sans aucune bataille. Louis XI s'empare
donc de la Provence en 1481 qui devient définitivement française.
Au XVIème siècle, les rois de France Charles VIII,
Louis XII et François Ièer dirigent des guerres en
Italie. René de Savoie, seigneur de Villeneuve-Loubet se marie
en 1498 avec Anne Lascaris, comtesse de Tende. Il appuie les
intérêts du roi de France Louis XII pendant qu'il rétablit le
29 avril 1507 son autorité sur Gênes. Il va s'appuyer sur Georges
Grimaldi, baron de Beuil, et Jean Grimaldi, seigneur de Levens.
Georges Grimaldi refuse l'hommage au duc de Savoie et se propose
de livrer Nice au roi de France. Le complot des Grimaldi ayant
été dénoncé au duc de Savoie, ce dernier entre dans la Ligue
de Cambrai pour se faire un allié de Louis XII. Il fait alors
un procès à Georges Grimaldi qui se retire dans son château
où il est finalement assassiné par son valet de chambre, le
5 janvier 1508. Le seigneur de Levens trouve refuge en Provence.
Après avoir été banni à perpétuité, il obtient sa grâce en 1515
à la demande du roi de France, François Ier.
Après la mort de Louis XII, François
d'Angoulême devient roi de France sous le nom de François Ier.
Il est le neveu de René de Savoie qu'il nomme gouverneur de
Provence, le 26 janvier 1515, grand maitre de France et grand-amiral
de Méditerranée. Il rejoint le roi pour participer à la bataille
de Marignan. Le retour de troupes d'Italie par le comté de Nice
entraine des dégâts importants à Sospel et à Beuil à leur passage.
En 1519, Charles Quint est élu empereur. En 1543, Nice est assiégée
par les troupes françaises du comte d'Enghien et la flotte ottomane
de Khayr ad-Din Barberousse, le bey de Tunis, résultat de l'alliance
de François Ier et de Soliman le Magnifique contre
l'empereur Charles Quint. La ville est prise après vingt jours,
mais suite à la résistance des derniers défenseurs du château,
la flotte se retire. C'est là que se place l'épisode légendaire
de Catherine Ségurane. Le duc Charles-Emmanuel Ier
de Savoie, en 1614, fait de Nice un port franc et y établit
un sénat. La révolte du comte de Beuil est arrêtée en 1621.
Le comté de Nice connaît la stabilité, contrairement au reste
de la Provence où les révoltes sont fréquentes. Cependant, la
guerre entre la France et la Savoie reprend au cours du XVIIème
siècle, et le comté de Nice est occupé par la France de 1691
à 1697 et de 1707 à 1713. En 1713, le traité d'Utrecht détache
vallée de l'Ubaye du comté de Nice et donc de la Savoie en faveur
du royaume de France en compensation de la perte de vallées
alpines du Piémont. Administrativement, la vallée de l'Ubaye
fut rattachée à la Provence.
Par le traité de Paris du 4
avril 1718, Victor-Amédée II, roi de Sicile et duc de Savoie,
cède Le Mas, dans la vallée de l'Estéron, à Philippe d'Orléans,
régent. En échange, celui-ci lui cède Entraunes et Saint-Martin-d'Entraunes.
Par le traité de Turin du 24 mars 1760, confirmé par le traité
de Paris du 20 juin 1760, Charles-Emmanuel III, roi de Sardaigne
et duc de Savoie, cède Gattières, Fougassières, Dos Fraires,
Bouyon, Les Ferres, Conségudes, Aiglun, la majeure partie de
Roquestéron, les terres de Signale et les plans de Puget-Théniers
à Louis XV, roi de France. En échange, celui-ci lui cède Cuébris,
Saint-Antonin, La Penne, une partie de Saint-Pierre, Puget-Rostan,
Auvare, La Croix, Daluis, une partie de Saint-Léger ainsi que
la place-forte de Guillaumes, préalablement démantelée.
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