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Le Berry


Blason de Flandre # CLa Province de Berry
La Province de Berry. La Généralité de Bourges, ou sont les Eslections de Bourges d'Yssoudun de Chau-roux, du Blanc, de La Chastre, de St. Amand et de la Charité / Dédiée A Messire Nicolas Estienne Roujault, Chevalier Conseiller du Roy en ses Conseils, Maistre des Requestes ordinaire de Son hôtel Intendant de Justice Police et Finance en la Généralité de Bourges ; Par... A. Hubert Iaillot...

Le Berry, qui a formé le département du Cher, était à l'époque gauloise habité par les Bituriges Cubi. Ce peuple, dès les temps les plus reculés, fut un des plus puissants de la Gaule et donna des rois à la Celtique, si l'on en croit Tite-Live, qui fait remonter cette puissance des Bituriges au temps où le premier Tarquin régnait à Rome. Au sixième siècle avant J.-C., les Bituriges et, à leur suite, les Gaulois, envahirent l'Italie sous la conduite de Bellovèse et les rives du Danube sous la conduite de Sigovèse.
Avaricum (Bourges) était la capitale des Bituriges et l'une des villes les plus importantes de la Gaule ; César, dans ses Commentaires, dit même que c'était la plus belle ville de ce pays. D'autres villes existaient déjà du temps des Bituriges, telles que Dun-le-Roi (ou sur-Auron), Châteaumeillant, Mehun et Sancoins. Les Bituriges excellaient dans la fabrication des armes et des vases d'étain, la construction des chars et le tissage des tuiles à voiles

Avignon
L'Adoration des Mages - Les très riches heures du comte du Berry

L'invasion romaine amena la ruine du pays. Pendant la dernière période de la lutte héroïque que les Bituriges, avec les autres peuples confédérés, soutinrent contre César, ils incendièrent leurs villes et ravagèrent leur territoire pour affamer les légions romaines. Avaricum, seule épargnée par eux, malgré les conseils de Vercingétorix, fut assiégée, puis, après une défense héroïque, dévastée par César, qui en massacra les habitants (52 ans avant J.-C.).
De belles routes, appelées aujourd'hui voies romaines, relièrent Bourges à Tours par Mehun et Vierzon, à Clermont par Allichamps, à Limoges par Châteaumeillant, à la Loire vers le Château-Gordon (Saint-Satur), à Orléans par Allogny et Neuvy-sur-Baranjon, etc.
La prospérité dont jouit le Berry pendant les premiers siècles de l'occupation romaine disparut bien vite après le quatrième siècle. Bourges, devenue en 367 la capitale de la 1re Aquitaine, conserva ce titre jusqu'à la chute de l'Empire. Les Wisigoths, qui envahirent la Gaule au milieu du cinquième siècle, s'emparèrent du Berry vers l'an 463 ; ils s'y maintinrent, malgré l'empereur Anthemins qui, en 458, avait appelé dans le Berry 12 000 Bretons pour raffermir l'autorité romaine ébranlée, et qu'ils battirent près de Déols.
A la suite de la défaite d'Alaric, roi des Wisigoths, à Vouillé, en 507, Clovis Ier se rendit maître du Berry. Depuis lors, ce pays, gouverné par des comtes, fit partie du royaume d'Orléans ou de celui de Bourgogne. Sous les Francs, les pays du Cher furent plus d'une fois troublés par la guerre. Chilpéric, ayant attaqué son frère Gontran, fit envahir le Berry par ses généraux, qui battirent les Berruyers dans les plaines de Châteaumeillant (583).
Dès le troisième siècle, saint Ursin vint à Bourges prêcher l'Évangile et y établit la première église dans une maison que lui donna le sénateur Léocadius. Parmi ses successeurs, on remarque Sulpice Sévère (sixième siècle) et Sulpice le Débonnaire (septième siècle). Les évêques de Bourges commencèrent à prendre le titre d'archevêque et (huitième siècle) de primat d'Aquitaine, titre qui leur donnait des droits de suprématie sur une grande partie des évêchés du sud. Les grands monastères fondés sous les deux premières dynasties royales sont : sous Clotaire II, l'abbaye Saint-Sulpice, dans un faubourg de Bourges ; celle de Charenton (620) ; celle de Massay (commencement du neuvième siècle) ; celle de Dèvre, transférée en 926 à Vierzon.
Sous les Carlovingiens, le Berry éprouva de grandes vicissitudes. Pépin le Bref le dévasta pendant la guerre de huit années qu'il fit à Waïfer, duc d'Aquitaine, et à Hunibert, comte de Bourges, adversaires des Francs du nord (760). La ville de Bourges fut incendiée, le comte tué, et le pays ruiné. C'est à cette époque que le Berry fut réuni à la couronne de France. Plus tard, Charlemagne l'en détacha pour ériger l'Aquitaine en royaume en faveur de son fils Louis (781). Les comtes de Bourges continuèrent à gouverner le Berry au nom des rois d'Aquitaine. Parmi ces comtes, on cite Girard, qui, dépouillé de son comté par Charles le Chauve en 847, prit les armes contre son suzerain. Celui-ci marcha contre lui et ravagea le Berry. Girard, ayant fait sa soumission, fut maintenu dans son comté. Le dernier comte, Guillaume II, mourut en 927.
Les Normands, qui avaient envahi la Gaule dès le neuvième siècle, occupaient les bords de la Loire ; ils s'emparèrent de Bourges en 857 et en 867, et la pillèrent. Plus tard, ils envahirent le Berry une troisième fois et s'avancèrent jusqu'à Massay. Lorsque le comte Guillaume II fut mort sans héritier, le roi Raoul réunit le comté de Bourges à la Couronne. Il n'y eut plus qu'un vicomte de Bourges, qui reçut ce fief du roi en récompense de ses services. Pendant toute la féodalité, le Berry fut organisé comme le reste de la France ; mais un de ses fiefs, la principauté de Boisbelle (près d'Henrichemont) offre une singularité notable : elle était enclavée dans la vicomté de Bourges, et son seigneur, indépendant, se vantait de ne relever que de Dieu.
En 1100, Eudes Arpin, vicomte de Bourges, partant pour la Croisade, vendit son fief au roi pour 60 000 écus d'or. Depuis cette époque, les pays qui forment le département du Cher demeurèrent directement soumis à l'autorité royale. En 1102, Philippe Ier visita son nouveau domaine, et établit à Bourges un bailli pour rendre la justice en son nom. Le roi Louis le Jeune, voulant se faire pardonner la destruction (1142) de la ville de Vitry-en-Perthois, prit la croix et convoqua à Bourges, en 1145, une grande assemblée d'évêques et de barons. Godefroy, évêque de Langres, y prêcha la Croisade, qui toutefois ne fut entreprise qu'en 1147, après une nouvelle assemblée à Vézelay (Yonne), présidée par saint Bernard.
En 1184, le comte de Sancerre, révolté contre l'autorité royale, pillait les environs de Bourges, à la tête d'une bande d'aventuriers appelés Brabançons. Le roi marcha contre lui et dispersa ses bandes, à l'aide des Confrères de la Paix, association formée au Puy en 1182, et qui s'était donné pour mission de rétablir la paix dans le royaume.

Avignon
Jean Ier de Berry

Le roi d'Angleterre, Richard Cœur de Lion, de retour de la Croisade de 1191, ralluma la guerre dans le Berry pour forcer Guillaume, seigneur de Vierzon, à lui rendre hommage. Il envahit ses domaines et s'empara de Vierzon, qu'il pilla. Le roi de France marcha contre Richard, et la guerre finit par la mort de ce dernier, blessé à mort au siège de Châlus (Haute-Vienne), en 1199.
La ville de Bourges avait conservé une partie de son antique organisation municipale. Les bourgeois administraient la ville et prenaient part aux assises bourgeoises présidées par le bailli royal. Louis le Jeune leur accorda, en 1175, une charte contenant des droits importants, ainsi qu'aux hommes de la septaine, territoire étendu autour de la ville, et à ceux de la châtellenie de Dun. Du reste, c'est vers cette époque que commença l'affranchissement des serfs. Les premières communes affranchies furent Preuilly (1177), Santranges (1178), Barlieu et Sancerre (1190), Chârost (1194), Mehun (1209), Châteaumeillant (1220), Vierzon (avant 1248), Culan (1270), les Aix-d'Angillon (1301), etc.
Le règne de saint Louis fut un temps de prospérité pour le Berry comme pour le reste de la France. En 1234, le roi acheta la suzeraineté du comté de Berry, qui appartenait à un prince puîné de la maison de Champagne. Mais, pendant que saint Louis était à la Croisade de 1240, des bandes innombrables de vagabonds appelés Pastoureaux envahirent le nord de la France, l'Orléanais, le Berry et pillèrent Bourges. Heureusement la mort de leur chef, tué par un boucher de Bourges, désorganisa les Pastoureaux, qui furent exterminés à Villeneuve-sur-Cher.
En 1360, le roi Jean le Bon érigea le Berry, avec les terres de Vierzon, de Lury et de Mehun-sur-Yèvre, en duché-pairie en faveur de son troisième fils, Jean. Il y eut alors deux justices : celle du duc et celle du roi, qui était représenté par le bailli de Saint-Pierre-le-Moutier ; ce juge recevait les appels des justices inférieures et siégeait à Sancoins. Après le désastre de Crécy (1346), le prince de Galles entra dans le Berry, assiégea Bourges sans succès, mais prit Vierzon, sans toutefois pouvoir réduire le château. Après la bataille de Poitiers (1356), les Anglais envahirent de nouveau le duché, s'emparèrent d'une foule de villes et de villages et notamment d'Aubigny, de Blet, de Saint-Amand et du château de Montrond.
Jacques Coeur
Au quinzième siècle, la guerre des Armagnacs et des Bourguignons exposa le Berry à de nouveaux dangers. Le duc Jean de France, partisan des Armagnacs, fut attaqué dans Bourges par le duc de Bourgogne (juin-octobre 1412). Pendant le siège, les Bourguignons ravagèrent le pays, prirent Dun-le-Roi, Montfaucon et d'autres places. Enfin les deux princes firent la paix, et Bourges se soumit. Le comté de Bourges fut donné, en 1416, en apanage à Charles, cinquième fils du roi Charles VI, qui y séjourna souvent, et que les Anglais nommèrent par dérision le roi de Bourges. Bourges devint un moment comme la capitale du royaume. Charles VII y reçut plusieurs fois l'hospitalité chez son argentier, Jacques Coeur. En 1429, Jeanne d'Arc y assembla un corps d'armée pour aller attaquer Saint-Pierre-le-Moutier et la Charité. L'année suivante, elle partit de Mehun pour sa dernière expédition. Charles VII mourut, en 1461, au château de Mehun-sur-Yèvre, qu'il avait fait rebâtir.
Louis XI rétablit le duché-apanage du Berry pour son frère Charles, et fonda l'Université de Bourges, qui eut pour professeurs l'Italien Alciat (dont Théodore de Bèze, Amyot et Calvin vinrent prendre les leçons), puis le Toulousain Cujas. C'est à Bourges que se réunit, en 1428, une assemblée des États Généraux et du clergé de la France pour l'acceptation des décrets du concile de Bâle ; cette assemblée rédigea la fameuse déclaration appelée Pragmatique Sanction, dans laquelle furent consignés les droits de l'Église gallicane


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