Les guerres de religions en Poitou
La guerre de Moncontour
La paix de Longjumeau n’avait été qu’une
trêve qui ne ramena pas réellement la paix. Les Huguenots redoutaient
d’être exterminés là où ils se trouvaient impuissants et isolés.
Condé et Coligny, connaissant les faiblesses de l’armée royale
résolurent de reprendre les armes et s’y préparèrent dès le
mois de juin 1568. En envoyant l’ordre de mobilisation aux églises,
le 22 août 1568 ils quittent Noyers avec leurs familles et se
dirigent vers la Rochelle sans être inquiétés. Le 18 septembre
d’Andelys, venant de Bretagne, passe la Loire après avoir été
battu par Martigues à Saint Mathurin ; il s’empare de Parthenay
et de Niort et rejoint Coligny. Le 15 octobre 1568, Condé assiège
alors Angoulême avec succès et les réformés sont alors les maître
dans l’Ouest.
Le 15 novembre, l’armée calviniste forte de
vingt sept mille hommes d’infanterie et de quatre milles chevaux
était rassemblée en Poitou près de Châtellerault. Le duc d’Anjou,
avec dix huit milles fantassins et huit milles chevaux marche
contre elle. Après les engagements de Pamproux, de Jazeneuil
et d’Auxances, Condé se dirige vers Saumur pour passer la Loire.
Pour empêcher la prise de Saumur, le duc d’Anjou renforcé par
Joyeuse vient attaquer Loudun sur le derrières des huguenots.
Ceux-ci renoncent à l’attaque de Saumur et, vu les rigueurs
de l’hivers, suspendent les hostilités.
Dès le mois de Janvier
les armées se remettent en campagne ; les protestants voulant
gagner le Midi pour se réunir à l’armée régionale, après quoi
Condé marcherait au devant des allies allemands, qui devaient
venir à lui par la Bourgogne et le Berry. Tavannes, se rapprochant
des huguenots qui descendaient par Niort sur Cognac, tourne
Angoulême par la rive gauche du fleuve et s’empare de Châteauneuf,
où existait un pont. Il coupait ainsi la route aux réformés
vers le sud comme vers le nord. Le 13 mars 1569, le duc d’Anjou,
trompant la surveillance de Coligny, passe la Charente et après
une suite de combats, l’accule sur un plateau entre Bassac et
Triac. Coligny ayant appelé à son secours le prince de Condé,
celui-ci accourt de Jarnac avec sept compagnies de cavaliers,
environ quatre cents chevaux. Un combat désespéré s’engage,
où le prince est désarçonné et tombe ; il se rend prisonnier
à Tison d’Argence, mais il est tué presque immédiatement non
pas par Montesquiou, officier de la compagnie du duc d’Anjou,
mais par un soldat inconnu. Les troupes dispersées se rallient
à Cognac, Saint-Jean-d’Angély et à Saintes, où se rend Coligny.
Le Duc d’Anjou, sans artillerie de siège, ne peut forcer aucune
place.
La défaite de la bataille de Moncontour (3 octobre 1569),
gravure par Frans Hogenberg d'après Tortorel et Perrissin,
XVIèmeème siècle. Musée national du château de
Pau
La mort de Condé privait les protestants
d’un chef énergique et intrépide. L’âme du parti depuis neuf
ans, Jeanne d’Albret se présenta à l’armée à Saintes, avec son
fils et Henri II de Bourbon, fils du prince de Condé. Elle harangua
les troupes en leur déclarant : « Mes amis, voici deux nouveaux
chef que Dieu vous donne, et deux orphelins que je vous confie
». Les protestants restèrent enfermés dans leurs places jusqu’à
l’arrivée de leurs auxiliaires allemands auxquels ils se réunirent
près de Limoges. Ils disposaient alors de vingt cinq milles
hommes environ et, bien que Catherine de Médicis leur opposât
une force à peu prêt égale, ils remportèrent la victoire de
la Roche-Abeille, après laquelle renonça à la lutte et se retira
près de Loche pendant que Coligny allait inutilement assiégé
Poitiers. L’Armé royale renforcée rentra en campagne le 28 septembre
1569. Coligny menacé d’être coupé, veut se replier sur Parthenay
; mais retardé dans sa marche, il est tourné et en dépit d’une
belle résistance, le 3 octobre 1569 il est complètement battu
entre Airvault et Moncontour laissant sur le champ de bataille
dix milles hommes, toute son artillerie et ses bagages. Sans
se découragé, il transporte la guerre dans le Midi et, tandis
que ses adversaires usent leurs forces au siège de Saint-Jean-d’Angély,
il reconstitue une armée avec laquelle, au printemps, il se
porte en Bourgogne. Il y remporte la victoire d’Arnay-le-Duc
et se dirige sur Paris, déterminant ainsi Catherine à accorder
la Paix de Saint Germain, signée le 8 août 1570, qui causa autant
d’indignation aux catholiques que de surprise aux huguenots.
Ceux-ci étaient déclarés admissibles à tous les emplois, obtenaient
La Rochelle, Cognac, Montauban et La Charité comme place de
sûreté et le libre exercice du culte dans deux villes de province.