La guerre de succession de Champagne
Statue d'un comte de Champagne - Basilique Saint Denis
- ©Garitan
Carte de la Champagne
La guerre de succession de Champagne
est un conflit qui opposa au XIIIe siècle deux nobles champenois,
partagea la noblesse champenoise et déborda sur les duchés
frontaliers.
En 1190, le comte de Champagne Henri II1
quitta son comté pour partir en croisade avec ses deux oncles
Philippe Auguste et Richard Cœur de Lion (sa mère était
en effet fille de Louis VII de France et d'Aliénor d'Aquitaine,
donc demi-sœur de Philippe par son père et de Richard par
sa mère). Il fit jurer aux barons de Champagne de faire
hommage à son frère Thibaut au cas où il mourait pendant
la croisade.
En Terre sainte, Henri fut couronné roi
de Jérusalem et pour asseoir sa légitimité, épousa la reine
Isabelle, veuve de Conrad de Montferrat son second mari,
mais son premier mari, duquel elle avait été contrainte
de se séparer, vivait toujours.
Henri II mourut en 1197,
après avoir eu trois filles, et son frère devint le comte
Thibaut III de Champagne. Ce dernier mourut en 1201, laissant
sa veuve Blanche de Navarre, enceinte d'un fils posthume,
Thibaut IV.
Le 15 août 1213 ou 1214, Philippe de Champagne,
la troisième fille d'Henri II, épousa un noble champenois
vivant en Terre sainte, Érard de Brienne, seigneur de Ramerupt,
cousin de Jean de Brienne, roi de Jérusalem. Ce dernier
se mit en tête de réclamer le comté de Champagne.
Érard
et son épouse Philippe débarquèrent en France au début de
l'année 1216. De passage au Puy-en-Velay, Érard fut arrêté
par les agents du roi de France, mais parvint à s'échapper
et se rendit en Champagne. Le duc de Lorraine Thiébaud Ier
prit fait et cause pour lui. Il fut également soutenu par
son beau-frère Miles, seigneur de Noyers et son neveu André
de Pougy, seigneur de Marolles-sur-Seine et de Saint-Valérien.
Blanche de Navarre mit le siège devant Noyers en avril
1216, où Érard et ses partisans s'étaient retranchés. Érard
accepta la trêve et s'en remit à l'arbitrage du roi de France.
Celui-ci ordonna en octobre d'attendre la majorité de Thibaut
IV pour faire valoir ses droits.
Mais la guerre reprit
peu de temps après et les barons champenois, tous plus ou
moins apparentés aux Brienne, abandonnèrent Blanche pour
se rallier à Èrard. Il fallut l'intervention de Philippe
II Auguste, du duc de Bourgogne Eudes III et de l'empereur
Frédéric II, pour ramener la paix en Champagne. Frédéric
II envahit le duché de Lorraine, prit et incendia Nancy
en 1218, fit prisonnier le duc Thiébaud Ier de
Lorraine et l'obligea à retirer son soutien à Erard de Brienne.
Érard renonça à la Champagne le 2 novembre 1221 et Philippe
en avril 1222.
Alix de Champagne, la seconde fille d'Henri
II, veuve d'Hugues Ier de Lusignan, roi de Chypre
n’avait pas renoncé à la Champagne. Elle se remarie en 1225
au prince Bohémond V d'Antioche, s'en sépare en 1227 pour
des raisons de consanguinité et revendique à son tour la
succession de la Champagne en 1231. Elle est soutenue par
un nombre important de barons français qui l’ont d’ailleurs
appelée, plus ou moins en révolte contre Blanche de Castille
et reprochant à Thibaut IV son soutien à la régente. Alix
ne s’est pas dépêchée et n’arrive en France qu’au début
de l’année 1233, ce qui nuit fortement à ses projets, car
les principaux barons du royaume ont fait leur soumission
au roi Louis IX. En septembre 1234, elle renonce à la Champagne
moyennant la somme de quarante mille livres tournois et
un domaine de deux mille livres tournois de revenus. Alix
de Champagne retourne alors en Terre sainte.