Au début du XVII ème siècle,
Ablon (ou Ablons) accède à la célébrité grâce à son temple protestant
dont la création est autorisée par le roi Henri IV (Lettres
Patentes du 14 octobre 1599, publiées le 12 novembre 1599).
Construit vers 1601-1603 à droite du châtel, il peut accueillir,
selon les estimations de Jacques Pannier, mille à deux mille
personnes. Le hameau, alors constitué, hormis du châtel, que
d'une trentaine de feux repartis dans des maisons alignées sur
la rive gauche de la Seine, devient ainsi, pendant quelques
années, le centre du culte protestant des environs de Paris.
Selon d'autres textes, cet édifice religieux aurait existé à
la fin de l’année 1699 et même depuis 1598.
Or, en attendant
la fixation définitive de leur lieu de culte, les réformés de
Paris se réunissent encore, en ce tournant de siècle, dans la
grande salle du château seigneurial mise à leur disposition
par leur fervent coreligionnaire Josias Mercier dans le petit
village isolé de Grigny, situé à six anciennes lieues du parvis
de la cathédrale Notre-Dame de Paris, soit une lieue de plus
que les cinq alors prescrites. Par l'édit de Beaulieu* (1576)
et par l'édit de Nantes (1598) les rois Henri III et Henri IV
avaient en effet successivement accordé la liberté de culte
aux protestants, en interdisant toutefois son exercice publique
à la Cour, à Paris et aux alentours de ces deux lieux, dans
les limites fixés par les édits respectifs. Le choix d'Ablon,
éloigné du centre de Paris d'exactement cinq lieues est conforme
à la distance légale à respecter depuis la promulgation de l’édit
de Nantes.
Malgré la distance moindre, ce choix ne satisfait
pas les protestants. Le chemin de terre à parcourir reste long
et éprouvant pour les habitants réformés de Paris qui se déplacent
le plus souvent à pied, et la voie fluviale empruntée par les
plus fortunés qui utilisent le coche d'eau peut s'avérer dangereuse.
Le voyage est pénible par temps de grand froid ou de grand soleil,
périlleux pour les nourrissons amenés au baptême (40 décès en
1600, selon les huguenots) et, de plus, inenvisageable pour
les vieillards, malades, femmes enceintes et enfants. Sur requête
des réformés parisiens, soutenus par le futur duc de Sully qui
se rendait chaque dimanche au temple d'Ablon, la construction
d’un nouveau temple à Charenton-Saint-Maurice, plus proche de
Paris est autorisée, mise en chantier et achevée en 1606.
L’édit de Beaulieu, également connu sous le nom de paix
de Loches, est signé à Beaulieu-lès-Loches par Henri III de
France le 6 mai 1576. Il met fin à la cinquième guerre de religion
en reconnaissant le culte protestant et en lui accordant de
nombreuses garanties. Il est aussi appelé paix de Monsieur,
le frère du roi, appelé Monsieur, en étant le principal bénéficiaire
malgré sa trahison.
Saint-Pol-de-Léon est la ville sainte
de la Bretagne. C'est, selon quelques savants, l'ancienne Occismor.
Pol, moine cambrien, passa, vers 530, de la Bretagne dans l'Armorique
; il fonda d'abord un couvent dans l'île de Batz, où il dompta
un serpent monstrueux. Le roi de Donmonée, Judhaël, l'attira
sur le continent en lui donnant la ville de Léon. Dévastée en
875 par les Normands, prise en 1166 par Henri II d'Angleterre,
disputée par les Anglais et les Français dans les guerres de
la Bretagne, Saint-Pol-de-Léon joua un rôle plus passif qu'actif
dans tous ces événements. Ses pacifiques évêques, quoiqu'ils
eussent bien soin d'établir leur haute justice, leurs droits
de bris, d'épave, de minage, d'ancrage, n'étaient point au nombre
de ces belliqueux prélats bretons qui résistèrent aux ducs.
Un d'eux eut pourtant, en 1462, un long procès avec François
II au sujet de la propriété d'une baleine trouvée sur la côte.
Fort respectés d'ailleurs, ils faisaient leur entrée dans la
cathédrale portée sur les épaules des quatre principaux seigneurs
du diocèse.
Au XVIème siècle, on ne compta pas
un hérétique dans cette ville, paisiblement attachée à ses traditions.
Rien ne fut plus impopulaire que les changements introduits
dans la communauté par Louis XIV, qui établit un maire, des
échevins, des greffiers en 1692.
La Révolution heurta si
rudement les Léonais, qu'ils sortirent de leur apathie. Leur
évêque, M. de La Marche, ancien officier de cavalerie, leur
donna l'exemple. Il renvoya, sans le décacheter, le décret de
l'Assemblée qui supprimait son évêché. Obligé plus tard d'émigrer,
il eut toujours dans le pays un agent, M. Floch, destiné à entretenir
l'agitation. A l'occasion de la levée des 300,000 hommes, un
combat sanglant s'engagea sur la place de la cathédrale, dont
les paysans avaient occupé les maisons, et les troupes républicaines
; celles-ci l'emportèrent. Ce fut le signal de la décadence
de Saint-Pol-de- Léon, qui tirait jusque-là sa subsistance des
établissements ecclésiastiques. Ses magistrats municipaux adressèrent
à l'Assemblée, en 1790, une requête lamentable où ils peignaient
leurs édifices prêts à tomber en ruine, leur population prête
à émigrer ou à mourir de faim. Elle ne s'est pas relevée. Son
commerce, qui n'a jamais été fort actif, l'est encore moins
aujourd'hui.
Ses maisons sont presque toutes en bois ; mais sa cathédrale, dédiée à saint Pol au XIII siècle, et qui avait remplacé une église primitive fondée au Vème siècle par le roi Conan Mériadec, est fort belle et très régulière. On y voit un baptistère ou grande cuve de pierre grossièrement taillée, qui servait jadis pour les baptêmes par immersion, tels qu'on les pratiquait dans les premiers temps du christianisme ; le sol de l'église est pavé de pierres tumulaires. L'ancienne église de Notre-Dame de Kreisker, c'est-à-dire du milieu de la ville, qui sert aujourd'hui de chapelle au collège, offre un objet digne de toute admiration c'est sa tour carrée, percée de longues ogives, du sommet de laquelle s'élance une flèche travaillée à jour et flanquée de quatre clochetons d'une remarquable légèreté. La hauteur totale de ce clocher est de 120 mètres 50 centimètres. C'est le plus beau du Finistère, qui en possède beaucoup de ce genre
situé sur le bord de la mer, à 1 kilomètre
de Saint-Pol-de-Léon est, à proprement parler, le port de la
ville. C'était jadis une place importante où il se faisait un
grand commerce. Toutes les maisons, d'une architecture fort
ancienne, sont remarquables par leur apparence, par leur grandeur
et par le genre de leur construction ; plusieurs sont fortifiées,
et on voit au portail de quelques-unes des meurtrières pour
y placer de l'artillerie. La pêche du poisson frais occupe une
partie de ses habitants. Elle a plusieurs foires importantes.
Aux environs de Saint-Pol sont les curieux manoirs de Kersaliou,
de Pont-Plancouet, de Kerchoen et de Kéranguez, qui datent du
XIVème et du XV siècle, et plusieurs dolmens bien
conservés.
Arcachon, ville des quatre saisons. «
Heri solitudo, hodie vicus, cras civita » [ hier un désert,
aujourd’hui un bourg, demain une ville]. C’est par cette phrase,
qui devint la devise d’Arcachon, qu’Alphonse Lamarque de Plaisance,
premier maire de la nouvelle commune, célébra la venue au monde,
le 2 mai 1857, de la station balnéaire. Par décisions de l’empereur
Napoléon III, les terrains d’Arcachon avaient été libérés des
droits d’usage envers leur ancienne commune, La Teste de Buch.
Ils devinrent le berceau d’une ville à part entière qui peu
à peu se structura en quatre quartiers : La ville d’Hivers,
La Ville d’Eté, La Ville d’Automne et enfin La Ville de Printemps.
En apportant le rail en dote aux portes de la belle, deux
riches négociants bordelais, Emile et Isaac Pereire, donnèrent
l’impulsion qui propulsa Arcachon, la « Cité des quatre saisons
» parmi les étoiles les plus brillantes du bord de mer.
Le quartier de Abatilles déploie ses
espaces verts depuis le Moulleau jusqu’à Pereire. Un théâtre
de la Nature inaugurer le 9 aout symbolisait la qualité de son
environnement. Mais l’or noir à bien failli transformer ce site
privilégié en terrains pétrolifères qui n’auraient évidemment
pas contribué à la préservation du paysage !
L’ingénieur
Louis Lemarié avait pourtant bon espoir d’attendre, lors de
ses forages en 1923, ce visqueux liquide tant recherché. Mais,
à 464 mètres de profondeur, quelle ne fut pas sa surprise de
voir jaillir une eau minérale très pure. La source des Abatilles
était née. Car si l’alternative entre un forage plus profond
pour trouver le fameux pétrole et l’exploitation de la source
fut évoquée, elle ne résista pas à l’argument de poids de la
ville d’Arcachon qui défendait son statut de ville de « Santé
». Ville balnéaire et ville thermale la dualité potentialisait
cette image. La source baptisée Saine Anne fut donc dès 1925,
reconnue par le corps médicale pour ses qualités thermale, inauguré
le 12 avril 1926, l’établissement de cure ouvrait les portes
de ses thermes et de son hôtel niché dans un vaste parc.
Mais abondance de biens peut nuire et la société périclita à
partir de 1933 dépassé par la lourdeur conjuguant mise en bouteille
et curistes. En 1952, Vittel redonnait une nouvelle impulsion
à l’eau thermale. Pourtant les thermes, bien que fort appréciés
à la Belle Epoque, notamment par le Sultan du Maroc venu en
savourer les vertus en 1926, gardèrent leurs portes closes.
Dans cet ancien marécage peuplé de vaches
qui pâturent les pieds dans l’eau, les successeurs d’Albert
Deganne ne vont pas restés inactifs. C’est le temps des bâtisseurs
qui vont, à leur tour donner à cette partie d’Arcachon les armes
architecturales pour devenir la digne sœur de ses ainées, la
Ville d’Eté et la Ville d’Hivers. Celle de Printemps est encore
en gestation.
La pose de la première pierre d’un lotissement
ouvre les portes de la futures Ville d’Automne, baptisée ainsi
par la Société Immobilière en 1881.
Traversée par l’avenue
Deganne et la rue Saint Ferdinand (Avenue de la République de
nos jours), encore occupée par la forêt et les dunes, cette
partie se compose des quartiers d’Eyrac, du Moueng, de l’Aiguillon
et de Saint Ferdinand.
La fièvre s’empare des nouveaux propriétaires
terriens rivalisant avec leurs voisins pour commander aux architectes
de délicates villas. Elles fleurissent le long des avenues du
Château, de Saint Ferdinand, du boulevard Deganne, conquérant
également l’avenue Victoria.
La Ville d’automne, poumon
économique de la cité, cultive ainsi le paradoxe d’un univers
chatoyant qui côtoie le modeste quartier de l’Aiguillon. Ce
dernier abrite des cités populaires et misérables constituées
de centaines de maisons exiguës où des familles vivent de l’activité
florissante de la pêche. Lieu de vie des marins, des marchants
de poissons, des travailleurs, artisans ou ouvriers qui, non
loin de là voient pousser des domaines écrasants.
Tandis
que pêcheries, conserveries, ateliers de construction navale
et de mécanique amorcent le devenir d’un quartier industriel,
rentiers, sportifs, musiciens, artistes en tout genre, nantis
en quête de nouveau sites, font pousser les villas comme des
petits pains.
Acquérir 400 hectares de dunes boisées
en arrière du front de mer d’Arcachon pour créer une Ville d’Hiver,
en 1857, après avoir fait prolonger la ligne de chemin de fer
Bordeaux-La Teste jusqu’à Arcachon fut l’un des coups de maitres
des frères Pereire.
Les effets bénéfiques du climat drainent
une clientèle de malades fortuné de construire leur résidence
dans ce « sanatorium à ciel ouvert » que représentent ces terrains
protégés. Dès 1862, les premières villas auxquelles s’ajoutent
peu à peu des hôtels, domine Arcachon avec une vue imprenable
sur le bassin et, par temps clair, sur l’ile au Oiseaux et les
cabanes tchanquées, typiques constructions sur pilotis.
Le bacille de Koch est l’allier des projets des frères Pereire.
Les malades viennent par familles entières pour séjourner dans
la future Ville d’Hiver propice à l’amélioration de leur santé.
Les villas sortent de terre, selon un plan d’urbanisme ingénieusement
établi pour répondre à l’attente de ces nouveaux venus. Hétéroclites
et extravagantes demeures, elles obéissent à la mode exotique
de l’instant, affichant un foisonnement de styles. Les allées
se déhanchent offrant des courbes ondulantes afin que les vents
marins, déjà freinés par la forêt, ne pénètrent pas jusqu’à
ceux, plus que tout, craignent les courants d’air.
En1863,
le Casino mauresque, au milieu d’un parc à l’anglaise, accueille
ces riches oisifs. Son architecture rappelle celle de l’Alhambra
de Grenade ou la mosquée de Cordoue. En 1977, un incendie le
ravage. Il ne sera jamais reconstruit, même si certains rêvent
aujourd’hui de le voir revivre.
Mais la situation, en hauteur
de la Ville d’Hiver, ne favorisait pas les excursions vers la
Ville d’Eté, en bas. Pour remédier à cet inconvénient, en 1913,
un funiculaire fut construit à l’extrémité du parc. La Ville
d’Hiver épousait soudain la Ville d’été.
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