Sous l'aspect d'un sol crayeux, pierreux,
presque dépourvu d'humus végétal, si la nature a déposé les germes
d'une riche et florissante culture si quelques-uns de ces terrains,
d'une apparente stérilité ont acquis une grande valeur, il faut
reconnaitre que cette transformation est en grande partie la récompense
du travail et de l'industrie humaine.
Les progrès de la viticulture
dans le département de la Marne ont suivi, dans une certaine mesure,
ceux de la civilisation. Avant le VIème, siècle, il n'existe
guère de témoignages authentiques de la notoriété des vignes de
Champagne. Les plus anciens documents remontent à saint Remi qui,
par testament, fait don de plusieurs pièces de vignes à divers légataires,
notamment aux diacres et aux prêtres de l'église de Reims.
Ce
sont les ducs de Bourgogne, appréciateurs compétents, qui contribuèrent
les premiers à la réputation des vins qui devaient rivaliser avec
les produits de leurs domaines. A dater du XIVème siècle,
ils figurent sur les tables de la cour, au sacre des rois Henri
IV avoua pour eux sa prédilection. On ignore si, à cette époque,
le vin de Champagne avait ses qualités mousseuses, tant prisées
depuis. C'est sous la Régence que l'histoire nous le représente
faisant sauter les bouchons aux fins soupers du Palais-Royal et
du Luxembourg. Il a conquis depuis une bien plus vaste clientèle
; il n'est pas de frontières qui aient arrêté la marche de ce conquérant.
Il compte aujourd'hui, parmi ses principaux tributaires, la Russie,
l'Angleterre, l'Allemagne et même l'Amérique, La statistique générale
du département de la Marne porte à 14,151 hectares l'étendue des
terrains plantés en vigne, et de 20 à 25 hectolitres la moyenne
des produits de chaque hectare. Ils sont généralement achetés et,
quelques-uns avant la vendange, par les négociants de Reims et d'Épernay,
organisés pour leur donner les nombreuses manutentions qui en augmentent
considérablement le prix. Sans qu'on puisse affirmer si les plants
ont été importés de Bourgogne en Champagne, entre ceux des deux
contrées les rapports sont nombreux c'est le noirien qui donne les
qualités supérieures et, comme en Bourgogne, c'est le gamai, plus
productif, qui tend à s'y substituer. Nulle part, au reste, la culture
ne se fait avec plus d'intelligence et de soin.
Deux grandes
artères topographiques partagent la contrée viticole : la rivière
de Marne et la montagne de Reims. Les principaux crus de vin blanc
se trouvent sur les collines entre lesquelles coule la Marne ; les
plus renommés sur la rive droite sont ceux de Mareuil, Ay, Dizy,
Hautvillers et Cumières ; sur la rive gauche et, à la distance d'un
myriamètre environ, ceux d'Avize, du Mesnil, de Cramant et d'Épernay.
On distingue plusieurs sortes de vins blancs : le grand mousseux,
le mousseux ordinaire, le demi-mousseux dit crément, le non mousseux
et le vin blanc connu sous le nom de tisane de Champagne.
Les
vins rouges les plus estimés sont ceux d'Ambonnay, de Bouzy, de
Villers-Marmerie, de Verzy, de Verzenay, de Mailly, de Rilly, de
Montbré, de Taissy et de Sillery.
Quoique la Champagne doive
à ces vins l’origine de sa réputation viticole, elle en abandonne
peu à peu la culture pour se conformer au goût moderne en tant que
vins rouges, ils n'existent plus pour ainsi dire qu'à l'état de
souvenirs. Les cépages dont ils provenaient ont, il est vrai été
conservés, mais leurs raisins noirs sont presque tous convertis
en vins blancs. La seconde division générale des grands crus de
la Marne embrasse tous les vignobles du pays rémois. Une chaîne
de collines la montagne de Reims, les sépare des contrées arrosées
par la rivière ; elle se partage à son tour en haute et basse montagne
la première zone, en allant de l'est à l'ouest, renferme Verzy,
Verzenay, Sillery, Mailly, Ludes, Chigny et RilIy; à la seconde
zone appartiennent Saint-Thierry, Ville Dommange, Hermonville, etc.;
enfin une petite région intermédiaire à la plaine et à la montagne
fournit le dernier contingent aux meilleurs produits de la Champagne;
c'est là que se rencontre le coteau de Bouzy, dont celui d'Ambonnay
est la continuation. Ce qui caractérise les vins de la Montagne
de Reims, c'est principalement leur corps, leur solidité, leur vinosité
et leur qualité exceptionnelle comme mousseux. Indépendamment des
vins blancs mousseux ou non mousseux, on fabrique encore en Champagne
des vins gris ou rosés. Le mot fabrique serait bien facilement justifié
si l'espace nous permettait d'énumérer, même sommairement, toutes
les opérations que subit une bouteille de vin de Champagne avant
d'être livrée au commerce ; aussi peut-on classer parmi les grands
industriels les Moët, les Cliquot, les Ruinart, les E. Mercier,
les Louis Rœderer, dont les noms se rattachent à l'exploitation
féconde d'une des plus précieuses richesses de la France.
Note importante : Cette courte notice,
extraite du Dictionnaire La France Illustrée – Tome III a été rédigée
en 1884 et de ce fait ne sont plus d’actualité. Il n'en demeure
pas moins que le Champagne fait partie des grands vins de notre
pays et chaque année, ce sont des milliers de bouteilles qui partent
dans tous les pays de notre planète !
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