Beaucaire


Plan de Beaucaire

Jusque vers 1350 Les remparts délimites une agglomération d’environ 12 hectares, cantonnée dans la partie est de la ville actuelle. Lors de la guerre de 100 ans Beaucaire double de superficie ; Elle redresse et étend ses remparts vers l’Ouest Ceinturant désormais une ville de 26 hectares. Mais le début du XIXème siècle est marquée par une phase d’aménagement urbain qui provoque la disparition définitive de l’enceinte médiévale.
C’est à l’emplacement de la rue du Château que se trouvait rempart et fossé formant la limite occidentale de la ville médiévale Jusqu’au milieu du 14e siècle. Le boulevard maréchal Joffre emprunte quant à lui le tracé de la limite nord de la ville médiévale à partir de 1350.
En 1842 La tranchée ; actuelle rue des anciens combattants d’Afrique du Nord ; est ouverte pour contourner le Château.
La ville de Beaucaire est célèbre dans les annales de la France pour son célèbre marché, l’un des plus important d’Europe au Moyen-Age.
A considérer la situation géographique de Beaucaire, on ne peut qu'être frappé des conditions remarquablement heureuses qu’elle présente au point de vue du commerce. Par sa position sur le Rhône à proximité de la mer, Beaucaire est en relations directes, d'un côté, avec la Bourgogne, le Lyonnais, la Suisse, l’Allemagne ; de l’autre, avec le Levant, l’Italie, l’Espagne, en un mot avec tout le bassin de la Méditerranée.

Le Château de Beaucaire

Cette situation, remarquable aujourd’hui encore, était absolument exceptionnelle à l’époque où, sous l’impulsion romaine, le commerce cherchait ses voies en Gaule. Beaucaire s’appelait alors Ugernum. Beaucoup plus voisine de la mer qu'à l'heure actuelle, elle était d’accès facile aux barques de la Méditerranée : le faible tonnage de ces barques leur permettait de franchir sans difficulté les embouchures du Rhône, moins obstruées d’ailleurs alors qu’aujourd’hui.
D’un autre côté, les vallées du Rhône, de la Saône, du Doubs, de la Durance, convergeaient vers Ugernum et en faisaient comme le carrefour des voies fluviales de toute la région. A une époque où les transports se faisaient surtout par eau, Beaucaire était ainsi sur le chemin du grand courant commercial qui allait s’établir entre la métropole romaine et ses provinces septentrionales. Strabon nous indique avec une grande netteté l’existence de ce courant commercial dès le siècle d'Auguste. « On peut, dit-il (2), remonter le Rhône bien haut avec de grosses cargaisons qu’on transporte en divers endroits du pays par le moyen d’autres fleuves navigables qu’il reçoit et qui peuvent également porter des bateaux pesamment chargés. Ces bateaux passent du Rhône sur la Saône, et ensuite sur le Doubs, qui se décharge dans ce dernier fleuve ; de là les marchandises sont transportées par terre jusqu’à la Seine, qui les conduit ensuite dans le pays des Lexoviens et des Caletes, d’où elles passent dans la Grande-Bretagne en moins d’une journée de navigation. »
Ce passage du célèbre géographe grec démontre bien l’avantage que Beaucaire tirait de sa situation sur le Rhône.
Enfin, par les routes qui y passaient, Ugernum était le trait d’union entre Rome et ses provinces méridionales d’au-delà du Rhône, la Septimanie, la Narbonnaise, l'Aquitaine et l’Espagne.

Le Château de Beaucaire

« C'est au passage de Beaucaire et de Tarascon, dit Elisée Reclus dans sa Géographie universelle, que se trouve le point précis de bifurcation entre les deux voies historiques de la France méridionale, l’une qui remonte le Rhône vers la Bourgogne, l'autre qui suit le Littoral pour aller rejoindre la vallée de la Garonne. » Cette dernière est celle que certains auteurs, appellent la voie Aurélienne, d’autres, la voie Domitienne : c’est l'une et l’autre si on la considère dans sa totalité, depuis Rome jusqu'à Cadix ; c’est la voie Aurélienne de Rome à Arles, la voie Domitienne d’Arles en Espagne. Cette dernière passait à Ugernum. Il est probable qu’elle traversait le Rhône sur un pont de pierre entre Tarascon et Ugernum : un registre du péage de Beaucaire, de l'année 1315, écrit en dialecte languedocien, donne le détail de ce que chaque marchandise devait payer, sauf pendant les trois jours que durait la foire, en passant sous les piles du pont, or per passa las pilas (1). »
Ce document démontre qu'il y avait alors un pont en pierre ou du moins les restes de ce pont. Un pareil ouvrage datait évidemment de l’occupation romaine et devait avoir été construit pour relier les deux parties de la grande voie militaire conduisant d’Italie en Espagne.
Quant à l'autre voie historique dont parle Elisée Reclus, elle remontait le Rhône jusqu’à Lyon en passant par Ernaginum (Saint-Gabriel), Tarasco, Beilintum (Barbentane), Avenio (Avignon) etc. C’est à Tarascon, juste en face de Beaucaire, qu’elle rencontrait la voie Domitienne. Le pont en pierre dont nous venons de parler reliait Ugernum à cette deuxième voie romaine.
Strabon nous indique dans sa géographie (3) une route passant par Ugernum. Elle formait comme le prolongement de la voie Domitienne, au-delà de Tarascon, et se dirigeait sur Aix (Aquae-Sextiae), où elle venait se greffer sur la grande voie aurélienne conduisant d’Arles en Italie.
Ugernum était relié de la même façon à une 4e voie romaine, d’une grande importance sinon stratégique, Pour le moins commerce : cette route partait d’Arles, pas- sait à Ernaginum, près duquel elle rencontrait le prolongement de la voie Domitienne dont nous venons de parler. Elle traversait ensuite la Durance à Cavaillon (Cabellio), et remontait toute la vallée de cette rivière en passant par Apt (Apta Julia), Sisteron (Segustero), Gap (Vapincum), Embrun(Eburodunum) et Briançon (Brigantio), pour traverser les Alpes Cottiennes au mont Genèvre et arriver ainsi jusqu’à Suze (Segusio), où commençait alors l’Italie.

La foire de Beaucaire

Vue du Château Tarascon depuis Beaucaire

Ainsi, dès l’époque romaine, Beaucaire se trouvait au point de convergence d’un véritable réseau de voies commerciales. Une pareille position géographique, si exceptionnelle à une époque où les débouchés étaient rares, où les voies de communication étaient peu multipliées et peu sûres, prédestinait presque fatalement Beaucaire à devenir le centre de l’un de ces grands rendez-vous périodiques de marchands dans lesquels se renfermait alors le commerce, et l’on peut dire que dès la période romaine, il y avait à Beaucaire une grande foire en « puissance ».
Il est permis de s’étonner que des conditions si éminemment favorables n'aient porté leurs fruits qu’à une époque qui paraîtra relativement tardive, si l’on considère l’ancienneté de Beaucaire et l’existence en France de foires importantes bien antérieures.
Ce ne serait, en effet, suivant l’opinion générale, que de l’an 1217 que daterait la création de cette foire (1). Mais d’abord, il est certain pour nous que la foire de Beaucaire existait, au moins en fait, avant 1217 : Il en est fait mention, dès 1168, dans une donation faite par un seigneur du pays en faveur de l’abbaye de Franquevaux ; l’acte, fait en présence de Bermond d’Uzès et de ses deux fils « Eléazar et Raimond », fut passé à Beaucaire ; pendant la tenue de la foire ». C'est là la preuve la plus ancienne que nous ayons de l’existence de la foire de Beaucaire.

Beaucaire

Existait-elle à une époque bien antérieure, dès la période romaine par exemple ? Nous ne le pensons pas : les auteurs qui ont énuméré les foires et les « emporia » alors existants, Strabon par exemple, n’eussent pas manqué de citer Ugernum à côté de Narbonne, de Nîmes et de Bordeaux. La foire de Beaucaire n’a dû naître que plus tard.
Les marchands trouvèrent a Beaucaire, sous la protection de son imposant château-fort, cette sécurité si nécessaire aux transactions et si difficile à réaliser à cette époque de piraterie et de brigandages. Ils ne durent pas hésiter longtemps à y fixer pour l’avenir le siège de leurs réunions périodiques. Et qui sait si le nom actuel de Beaucaire, que l’on s'accorde généralement à faire dériver de « bel caïré » (beau côté, belle situation), n’est pas l’appellation heureuse que lui donnèrent les marchands, lorsque, en quête d’un nouveau lieu de rendez-vous, ils découvrirent ce joli site, si bien approprié aux besoins du commerce que la nature et l’industrie humaine semblaient l’avoir placé là exprès pour remplacer celui qu’ils quittaient ?
Peu à peu les relations commerciales de Beaucaire s étendirent ; les croisades, sur le chemin desquelles il se trouvait, lui offrirent d’abord un débouché pour les produits du pays ; plus tard, elles en firent le centre d’échange des marchandises venant du Levant ou y allant ; et la charte de concession qui fut octroyée aux habitants de Beaucaire ne fit, comme tant d’autres, qu’ériger en institution un état de fait préexistant. Ce ne fut pas une création, ce fut une reconnaissance légale, et ce qu’on a coutume d’appeler la charte constitutive de la foire de Beaucaire n’en était déjà, on peut le dire, qu’une confirmation, la première de cette longue série à laquelle chaque règne de notre histoire jusqu’à 1789 a ajouté une unité.



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