Avant de devenir la France avec les frontières
que nous lui connaissons, elle fut d'abord, un vaste territoire occupé
par des dinosaures de différentes formes toutes aussi fantastiques les
unes que les autres. Ensuite on y vit apparaître l'homo sapiens, celui
qui nous a laissé les dessins et gravures de Pair Non Paire, Lascaux,
et tant autres.
Viendront ensuite les celtes qui en s'installant
en l'Europe laisseront leurs noms aux lieux qu'ils ont occupés. Ils
deviendront ce que nos livres d'histoire désigneront sous le vocable
de "Nos ancêtres les Gaulois !"
Se sera ensuite au tour des romains
qui délimiteront les territoires, La Grande Narbonnaise, la Lyonnaise,
l'Aquitaine,etc.. Des tributs germaniques délogeront les romains et
viendront prendre possession de notre pays qu'ils diviseront une nouvelle
fois en royaumes comme l'Austrasie, la Septimanie, La Burgondie, etc.
Avec l'avènement des capétiens et après bien des vicissitudes, des
guerres, des mariages, la France se verra divisée en fiefs, en comtés,
en duchés au gré des seigneuries pour être enfin et après réunification
redecoupée en provinces sans aucune réalité administrative.
On dénombre
40 divisions militaire avec 34 généralités militaires; La France est
aussi divisée 135 diocèses pour les besoins du clergé et enfin divisisée
en circonscriptions judicière : on dénombre 13 parlements et 4 conseillés
souverains, toutes ces divisions s'enchevêtrant les unes dans les autres
sans aucune cohésion. La fiscalité est aussi disparate d'une division
à l'autre, ainsi les unes (pays d'Etat) payant moins d'impots ques les
autres (pays d'élections). Le Midi et le Nord n'étaient pas soumis aux
même droit et l'administration municipale variant d'une ville à l'autre.
Même les poids et mesures sont différent d'une province à l'autre !
La Révolution Française chamboulera une nouvelle fois notre pays pour
le diviser en départements et enfin la Vème République le
découpera une nouvelle fois en régions.
Les textes reproduits dans ces pages et décrivant l’histoire des départements Français proviennent en grande partie du Dictionnaire géographique, historique, industriel et commercial de toutes les communes de la France publié entre 1844 et 1846 d’Eusèbe Girault de Saint-Fargeau.(3 Tomes). Des articles provenant du Guide Pittoresque du voyageur rédigé par Eusèbe Girault de Saint-Fargeau en 6 volumes sont inclus dans ces pages. Il en est de même pour la description de certains lieux de la France écrit par Onésime Reclus dans son ouvrage « A la France – Site et monument (33 volumes). L’histoire de chaque département provient de « La France illustrée en 6 volumes », ouvrages rédigés par Malte-Brun, Victor-Adolphe (1816-1889)
Ces ouvrages ont été numérisés par
la Bibliothèque Nationale de France et sont consultables
sur le Site Gallica. Des cartes proviennent du Recueil des
plans des places du Royaume, divisées en provinces, faits
en l'an 1693. Les cartes des départements proviennent de
l'ouvrage dont le frontispice de l’ouvrage est reproduit
ci-contre et disponible sur le site de la Bibliothèque Numérique
de Toulouse. De même les différentes cartes proviennent
de documents anciens numérisés par la Bibliothèque Nationale
de France et sont également visibles sur le site Gallica.
Les images et les reproductions de toiles proviennent de
différents sites et appartiennent au domaine public, donc
libre de tout droit.
Sauf indications contraires, les
photos ont été prise par moi-même
L'enchevêtrement et la superposition
des différentes circonscriptions administratives
de l'ancien régime (fiscales, judiciaires, police,
militaires, évêchés etc...) était des plus compliqués
parce qu'il fallait absolument respecter, dans chaque
domaine de l'action administrative, les droits et
les coutumes locales.
La nécessité de rationaliser
le découpage administratif de la France était déjà
ressentie avant la Révolution : en 1780 par exemple,
un projet de découpage géométrique proposait de
diviser le royaume en 9 régions carrées toutes de
même superficie, elles-mêmes subdivisés en 9 contrées
carrées, puis chaque contrée partagée en 9 districts
carrés etc...
Les départements sont
créés par décret du 22 décembre 1789 pris par
l'Assemblée constituante afin de remplacer les
provinces de France jugées à la fois impropres
à la bonne maîtrise du territoire national par
le pouvoir central et profondément injustes
relativement à leur représentation auprès de
ce même pouvoir central parce que trop inégales
en importance, mais aussi afin de rationaliser
l'organisation du territoire en une entité administrative
unique en lieu et place des diverses divisions
du royaume, extrêmement différentes par leur
taille, se chevauchant les unes les autres et
s'enchevêtrant par de multiples enclaves et
dessins tortueux. Le nombre exact des départements
et leurs limites furent fixés dans des décrets
du 15 janvier et du 16 février 1790, leur existence
prenant effet le 4 mars suivant.
Mais pour
éclairer votre lanterne, cliquez sur la note pour découvir les pages d’un
Atlas de Francedivisée en ses gouvernements
militaires et en ses généralités, subdivisée
en toutes ses provinces et petits pays... Mrs
J. D. B. M. D. Revu et corrigé par différents
auteurs et édité en 1767.
Mais en 1789 il y a urgence,
et pour cause : après la nuit du 4 août (abolition
du cadre féodal) il faut mettre en place un nouveau
cadre permettant de contrôler la formation des municipalités.
Celle-ci se fait anarchiquement : Sieyès dit qu'il
faut éviter que le royaume «se déchire en une multitude
de petits Etats sous une forme républicaine». Pour
cela, il faut créer des circonscriptions électorales.
Le comité ad hoc créé au sein de la constituante,
animé par Sieyès et Thouret, présente un projet
dès le 29 septembre. Il a un air de déjà-vu : 80
départements carrés de 70 km de côté, chacun divisé
en 9 cantons. C'est un découpage "à la hache" qui
présente aux yeux du comités l'avantage de remédier
à la superposition "gothique" des anciens diocèses,
baillages, gouvernements, généralités, et -surtout-
de régler radicalement son compte au corporatisme
provincial local : avec des départements aussi "carrés",
la Révolution arrachera (le mot n'est pas trop fort)
les futurs députés à la "pression provincialiste".
C'est exactement le but recherché, et le temps fera
le reste : "Ne désespérons pas que le jour viendra
où l’esprit national étant mieux formé, tous les
Français n’ayant qu’une seule loi, et un seul mode
de gouvernement, abjureront tous les préjugés de
l’esprit de corporation locale" (Thouret).
En un mot : le Département
sera le moyen de "reconstruire et régénérer
l'Etat" (Thouret), la machine à mettre en place
l'égalité. "Qu'est-ce que six lieues carrées
où il n'y a pas d'habitants ?" tonne Mirabeau.
Et il fait une proposition : créons 120 départements
plus petits -on aura ainsi des ensembles plus
égaux au sens des hommes et non plus des arpents-
et découpés avec des limites consacrées à la
fois par la nature et par les habitudes – c'est
mieux que les carrés de Thouret. L'Assemblée
constituante choisit finalement le compromis
: entre les deux définitions de l'égalité, territoriale
et démographique, elle choisit la première mais
la corrige en calculant la proportion des représentants
d'après le chiffre de la population et le montant
des impositions ; elle repousse le découpage
géométrique mais cherche autant que possible
à diviser à l'intérieur des limites provinciales.
Les négociations entre les villes et les comités
sont âpres, et on tient davantage compte "des
liens qui resserrent depuis si longtemps les
mœurs, les coutumes, les productions et le langage"
(Mirabeau).
C'est ainsi qu'on obtient, le
15 janvier 1790, des départements dont les frontières
utilisent tantôt le tracé des anciennes généralités,
tantôt celui du duché, tantôt celui du diocèse
etc… et on ne touche pas aux paroisses, devenues
"communes".