Histoire du Loir et Cher

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Cette région est la terre des Carnutes. Le territoire que recouvre l'actuel département de Loir-et-Cher a été habité dès les temps préhistoriques, mais c’est du Moyen Âge que datent les premiers efforts d’organisation locale : de nombreux châteaux et places fortes sont érigés pour permettre aux habitants de résister aux invasions successives des Normands, Bourguignons, Anglais, etc. L’économie est assez florissante : commerce dans les vallées, agriculture en expansion dans la Beauce et le Perche et jusqu’en Sologne, qui connaît une relative prospérité jusqu’au XVIIème siècle. Toutefois, politiquement, la région demeure écartelée entre les comtés et duchés voisins. En 1397, le Comté de Blois entre dans la possession de la maison d’Orléans. En 1498, Louis d’Orléans (23e Comte héréditaire de Blois) monte sur le trône de France, sous le nom de Louis XII : c’est le point de départ de l'importance de Blois et du Blaisois dans la vie politique française, remarquable notamment sous les derniers Valois. Rois et grands financiers rivalisent alors pour construire châteaux et demeures élégantes qui, par leur nombre, leur importance et leur intérêt, se placent aujourd’hui au premier plan du patrimoine national (Chambord, Blois, Cheverny, etc).

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Pendant que s'éteint la race
carlovingienne, la descendance de Robert le Fort ne
cesse de grandir, et lorsque la branche des comtes de
Paris usurpe la couronne dans la personne de Hugues
Capet, la branche des comtes de Blois, représentée par
Thibaut le Tricheur, son cousin germain et comme lui
arrière-petit-fils de Robert le Fort, réunit au Blaisois
la Touraine, le comté de Champagne et le pays Chartrain.
Nous avons insisté sur cette généalogie, quelque peu
aride, pour bien constater la haute position qu'occupaient
dès lors les comtes de Blois dans la féodalité française.
Si Thibaut mérita son surnom par des traits de déloyauté
et de fourberie que la morale si peu scrupuleuse de
son temps n'a cependant pas craint de flétrir, il faut
aussi reconnaître que, en véritable descendant de Robert
le Fort, il lutta obstinément contre l'étranger il perdit
son fils aîné dans une bataille livrée à Richard, duc
de Normandie ce fut son second fils, Odon ou Eudes,
qui lui succéda, et, après la mort de celui-ci, sa femme,
Berthe, fille de Conrad, roi de Bourgogne, épousa en
secondes noces Robert, fils de Hugues Capet.

Eudes Il, successeur d'Odon,
ajouta à ses titres héréditaires celui de comte palatin
ou premier comte du palais son crédit à la cour du roi
Robert était immense, ses richesses fort considérables
les revenus de la célèbre abbaye de Marmoutier lui appartenaient
presque en totalité ; le nom des adversaires auxquels
il fit la guerre suffirait à prouver qu’elle devait
être sa puissance sans parler des comtes de Vermandois,
auxquels il enleva la dignité de palatin, citons Henri
Ier d'Angleterre, Raoul, roi de Bourgogne,
son oncle, et Conrad, roi d'Italie, qui fut depuis empereur.
Ce guerroyeur infatigable périt enfin dans une bataille
qu'il livra à Gosselin, duc de Lorraine et de Bar.
Son fils Thibaut, mort en 1088, perdit le comté
de Tours, que lui enleva Geoffroy-Martel, comte d'Anjou;
malgré cet amoindrissement, il laissa de si vastes domaines
son successeur, Étienne ou Henri-Étienne, que ce seigneur
était appelé communément le grand comte de France, et
qu'un vieux dicton recueilli par les chroniqueurs contemporains
lui attribuait la possession d'autant de châteaux qu'il
y a de jours dans l'année. Après s'être signalé dans
un premier voyage en terre sainte par l'éclat de ses
exploits et la sagesse de ses-conseils, Étienne, dans
une seconde expédition, fut tué à la bataille de Rama,
laissant huit enfants, dont cinq fils. On fit passer
l'aîné pour atteint de folie il se faisait appeler,
dit-on, seigneur du soleil ; pour ce motif ou sous ce
prétexte, il fut dépouillé de la plus grande partie
de l'héritage paternel.
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Le second, nommé Thibaut, comme
son père, fut comte de Blois et de Champagne. Le quatrième
devint roi d'Angleterre par son union avec Mahaut de
Boulogne, héritière de la couronne. C'est sous le nom
d'Étienne de Blois qu'il figure dans la liste des monarques
anglais. Les deux autres frères n'ont laissé aucun souvenir
historique on suppose qu'ils furent évêques ou n'eurent
dans la succession qu'une part peu importante.
Ce
Thibaut, substitué aux droits de son aîné, eut aussi
plusieurs enfants, entre lesquels fut partagée aussi
sa succession. Le comté de Blois échut au second de
ses fils, qui s'appelait Thibaut comme lui. Celui-là
épousa une fille du roi Louis le Jeune, fut sénéchal
de France et périt au siège de Saint-Jean-d'Acre, en
Palestine. Nous avons ici un exemple frappant des coups
que portèrent les croisades à la féodalité française,
si profondément enracinée dans le pays, obstacle qui
arrêtait depuis si longtemps le développement de la
prospérité nationale.
Louis, fils de Thibaut, part
aussi pour la croisade et meurt à la bataille d'Andrinople.
De cette nombreuse et florissante famille, un seul fils
reste, Thibaut, qui meurt sans enfants, et le comté
de Blois passe à sa cousine Marie d'Avesnes, qui le
porte dans la maison de son époux, Hugues de Châtillon.
Sans doute les nouveaux comtes de Blois étaient encore
d'une famille illustre et puissante ; mais combien nous
sommes loin déjà de Robert le Fort et de Thibaut le
Tricheur !
La dynastie des Châtillon régna sur le
Blaisois de 1230 à 1391. Dans cette période commencent
à poindre les premiers germes de franchises municipales
la monnaie locale que battaient les comtes de Blois
subit une dépréciation proportionnée à l'extension des
relations commerciales ; Gui 1er est obligé
de vendre son droit de monnayage à Philippe de Valois,
sa monnaie rie pouvant plus soutenir la concurrence
avec la monnaie royale.
Tout révèle que la France
est invinciblement entraînée vers la constitution de
son unité cette œuvre ne s'accomplira pas sans de grands
efforts ni sans dé pénibles déchirements, mais les croisades
préparent l'émancipation par l'épuisement de la féodalité,
et, dans l'histoire particulière du Blaisois, c'est
des Châtillon que date cette phase nouvelle.
Enfin,
en 1591, Louis de Châtillon, unique héritier de Gui
1er et désespérant lui-même d'avoir des enfants,
se laissa entraîner par les conseils du sire de Coucy,
habile diplomate, dirait-on aujourd'hui, grand contre
cœur, selon la naïve expression de Froissart. Le comte
était vieux, dissipateur, débauché ; il était accablé
de dettes, et l'esprit de famille était éteint en lui.
Le duc d'Orléans, frère du roi Charles VI, venait d'épouser
Valentine de Milan et cherchait un emploi pour la riche
dot qu'il avait reçue ; le sire de Coucy exploita si
habilement les circonstances, que, moyennant deux mille
couronnes d'or et la jouissance du comté pendant le
reste de sa vie, Louis de Châtillon abandonna l'héritage
de ses pères au duc d'Orléans, au détriment de ses héritiers
légitimes.
A ce marché, le Blaisois gagna de devenir
un fief presque royal mais il acheta cet avantage au
prix des tribulations et des épreuves qu'entraîna plus
directement pour lui la lutte d'Armagnac et Bourgogne.
Les souvenirs qui se rattachent à la période des ducs
d'Orléans appartiennent plus spécialement aux annales
de Blois. L'époux de Valentine fut assassiné, comme
on le sait, par les ordres du duc de Bourgogne. Charles,
son fils, pour venger la mort de son père, appela l'étranger
à son aide il expia ce crime par une captivité de vingt-cinq
ans ; fait prisonnier à la bataille d'Azincourt, il
confia l'administration du comté d'abord à son frère,
comte des Vertus, puis à Dunois, bâtard d'Orléans. Il
ne recouvra la liberté qu'en 1440, et c'est encore vingt-deux
ans plus tard, en 1462, qu'il eut de sa troisième femme,
Marie de Clèves, un fils qui fut le roi Louis XII. Cet
espace de près d'un siècle fut rempli par les événements
les plus calamiteux. A la guerre des Armagnacs succéda
la guerre contre les Anglais. Le Blaisois fut traversé
et ravagé souvent par les troupes de tous les partis.
C'est dans cette contrée que Jeanne d’Arc rassembla
la petite armée à- la tête de laquelle elle partit pour
faire lever le siège d'Orléans. Quand la paix était
rétablie partout ailleurs, le Blaisois fut encore le
théâtre de la sédition connue sous le nom de Praguerie
ou de guerre des écorcheurs. Charles VII, vainqueur
des Anglais et comprenant la nécessité de donner à l'armée
une organisation régulière, voulut procéder au licenciement
des compagnies franches dont les habitudes de violence
et de pillage rendaient la paix presque aussi désastreuse
que la guerre aux habitants des pays que ces bandes
traversaient. Les capitaines, jaloux de conserver la
sauvage indépendance dans laquelle ils vivaient, surent
intéresser à leur cause les seigneurs, les princes du
sang qui avaient été leurs compagnons d'armes le dauphin
lui-même, celui qui devait être Louis XI, consentit
à être le chef des mécontents, et c'est dans le Blaisois
que s'organisa cette révolte dont les conséquences pouvaient
être si funestes, si l'habileté énergique du roi n'était
parvenue à la comprimer dès le début.
Les guerres
de religion qui agitèrent le siècle suivant n'épargnèrent
pas davantage le pays mais nous en réservons le récit
pour notre notice sur la ville de Blois, dont le nom
seul rappelle les épisodes les plus importants de ce
drame. Depuis l'avènement au trône de Louis XII, le
Blaisois avait été réuni au domaine royal. Depuis Louis
XIII jusqu'à nos jours, les événements qui s'y sont
passés appartiennent aux chroniques locales ou rentrent
dans l'histoire générale de la France, que nous n'avons
ni la mission ni l'ambition de traiter ici. Il nous
reste seulement quelques lignes à ajouter sur le Vendômois
et la Sologne, dont les territoires, comme nous l'avons
dit en commençant, sont entrés aussi dans la constitution
du département de Loir-et-Cher.
Le Vendômois (Vindocensis
ou Vidocinensis ager) reste confondu jusqu'au Xème
siècle dans cette immense contrée couverte de bois qui
formait primitivement le pays des Carnutes.
C'est
sous Charles le Chauve qu'il prend une existence politique
distincte et devient comté héréditaire. On pourrait
s'étonner de voir ce petit fief conserver son indépendance
dans le voisinage si périlleux des domaines de Robert
le Fort et de Thibaut le Tricheur ; l'histoire nous
donne l'explication de ce fait. Bouchard, comte de Vendômois
à cette époque, jouissait de la plus haute considération
auprès des Capets ; il fut le général et le premier
ministre de Hugues. Peut-être encore crut-il devoir
consolider son crédit par le prestige d'un certain caractère
religieux; car, quoique marié et père de deux enfants,
nous le voyons se retirer du monde avec le consentement
de sa femme et se faire moine en 1007 dans l'abbaye
de Saint-Maur-les-Fossés, près de Paris. Son fils Renaud,
évêque de Paris, hérita de sa faveur auprès de Hugues
Capet dont il fut chancelier. Sa nièce, Adèle, apporta
en dot le Vendômois à Bodon de Nevers, dont le second
fils, Foulques, surnommé l'Oison, eut le comté maternel
pour sa part d'héritage. La fille unique de ce dernier,
Euphrosine, fit passer par son mariage le Vendômois
dans la maison de Preuilly, où il demeura cent ans environ.
La famille de Montoire le conserva pendant les deux
siècles qui suivirent. C'est en 1362 qu'une Catherine
de Vendôme, unique héritière de cette famille, épousa
Jean de Bourbon, comte de La Marche.
En 1514, le
comté de Vendôme fut érigé en duché-pairie par Louis
XII en faveur de Charles de Bourbon, aïeul de Henri
IV. Ce prince étant devenu roi réunit le Vendômois à
la couronne, puis, en 1598, il le donna en apanage à
César, fils naturel qu'il avait eu de la belle Gabrielle
d'Estrées. Louis-Joseph, arrière-petit-fils de César,
reconnu duc de Vendôme en 1669, mourut sans enfants
en 1712, et son duché fut définitivement réuni à la
couronne.
La Sologne, partie du Blaisois comprise
entre la Loire et le Cher, nommée dans les vieux historiens
Segalonia, de socal ou segale, qui en langue celtique
signifiait, dit-on, seigle, dut aux limites naturelles
qui la circonscrivent et à l'importance de Romorantin,
sa capitale, le privilège de constituer une seigneurie
distincte, quoique dépendante du Blaisois, et qui fut
presque toujours l'apanage des cadets des différentes
familles qui possédèrent le comté de Blois.
Il en
fut ainsi pour les maisons de Champagne, de Châtillon
et d'Orléans. Les ducs de ce nom l'abandonnèrent à leurs
frères puînés, qui portaient le titre de comtes d'Angoulême
; c'est ainsi que Charles d'Angoulême transmit la seigneurie
de Sologne à François d'Angoulême, depuis roi de France
sous le nom de François 1er, qui la réunit
à son domaine royal.
La Sologne, moins favorisée
sous beaucoup de rapports que les autres contrées du
département, est la partie où le caractère national
a conservé le plus d'originalité ; les habitants cachent
sous les apparences d'une simplicité naïve et presque
niaise une finesse proverbiale C'est un niais de Sologne,
disait-on jadis et pourrait-on dire encore, qui prend
des sous pour des liards. Ce penchant vers la ruse,
dernière ressource du faible contre le fort, s'explique
par l'infériorité relative où la nature place l'habitant
de la Sologne. Au milieu des territoires les plus riants,
les plus fertiles de de France, entre la Touraine et
le Blaisois, le contraste des caractères est une image
de la dissemblance du sol. Joyeux et fortunés habitants
des riches vallées de la Loire, soyez indulgents et
compatissants pour le colon pauvre et fiévreux de la
mélancolique Sologne.
Durant la guerre de 1870-1871,
le département de Loir-et-Cher fut envahi par les armées
allemandes, notamment par les troupes commandées par
le grand-duc de Mecklembourg et par le prince Frédéric-Charles;
il fut le théâtre principal de la retraite de la seconde
armée de la Loire dirigée avec une grande énergie par
le général Chanzy. Des combats sanglants furent livrés
dans la forêt de Marchenoir, à Josnes, à Morée, en avant
de Vendôme, etc.
Le général Chanzy se montra à la
hauteur des circonstances douloureuses dans lesquelles
il se trouvait placé ; il déploya une activité, une
ténacité digne des plus grands éloges et qui plus d'une
fois étonnèrent l'ennemi. Grâce à lui, la retraite ne
fut pas un désastre, et nos jeunes soldats, dans les
combats qu'ils eurent à soutenir, montrèrent ce qu'ils
eussent pu faire si, au lieu d'être des recrues à peine
exercées et mal équipées, elles eussent été des troupes
sérieusement organisées. Quoi qu'il en soit, dès le
lendemain de la reprise d'Orléans par les Allemands,
le prince Frédéric-Charles lançait le grand-duc de Mecklembourg
à la poursuite de l'aile droite et du c'entre de notre
armée. Le 7 et le 8 décembre, des combats heureux pour
nos armes étaient livrés dans les défilés de la forêt
de Marchenoir, à Josnes, à Cravant, à Beaumont, à Villorceau
et à Messas ; mais l'abandon de Beaugency forçait le
général en chef à se retirer à Travers. L'occupation
du parc et du château de Chambord par les Allemands
le 9 décembre), sur la rive gauche de la Loire, rendait
impossible une diversion de la part du général Bourbaki,
qui n'était pas, du reste, en mesure d'y songer et auquel
un « mois » était nécessaire pour se réorganiser. La
crainte bien légitime d'être coupé ne permettait donc
pas au général de conserver les positions sur lesquelles
il s'était arrêté, et il dut abandonner la Loire et
ramener son armée au nord-ouest, derrière le Loir. La
retraite, rendue pénible par un temps affreux, s'effectua
pourtant sans trop de difficultés, l'armée du grand-duc
étant hors d'état de faire un nouvel effort. Le 14,
Chanzy occupait Vendôme et la ligne du Loir et repoussait
les attaques du grand-duc ; mais le prince Frédéric-
Charles arrivait avec des forces écrasantes et notre
armée se désorganisait. Il fallait reculer, reculer
encore. Le 16, au matin, on évacua Vendôme ; la retraite
se poursuivit vers Le Mans, où nos troupes, en partie
débandées, espéraient trouver un refuge et un repos
de quelques jours ; elles ne furent d'ailleurs pas sérieusement
inquiétées et il n'y eut que quelques combats soutenus
par l'élite de nos soldats, à Azay et à Épuisay.
Par le court récit qui précède, il est facile de comprendre
que le plus grand nombre des localités de Loir-et-Cher,
importantes soit par leur population, soit plutôt comme
points stratégiques, furent occupées par les Allemands;
citons Mer, Blois, Chambord, Villemorain, Coulommiers,
Marchenoir, Oucques, Vendôme, Villiers, Montoire, Sougé,
Poncé, Ouzouer-le-Marché, Morée, Azay, Épuisay, Sargé,
Mondoubleau, etc.
Blois

Blois apparaît pour la première
fois en 410 lorsqu'elle est conquise par le chef breton
Iuomadus qui en expulse le « consul » Odo, probablement
d'origine germanique. Il y fonde un état autonome ou
semi-autonome qui se maintiendra jusqu'à la prise de
la ville par Clovis en 491. En 851, Blois est pillée
par le chef viking Hasting5. Une autre source indique
que la ville fut pillée par deux fois en 854 puis vers
856-8576. En 1171, Blois fut une des premières villes
d'Europe à accuser ses juifs de crimes rituels à la
suite de la disparition inexpliquée d'un enfant chrétien.
Trente à trente-cinq juifs (sur une communauté d’environ
130 personnes) furent brûlés vifs le 26 mai 1171
près des fourches patibulaires. Cette accusation en
entraîna d'autres à Pontoise, Joinville et Loches. Le
martyr de Blois fit une impression considérable sur
les contemporains. Outre deux récits en prose des événements,
des Selihot furent composées. Apprenant les tragiques
événements de Blois, Rabbenou Tam déclara le jour de
jeûne pour les juifs de France, de Grande-Bretagne et
d'Allemagne.

Blois fut au Moyen Âge le siège d'un comté dont la dynastie posséda également la Champagne avant de monter sur le trône de Navarre. Charles de Blois fut un candidat malheureux au duché de Bretagne et fut béatifié. Le 4 juillet 1562, comme Beaugency, la ville est prise et pillée, mais par les catholiques du maréchal de Saint-André, et, tout comme à Beaugency, les femmes sont violées. Le 7 février 1568, les protestants du capitaine Boucard pillent et incendient la ville, violant et tuant les catholiques. Des cordeliers sont jetés dans le puits de leur couvent. Les églises sont ruinées. En 1588-1589, les États généraux se réunissent à Blois. Les 23 et 24 décembre 1588, Henri III fait assassiner le duc de Guise en son château de Blois. Après le départ des rois vers Paris, Blois perd son caractère de résidence royale, avec le faste et l'activité économique qui accompagnait la Cour. Henri IV transfère à Fontainebleau la riche bibliothèque blésoise. En 1814, l'impératrice, Marie-Louise d'Autriche, se réfugie à Blois. Le 28 janvier 1871, le lieutenant Georges de Villebois-Mareuil libère la ville occupée par les Prussiens.
Romorantin-Lanthenay

La première trace écrite de Romorantin
n’apparaît qu’à la fin du XIIème siècle.
Possession des Comtes de Blois, la ville obtient une
charte de franchise en 1196. Des fortifications s’élèvent
sur la rive droite. La « Grosse Tour » (château fort
de la ville) subira l’assaut des anglais en 1356. A
la fin du XVème siècle, sous la protection
des Comtes d’Angoulême, et plus précisément de Jean
d’Angoulême (grand-père de François 1er),
la ville s’agrandit. Le pont est déplacé en amont et
de nouvelles murailles protègent la ville au nord et
Jean d’Angoulême attaché à la ville décide la construction
d’un nouveau château à l’ouest sur les rives de la Sauldre.
François Ier a des projets grandioses pour
Romorantin. L’inconfort de la demeure familiale, l’insuffisance
de ses logements pour une cour brillante, le goût du
faste de François 1er, l’amènent à souhaiter
en ce lieu qu’il aime, un château aux mesures du roi
qu’il est devenu. Il demande à Léonard de Vinci dont
le génie le fascine et qui vit alors au Clos Lucé à
Amboise de concevoir une ville nouvelle et une résidence
royale sur les bords de la Sauldre. Après une étude
des lieux, Léonard de Vinci dessine les plans d’un gigantesque
palais à cheval sur les deux rives de la Sauldre, à
l’ouest du château des Comtes d’Angoulême. Il conçoit
aussi un grand programme de travaux hydrauliques. Malheureusement,
ce projet ne sera pas réalisé à la mort de Léonard de
Vinci. Le roi se tourne alors vers Chambord. La fin
du XVIème siècle sera assombrie par les guerres
de religion et suite à une épidémie de peste, les successeurs
de François 1er délaisseront le château, partiellement
détruit et largement défiguré.
Au cours de l’année
1499, Louise de Savoie, veuve de Charles d’Angoulême
accueillera dans son château Louis XII et Anne de Bretagne
fuyant la peste à Blois. Pendant ce séjour, le 13 octobre,
la reine mettra au monde une fille prénommée Claude,
qui épousera François d’Angoulême, le futur roi François
1er. Il semble que le couple royal, parmi
toutes les résidences qui s’offraient à son choix, ait
eu une prédilection pour Romorantin, ville commune à
chacun des époux, à des titres différents. Dans un édit
de 1515, le roi rappelle que c’est à cet endroit que
« sa bien aimée compagne la reine a pris sa nativité,
génération et nourriture… »
Vendôme

Vendôme était la capitale du comté de Vendôme, dont l'existence est attestée dès le IXème siècle, et qui deviendra duché au XVIème siècle, puis élection au XVIIIème siècle. À partir de la fin du XIVèmesiècle, le comté de Vendôme, puis le duché jusqu'à l'accession d'Henri IV au trône, vont appartenir à une branche de la famille royale : les Bourbon-Vendôme. En 1790, la ville devient simple arrondissement et sous-préfecture du Loir-et-Cher, sous la tutelle de Blois. À partir du XIXème siècle, l'arrondissement de Vendôme sera regardé, sous l'influence des travaux d'érudition locale et bientôt de la promotion du tourisme dans la vallée du Loir, comme un pays traditionnel : le Vendômois. On ne peut connaître à quelle époque fut établi le comté de Vendôme. On sait seulement que son territoire comprenait à peu près l’ancien Pagus vindocinensis ou pays Vendômois, lui-même division de la Civitas Carnutarum ou cité des Carnutes, dont Autricum, qui devint la ville de Chartres
Le Château de Cheverny

Les terres du domaine sur lequel
est situé le château furent cédées, dans la seconde
moitié du XIVème siècle, à Jean Hurault,
avec ses « maisons, pressoirs et vignes », par Henri
le Mareschau, sans doute fils de Robert, lequel apparaissait
comme propriétaire de Cheverny en 1315, qu'il tenait
du comte de Blois La famille Hurault était une vieille
famille blésoise, sans doute issue de Bretagne, dont
le plus ancien membre connu, Regnault Hurault, apparaît
en 1270, sous le règne de Philippe III Le Hardi comme
« bourgeois de la ville de Blois »
En 1490, Jacques
Hurault, petit-fils de Jeannote, acquit la seigneurie
de la Grange et de Cheverny, après avoir exercé de hautes
fonctions sous Louis XI, Charles VIII et Louis XII.
Il forma plusieurs agrandissements autour du pressoir
alors que sa carrière connaissait son apogée, le portant
au poste de gouverneur et bailli du comté de Blois sous
le règne de François Ier.
Avant sa mort,
il céda le domaine à son fils Raoul Hurault qui obtint
du roi, en juin 15106, l'autorisation de fortifier la
nouvelle demeure qu'il venait d'édifiera. Claude de
France lui céda en avril 1514 le droit de justice ainsi
que celui de sceau et de tabellionage sur la paroisse
de Cheverny, François Ier validant l'année suivante
les concessions afin que le château fût adapté aux longs
séjours de la cour dans la région. .
Raoul Hurault,
seigneur de Cheverny, était marié à Marie de Beaune,
fille de Jacques de Beaune, baron de Semblançay, premier
intendant des finances royales, lequel entraîna son
gendre dans sa faillite, à la suite des poursuite engagées
par François Ier et l'implacable Louise de Savoie contre
les financiers soupçonnés de malversations. Parti servir
en Italie au côté du maréchal de Lautrec, il fut tué
en août 1528 devant Naples. Sa veuve, récemment accouchée
d'un septième enfant, dut assumer une amende de 100
000 livres, par arrêt des commissaires de la Tour carréenote,
et fut contrainte d'aliéner le château de Cheverny.
Celui-ci fut adjugé, en 1537, à Pierre de Ruthie, lieutenant
de la vénerie du roi, qui le céda, en 1542, à son neveu
Bernard de Ruthie, abbé de Pontlevoy, aumônier du roi8
En 1551, ce fut Diane de Poitiers, favorite du roi Henri
II, qui acquit le châteaun. Mais l'on se rendit compte
que la vente initiale, intervenue durant la minorité
des enfants de Marie de Beaune, était contraire au droit
et, au terme d'un procès, Diane de Poitiers dut le restituer
à Jacques et Philippe Hurault, par acte du 25 février
1564, moyennant le paiement de 35 000 livres.
Le
domaine échut à Philippe. Sa mère, Marie de Beaune,
qui avait dû s'installer, après la cession de Cheverny,
à La Morelière, une maison toute proche dans le domaine
forestier, puis dans la demeure familiale de Blois,
mourut en 1567, laissant une belle fortune et ayant
assisté à la réhabilitation de son époux au motif que
« le Roy avoit esté mal servy et trompé en celles de
feu Hurault ». En 1577, les terres furent érigées en
vicomté, puis, en 1582, en comté. Philippe Hurault de
Cheverny, fidèle courtisan de Catherine de Médicis et
d'Henri II, fut garde des sceaux puis remplaça Birague
en tant que chancelier de France. Cependant, son rôle
important dans les négociations avec la Ligue détermina
le roi Henri III à prononcer sa disgrâce, peu après
la Journée des barricades, et à l'assigner dans sa résidence
de Cheverny. Après avoir conservé le fil des intrigues
politiques, tant auprès des ligueurs que des protestants,
il retrouva en 1590 les sceaux des mains d'Henri IV
.
En 1596, il céda le domaine de Cheverny à son
fils Henri Hurault, qui, près de vingt ans auparavant,
avait été porté sur les fonds baptismaux par Henri d'Anjou,
Henri de Navarre et Catherine de Médicis. Il avait épousé
à l'âge de treize ans une jeune fille de grande famille,
Françoise Chabot, fille du Grand écuyer de France, le
baron de Charny, mais celle-ci continua de demeurer
auprès de ses parents. De caractère impétueux, vif et
parfois colériquea, il suivait Henri IV et ses armées,
reconnu par le souverain comme de bon conseil. Alors
qu'il prenait possession du château de Cheverny, il
fit venir son épouse, mais la laissa cependant vite
seule afin de poursuivre le service du roi, à la tête
d'une centaine d'hommes d'armes. Françoise Chabot s'ennuyait
et la rumeur de son infidélité finit par gagner la cour.
Un jour que le comte Hurault était au Louvre auprès
d'Henri IV, ce dernier, passant derrière lui, pointa
deux doigts en corne derrière sa tête, cette plaisanterie
provoquant l'hilarité de tous les courtisans. Mais un
petit miroir fit apercevoir au comte qu'il était l'objet
de ces moqueries. Le 26 janvier 1602, sans dire mot,
il regagna à franc étrier, aux premières heures du matin,
son château de Cheverny et, se faisant ouvrir les portes,
n'eut que le temps de voir un page s'échapper par la
fenêtre de la chambre et se rompre la jambe. Hurault
l'acheva d'un coup d'épée. Puis, en présence d'un confesseur,
il laissa le choix à sa femme de subir le même sort
ou d'absorber le poison qu'il lui tendait. Après qu'elle
se fût donné la mort, on s'aperçut qu'elle portait un
enfant mâle depuis cinq mois et demi. Le roi l'apprit
mais, bien que se sentant coupable, condamna le comte
à demeurer sur ses terres de Cheverny.
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Deux années plus tard, Henri
Hurault se remaria avec la fille d'un avocat, Marguerite
Gaillard de la Morinière, que l'on disait aussi « belle
que sage, femme d'esprit et de caractère ». Après trois
ans d'exil, le comte de Cheverny fut rappelé au service
du roi, laissant son épouse aux soins de la demeure
et lui abandonnant le revenu. Celle-ci, selon la légende,
aurait mené seule l'élévation d'un nouveau château .
Mais, plus vraisemblablement, le désir ancestral de
construction du comte de Cheverny et l'inspiration éclairée
de son épouse permirent de créer conjointement une nouvelle
demeure, en lieu et place d'une forteresse passée de
mode et marquée par la tragédie. L'ancien bâtiment fut
rasé presque entièrement au début des années 1630 et
l'on appela les artistes les plus en vue de la région
pour les travaux.
Le château reçoit la visite d'Elizabeth,
reine-mère d'Angleterre en 1963.
L'Assassinat du duc de Guise
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