Histoire de la Loire
César dans son Livre des commentaires fit entrer le territoire du département dans l'Histoire. Le premier peuple gaulois ayant vécu dans la région est celui des fiers et farouches Ségusiaves. Après la bataille d' Alesia en 52 av. J.-C. , les Romains favorisèrent le développement de la cité commerciale de Forum segusiavorum sur les bords de la Loire afin de faciliter les échanges avec les Éduens.
Alliés, sous Vercingétorix, des Éduens
(Autunois) leurs voisins, et placés entre le Rhône et les Arvernes,
ils avaient pour cité Forum, aujourd'hui Feurs, d'où le Forez
paraît avoir tiré son nom. César et Ptolémée font mention des
Ségusiens, peuple libre, suivant Pline, Segusiani liberi.
On croit qu'ils se livraient au commerce. Ils prirent une
part active à la guerre de l'indépendance par l'envoi d'un contingent
de 10 000 hommes à l'armée nationale. On dit même que c'est
près de Saint Haon-le-Vieux que César défit complètement Vercingétorix.
Au milieu d'une prairie s'élève un rocher sur lequel sont
sculptées de grandes clefs en relief, en mémoire racontent les
habitants du pays, de la victoire de César.
Après la conquête
romaine, cette contrée, comprise dans la Lyonnaise, devint une
colonie florissante: Des temples et des palais s'élevèrent;
des voies romaines et des aqueducs sillonnèrent le pays dans
tous les sens. Pendant près de cinq siècles, les Romains y dominèrent.
On y voit encore plus d'une trace de leur long séjour. Comme
dans la plupart des cités gallo-romaines, le christianisme naissant
y eut ses persécuteurs et ses martyrs.
Conquis par les Bourguignons
en 478, puis par les Francs en 534, le Pagus forensis
fut compris dans le partage que firent entre eux les enfants
de Clovis, en 534. Plus tard, en 727, les Sarrasins le ravagèrent.
Après un assez long déclin, il refleurit sous Charlemagne. Il
faisait alors partie du comté du Lyonnais, dont le gouvernement
était confié à des comtes amovibles. Sous le règne de Charles
le Chauve, l'un de ces comtes, appelé Guillaume, parvint à rendre
son pouvoir héréditaire. Il se qualifiait de comte par la grâce
de Dieu (900). Après lui, Artaud 1er, son fils, régna
sur les Forésiens, avec le titre de comes Forensium.
A ce comte succéda Artaud II. Burchard,
archevèque de Lyon s'étant permis, dans cette ville, des actes
d'autorité qui blessaient les droits de ce prince, celui-ci
entra à main armée sur les terres de l'Église lyonnaise et les
ravagea (999). Artaud III contribua à chasser les Maures du
Dauphiné. Son frère, Giraud II, qui lui succéda, réunit au comté
de Lyon son apanage particulier, le comté de Forez, et continua
contre les archevêques de Lyon la lutte commencée par Artaud
II; mais il fut chassé de cette ville par les troupes de Conrad
le Salique. Ce comte avait une fille qui s'appelait Prêve. Celle-ci,
désirant se retirer du monde, fit part de son dessein à son
père et à sa mère, qui lui assignèrent comme retraite le château
de Pommiers. Prêve était jeune et belle. Un jeune seigneur s'en
éprit et la rechercha en mariage; mais elle rejeta ses propositions,
disant qu'elle avait fait choix de son époux. Soit erreur, dit
la chronique sur le sens de ces paroles, soit que son amour-propre
fût blessé de ce refus, ce jeune seigneur vint dire aux frères
de Prêve, qui étaient ses amis et l'avaient même encouragé dans
sa demande, que leur sœur s'était déshonorée et qu'elle vivait
en concubinage. Les deux plus jeunes, sans chercher à s'assurer
du fait, croyant en avoir assez appris par ce seul refus de
mariage, viennent la trouver dans son château de Pommiers, et,
l'ayant engagée à une promenade, lui coupèrent la tête et la
jetèrent avec le cadavre dans un puits, cc qui est celui qui
encore aujourd'hui sert à l'usage du public du bourg.
Après
Giraud II régna Guillaume Ill, dont Guillaume de Tyr parle avec
éloge. Poussé, dit-on, par des chagrins domestiques, il fut
l'un des premiers à se croiser. Quoi qu'il en soit, réputé pour
ses vertus et pour ses talents militaires, il périt au siège
de Nicée, laissant son héritage à Guillaume IV, son fils, qui
mourut sans postérité. Ainsi finit, après deux siècles d'existence,
la première race des comtes de Forez en 1107.
Alors, par
le mariage d'Yde-Raymonde, fille d'Artaud IV, avec Gui-Raymond
d'Albon, dauphin de Viennois, le comté passa dans une autre
maison, et la seconde race des comtes de Forez commença. Gui
Ier, laissa trois fils l'un se fit chartreux, le
second succéda à son père, et le troisième, Raymondin, épousa
la fameuse Mélusine dont il est si souvent parlé dans les anciens
romans de chevalerie et surtout dans l'Astrée. Armé chevalier
par le roi lui-même, Gui II eut à défendre le Forez contre les
entreprises de Guillaume, comte de Nevers. Saint Bernard intervint
dans la querelle des deux comtes. « Il trouva dans le comte
de Forez, dit Jean l'Hermite, toute la docilité qu'il pouvait
désirer; mais celui de Nevers protesta qu'il n'accorderait ni
paix ni trêve son ennemi qu'il ne l'eût chassé de ses terres
et aussitôt, ayant rassemblé ses troupes, il entra dans le Forez.
Le comte Gui, ne pouvant éviter le combat, se recommanda aux
prières du saint homme, qui lui promit la victoire, et l'évènement
justifia la promesse car Gui, plein de foi, s'étant jeté comme
un lion furieux sur les troupes de son ennemi, les tailla en
pièces, de telle sorte qu'à peine deux ou trois de ses gens
purent échapper au carnage et que le comte de Nevers lui-même
fut fait prisonnier. » Cependant les archevêques de Lyon n'avaient
point renoncé à ce qu'ils appelaient leurs droits sur cette
ville, dont les comtes de Forez se disaient possesseurs de temps
immémorial Héraclès en occupait alors le siège. Il voulut faire
valoir ses prétentions. Alors Gui Il entra dans le comté avec
une armée, prit Lyon, y maltraita les partisans d'Héraclès,
surtout les clercs, dont les maisons furent pillées, et força
le prélat lui-même à se retirer dans le Bugey. Il y eut des
pourparlers, mais qui n'aboutirent qu'après de longues disputes
dont le roi et le pape durent se mêler. Les deux prétendants
se partagèrent la ville en 1157. Plus tard, cependant, en 1173,
Gui céda à l'archevêque le comté de Lyonnais, en échange de
plusieurs domaines que celui-ci possédait dans le Forez, et
moyennant onze cents marcs d'argent. Philippe-Auguste et le
pape ratifièrent ce traité, en 1180.
C'est de cette époque
que les chanoines de Saint-Jean, à Lyon, furent appelés comtes
de Lyon, comme ayant succédé aux droits des comtes de Forez.
Après Gui II, Gui III gouverna le comté. Il partit avec Renaud
de Dampierre pour la croisade, en 1096, et mourut, en 1202,
sous les murs de Tyr, regretté de toute l'armée. Son fils, Gui
IV, eut en 1214 des démêlés avec le sire de Beaujeu, son voisin.
Philippe-Auguste intervint et tout s'arrangea par arbitrage.
Ce même Gui s'opposa, en 1215, au passage du Bugre d’Avignon
qui voulait traverser le Forez pour aller rejoindre son neveu,
Ferdinand de Portugal. Ayant rassemblé une forte armée, le comte
alla à la rencontre du Bugre, lui livra bataille le même jour
que Philippe-Auguste livrait celle de Bouvines, et, l'ayant
battu et fait prisonnier, il le mena triomphant à Paris.
Huit ans après, en 1223, il octroya une charte d'affranchissement
aux habitants de Montbrison, C'est le premier comte de Forez
qui ait fait cet octroi à ses serfs. Son exemple fut suivi par
les autres petits seigneurs ses vassaux. Outre Montbrison, Saint-Rambert,
Saint-Haon-le-Châtel, Saint-Bonnet, Cornillon, Valleret obtinrent
le droit de s'ériger en communes. Dans la guerre des Anglais,
les comtes de Forez se signalèrent par leur dévouement à la
cause nationale l'un d'eux, Gui III, contribua puissamment à
la reprise de Miremont et de Villefranche sur l'ennemi en 1345.
Deux ans après, il se trouva dans l'armée du roi, « marchant,
dit Froissart, à l'encontre de l'Anglois. » Cependant le Forez
eut sa large part de malheurs dans cette guerre. Montbrison
tomba au pouvoir de l'ennemi qui la livra aux flammes.
Après
les Anglais vinrent mange lard les puis les croquants,
les redonteurs, et enfin les tard venus, tous
bandits ou voleurs qui se mirent à ravager le pays sous des
chefs hardis et expérimentés qu'ils se choisissaient eux-mêmes.
Déjà ils avaient jeté un camp volant jusqu'à la ville de Charlieu,
d'où ils menaçaient de se ruer sur le Forez, quand Jacques de
Bourbon, comte de la Marche, ayant reçu mission du roi Jean
d'aller donner la chasse à ces pillards, passa par ce pays.
Il prit avec lui ses deux neveux de la maison de Forez, savoir
le comte Louis et Jean son frère, que leur oncle Renaud, seigneur
de Malleval, voulut accompagner en 1362. « Ce prince, dit
un vieux chroniqueur, se rend donc à Lyon avec ces trois seigneurs,
qui composoient alors toute la maison de Forez, et, ayant tenu
son conseil de guerre avec les principaux officiers de son armée,
il fut délibéré, pour ne donner temps à ces bandits de s'approcher
davantage de la ville de Lyon, ou de s'épancher davantage dans
le pays voisin et spécialement dans celui de Forez qui estoit
cher à ce prince, à cause de ses neveux, de les aller combattre.
Ce prince donc, avec le comte d'Uzez et Renaud de Forez, seigneur
de Malleval, et quelques autres seigneurs de l'armée, choisissent
des coureurs pour aller reconnoître les ennemis, qui, se prévalant
de la commodité d'une montagne voisine de Brignais, ne firent
paroître sur l'éminence qui regardoit Lyon qu'environ cinq mille
hommes, le reste, par ruse de guerre, s'estant caché derrière
la montagne, qui avoit encore pour eux cet avantage qu'elle
estoit pierreuse et leur fournissoit des cailloux à commodité
pour en accabler ceux qui les y viendroient attaquer. Ces coureurs
ayant fait rapport du petit nombre qu'ils avoient aperçu, ct
n'ayant pas remarqué les amas de pierres qui estoient sur cette
montagne, le prince, croyant avoir l'avantage de son costé et
pour le nombre d'hommes et pour le courage des combattants,
mit son armée en bataille pour aller à eux, et dans cette marche
fit plusieurs grands seigneurs chevaliers, qui levèrent bannière
selon les formes et coutumes de ce temps-là. » Parmi ces
chevaliers était ce Louis, comte de Forez, son neveu, lequel,
en effet, avant ce grade de chevalerie, et pour ne l'avoir pas
encore, estoit qualifié, avant qu'il fust comte, de simple nom
de damoiseau, nobilis vir Lacdovicus de Foresio, domicellus,
. comme on le voit en la bulle de dispense de son mariage
avec Jeanne de Turenne. « A la vue de cette armée, dont l'avant
garde comptait seize cents combattants, les tard-venus, qui
avoient parti dessus leur montagne, attendirent de pied ferme
qu'on les y vînt attaquer, et sitôt qu'ils virent l'armée assez
près d'eux pour la combattre, ils jetèrent d'en haut de toutes
parts une telle grêle de cailloux qu'ayant d'abord enfoncé et
mis en déroute l'avant-garde, ils mirent aussi en désarroi le
corps de bataille, dans lequel, après les bannières ou enseignes
du prince commandant et de son fils marquées des armes de Bourbon,
paroissent celles de ses neveux, le comte de Forez et son frère.
Ils renversèrent à force de pierres les meilleurs bataillons
de ce corps d'armée après quoi leurs autres troupes, qui estoient
cachées derrière la montagne, serrant leurs files et courant
en diligence, vinrent donner à dos sur l'arrière-garde, dont
s'ensuivit une mêlée entre les deux armées où il y eut un grand
carnage de part et d'autre; mais, enfin, la victoire s'inclinant
du côté des tard-venus, le champ de bataille leur demeura, et
ce qui resta de l'armée des princes se retira en grande confusion.
» Telle fut cette bataille de Brignais, « bataille, dit
Froissart, qui fit si grand profit aux compaignons et porta
un coup funeste au Forez et à la seconde race de ses comtes.
» Louis, en effet, y périt, et Renaud, son oncle, y fut fait
prisonnier. Seul, Jean de Forez, frère du comte et qui lui succéda,
en revint sain et sauf; mais il ne tarda pas de ressentir les
effets de ce grand désastre « Il tomba en un délire qui lui
causa une faiblesse et imbécillité d'esprit qui lui demeura
le reste de sa vie, et obligea la princesse sa mère et ses autres
parents de lui nommer pour curateur son oncle Renaud de Forez,
sitôt qu'il fut sorti de prison; » mais celui-ci vendit le Forez
à Louis de France, second fils du roi Jean, et dès lors ce comté
passa dans l'immense apanage des ducs de Bourbon.
Sous ces
ducs, le Forez, souvent visité par eux, jouit d'une longue prospérité.
Ils y régnèrent jusqu'à la mort de Suzanne de Bourbon, arrivée
en 1521. Louise de Savoie, mère de François Ier,
hérita de ce comté, qui fut réuni à la couronne en 1531.
Après les comtes de Forez et les ducs de Bourbon, les d'Urfé
ou d'Ulphé ont laissé le plus de souvenirs dans ce pays. Si
les premiers en furent les maitres, ceux-ci en furent les pères
et les bienfaiteurs. Ainsi que toutes les grandes familles,
les d'Urfé ont leur légende. On croit qu'ils sont originaires
d'Allemagne. Un comte Welphe, que les chroniques des Pays-Bas
appellent duc de Bavière, et qui vivait au moyen âge, serait,
suivant l'opinion générale, leur premier ancêtre connu. De ce
duc naquit Welphe, dit le Robuste, célèbre dans les croisades.
Son fils, Welphe le Vaillant, vint à la cour du roi Louis le
Gros et le suivit dans son expédition contre les sires de Polignac
dans le Velay. Comme il revenait du Puy avec ce prince, en passant
dans le pays de Forez, il fut si fort épris de la beauté d'une
parente de Gui 1er,, comte de Forez, appelée Aymée,
qu'il demanda et obtint sa main. Il se fixa dans le pays et
y fit bâtir, sur l'un des plus hauts lieux, un château auquel
il donna son nom, Welphe ou Ulphe, qui se modifia plus tard
en celui d'Urphe ou Urfé. Telle est l'origine de cette famille
célèbre. Sa fortune fut rapide. Déjà puissants sous la seconde
race des comtes les d'Urfé représentèrent la troisième et plus
tard lui succédèrent. Héritiers des comtes, presque étrangers
au pays, les ducs de Bourbon sentant la nécessité d'y avoir
un représentant, Guichard d'Urfé, qui était déjà l'ami et le
confident du duc Louis II, fut par lui pourvu de la charge de
bailli de Forez, qui resta depuis presque toujours dans sa famille.
A ce titre, la faveur des princes attacha, dans la suite,
de grands et nombreux privilèges dont les d'Urfé jouirent jusqu'au
règne de Louis XIV. Alors l'esprit centralisateur « vint, dit
un biographe des d'Urfé, étouffer les provinces et leurs patrons,
et la maison de d'Urfé, qui n'avait tiré toute son illustration
que de son pays, alla quelque temps végéter à Paris, puis s'y
éteignit presque sans gloire dans le XVIIIème, siècle.
»
Cependant les sages efforts des d'Urfé ne parvinrent pas
toujours à préserver ce pays. C'est ainsi qu'à peine sorti des
guerres féodales et étrangères il eut à souffrir des guerres
de religion. Plusieurs ministres et prédicants qui s'estoient
perchez ez villes de Feurs, Saint-Galmier et Saint- Bonnet-le-Chastel
ayànt été arrêtés et conduits dans les prisons de Montbrison
en 1562, les protestants armèrent en diligence. Bientôt le baron
des Adrets parut dans le Forez. Après avoir pris Feurs, le 3
juillet, il marcha sur Montbrison à la tête de quatre mille
hommes et s'en empara. De Montbrison, il alla droit au château
de Montrond, où le gouverneur du Forez s'était renfermé. Il
y entra le lendemain ; puis, y laissant Quintel, un de ses lieutenants,
il se retira à Lyon, non sans avoir laissé derrière lui de nombreuses
traces de sang. On dit qu'à Montrond il pilla l'église ; et
parce qu'ils étaient trop lents à lui apporter les vases sacrés,
il fit, ajoute la chronique, jeter en bas du clocher le curé
et le marguiller. Ainsi maitres de la principale place du Forez,
les calvinistes faisaient chaque jour des expéditions contre
les villes voisines qui n'étaient nullement en état de défense,
et que Saint-Aubin nomme les villottes du Forez; ils envoyèrent
à Saint- Bonnet-le-Château une compagnie d'archers, qui revint
après avoir brûlé tous les papiers de l'église. Boën, Saint-Galmier,
Saint-Germain se souviennent encore de leur terrible visite.
De pareils excès étaient loin de concilier aux huguenots les
habitants du Forez ; les catholiques prirent les armes, et,
sous la conduite de Saint-Chamond, de Saint-Hérand et de Saint-Vidal,
firent la chasse aux soldats de des Adrets. Après son expédition
contre Saint-Étienne, Sarras, capitaine huguenot, s'en revenait,
avec les siens, chargé d'armes et de butin. Saint-Chamond, qui
avait environ quinze cents hommes, dont sept à huit cents arquebusiers,
le surprit, et, l'ayant battu, il vint mettre le siège devant
Annonay, alors ville forésienne et qui tenait pour le parti
protestant. Cette ville capitula ; mais, contre la foi des traités,
Saint- Chamond fit passer au fil de l'épée tous ceux qui furent
pris les armes à la main et précipiter en bas ceux qui étaient
dans les tours. Puis, apprenant que des Adrets marchait au secours
de cette ville, avec quatre cents argoulets ,il lui accourcit
le chemin et l'affronta à Beaurepaire, si rudement, que des
Adrets, voyant ses gens taillez en pièces, se retira de la meslée
et gaigna Lyon à la course en 1562.
Après la bataille de
Moncontour, des bandes de l'armée protestante se jetèrent dans
ce pays, disant qu'elles voulaient plumer les oizons du Forez;
elles y séjournèrent près d'un mois, pendant lequel elles
« firent de grands bruslements et saccagements; tellement que
du donjon de Montbrison de jour à autre on voyoit le feu allumé
en divers lieux en1569. » Au fléau de la guerre civile vinrent
se joindre la peste, la famine et le débordement de la Loire.
Jamais le Forez n'avait plus soufert, la tradition rapporte
qu'il ne resta que vingt-cinq habitants à Bourg-ArgentaI. À
Montbrison, l'herbe croissait dans les rues. Dans la seule année
1589, Saint-Étienne compta 7000 morts. « Henri III estolt
mort, dit un vieux chroniqueur du Forez; messire Anne d'Urfé,
gouverneur de ce pays pour la Ligue, fit lever la main à tous
ceux qui vouloient suivre ce party en l'assemblée générale du
pays qui fut faicte à Montbrison. Plusieurs y firent serment
de fidélité à la Ligue; mais pourtant il fut remarqué que plusieurs
habitants de Montbrison tenoient le party du roy. C'est pourquoy
le marquis d'Urfé ayant en ladicte ville sa compagnie de gens
d'armes dict qu'il leur feroit affront s'ils ne changeoient
de party ; et, en effet, le 15 août 1589, ils se mirent à battre
ceux de Montbrison qui ne tenoient pour la Ligue et en blessèrent
plusieurs. »Cependant, en 1595, Montbrison se rendit au
roi; mais son château fut rasé ainsi que ceux de Bourg-Argental,
de Donzy et autres.
Compris, en 1790, dans le département
de Rhône et- Loire, le Forez paya largement son tribut à la
Révolution par le pillage de ses châteaux et de ses églises
et par un grand nombre de victimes envoyées à l'échafaud. Depuis
ce temps, à part la grève de Ricamarie, en 1869, sa répression
sanglante et l'émeute de Saint-Étienne, pendant la Commune,
en 1871, ce pays s'est livré tout entier au commerce et à l'industrie.
Jusque-là l'exploitation des mines de plomb, d'étain, de cuivre,
d'or, d'argent et autres métaux, dont un bourgeois de Lyon avait
obtenu le privilège, en 1405, s'était peu développée ; grâce
à des temps plus calmes, elle prit une grande extension. Mais
on songeait peu alors aux mines de houille qui ont fait plus
tard la fortune de ce pays. Depuis 1572, on parlait de rendre
la Loire navigable. Ce projet tant de fois ajourné reçut enfin
un commencement d'exécution. On fit plus on tenta., au moyen
d'un canal de jonction entre le Rhône et la Loire, d'ouvrir
sur les deux mers un débouché à l'industrie de cette contrée.
Cette entreprise gigantesque n'a pu être achevée, et le canal
ne vient encore que du Rhône à Givors mais les chemins de fer
y ont suppléé. C'est surtout à partir de 1820 que ce pays s'est
successivement élevé au degré de prospérité industrielle qu'on
y remarque aujourd'hui, et qu'il doit à l'abondance de ses combustibles
minéraux, à ses nombreux établissements métallurgiques et à
ses nouvelles voies de communication. Son industrie minérale
et sa fabrication de rubans y contribuent, il est vrai, d'une
manière inégale, la première en créant une valeur beaucoup au-dessous
de celle que produit la seconde. Néanmoins, elles se fécondent
l'une par l'autre. De là une source intarissable de travail
pour une population qui peut s'accroître en conservant un grand
bien-être.
Saint Etienne
Deux routes anciennes sur la ligne de partage des eaux ont été identifiées et ont été l'objet de découvertes archéologiques modestes : dans un texte de 1243, il est fait mention d'une ancienne voie passant au sud de la ville, la via romipedum a Lugduno ad Podium (voie des pèlerins de Lyon au Puy), toujours visible aujourd'hui de part et d'autre de la ligne de partage des eaux. Cet axe ancien reliant Lyon au Puy-en-Velay fut probablement utilisé régulièrement jusqu'à la mise en place des routes royales. une autre voie ancienne reliant Vienne à l'Auvergne aurait été mise à jour dans le prolongement de l'actuelle rue des Frères Chappe. C'est sous le patronage du seigneur de Saint-Priest-en-Jarez qu'a été fondée la paroisse de Saint-Étienne-de-Furan, à une date et dans des circonstances inconnues. Le château de Saint-Priest est quant à lui mentionné dans les textes en 1167. Saint-Étienne continuera à dépendre administrativement de Saint-Priest jusqu'à la fin de l'Ancien Régime. La première mention de la paroisse de Saint-Étienne se trouve sur les titres de la création de l’abbaye de Valbenoîte, fondée par le comte Guy II de Forez en 1184 dans l'alleu de Ponce de Rossillon. En 1195, Willemlmine de Rossillon donne à l'abbaye ses terrains du champ de L'Orme. En s'implantant ainsi à deux kilomètres au sud la ville, l'abbaye cistercienne de Valbenoîte bénéficiait très probablement de la présence de la grande route de Lyon au Puy-en-Velay et du potentiel hydraulique des eaux du Furan. Au XIIIème siècle la ville se présentait sous l'aspect d'un bourg adossé à l'actuelle colline Sainte-Barbe entre le Roannelet et le Furan. La paroisse s'étendait sur un territoire assez vaste. Avant le détachement de celles de L'Étrat et Rochetaillée aux XIIème et XIIIème siècles, la paroisse de Saint-Étienne allait ainsi des sources du Furan à Saint-Priest-en-Jarez. Les habitants élisaient alors librement des syndics et semblaient jouir de premières franchises municipales. La Guerre de Cent Ans n’épargna pas Saint-Étienne et l’abbaye de Valbenoîte fut saccagée en 1359 par les Tard-Venus anglais. Pour lutter contre ces dangers, l’abbé Hugues de Torrenche entreprit de fortifier la ville. Au XVème siècle, Saint-Étienne-de-Furan faisant partie des fiefs des seigneurs de Saint-Priest-en-Jarez. En 1477, les Durgel de Saint-Priest ajoutèrent à leur nom « et de Saint-Étienne ». La cité où l'on comptait 200 foyer se concentrait alors autour de l'actuelle place Grenette et de la Grande Église. En 1410, la ville fit l'acquisition du Pré de la foire sur la rive droite du Furan sur l'empacement de la future place du Peuple. En 1534, les consuls, habitants et manants de Saint-Étienne-de-Furan obtiennent le gouvernement des portes et des murailles de la ville, s'affranchissant de la tutelle du seigneur de Saint-Priest qui leurs confirme le droit de nommer les consuls chaque année et celui de s'assembler « à leur gré, dans la maison de ville, pour la chose publique». Avec l’essor économique et démographique, le bourg fortifié était trop exigu et deux faubourgs se développèrent autour des murailles : à l'ouest à Polignais et Tarentaize autour de la place Roannelle41. à l'est au-delà du Pré de la Foire, le long du chemin qui conduisait à Valbenoîte, le futur quartier Saint-Jacques. La cité comptait alors plus de 3 000 habitants à la fin du XVème siècle.
En 1535, le roi François Ier
dépêche à Saint-Étienne l’ingénieur Virgile pour organiser la
production d'armes pour les guerres d'Italie. Dès 1592, Papire
Masson écrit: « Cette ville est célèbre dans toute l'Europe
par l'industrie de ses habitants qui ont des ateliers semblables
aux forges de Vulcain où se fabriquent toutes sortes d'objets
de quincaillerie, les armes de chasse et de guerre.»
Début 1570, la ville est prise par l’amiral de Coligny,
au cours de la troisième guerre de religion. Dès le XVème
siècle, il s'était constitué un centre important de production
métallurgique armes blanches, puis armes à feu dès les guerres
d'Italie et l’armurerie va désormais faire la renommée de la
ville avec la production d'armes de guerre ou de commerce, on
y compte plus de 600 armuriers en 1669. La petite métallurgie
donne naissance à une production très variée, appelée « clincaillerie
» qui sera appelé plus tard la quincaillerie. Il se développe
aussi la fabrication de rubans importée d’Italie dès le xvième
siècle.
Grâce à l'importance de son activité industrielle, la ville au XVIIème siècle abrite 23 000 habitants. En 1641, Saint-Étienne passe de la maison des Durgel à celle des Chalus, une branche apparentée. En janvier 1723, François de Chalus vend pour 400 000 livres la seigneurie de Saint-Priest et de Saint-Étienne à Abraham Peirenc de Moras, qui mourut sans héritier. Gilbert des Voisins la vendit à son tour à Louis XVI le 2 février 1787, pour la somme de 1 million 335 935 livres À la fin de l'Ancien Régime, la ville est dite : « La plus considérable du Forez, la seconde du gouvernement du Lyonnais, renommée par ses manufactures et son commerce en armes, clinquaille et rubans ». Sa population est alors d'environ 26 000 habitants. La période révolutionnaire permet à la municipalité d’acheter des terrains du clergé et de la noblesse. L'architecte Pierre-Antoine Dalgabio établi un nouveau plan de la ville en 1792. La ville de Saint-Étienne jusqu'alors orientée est-ouest suivant la route de Lyon au Puy-en-Velay adopte un nouveau axe nord-sud suivant la route de Paris à Annonay, la Grand’rue. Pendant la période révolutionnaire, la ville prend le nom d'Armeville. Malgré son dynamisme économique et démographique, Saint-Étienne dépend toujours administrativement de Montbrison, alors préfecture, et même de Feurs, chef-lieu de la Loire de 1793 à 1795. Ce n'est qu'en 1855 que Saint-Étienne, en raison de son rapide développement industriel et démographique, devient chef-lieu du département. Au moment de la Révolution industrielle s'y développent les métiers de la métallurgie lourde et l'exploitation industrielle des mines de charbons. Dans le même temps, Saint-Étienne devient la capitale mondiale du ruban en dépit de la concurrence de Bâle.
Montbrison
La plus ancienne mention du lieu remonte à 870. La ville de Montbrison naît autour du château des comtes du Forez, dont elle devient la capitale. Elle est fortifiée à la suite des ravages que lui infligent les Anglais au début de la guerre de Cent Ans. François Ier la rattacha à la Couronne. Pendant les guerres de religion (France), Montbrison est prise et pillée par les protestants du baron des Adrets en 1562. La garnison est jetée du haut des remparts sur les piques des protestants.
Roanne
La cité a été fondée entre le IIème
et le Ier siècle avant notre ère pour un développement
ultérieur, au temps de la "Pax Romana", avant de décliner vers
le IIème siècle après Jésus-Christ. Le village initial,
gaulois et minuscule, était situé au niveau du collège Saint-Paul
dans le quartier de La Livatte, légèrement au nord du secteur
du château. La bourgade gallo-romaine s'étendit ensuite au sud.
Près de l'église Saint-Etienne étaient installés des ateliers
de poterie qui produisaient les bols peints de Roanne.
Si
Feurs (Forum Segusiavorum), chef-lieu des Ségusiaves, a été
paré de monuments (forum, théâtre), sa voisine du Nord n'a guère
disposé de grands bâtiments ou d'habitations luxueuses. Le cimetière
était à l'origine situé vers la rue Benoît Malon. Il fut remplacé
vers le Vème siècle par une nécropole localisée près
du château, aux abords d'une première chapelle.
un certain
Bérard prend le nom de "Roanne" et se taille une seigneurie
en Roannais, de Saint-Haon à Saint-Maurice. Bienfaitrice des
prieuré de Marcigny et Paray, cette famille fonde aussi, vers
1115, le prieuré de Beaulieu à Riorges. Elle disparaît en 1304
avec la dernière héritière, Alice de La Perrière. On suppose
que Roanne possédait déjà un château au XIème siècle,
détruit, au moins partiellement, pendant les guerres contre
le Beaujolais au cours du XIIème siècle. La paix
signée entre Forez et Beaujeu (1222) un second château est édifié
par le Comte du Forez.
. A cette époque, le château ne servait
plus de résidence aux seigneurs de Roanne. Il était utilisé
comme prison et tribunal jusqu'à ce que ce dernier soit transféré
dans le couvent des Ursulines au début du XIXème
siècle.
La catastrophe de Chatelus
Plan du site - Moteur de recherche
| | Page Aide |
Contact
© C. LOUP 2024
.