Le département de la Lozère est formé de l'ancien pays de Gévaudan et d'une partie des ci-devant diocèses d'Alais et d'Uzès. Il tire son nom de la Lozère, chaîne de montagnes moins remarquable par sa hauteur que par ses beaux pâturages et par la nature des roches de granits quartzeux mêlés de mica noir et de feldspath qui la composent— Ses bornes sont : au nord, les départements de la Haute-Loire et du Cantal; à l'est, ceux de l'Ardèche et du Gard ; au sud, ceux du Gard et de l'Aveyron : ce dernier département le borne aussi à l'ouest. Le sol de ce département est' divisé en trois régions : celle du nord est basaltique ou granitique, et porte le nom de Montagnes ; celle du centre, du midi au couchant, est calcaire : on la nomme Causses ; celle du midi au levant est schisteuse et forme les Cévennes. Les neiges dont les hauteurs sont couvertes une partie de l'année donnent naissance à quatre rivières fort connues. : l'Allier, le Lot, le Tarn et le Gardon de Mialet, l'une des branches du Gard; les trois premières versent leurs eaux dans l'Océan, et la quatrième dans la Méditerranée, Au haut delà côte de St-Laurent-de-Trèves, la grande route de Mende à Nîmes passe près de l'endroit où se fait le partage des eaux du Tarn el de celles du Gard, et l'œil du voyageur peut embrasser à la fois les deux vallées dont les eaux coulent dans des directions opposées. Voici la hauteur des principales montagnes et de quelques lieux élevés du département :
Le plateau du Palais du roi 1 548 mètres.
La Margeride 1,519 mètres
La Lozère 1 490 mètres
La source de
l'Allier 1 432 mètres
Le mont Mimât 1 111 mètres
La Causse de
Sauveterre 975 mètres
Le pont de Langogue 896 mètres
La Causse
de l'Hospitalet 780 mètres
Les sources du Tarn et de la Cèze. 770
mètres
La région connue sous le nom de Montagnes ne produit
que du seigle, très peu d'orge et d'avoine, et des fourrages. Les Causses
produisent du froment, de l’orge, de l'avoine, peu de seigle, des fourrages
et des fruits ; c'est la partie la plus fertile du département Dans
les Cévennes, on récolte beaucoup de châtaignes, très peu de seigle,
une assez grande quantité de pommes de terre, et l'on se livre à la
culture du mûrier.
La vigne est aussi cultivée dans cette partie
du département ; mais les vins de la Lozère supportent difficilement
le transport. Le département se divise en deux régions distinctes quant
au caractère moral de sa population. La partie nord, composée des arrondissements
de Mende et de Marvejols, est toute catholique ; la partie sud, formant
l'arrondissement de Florac, est principalement protestante. C'est dans
l'arrondissement de Florac, au Pont-de-Montvert, qu'a commencé la guerre
de religion des Cévennes, dans laquelle la puissance de Louis XIY et
le talent militaire du maréchal de Villars triomphèrent avec peine de
quelques centaines de Camisards (c'est ainsi qu'on nommait les protestants
révoltés). La nature des lieux favorisa beaucoup ceux-ci dans leur résistance.
On a pratiqué depuis des routes destinées à rendre plus faciles l'action
des troupes et le transport de l'artillerie : ces routes ont tourné,
sous d'autres rapports, à l'avantage du pays. Le genre de culture qui
occupe la population des Cévennes contribue autant et plus que la religion
à lui imprimer un caractère particulier ; elle est adonnée à la culture
des arbres, particulièrement du mûrier. Le travail du mûrier se fait
tout à la main : il exige beaucoup de soin et d'industrie; l'éducation
des vers, qui en est la suite, et la filature de la soie, eu exigent
plus encore ; tout cela ouvre davantage l'esprit que le simple labourage,
qui est l'occupation des paysans dans le nord du département. Le Cévenol
se nourrit principalement de. châtaignes, et vend l'excédant de sa récolte,
qui lui sert à acheter un peu de blé. Son industrie s'exerce dans l'art
des irrigations ; il détourne de loin les sources, et fait des barrages
en travers des torrents, pour amener les eaux dans ses prairies. Il
construit des murs de terrassement en pierre sèche, pour soutenir les
terres sur le penchant des montagnes, et forme ainsi une suite de terrasses
pour la plantation des mûriers, on pour empêcher que les eaux pluviales
ne ruinent et n'entraînent les terres.
Vivant au milieu d'âpres montagnes, dans
une contrée pauvre et aride, exposés aux atteintes d'un climat rigoureux,
les cultivateurs de la Lozère ont nécessairement des mœurs agrestes,
des habitudes rudes et grossières. Néanmoins leur caractère est
bon et simple. Ils sont naturellement doux et même affables envers
les étrangers, paisiblement soumis aux autorités qu'ils respectent,
remplis de vénération et de dévouement pour leurs parents qu'ils
aiment. Leur vie est laborieuse et pénible; la plupart ont à lutter
contre la stérilité naturelle du pays qui les environne.
Leur
nourriture est simple et frugale : elle se compose de laitage, de
beurre, de fromage, de lard, de vache salée, de légumes secs, de
pain de seigle ; ils y joignent des pommes de terre ou des châtaignes.
Leur boisson habituelle est l'eau de source ; mais on les accuse
d'aimer le vin et de se laisser aller à l'ivrognerie quand les foires
ou d'autres occasions les conduisent dans les villages où se trouvent
des cabarets.— L'habitant de la Lozère a une physionomie agréable,
qui paraît douce et timide. Los hommes, par leur costume et leur
rire niais, sembleraient avoir servi de modèle à quelques rôles
de comédies. Les femme», avec leur teint fiais, leurs traits délicats,
leurs yeux bleus, font trouver agréable leur air tant soit peu égaré.
Mais il ne faut pas, dit-on, se lier à l'apparence :
Ces femmes
ont de la sirène
La voix trompeuse et les appâts.
Or,
de méchantes langues prétendent que les oréades du Gévaudan arrêtent
quelquefois le voyageur en lui adressant des paroles gracieuses;
qu'elles l'attirent dans des réduits solitaires, d'où il est fort
heureux de sortir en ne laissant que sa bourse, ses vêtements et
quelques lanières de sa peau.
Les habitations des laboureurs
sont généralement basses, humides, incommodes el malsaines ; les
trous à fumiers qui les avoisinent répandent à l'entour des miasmes
putrides. Les habitants sont fort attachés à leur religion, et grands
amateurs de cérémonies religieuses : tous, catholiques et protestants,
ont un égal respect pour les ministres de leur culte. — Ils conservent
aussi avec ténacité leurs vieilles habitudes, tiennent à leurs préjugés,
à leur routine agricole, au costume grossier qu'ils portent depuis
leur enfance. Ils sont peu empressés de changer, même quand leur
intérêt doit profiter du changement. Leur lenteur, leur apathie
cl leur indifférence suffisent pour faire avorter tous les projets
d'améliorations.
Chaque année un grand nombre d'ouvriers de la
Lozère émigrent dans le midi de la France, où ils s'occupent des
travaux de la fenaison el de la moisson, el du soin des vers à soie.
Quelques- uns vont jusqu'en Espagne , où ils sont connus sous l'ancien
nom de « Gavachos », et où on les emploie à tous les ouvrages pénibles.
Les habitants du Gévaudan suppléent ainsi parleur industrie à la
pauvreté de leur territoire. La plupart des émigrants appartiennent
à la partie orientale du département ou aux Cévennes proprement
dites.
Ces travaux rendent l'aspect des Cévennes extrêmement
pittoresque. On ne peut circuler dans les vallées qu'elles laissent
entre elles, que par des sentiers escarpés, puis en suivant le lit des,
torrents. C'est sans doute un grand inconvénient pour la prospérité
du pays ; mais c'est un attrait de plus pour le voyageur que la curiosité
y conduit A chaque instant, les yeux sont frappés de quelque spectacle
nouveau : ici apparaissent des maisons suspendues sur des rochers ;
là on voit les protestants assemblés célébrant leur culte du dimanche
sous l'ombrage des châtaigniers ; plus loin, c'est une réunion nombreuse
de jeunes filles qui viennent se louer pour la récolte des châtaignes
; chacune porte à la main son petit paquet, qu'elle remet en gage au
cultivateur quand ils sont tombés d'accord. Cette peinture des Cévennes
s'applique plus particulièrement au canton de St-Germain-de- Calberte,
dans l'arrondissement de Florac. Le lieu principal des loghes pour la
récolte des châtaigniers est le village pittoresque des Aires, sur là
crête d'une montagne dont les eaux se versent d'un côté dans le Gardon
de St-Germain, de Mialet et d'Anduse ; de l'autre, dans le Gardon d'Alais.
L'un des sites les plus curieux de ce canton est le pont des Rousses,
situé sur la route de St-Germain-de-Calberte aux Aires : ce pont est
jeté sur un torrent qui coule sur un lit de rochers aussi polis et aussi
brillants que l'argent. On ne peut fréquenter cette route autrement
qu'a cheval encore le pied des chevaux a-t-il peine à gravir une côte
toute formée d'ardoises qui réfléchissent les rayons du soleil.
Les
hautes montagnes de la Lozère sont couvertes d'une pelouse, où vont
pâturer en été les troupeaux du Languedoc. Malheur au voyageur qui rencontre
sur la grande route ces immenses troupeaux au- moment de leur migration
annuelle, le bruit lointain des sonnettes suspendues au cou des béliers
annonce leur approche ; la poussière qui s'élève dans les airs; les
bergers marchant en tête, suivis d'un âne portant leurs bagages, et
de leurs chiens fidèles ; les enfants du village retenant les brebis,
malgré leurs bêlements, pour en tirer un peu de lait, sont autant d'obstacles
pour le voyageur. S'il va dans le même sens qu'un troupeau, il.ne fend
ses rangs qu'avec beaucoup de peine pour poursuivre sa route ; s'il
marché en sens contraire, il est obligé de s'arrêter et de laisser défiler
ce troupeau,
Note : ce site officiel
du ministère de la culture vous donne toutes
les informations relatives à tous les lieux
et objets inscrits au patrimoine de chaque commune
d'un département.
Superficie
516 700 ha
Population: 77 163 (2009)
Densité : 15 hab./km²
Nb de communes : 185
Avant la conquête romaine, le
pays qui forme aujourd'hui le département de la Lozère
était habité par les Gabali ou Gabales, nom qui, en
langue celtique, signifie montagnards ou habitants des
hautes terres. César, Ptolémée, Strabon et Pline font
mention de ce peuple, que les Arvernes confinaient au
nord, les Vellaves et les Helviens à l'ouest ; au midi,
les Volces, et à l'orient, les Ruthènes. Ils avaient
pour cité Gabalum, aujourd'hui Javols. Peuple libre
comme les Arvernes (Averni et Gabali liberi, suivant
l'expression de Pline), ils furent les compagnons de
Bellovèse et traversèrent les Alpes à la suite d'Asdrubal.
Rome les eut toujours pour ennemis, jamais pour sujets
; et lorsque plus tard, ayant pris parti pour les Allobroges,
ils furent vaincus, ils restèrent indépendants.
A
l'abri derrière leurs montagnes couvertes de neige,
ils se gouvernaient par leurs propres lois et n'obéissaient
qu'à des chefs élus par eux. Il paraît que leur pays
abondait en mines d'argent, déjà exploitées du temps
des Romains. Pline vante les fromages de la montagne
de Lozère (Mons Lezuræ). Ce pays est un de ceux qui
ont conservé le plus de traces de l'ère celtique. A
Javols, à L'Aumide, aux Fonds, à Grèzes, à Malavillelte,
au Montet, on voit encore des dolmens, des menhirs,
des pierres druidiques, et l'on croit que la fontaine
de la Canourgue est une fontaine gauloise.
A Sainte-Hélène,
sur la rive droite du Lot, le voyageur s'arrête devant
un peulven qu'on appelle dans le pays lou Bertet de
las fadas, le Fuseau des fées.
Après avoir laissé
des garnisons à Narbonne et dans la Province, César
franchit les Cévennes et campa dans le pays des Gabales
avant de pénétrer dans l'Arvernie. C'est, dit-on, dans
la plaine de Montbel, près de la forêt de Mercoire,
que le général romain fit reposer ses légions. Surpris
de cette brusque apparition, les Gabales se lèvent en
armes., forcent les Helviens leurs voisins, qui s'étaient
déclarés pour César, à rentrer dans leurs murs (intra
oppida murosque) ; puis ils vont se joindre à l'armée
nationale, rassemblée par Vercingétorix. Après le désastre
d'Alésia, ceux d'entre eux qui avaient survécu à la
ruine de la patrie rentrèrent dans leurs montagnes ;
mais là encore Rome victorieuse dut compter avec eux
et respecter leurs libertés et leurs lois. Cependant
Auguste les affranchit des liens qui les unissaient
aux Arvernes, et les comprit dans l'Aquitaine. Alors
Gabalum, colonie romaine, devint la résidence d'un préteur
ou proconsul. Il y avait un temple, un palais, un cirque,
dont on voit encore les vestiges ; un castrum s'élevait
dans le Valdonnez, et la grande voie romaine, ouverte
par Agrippa, qui conduisait de Lugdumun à la cité des
Tectosages (Toulouse), avait, entre le Mas de la Tieule
et le Bouchet, un embranchement sur Gabalum.
Peu
à peu, la civilisation romaine tempéra la rudesse et
l'âpreté de ce pays. Du temps de Strabon, les arts et
les sciences y avaient pénétré, et les habitants commençaient
à y parler la langue latine. Ils se livraient l'agriculture,
au commerce et à l'exploitation des mines ; mais leurs
richesses firent leur malheur en excitant la cupidité
et l'avarice des préteurs romains, et c'est pour se
venger de leurs exactions qu'ils se révoltèrent sous
Tibère.
Bientôt le christianisme vint achever l'œuvre
de la colonisation, et ce peuple libre et fier, dont
Rome n'avait conquis que le territoire, courba la tête
sous le joug de la croix. C'est, suivant quelques-uns,
à saint Martial, selon d'autres, à saint Séverin, qu'il
dut de connaitre l'Évangile. Quoi qu'il en soit, la
cité des Gabales avait, au IIIème siècle,
son église et son siège épiscopal relevant de la métropole
de Bourges, et la persécution y avait fait plus d'un
martyr. Quand les Vandales, au Vèmesiècle,
parurent pour la seconde fois dans ce pays, saint Privat
en était évêque. Après le sac de Gabalum par ces barbares,
il se réfugia avec son troupeau dans la petite forteresse
de Grèzes (Gredonanse castellum), y soutint un siège
contre l'ennemi et le força de se retirer.
Cependant,
au VIème siècle, il y avait encore dans ce
pays des restes de l'antique religion druidique. Tous
les ans, le peuple se rendait auprès d'un étang du mont
Helanus (le lac Saint-Andéal), dans lequel on jetait
par manière de sacrifices, qui du linge et des vêtements,
qui du fromage, du pain et de la cire. Alors, pour détourner
les Gabales de ce culte grossier, le saint évêque Evanthius
fit construire à peu de distance du mont Helanus une
église, où il engagea le peuple à venir offrir au vrai
Dieu ce qu'il destinait à l'étang. C'est ainsi que le
christianisme faisait tourner à son avantage les pratiques
les plus grossières du paganisme. A la chute de l'empire
romain, les Wisigoths s'emparèrent du pays des Gabales
; mais Clovis les en chassa.
Alors, ainsi que nous
l'apprend Grégoire de Tours, ce pays s'appelait Terminus
Gabalitus ou Regio Gabalitana. Plus tard, il forma le
Pagus Gavaldanus, dont parlent les écrivains du moyen
âge ; d'où le nom moderne de Gévaudan.
Sous les rois
francs, le Gévaudan eut des comtes particuliers. Au
temps de Sigebert, roi d'Austrasie, il était gouverné
par un certain Pallade, originaire d'Auvergne. Homme
violent et emporté, ce Pallade, au dire des vieux chroniqueurs,
vexait et pillait le peuple. Accusé devant le roi par
l'évêque Parthenus, il prévint son châtiment en se transperçant
de son épée.
A la fin du VIème siècle,
sous le règne de Childebert, un autre comte du nom d'Innocent
gouverna ce pays en digne successeur de Pallade. Il
persécuta entre autres saint Louvent (Lupentius), abbé
du monastère de Saint-Privat de Gabalum (Gabalitanæ
urbs), et l'accusa, pour faire sa cour à la reine Brunehaut,
d'avoir mal parlé de cette princesse et de la cour d'Austrasie.
Cet abbé ayant été mandé à Metz, où se trouvait Brunehaut,
se justifia et fut renvoyé absous mais il ne put échapper
à la vengeance du comte, qui fut l'attendre à son retour,
se saisit de sa personne et l'emmena à Pont-Yon en Champagne,
où, après divers tourments qu'il lui fil souffrir, il
lui permit de se retirer. Ce n'était qu'un piège, car
à peine le pauvre moine libre et parti, le comte le
poursuivit, et l'ayant surpris au passage de la rivière
de l'Aisne, il l'égorgea et jeta son corps dans la rivière.
Après son crime, le comte se présenta à la cour d'Austrasie.
On a prétendu qu'il obtint pour récompense l'évêché
de Rodez, mais ce fait n'est rien moins que prouvé.
Réuni à l'Aquitaine, ce pays en suivit le sort il
obéit successivement aux rois d'Aquitaine et aux comtes
de Toulouse. Raymond de Saint-Gilles, l'un d'entre eux,
l'aliéna, dit-on, en faveur des évêques de Mende. Cependant,
au XIème siècle, un certain Gilbert, qui
épousa Tiburge, comtesse de Provence, se qualifiait
de comte de Gévaudan. Ce Gilbert laissa une fille qui,
mariée à Raymond Bérenger, comte de Barcelone, lui apporta
tous ses droits sur le Gévaudan mais l'évêque de Mende
se disait aussi seigneur et comte du pays. De là de
longs démêlés avec les comtes de Barcelone, qui néanmoins
continuèrent à jouir de la seigneurie directe du Gévaudan,
où ils possédaient le château de Grèzes. Jacques, roi
d'Aragon et comte de Barcelone, céda, en 1225, ce château
et le Gévaudan à l'évêque et au chapitre de Mende «
mais il y a lieu de croire, dit un historien, que cette
cession ne regardait que le titre seigneurial, et que
Jacques se réservait le domaine utile, puisque, par
une transaction passée en 1255 avec saint Louis, le
roi d'Aragon renonça alors non seulement à ses droits
sur la terre de Grèzes, mais encore à tous ceux qu'il
avait sur le Gévaudan. » Dès lors, ce fut contre les
rois de France que l'évêque de Mende eut à faire valoir
ses prétentions ; mais la lutte était inégale. Après
avoir conservé jusqu'en 1306 la souveraineté du pays,
il dut, pour mieux s'assurer la possession du reste,
en céder la moitié au roi Philippe le Bel, qui lui laissa
le titre de comte de Gévaudan.
Au XIV et au XVème
siècle, ce pays fut ravagé par les Anglais, et par les
guerres civiles et religieuses dans les deux siècles
suivants. Br>Alors, Comme les vallées des Alpes, les
Cévennes étaient peuplées d'Albigeois et de Vaudois
dont les familles s'étaient réfugiées dans ces montagnes
pendant la persécution mais là encore l'inquisition
les avait poursuivis, et grand était le nombre des victimes
qui avaient péri sur le bûcher ou sous le poignard dans
ces terribles jours qui suivirent la Saint-Barthélemy.
Cependant les religionnaires prirent les armes. Après
s'être rendus maitres de Marvejols et de Quézac en 1562,
ils marchèrent sur Mende, qui leur ouvrit ses portes,
et de là sur Chirac ; mais comme la place était sur
le point de se rendre, le capitaine Treillans, qui commandait
un corps catholique, arrive à son secours et force les
assiégeants à se retirer. Poursuivant son succès, il
reprend Mende, où deux autres chefs catholiques, d'Apcher
et Saint-Remisi, viennent le rejoindre. Bientôtl es
protestants se présentent de nouveau devant Chirac:
la ville fut emportée et mise à feu et à sang. Il y
périt plus de quatre-vingts catholiques on brûla l'église
et la place fut démantelée.
De là les religionnaires
marchèrent sur Mende ; mais d'Apcher, qui s'y était
renfermé avec plusieurs gentilshommes de l'arrière-ban,
fit bonne contenance, et la capitale du Gévaudan resta
au pouvoir des câthôliques.
Vint l'édit de Nantes
(1598) ; mais la tranquillité dont jouirent les religionnaires
des Cévennes ne fut pas de longue durée. Sans cesse
menacé dans leur privilèges dans leurs privilèges, leur
liberté et leur vie ; patients et fidèles, ils se reposaient
sur la foi des traités et sur le souvenir des services
qu'ils avaient rendus à la monarchie en refusant de
prendre part à la révolte de Montmorency, et plus tard
à celle de Condé. Cependant la persécution était proche.
Colbert, qui prévoyait qu'elle aurait pour résultat
l'émigration d'une population essentiellement industrielle
et l'exportation de grands capitaux, s'y opposa de tout
son pouvoir. « Vous êtes roi, disait-il à Louis XIV,
pour le bonheur du monde, et non pour juger les cultes.
» Mais les conseils de Madame de Maintenon l'emportèrent,
et l'édit de Nantes fut révoqué (1685). Depuis longtemps,
les protestants du Dauphiné et du Vivarais s'étaient
insurgés contre la révocation de l'édit, que ceux des
Cévennes, toujours soumis, n'avaient pas songé à remuer.
« Néanmoins, dit Rabaut Saint-Étienne, on les ménageait
alors parce que l'on appréhendait sans doute que les
mauvais traitements que l'on faisait souffrir à leurs
frères ne les jetassent dans le désespoir. On leur permit
même de convoquer une assemblée générale des députés
et des gentilshommes de leur province pour y passer
un acte de fidélité au roi. « Cette assemblée eut lieu
à Colognac, en septembre .1683. Cinquante pasteurs protestants,
cinquante- quatre gentils hommes, trente-quatre avocats,
médecins ou bourgeois notables, y protestèrent de leur
attachement au roi, exhortant tous leurs coreligionnaires
à la modération et à la patience. Après la paix de Ryswick
signée en 1697, les protestants espérèrent encore mais,
au lieu de leur être favorable, cette paix tourna contre
eux, et les maux qu'ils avaient soufferts depuis la
révocation et qui s'étaient un peu relâchés pendant
la guerre se renouvelèrent avec plus de violence que
jamais.
Pressés d'abjurer, ils répondirent qu'ils
étaient prêts à sacrifier leur vie au roi, mais que
leur conscience étant à Dieu, ils ne pouvaient en disposer.
Alors la terreur et la proscription régnèrent dans ce
pays. D'abord on leur envoya des dragons pour les convertir.
Ces missionnaires bottés, comme ils les appelaient,
entraient dans les maisons l'épée à la main « Tue !
tue criaient-ils, ou catholique ! » C'était leur mot
d'ordre. Ces moyens expéditifs ne suffisant pas, on
en inventa d'autres on pendait ces pauvres gens à leurs
cheminées par les pieds pour les étouffer par la fumée
d'autres étaient jetés dans des puits ; il en eut auxquels
on arrachera ongles ou qu'on larda de la tétè aux pieds
d'aiguilles et d'épingles. C'est ainsi qu'on leur extorquait
parfois leurs signatures ; mais ces conversions à la
dragonnade ne faisaient que des hypocrites. Tel était
au était, au commencement du XVIIIème siècle,
le sort des protestants des Cévennes, et non seulement
on les surchargea de gens de guerre, mais d'impôts.
Les prêtres, abusant de leur influence, firent peser
sur eux une capitation extraordinaire, et plus de vingt
paroisses du Gévaudan se trouvèrent tout à coup ruinées
par ces exactions.
An mois de juin 1.702, de pauvres
paysans qui n'avaient pu payer ayant été pendus, ceux
des villages voisins se soulevèrent, surprirent pendant
la nuit les receveurs du droit de capitation et les
pendirent à des arbres, leurs rôles au cou ; et comme
ils s'étaient déguisés en mettant deux chemises, l'une
pardessus leurs vêtements et l'autre sur la tête, on
les appela camisards, du mot camise (en patois du pays
chemise). Cependant les historiens varient sur l'origine
de ce mot les uns le font dériver du mot cami (chemin),
les autres le font remonter au siège de La Rochelle,
les protestants qui entreprirent de secourir cette place
s'étant couverts chacun d'une chemise pour se faire
reconnaître ; d'autres-enfin prétendent que, comme les
camisards étaient vêtus la plupart à la manière des
paysans des Cévennes qui portaient alors un justaucorps
de toile, ressemblant de loin à une chemise, ils en
ont tiré leur nom. Quoi qu'il en soit, il est certain
que ce sobriquet fut particulier à ceux des Cévennes.
Cependant la persécution ne se lassait pas. Les prisons
regorgeaient de protestants ; on confisquait leurs biens.
Des pères de famille, des vieillards étaient condamnés
aux galères ; d'autres périssaient dans les supplices
roués, brûlés ou pendus. Une pauvre fille fut exécutée
au Pont-de Montvert ; une autre fouettée par la main
du bourreau. Chaque jour des proscription set des victimes.
On arrachait les enfants des bras de leurs mères, et
l'on jetait celles- ci dans des couvents pour être converties.
« Bien plus, dit le savant Tollius, on soulevait les
enfants contre leurs parents en les émancipant, en dépit
de leur jeune âge. » Plus de temples que les couvents
; point d'autre sépulture que les grands chemins ; partout
l'inquisition avec ses missionnaires expéditifs. Tels
sont, en substance, les détails sur lesquels s'accordent
les historiens protestants.
Alors le Gévaudan se
divisait en pays haut et pays bas le haut était presque
tout entier dans les montagnes de la Margeride et d'Aubrac
; le bas faisait partie des hautes Cévennes, et occupait
la montagne de la Lozère.
Cette montagne forme une
chaîne connue sous divers noms, et qui s'étend jusqu'aux
frontières du Rouergue et du diocèse d'Alais ou basses
Cévennes. C'est là qu'est Le Pont de- Montvert et le
Bougès, une des montagnes de la Lozère dont le plus
haut sommet, couvert de bois de hêtres, en fi pris le
nom d'Altefage, mot corrompu du latin, et qui signifie
un hêtre élevé.
Ces lieux sauvages servaient d'asiles
aux proscrits. Comme les chrétiens dans les catacombes,
ils s'y réunissaient la nuit, lisant la Bible, chantant
des psaumes et s'exhortant au courage et à la patience.
Or, il y avait au Pont-de-Montvert un prêtre d'une famille
noble et guerrière il s'appelait l'abbé du Chayla. C'était
un homme naturellement impérieux, sombre et violent
; mais, à la suite de graves maladies, il se relâcha
de ses austérités.« Il mena, dit son biographe (1),
une vie moins dure. » II allait à cheval, pratiquait
un peu moins l'abstinence, le jeune, et traitait bien
ses hôtes. Il paraît qu'il aimait aussi le jeu. Il avait
été missionnaire à Siam. De retour dans son pays natal,
il avait été nommé inspecteur des missions des Cévennes
animé d'un zèle que plusieurs, ajoute son biographe,
ont traité d'indiscret, il faisait une rude guerre aux
protestants. « Pour mieux réussir, il prit avec lui
une mission volante, composée de plusieurs missionnaires,
tant séculiers que réguliers, et se transportait partout
où il y avait des hérétiques à combattre ; mais, loin
de travailler pour le bien de la religion et de l'État,
sa mission ne leur suscitaient que des ennemis. Il avait
fait de son château une prison, et ce que l'on racontait
des tortures qu'il y faisait subir à ceux qu'il voulait
convertir le rendait la terreur de la contrée. Un jour,
à la tête d'une compagnie de soldats, il surprit une
assemblée de protestants dans les montagnes. Plus de
soixante personnes des deux sexes qui s'y étaient réunies
pour prier furent enlevées ; l'abbé commença par en
faire pendre quelques-unes et fit conduire les autres
dans son château cependant plusieurs parvinrent à s'en
échapper, convoquèrent leurs frères et leur firent le
récit de ce qu'ils avaient souffert. Ils disaient que
l'abbé faisait fendre des poutres avec des coins de
fer et forçait ensuite ses prisonniers de mettre leurs
doigts dans ces fentes dont il faisait retirer les coins.
C'est ce qu'on appelait les ceps de l'abbé du Chalay.
A ce terrible récit, la colère et le désespoir se peignent
sur tous les visages. Tous jurent de venger leurs frères
persécutés. Ils s'arment et se rendent à l'entrée de
la nuit au Pont-de-Montvert, devant le château le silence
y régnait, les portes en étaient barricadées l'abbé,
qui avait eu vent de la conjuration, s'était mis en
état de résister. Il avait avec lui quelques soldats
et des domestiques résolus à vendre chèrement leur vie.
Mais les assaillants enfoncent les portes, et mettent
le feu au château. Déjà le toit est en flammes ; l'abbé
essaye de se sauver à l'aide d'une échelle de corde
par une fenêtre qui donnait sur le jardin ; mais, en
glissant, il se laisse tomber et se casse une jambe.
Néanmoins il parvient à se traîner dans une haie vive
qui servait de clôture au jardin ; il y est bientôt
découvert. Allons garrotter ce persécuteur des enfants
de Dieu, s'écrièrent les assaillants ; et craignant
pour sa vie, le malheureux abbé vient se jeter aux pieds
de leur chef ; en vain celui-ci voulut-il le sauver
; plusieurs de sa troupe reprochèrent à l'abbé toutes
ses violences, ajoutant qu'il était temps de les expier.
« Hé! mes amis, leur criait le pauvre abbé, si je
me suis damné, en voulez-vous faire de même? A ces mots
il fut frappé. Voilà pour ce que tu as fait souffrir
à mon père ! lui dit l'un. Voilà pour avoir fait condamner
mon frère aux galères ! ajouta un autre. On dit qu'il
reçut cent cinquante-deux blessures. Il expiait au moment
où l'on arrivait à son secours. » Telle est la version
protestante de la mort de l'abbé du Chayla. Voici maintenant
la relation catholique d'après son biographe, AI. Rescossier,
doyen du chapitre de Marvejols.
« Sur le soir, il
y eut une conférence avec les autres missionnaires,
dans laquelle on parla des peines du purgatoire ; et
sur la fin on agita cette question Si ceux qui souffraient
le martyre étaient sujets à ces peines. » Chacun s'étant
retiré dans son logis pour se coucher, on le vint averti
qu'il y avait quelques étrangers qui commençaient à
arriver dans le lieu. Il crut que c'était une fausse
alarme, jusqu'à ce qu'il entendit un grand tumulte de
gens qui avaient investi sa maison et qui tiraient des
coups de fusil contre les fenêtres. Croyant qu'ils ne
demandaient que l'élargissement de quelques prisonniers
qu'on avait pris dans les assemblées des fanatiques,
il donna ordre qu'on les fit sortir. Ces malheureux
ne virent pas plus tôt la porte ouverte qu'ils se jetèrent
en foule dans la maison ; ils enfoncèrent une porte
d'une salle basse où on avait dressé un autel pour y
dire la sainte messe, et, ayant fait un bûcher au milieu
de cette chapelle, ils y mirent le feu pour faire périr.
l'abbé dans l'incendie de cette maison. Il essaya de
se sauver par la fenêtre à l'aide.de ses draps de lit
; mais ces liens n'étant pas assez longs, il tomba d'assez
haut. Cette chute fracassa une partie de son corps ;
il se traîna dans des broussailles, où il resta jusqu'à
ce qu'il fût découvert, à la faveur de la lumière que
jetait l'incendie de sa maison. » On courut sur lui
; on le traîna par la rue de ce bourg (Le Pont-de-Montvert)
qui va au pont. On lui fit toutes les insultes imaginables,
le prenant par le nez, par les oreilles et par les cheveux,
le jetant par terre avec la dernière violence, et le
relevant en même temps, vomissant mille injures atroces
contre ce saint prêtre, lui disant qu'il n'était pas
aussi proche de la mort qu'il pensait, qu'il n'avait
qu'à renier sa religion et à commencer de prêcher le
calvinisme pour se garantir du péril. Cette proposition
scandalisa notre saint abbé, qui demanda à faire sa
dernière prière. » On lui permit ce qu'il demandait.
Alors, se jetant à genoux au pied de la croix qui est
sur le pont, et élevant les mains vers le ciel, il recommanda
son âme à Dieu avec une ferveur extraordinaire. Ces
impies, transportés de rage de le voir à genoux au pied
de cette croix, ne purent plus se retenir. Celui qui
les commandait donna le signal de tirer un coup de fusil
dans le bas-ventre de notre saint abbé. Alors cette
troupe se jetant sur lui comme à l'envi, et chacun voulant
avoir la satisfaction de lui donner le coup de la mort,
ils criblèrent tout son corps de coups de poignard,
Ceux qui ont fait la vérification de ses blessures ont
rapporté qu'il en avait vingt-quatre de mortelles, et
que les autres étaient dans un si grand nombre, qu'on
ne pouvait les compter. » L'abbé du Chayla fut enseveli
à Saint-Germain de-Calberte, dans le tombeau qu'il y
avait fait préparer de son vivant ; et son convoi fut
suivi de toute la population catholique des paroisses
voisines du Pont-de-Montvert. On se dira qu'il aurait
mieux fait de se contenter de l'emploi de missionnaire
sans y joindre celui d'inspecteur car par là il avait
aigri tous les esprits en dénonçant leurs prédicants
et ceux qui assistaient à leurs assemblées, ou en faisant
renfermer leurs enfants dans des séminaires et dans
des couvents pour y être instruits ; mais, dit encore
son biographe, peut-on nier qu'il ne soit permis à un
prêtre de dénoncer ceux qui sont rebelles à l'État et
à la religion ?
Tel fut le prélude de l'insurrection
des camisards, l'un des événements les plus remarquables
de l'histoire du XVIIIème siècle. « Comparable
dans son commencement à une étincelle qu'une goutte
d'eau eût pu éteindre, elle s'alluma, dit un historien,
au point de fixer toute l'attention de la cour, qui
craignait avec raison que l'embrasement ne devînt général.
» Alors, en effet, les montagnards cévenols se réunirent
et s'armèrent pour la défense commune. Ils choisirent
pour chefs les plus braves d'entre eux Roland, Cavalier,
Ravenel, et Catinat. Roland s'établit dans les montagnes,
et Cavalier dans la plaine. Pendant trois ans que dura
cette guerre, l'on vit une poignée d'hommes mal armés,
sans expérience, tenir tête à des troupes régulières,
nombreuses et aguerries, commandées par des généraux
habiles Montrevel, qui se plaignait de voir sa réputation
compromise avec c( des .gens de sac et de corde, » fut
remplacé par Berwick et Villars. Ces derniers, en ouvrant
des routes à travers les Cévennes, abrégèrent la durée
de cette guerre en facilitant aux troupes les abords
de ces montagnes et en rendant impossibles les soulèvements
des protestants. Ces routes furent en même temps un
bienfait pour le pays et réparèrent un peu les souffrances
que ses habitants avaient éprouvées pendant un demi-siècle
; souffrances dont le souvenir arrachait des larmes
à l'évêque Fléchier, et qui n'auraient pas eu lieu si
les prêtres des Cévennes avaient suivi ses sages conseils.
Quant à Jean Cavalier, le héros des camisards, après
avoir traité de la paix avec le maréchal de Villars,
en 1704, il passa en Angleterre, y prit du service et
mourut gouverneur de Jersey.
Avant 1789, le Gévaudan
avait ses états particuliers, qui chaque année s'assemblaient
alternativement à Mende ou à Marvejols ; ils étaient
présidés par l'évêque de Mende, qui s'y rendait assisté
de son grand vicaire ; mais celui-ci n'y avait ni rang
ni voix délibérative. Seulement, en l'absence de l'évêque,
il présidait. Cinquante membres, y compris l'évêque
président, composaient l'assemblée savoir sept du clergé,
vingt de la noblesse et vingt-deux du tiers état. Un
chanoine, député du chapitre de Mende, le dom d'Aubrac,
le prieur de Sainte-Énimie, le prieur de Langogne, l'abbé
de Chambons, le commandeur de Palhers elle commandeur
de Gap-Francès y représentaient le clergé. Huit barons,
qui entraient annuellement aux états du pays et par
tour de huit en huit ans aux états généraux du Languedoc
; savoir les barons de Toumels, du Roure, de Florac,
de Bêges (aupararvanl de Mercœur), de Saint-Alban (
auparavant Conilhac), d'Apcher, de Peyre, de Thoras
(auparavant Senarer) ; douze gentilshommes possesseurs
de terres, ayant le titre de gentillommerie à savoir:
Allenx, Montauroux, Dumont, Montrodat, Mirandal, Séverac,
Barre, Gabriac, Portes, Servières, Arpajon et La Garde-Guérin,
dont le possesseur prenait dans l'assemblée la qualité
de consul noble de La Garde-Guérin ; tels étaient les
représentants de la noblesse. Ceux du tiers étaient
les trois consuls de Mende, soit que les états se tinssent
à Mende ou à Marvejols ; les trois consuls de Marvejols,
quand les états se tenaient dans cette ville, et seulement
le premier consul quand ils s'assemblaient à Mende un
député de chacune des seize villes ou communautés. Quant
aux barons et aux gentilshommes, ils pouvaient se faire
représenter par des envoyés qui n'avaient pas à faire
preuve de noblesse ; il suffisait qu'ils fussent d'un
état honorable, tel que celui d'avocat ou de médecin.
Chaque année, l'assemblée instituait ou confirmait le
syndic et le greffier ; c'étaient les officiers du pays.
A Marvejols, un bailli et des officiers royaux ; à Mende,
un bailli et des officiers nommés par l'évêque administraient
alternativement la justice du bailliage du Gévaudan.
Ces deux baillis étaient alternativement commissaires
ordinaires dans les assemblées du pays.
A la Révolution,
le Gévaudan forma le département de la Lozère. C'était
avant ce temps un pays stérile et pauvre les habitants
quittaient leurs montagnes pour aller cultiver la terre
dans les provinces méridionales. Ils passaient en grandes
bandes jusqu'en Espagne, dans le royaume d'Aragon. On
prétend qu'ils en rapportaient beaucoup d'argent ; mais,
s'ils mettaient à contribution la paresse des Espagnols
en travaillant pour eux, d'un autre côté, ils étaient
peu estimés de ceux-ci, qui les regardaient comme des
mercenaires et les appelaient gavachos, terme de mépris
que par la suite ils ont étendu à tous les Français.
Certains écrivains, grands amateurs d'étymologies, prétendent
même que c'est de l'ancien nom des Gabales que les Espagnol
sont formé le mot gavacho, dont ils se servent comme
d'un sobriquet injurieux.
Plus tard, cependant, les
montagnards des Cévennes trouvèrent dans l'industrie
des ressources contre la pauvreté. Ils n'émigrèrent
plus et s'occupèrent à tisser des cadis et des serges
dont la renommée se répandit jusque dans les pays étrangers.
« Il n'y a presque pas de paysan qui n'ait chez lui
un métier sur lequel il travaille dans la saison où
il ne cultive pas la terre, et surtout pendant l'hiver,
qui est très long dans ces montagnes durant six mois
entiers. Les enfants mêmes filent la laine dès l'âge
de quatre ans. » Ainsi s'exprimait un voyageur en 1760.
Tel est encore de nos jours ce pays. Vivant au milieu
d'âpres montagnes, dans une contrée pauvre et aride,
exposés aux atteintes d'un climat rigoureux, les cultivateurs
de la Lozère, dit M. Dubois, ont nécessairement des
mœurs agrestes, des habitudes rudes et grossières. Néanmoins,
leur caractère est bon et simple. Ils sont naturellement
doux et même affables envers les étrangers, paisiblement
soumis aux autorités qu'ils respectent, remplis de vénération
et de dévouement pour leurs parents qu'ils aiment. Leur
vie est laborieuse et pénible. La plupart ont à lutter
coutre la stérilité naturelle du pays qui les environne.
Leur nourriture est simple et frugale elle Se compose
de laitage, de beurre, de fromage, de lard, de vache
salée, de légumes secs, de pain de seigle. Ils y joignent
des pommes de terre ou des châtaignes. Leur boisson
habituelle est l'eau de source ; mais on les accuse
d'aimer le vin et de se laisser aller à l'ivrognerie
quand les foires ou d'autres occasions les conduisent
dans les villages où se trouvent des cabarets. Leurs
habitations, généralement basses et humides, sont incommodes
et malsaines. Les trous à fumier qui les avoisinent
répandent à l'entour des miasmes putrides. Les cultivateurs
sont fort attachés à leur religion et aiment les cérémonies
religieuses tous, catholiques et protestants, ont un
égal respect pour les ministres de leur culte. Ils conservent
aussi avec ténacité leurs vieilles habitudes, tiennent
à leurs préjugés, à leur routine agricole, au costume
grossier qu'ils portent depuis leur enfance. Ils sont
peu empressés de changer, même quand leur intérêt doit
profiter du changement. Leur lenteur, leur apathie et
leur indifférence suffisent pour faire avorter tous
les projets d'améliorations. Les jeunes gens ont un
grand attachement pour leur village ils se soumettent
avec répugnance à la loi qui les astreint au service
militaire, et le département est un de ceux où l'on
compte le plus de retardataires néanmoins, lorsqu'ils
ont rejoint leur bataillon, ils se montrent soldats
intrépides et disciplinés. Ils sont d'abord très propres
aux fatigues de la guerre, étant d'une constitution
forte et d'un robuste tempérament. Les habitants des
villes ont naturellement plus d'aménité dans le caractère
que les habitants des campagnes ; comme eux, ils sont
économes et laborieux et cependant hospitaliers et charitables.
Les habitants de la Lozère ont généralement de l'intelligence,
de l'esprit naturel et un jugement sain. S'ils paraissent
moins cultiver les lettres et les arts, du moins réussissent-ils
mieux dans l'étude des sciences naturelles et mathématiques.
En 1130, les moines de la Chaise
Dieu près de Brioude créent le Prieuré, l'un des plus
vieux quartiers de Florac. La cité se développe d'abord
autour de l'axe de la draille qui traverse le Vibron
au pont de la Draille, au pied du quartier du Fourniol.
C'est autour du quartier du Fourniol sur la petite hauteur
qui domine le Vibron et au pied de l'église, que s'installe
le village médiéval.
Au début du XIIIéme
siècle existait un château féodal construit sur un mamelon
de tuf qui fut détruit pendant les guerres de religion.
La cité n'était alors protégée que par des fossés remplis
d'eau. Les premiers remparts datent de la fin du XIVéme
siècle.
En 1560, la première communauté de l'Église
Protestante est fondée mais Florac n'en sera pas moins
tourmenté par les guerres de religion. Ces guerres débutent
et dureront pratiquement pendant deux siècles, entrecoupées
de quelques périodes de paix, lors notamment de la signature
de l'Édit de Nantes en 1598 par le roi Henri IV.
Au lendemain du massacre de la Saint-Barthélemy, la
ville est prise et mise en état de défense par les protestants.
En 1622, la restauration des remparts de Florac est
entreprise. Le marquis de Portes assiègera quelques
années plus tard Florac sans succès. Les remparts seront
ensuite renforcés. En 1652, le château de Florac est
reconstruit à l'emplacement de l'ancienne forteresse
détruite. Pendant la guerre des Camisards de 1702 à
1705, la ville de Florac devra loger les dragons du
roi Louis XIV venus réprimer la rébellion cévenole.
La petite cité de Meyrueis propose à ces visiteurs un apéritif originale élaboré à partir de la graine de l’églantine et qui porte le nom pour le moins curieux de « Gratte Cul ». Sous cette appellation pour le moins curieuse ce cache un excellent apéritif et je peux vous l’assurer, il ne gratte pas du tout le gosier de celui qui s’en abreuve ! Pour ceux qui aiment na nature sauvage, la cité de Meyrueis ouvre la porte des merveilleuses gorges de la Jonte, avant d’aller rejoindre la Tarn. Et en remontant vers Florac, ne manquez surtout tout pas les célèbres gorges du Tarn pour un circuit inoubliable. Et arrêtez-vous un instant pour découvrir le village de Saint Enimie, un des plus beaux village de cette belle région.
La liberté de conscience des
protestants ne sera acquise qu'en 1787 avec l'Édit de
tolérance stipulant qu'il n'est plus nécessaire d'être
catholique pour être déclaré français. Elle est agréablement
située, sur la rive gauche du Tarnoir, près de sou confluent
avec le Tarn et la Mimente, dans un étroit vallon couvert
de prairies et parsemé d'arbres fruitiers'; les coteaux
qui le dominent sont plantés de vignes, surmontés à
l'est par des châtaigniers et des chênes, et à l'ouest
par des rochers élevés ; à leur base on voit une crevasse
pittoresque d'où jaillit une source abondante et limpide
dont les eaux traversent la ville., y forment deux bassins
tombant eu cascade l'un dans l'autre, et font mouvoir
plusieurs moulins avant de se mêler à celles du Tamon.
Les eaux de cette source sent rangées dans la classe
des eaux minérales acidulés. Florac ne se compose guère
que d'une seule rue, où passe la grande route, et d'une
petite place. On y a construit, récemment une église
catholique^ un temple protestant et un palais de justice.
Aux environs est le village, de Crizac, où naquit Urbain
V, élu pape en 1362 ; et non loin de là, la cascade
de Brun, qui mérite d'être vue.
Au XIème siècle, Marvejols
est un petit bourg, situé près de Grèzes, et de son
puissant château, et du prieuré-monastère du Monastier,
fondée en 10603. Tout comme Chirac et La Canourgue par
exemple, Marvejols appartient donc à la vicomté de Grèzes,
propriété successive des comtes de Toulouse, de l'évêque
de Mende, des comtes de Barcelone, des rois d'Aragon
et du royaume de France. Le bourg est également à proximité
du roc de Peyre où se dresse le château principal de
la baronnie du même nom, et dont Marvejols fait partie.
L'essor de la ville intervient peu avant l'an 1307,
date de la signature de l'acte de paréage entre Guillaume
VI Durand, évêque de Mende, et Louis VII de France,
Roi de France. Cet acte sépare le Gévaudan en trois
zones : la terre des évêques, la terre du Roi et la
terre commune. Les évêques sont tout-puissants en Gévaudan
depuis la Bulle d'Or royale de 1161 obtenue par Aldebert
III du Tournel. Les évêques sont ainsi comtes du Gévaudan
au moment de la signature du paréage. Mende, capitale
du Gévaudan, sera le centre des terres de l'évêque,
Marvejols devient alors la capitale administrative des
terres du Roi de France en Gévaudan.
Pendant la
guerre de Cent Ans, Marvejols, ville royale, est fortifiée
et le roi ajoute la fleur de lys à son blason. Au XVIème
siècle, la majorité de la population se convertit au
protestantisme et suit Henri de Navarre.
Au lendemain
du massacre de la Saint-Barthélemy, et du meurtre d'Astorg
de Peyre, elle est prise et mise en état de défense
par les protestants. La ville prend ainsi parti pour
Henri de Navarre, futur roi Henri IV. Matthieu Merle,
engagé par la veuve du baron pour venger son mari, en
fera un de ses points de départ dans sa conquête du
Gévaudan.
Le Gévaudan, province comprise
autrefois dans la ci-devant province de Languedoc,
et qui forme aujourd'hui la presque totalité du
département de la Lozère.
Les bornes du Gévaudan
étaient: à l'est, les rivières d'Allier et de Borne,
et la montagne de la Lozère, qui la séparaient du
Vélay, du Vivarais et du diocèse d'Uzès ; au sud,
le diocèse d'Alais, à l'ouest, le Rouergue; au nord,
l'Auvergne. Sa plus grande étendue était de 76 kilomètres
du sud au nord, et de 52 kilomètres de l'est à l'ouest.
Couvert de montagnes, ce pays était autrefois hérissé
de châteaux fortifiés; la plupart ont été démolis
depuis 1632.
C'est dans le canton de la Planèse,
à 8,000 mètres. à l'ouest de St-Flour, au petit
village nommé les Ternes, près du pont et dans le
bois qui est sur la droite, que l'on tua en 1787
ce terrible animal qui s'est acquis; sous le nom
de bête du Gévaudan, presque autant de renommée
qu'un conquérant.
Lors des ripostes contre les
huguenots menées par l'amiral Joyeuse, la ville sera
incendiée en 1586. De la petite ville des bords de la
Colagne, il ne reste presque rien après le passage de
Joyeuse, qui l'a méticuleusement rasée.En 1601, Henri
de Navarre devenu Henri IV, roi de France, aide la ville
à se relever. Les porte de Soubeyran, de Chanelle et
de Théron ont été reconstruites grace à la générosité
du roi Henri IV. La porte de Soubeyran était munie d’une
porte et d’une herse en bois, avec un fossé et un pont-levis
à chaîne. Son architecture défensive est dite “ouverte
à la gorge”, car les divers planchers sont ouverts et
accessibles de l’intérieur, par des échelles mobiles.
Devise de Marvejols Pour avoir déchassé l’Anglais
de ma Province, Je porte d’une main la belle fleur de
lys. Pour avoir soutenu le grand Henri mon prince Par
feu, par fer, par sang, presque je défaillis. Mais d’ores
ce grand roy, faisant astrée naistre Dans le coeur des
Français follement désunis Maruege la bruslée ainsi
comme un phénix A fait malgré le feu de ses cendres
renaistre.
Marvejol est aussi le lieu où a sévit
la terrible bête du Gévaudan. Cet animal est à l'origine
d'une série d'attaques contre des humains survenues
entre le 30 juin 1764 et le 19 juin 1767. Ces attaques,
le plus souvent mortelles, entre 88 à 124 recensées
selon les sources, eurent lieu principalement dans le
nord de l'ancien pays du Gévaudan. Une statue de cet
animal de légende trône sur la place des Cordeliers
Vers la fin du Vème
Clotaire II, roi des Francs, règne sur une
lointaine contrée du Nord du pays. Le souverain
a deux enfants, Enimie et Dagobert. L'éclatante
beauté de la jeune princesse mérovingienne
suscite bien des convoitises parmi les nobles
du royaume. Mais la vertueuse princesse
refuse obstinément les prétendants que son
père lui impose. A la veille de son mariage,
désespérée, Enimie implore Dieu de lui venir
en aide. Elle désire empêcher cette union
pour conserver sa pureté afin de se vouer
au Seigneur. Son vœux est exaucé car le
Seigneur lui inflige la lèpre, terrible
maladie qui détruit à jamais sa beauté.
Défigurée, malade, mais débarrassé à tout
jamais de ses prétendants, Enimie continue
à faire le bien. Cependant, devant le désarroi
et les remords de ses parents et face à
cette maladie, qu'aucune médecine ne peut
guérir, la jeune princesse implore à nouveau
l'Aide de Dieu. Un ange messager apparait
et lui dit : «Rends-toi avec ton escorte
dans la lointaine province du Gévaudan dans
un lieu appelé Burlais. Les bergers te guideront
vers une source naturelle, Burle, dont l'eau
guérira les plaies de ton corps. » Après
un long et pénible chemin, le cortège royal
atteint enfin Burlatis. Enimie baigne son
corps meurtrie dans l'eau froide et bleue
de Burle et guérit par miracle. Sur le chemin
du retour le mal la reprend. Ce n'est qu'après
le troisième bain qu'elle comprend sa mission
: rester à jamais dans cette région afin
d'évangéliser les populations.
Elle
mène une vie solitaire et accomplit de nombreux
prodiges. Elle est nommée abbesse par l'évêque
Ilère et fonde un couvent mixte au village.
D'après la légende, Enimie et l'évêque Ilère
ont combattu le Drac, incarnation du Diable.
Le chaos du Pas de Soucis est le reflet
de cette lutte. Elle passe fin de sa vie
retirée dans une grotte, devenue aujourd'hui
l'Ermitage.
Après as mort vers 628, son
frère Dagobert, devenue roi de Francs, ramène
ses reliques à la basilique Saint-Denis
à Paris. Mais grâce à une ruse de la princesse,
ce sont les reliques de sa filleule, elle
aussi prénommée Enimie qui reposent auprès
des rois de Frances.
Rapidement le site
tombe dans l'oublie. Bien que rebaptisé
Puy Roc à la Convention en 1798, le village,
attaché à son histoire, recouvre le prénom
de sa princesse, sainte Enimie.
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