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Les Départements de la France

  • Données géographiques

La Lozère

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Le département de la Lozère est formé de l'ancien pays de Gévaudan et d'une partie des ci-devant diocèses d'Alais et d'Uzès. Il tire son nom de la Lozère, chaîne de montagnes moins remarquable par sa hauteur que par ses beaux pâturages et par la nature des roches de granits quartzeux mêlés de mica noir et de feldspath qui la composent— Ses bornes sont : au nord, les départements de la Haute-Loire et du Cantal; à l'est, ceux de l'Ardèche et du Gard ; au sud, ceux du Gard et de l'Aveyron : ce dernier département le borne aussi à l'ouest. Le sol de ce département est' divisé en trois régions : celle du nord est basaltique ou granitique, et porte le nom de Montagnes ; celle du centre, du midi au couchant, est calcaire : on la nomme Causses ; celle du midi au levant est schisteuse et forme les Cévennes. Les neiges dont les hauteurs sont couvertes une partie de l'année donnent naissance à quatre rivières fort connues. : l'Allier, le Lot, le Tarn et le Gardon de Mialet, l'une des branches du Gard; les trois premières versent leurs eaux dans l'Océan, et la quatrième dans la Méditerranée, Au haut delà côte de St-Laurent-de-Trèves, la grande route de Mende à Nîmes passe près de l'endroit où se fait le partage des eaux du Tarn el de celles du Gard, et l'œil du voyageur peut embrasser à la fois les deux vallées dont les eaux coulent dans des directions opposées. Voici la hauteur des principales montagnes et de quelques lieux élevés du département :

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Carte de La Lozère


Le plateau du Palais du roi 1 548 mètres.
La Margeride 1,519 mètres
La Lozère 1 490 mètres
La source de l'Allier 1 432 mètres
Le mont Mimât 1 111 mètres
La Causse de Sauveterre 975 mètres
Le pont de Langogue 896 mètres
La Causse de l'Hospitalet 780 mètres
Les sources du Tarn et de la Cèze. 770 mètres

La région connue sous le nom de Montagnes ne produit que du seigle, très peu d'orge et d'avoine, et des fourrages. Les Causses produisent du froment, de l’orge, de l'avoine, peu de seigle, des fourrages et des fruits ; c'est la partie la plus fertile du département Dans les Cévennes, on récolte beaucoup de châtaignes, très peu de seigle, une assez grande quantité de pommes de terre, et l'on se livre à la culture du mûrier.
La vigne est aussi cultivée dans cette partie du département ; mais les vins de la Lozère supportent difficilement le transport. Le département se divise en deux régions distinctes quant au caractère moral de sa population. La partie nord, composée des arrondissements de Mende et de Marvejols, est toute catholique ; la partie sud, formant l'arrondissement de Florac, est principalement protestante. C'est dans l'arrondissement de Florac, au Pont-de-Montvert, qu'a commencé la guerre de religion des Cévennes, dans laquelle la puissance de Louis XIY et le talent militaire du maréchal de Villars triomphèrent avec peine de quelques centaines de Camisards (c'est ainsi qu'on nommait les protestants révoltés). La nature des lieux favorisa beaucoup ceux-ci dans leur résistance. On a pratiqué depuis des routes destinées à rendre plus faciles l'action des troupes et le transport de l'artillerie : ces routes ont tourné, sous d'autres rapports, à l'avantage du pays. Le genre de culture qui occupe la population des Cévennes contribue autant et plus que la religion à lui imprimer un caractère particulier ; elle est adonnée à la culture des arbres, particulièrement du mûrier. Le travail du mûrier se fait tout à la main : il exige beaucoup de soin et d'industrie; l'éducation des vers, qui en est la suite, et la filature de la soie, eu exigent plus encore ; tout cela ouvre davantage l'esprit que le simple labourage, qui est l'occupation des paysans dans le nord du département. Le Cévenol se nourrit principalement de. châtaignes, et vend l'excédant de sa récolte, qui lui sert à acheter un peu de blé. Son industrie s'exerce dans l'art des irrigations ; il détourne de loin les sources, et fait des barrages en travers des torrents, pour amener les eaux dans ses prairies. Il construit des murs de terrassement en pierre sèche, pour soutenir les terres sur le penchant des montagnes, et forme ainsi une suite de terrasses pour la plantation des mûriers, on pour empêcher que les eaux pluviales ne ruinent et n'entraînent les terres.

Note

Les habitants des Cévennes


Les habitants des Cévennes
Les habitants des Cévennes

Vivant au milieu d'âpres montagnes, dans une contrée pauvre et aride, exposés aux atteintes d'un climat rigoureux, les cultivateurs de la Lozère ont nécessairement des mœurs agrestes, des habitudes rudes et grossières. Néanmoins leur caractère est bon et simple. Ils sont naturellement doux et même affables envers les étrangers, paisiblement soumis aux autorités qu'ils respectent, remplis de vénération et de dévouement pour leurs parents qu'ils aiment. Leur vie est laborieuse et pénible; la plupart ont à lutter contre la stérilité naturelle du pays qui les environne.
Leur nourriture est simple et frugale : elle se compose de laitage, de beurre, de fromage, de lard, de vache salée, de légumes secs, de pain de seigle ; ils y joignent des pommes de terre ou des châtaignes.
Leur boisson habituelle est l'eau de source ; mais on les accuse d'aimer le vin et de se laisser aller à l'ivrognerie quand les foires ou d'autres occasions les conduisent dans les villages où se trouvent des cabarets.— L'habitant de la Lozère a une physionomie agréable, qui paraît douce et timide. Los hommes, par leur costume et leur rire niais, sembleraient avoir servi de modèle à quelques rôles de comédies. Les femme», avec leur teint fiais, leurs traits délicats, leurs yeux bleus, font trouver agréable leur air tant soit peu égaré. Mais il ne faut pas, dit-on, se lier à l'apparence :
Ces femmes ont de la sirène
La voix trompeuse et les appâts.

Or, de méchantes langues prétendent que les oréades du Gévaudan arrêtent quelquefois le voyageur en lui adressant des paroles gracieuses; qu'elles l'attirent dans des réduits solitaires, d'où il est fort heureux de sortir en ne laissant que sa bourse, ses vêtements et quelques lanières de sa peau.
Les habitations des laboureurs sont généralement basses, humides, incommodes el malsaines ; les trous à fumiers qui les avoisinent répandent à l'entour des miasmes putrides. Les habitants sont fort attachés à leur religion, et grands amateurs de cérémonies religieuses : tous, catholiques et protestants, ont un égal respect pour les ministres de leur culte. — Ils conservent aussi avec ténacité leurs vieilles habitudes, tiennent à leurs préjugés, à leur routine agricole, au costume grossier qu'ils portent depuis leur enfance. Ils sont peu empressés de changer, même quand leur intérêt doit profiter du changement. Leur lenteur, leur apathie cl leur indifférence suffisent pour faire avorter tous les projets d'améliorations.
Chaque année un grand nombre d'ouvriers de la Lozère émigrent dans le midi de la France, où ils s'occupent des travaux de la fenaison el de la moisson, el du soin des vers à soie. Quelques- uns vont jusqu'en Espagne , où ils sont connus sous l'ancien nom de « Gavachos », et où on les emploie à tous les ouvrages pénibles. Les habitants du Gévaudan suppléent ainsi parleur industrie à la pauvreté de leur territoire. La plupart des émigrants appartiennent à la partie orientale du département ou aux Cévennes proprement dites.

Ces travaux rendent l'aspect des Cévennes extrêmement pittoresque. On ne peut circuler dans les vallées qu'elles laissent entre elles, que par des sentiers escarpés, puis en suivant le lit des, torrents. C'est sans doute un grand inconvénient pour la prospérité du pays ; mais c'est un attrait de plus pour le voyageur que la curiosité y conduit A chaque instant, les yeux sont frappés de quelque spectacle nouveau : ici apparaissent des maisons suspendues sur des rochers ; là on voit les protestants assemblés célébrant leur culte du dimanche sous l'ombrage des châtaigniers ; plus loin, c'est une réunion nombreuse de jeunes filles qui viennent se louer pour la récolte des châtaignes ; chacune porte à la main son petit paquet, qu'elle remet en gage au cultivateur quand ils sont tombés d'accord. Cette peinture des Cévennes s'applique plus particulièrement au canton de St-Germain-de- Calberte, dans l'arrondissement de Florac. Le lieu principal des loghes pour la récolte des châtaigniers est le village pittoresque des Aires, sur là crête d'une montagne dont les eaux se versent d'un côté dans le Gardon de St-Germain, de Mialet et d'Anduse ; de l'autre, dans le Gardon d'Alais.
L'un des sites les plus curieux de ce canton est le pont des Rousses, situé sur la route de St-Germain-de-Calberte aux Aires : ce pont est jeté sur un torrent qui coule sur un lit de rochers aussi polis et aussi brillants que l'argent. On ne peut fréquenter cette route autrement qu'a cheval encore le pied des chevaux a-t-il peine à gravir une côte toute formée d'ardoises qui réfléchissent les rayons du soleil.
Les hautes montagnes de la Lozère sont couvertes d'une pelouse, où vont pâturer en été les troupeaux du Languedoc. Malheur au voyageur qui rencontre sur la grande route ces immenses troupeaux au- moment de leur migration annuelle, le bruit lointain des sonnettes suspendues au cou des béliers annonce leur approche ; la poussière qui s'élève dans les airs; les bergers marchant en tête, suivis d'un âne portant leurs bagages, et de leurs chiens fidèles ; les enfants du village retenant les brebis, malgré leurs bêlements, pour en tirer un peu de lait, sont autant d'obstacles pour le voyageur. S'il va dans le même sens qu'un troupeau, il.ne fend ses rangs qu'avec beaucoup de peine pour poursuivre sa route ; s'il marché en sens contraire, il est obligé de s'arrêter et de laisser défiler ce troupeau,


Histoire de la La Lozère


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Carte de la Lozère
Note

Carte d'identité


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La fontaine d'Embrun


La Lozère (48)
Région Midi-Pyrénées


Préfecture :
Mende
Sous préfectures :
Florac

Conseil général
Office département du Tourisme
Archives départementales
Adresse des offices ......
Le patrimoine des communes
Note : ce site officiel du ministère de la culture vous donne toutes les informations relatives à tous les lieux et objets inscrits au patrimoine de chaque commune d'un département.

Gentilé : Lozérien
Population : 76 519 hab. (2021) Densité 15 hab./km²
Superficie 5 167 km² Subdivisions :
Arrondissements : 2
Circonscriptions législatives : 1
Cantons : 13
Intercommunalités : 10
Communes : 152

Avant la conquête romaine, le pays qui forme aujourd'hui le département de la Lozère était habité par les Gabali ou Gabales, nom qui, en langue celtique, signifie montagnards ou habitants des hautes terres. César, Ptolémée, Strabon et Pline font mention de ce peuple, que les Arvernes confinaient au nord, les Vellaves et les Helviens à l'ouest ; au midi, les Volces, et à l'orient, les Ruthènes. Ils avaient pour cité Gabalum, aujourd'hui Javols. Peuple libre comme les Arvernes (Averni et Gabali liberi, suivant l'expression de Pline), ils furent les compagnons de Bellovèse et traversèrent les Alpes à la suite d'Asdrubal. Rome les eut toujours pour ennemis, jamais pour sujets ; et lorsque plus tard, ayant pris parti pour les Allobroges, ils furent vaincus, ils restèrent indépendants.
A l'abri derrière leurs montagnes couvertes de neige, ils se gouvernaient par leurs propres lois et n'obéissaient qu'à des chefs élus par eux. Il paraît que leur pays abondait en mines d'argent, déjà exploitées du temps des Romains. Pline vante les fromages de la montagne de Lozère (Mons Lezuræ). Ce pays est un de ceux qui ont conservé le plus de traces de l'ère celtique. A Javols, à L'Aumide, aux Fonds, à Grèzes, à Malavillelte, au Montet, on voit encore des dolmens, des menhirs, des pierres druidiques, et l'on croit que la fontaine de la Canourgue est une fontaine gauloise.
A Sainte-Hélène, sur la rive droite du Lot, le voyageur s'arrête devant un peulven qu'on appelle dans le pays lou Bertet de las fadas, le Fuseau des fées.

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Porte de Soubeyran

Après avoir laissé des garnisons à Narbonne et dans la Province, César franchit les Cévennes et campa dans le pays des Gabales avant de pénétrer dans l'Arvernie. C'est, dit-on, dans la plaine de Montbel, près de la forêt de Mercoire, que le général romain fit reposer ses légions. Surpris de cette brusque apparition, les Gabales se lèvent en armes., forcent les Helviens leurs voisins, qui s'étaient déclarés pour César, à rentrer dans leurs murs (intra oppida murosque) ; puis ils vont se joindre à l'armée nationale, rassemblée par Vercingétorix. Après le désastre d'Alésia, ceux d'entre eux qui avaient survécu à la ruine de la patrie rentrèrent dans leurs montagnes ; mais là encore Rome victorieuse dut compter avec eux et respecter leurs libertés et leurs lois. Cependant Auguste les affranchit des liens qui les unissaient aux Arvernes, et les comprit dans l'Aquitaine. Alors Gabalum, colonie romaine, devint la résidence d'un préteur ou proconsul. Il y avait un temple, un palais, un cirque, dont on voit encore les vestiges ; un castrum s'élevait dans le Valdonnez, et la grande voie romaine, ouverte par Agrippa, qui conduisait de Lugdumun à la cité des Tectosages (Toulouse), avait, entre le Mas de la Tieule et le Bouchet, un embranchement sur Gabalum.

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Meyrues - Tour de l'Horloge

Peu à peu, la civilisation romaine tempéra la rudesse et l'âpreté de ce pays. Du temps de Strabon, les arts et les sciences y avaient pénétré, et les habitants commençaient à y parler la langue latine. Ils se livraient l'agriculture, au commerce et à l'exploitation des mines ; mais leurs richesses firent leur malheur en excitant la cupidité et l'avarice des préteurs romains, et c'est pour se venger de leurs exactions qu'ils se révoltèrent sous Tibère.
Bientôt le christianisme vint achever l'œuvre de la colonisation, et ce peuple libre et fier, dont Rome n'avait conquis que le territoire, courba la tête sous le joug de la croix. C'est, suivant quelques-uns, à saint Martial, selon d'autres, à saint Séverin, qu'il dut de connaitre l'Évangile. Quoi qu'il en soit, la cité des Gabales avait, au IIIème siècle, son église et son siège épiscopal relevant de la métropole de Bourges, et la persécution y avait fait plus d'un martyr. Quand les Vandales, au Vèmesiècle, parurent pour la seconde fois dans ce pays, saint Privat en était évêque. Après le sac de Gabalum par ces barbares, il se réfugia avec son troupeau dans la petite forteresse de Grèzes (Gredonanse castellum), y soutint un siège contre l'ennemi et le força de se retirer.
Cependant, au VIème siècle, il y avait encore dans ce pays des restes de l'antique religion druidique. Tous les ans, le peuple se rendait auprès d'un étang du mont Helanus (le lac Saint-Andéal), dans lequel on jetait par manière de sacrifices, qui du linge et des vêtements, qui du fromage, du pain et de la cire. Alors, pour détourner les Gabales de ce culte grossier, le saint évêque Evanthius fit construire à peu de distance du mont Helanus une église, où il engagea le peuple à venir offrir au vrai Dieu ce qu'il destinait à l'étang. C'est ainsi que le christianisme faisait tourner à son avantage les pratiques les plus grossières du paganisme. A la chute de l'empire romain, les Wisigoths s'emparèrent du pays des Gabales ; mais Clovis les en chassa.
Alors, ainsi que nous l'apprend Grégoire de Tours, ce pays s'appelait Terminus Gabalitus ou Regio Gabalitana. Plus tard, il forma le Pagus Gavaldanus, dont parlent les écrivains du moyen âge ; d'où le nom moderne de Gévaudan.

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l'Aven Armand

Sous les rois francs, le Gévaudan eut des comtes particuliers. Au temps de Sigebert, roi d'Austrasie, il était gouverné par un certain Pallade, originaire d'Auvergne. Homme violent et emporté, ce Pallade, au dire des vieux chroniqueurs, vexait et pillait le peuple. Accusé devant le roi par l'évêque Parthenus, il prévint son châtiment en se transperçant de son épée.
A la fin du VIème siècle, sous le règne de Childebert, un autre comte du nom d'Innocent gouverna ce pays en digne successeur de Pallade. Il persécuta entre autres saint Louvent (Lupentius), abbé du monastère de Saint-Privat de Gabalum (Gabalitanæ urbs), et l'accusa, pour faire sa cour à la reine Brunehaut, d'avoir mal parlé de cette princesse et de la cour d'Austrasie. Cet abbé ayant été mandé à Metz, où se trouvait Brunehaut, se justifia et fut renvoyé absous mais il ne put échapper à la vengeance du comte, qui fut l'attendre à son retour, se saisit de sa personne et l'emmena à Pont-Yon en Champagne, où, après divers tourments qu'il lui fil souffrir, il lui permit de se retirer. Ce n'était qu'un piège, car à peine le pauvre moine libre et parti, le comte le poursuivit, et l'ayant surpris au passage de la rivière de l'Aisne, il l'égorgea et jeta son corps dans la rivière. Après son crime, le comte se présenta à la cour d'Austrasie. On a prétendu qu'il obtint pour récompense l'évêché de Rodez, mais ce fait n'est rien moins que prouvé.
Réuni à l'Aquitaine, ce pays en suivit le sort il obéit successivement aux rois d'Aquitaine et aux comtes de Toulouse. Raymond de Saint-Gilles, l'un d'entre eux, l'aliéna, dit-on, en faveur des évêques de Mende. Cependant, au XIème siècle, un certain Gilbert, qui épousa Tiburge, comtesse de Provence, se qualifiait de comte de Gévaudan. Ce Gilbert laissa une fille qui, mariée à Raymond Bérenger, comte de Barcelone, lui apporta tous ses droits sur le Gévaudan mais l'évêque de Mende se disait aussi seigneur et comte du pays. De là de longs démêlés avec les comtes de Barcelone, qui néanmoins continuèrent à jouir de la seigneurie directe du Gévaudan, où ils possédaient le château de Grèzes. Jacques, roi d'Aragon et comte de Barcelone, céda, en 1225, ce château et le Gévaudan à l'évêque et au chapitre de Mende « mais il y a lieu de croire, dit un historien, que cette cession ne regardait que le titre seigneurial, et que Jacques se réservait le domaine utile, puisque, par une transaction passée en 1255 avec saint Louis, le roi d'Aragon renonça alors non seulement à ses droits sur la terre de Grèzes, mais encore à tous ceux qu'il avait sur le Gévaudan. » Dès lors, ce fut contre les rois de France que l'évêque de Mende eut à faire valoir ses prétentions ; mais la lutte était inégale. Après avoir conservé jusqu'en 1306 la souveraineté du pays, il dut, pour mieux s'assurer la possession du reste, en céder la moitié au roi Philippe le Bel, qui lui laissa le titre de comte de Gévaudan.
Au XIV et au XVème siècle, ce pays fut ravagé par les Anglais, et par les guerres civiles et religieuses dans les deux siècles suivants. Br>Alors, Comme les vallées des Alpes, les Cévennes étaient peuplées d'Albigeois et de Vaudois dont les familles s'étaient réfugiées dans ces montagnes pendant la persécution mais là encore l'inquisition les avait poursuivis, et grand était le nombre des victimes qui avaient péri sur le bûcher ou sous le poignard dans ces terribles jours qui suivirent la Saint-Barthélemy. Cependant les religionnaires prirent les armes. Après s'être rendus maitres de Marvejols et de Quézac en 1562, ils marchèrent sur Mende, qui leur ouvrit ses portes, et de là sur Chirac ; mais comme la place était sur le point de se rendre, le capitaine Treillans, qui commandait un corps catholique, arrive à son secours et force les assiégeants à se retirer. Poursuivant son succès, il reprend Mende, où deux autres chefs catholiques, d'Apcher et Saint-Remisi, viennent le rejoindre. Bientôt les protestants se présentent de nouveau devant Chirac: la ville fut emportée et mise à feu et à sang. Il y périt plus de quatre-vingts catholiques on brûla l'église et la place fut démantelée.

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Florac

De là les religionnaires marchèrent sur Mende ; mais d'Apcher, qui s'y était renfermé avec plusieurs gentilshommes de l'arrière-ban, fit bonne contenance, et la capitale du Gévaudan resta au pouvoir des câthôliques.
Vint l'édit de Nantes (1598) ; mais la tranquillité dont jouirent les religionnaires des Cévennes ne fut pas de longue durée. Sans cesse menacé dans leur privilèges dans leurs privilèges, leur liberté et leur vie ; patients et fidèles, ils se reposaient sur la foi des traités et sur le souvenir des services qu'ils avaient rendus à la monarchie en refusant de prendre part à la révolte de Montmorency, et plus tard à celle de Condé. Cependant la persécution était proche. Colbert, qui prévoyait qu'elle aurait pour résultat l'émigration d'une population essentiellement industrielle et l'exportation de grands capitaux, s'y opposa de tout son pouvoir. « Vous êtes roi, disait-il à Louis XIV, pour le bonheur du monde, et non pour juger les cultes. » Mais les conseils de Madame de Maintenon l'emportèrent, et l'édit de Nantes fut révoqué (1685). Depuis longtemps, les protestants du Dauphiné et du Vivarais s'étaient insurgés contre la révocation de l'édit, que ceux des Cévennes, toujours soumis, n'avaient pas songé à remuer. « Néanmoins, dit Rabaut Saint-Étienne, on les ménageait alors parce que l'on appréhendait sans doute que les mauvais traitements que l'on faisait souffrir à leurs frères ne les jetassent dans le désespoir. On leur permit même de convoquer une assemblée générale des députés et des gentilshommes de leur province pour y passer un acte de fidélité au roi. « Cette assemblée eut lieu à Colognac, en septembre .1683. Cinquante pasteurs protestants, cinquante- quatre gentils hommes, trente-quatre avocats, médecins ou bourgeois notables, y protestèrent de leur attachement au roi, exhortant tous leurs coreligionnaires à la modération et à la patience. Après la paix de Ryswick signée en 1697, les protestants espérèrent encore mais, au lieu de leur être favorable, cette paix tourna contre eux, et les maux qu'ils avaient soufferts depuis la révocation et qui s'étaient un peu relâchés pendant la guerre se renouvelèrent avec plus de violence que jamais.
Pressés d'abjurer, ils répondirent qu'ils étaient prêts à sacrifier leur vie au roi, mais que leur conscience étant à Dieu, ils ne pouvaient en disposer. Alors la terreur et la proscription régnèrent dans ce pays. D'abord on leur envoya des dragons pour les convertir. Ces missionnaires bottés, comme ils les appelaient, entraient dans les maisons l'épée à la main « Tue ! tue criaient-ils, ou catholique ! » C'était leur mot d'ordre. Ces moyens expéditifs ne suffisant pas, on en inventa d'autres on pendait ces pauvres gens à leurs cheminées par les pieds pour les étouffer par la fumée d'autres étaient jetés dans des puits ; il en eut auxquels on arrachera ongles ou qu'on larda de la tétè aux pieds d'aiguilles et d'épingles. C'est ainsi qu'on leur extorquait parfois leurs signatures ; mais ces conversions à la dragonnade ne faisaient que des hypocrites. Tel était au était, au commencement du XVIIIème siècle, le sort des protestants des Cévennes, et non seulement on les surchargea de gens de guerre, mais d'impôts.

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Ferme fortifiée du Choizal

Les prêtres, abusant de leur influence, firent peser sur eux une capitation extraordinaire, et plus de vingt paroisses du Gévaudan se trouvèrent tout à coup ruinées par ces exactions.
An mois de juin 1.702, de pauvres paysans qui n'avaient pu payer ayant été pendus, ceux des villages voisins se soulevèrent, surprirent pendant la nuit les receveurs du droit de capitation et les pendirent à des arbres, leurs rôles au cou ; et comme ils s'étaient déguisés en mettant deux chemises, l'une pardessus leurs vêtements et l'autre sur la tête, on les appela camisards, du mot camise (en patois du pays chemise). Cependant les historiens varient sur l'origine de ce mot les uns le font dériver du mot cami (chemin), les autres le font remonter au siège de La Rochelle, les protestants qui entreprirent de secourir cette place s'étant couverts chacun d'une chemise pour se faire reconnaître ; d'autres-enfin prétendent que, comme les camisards étaient vêtus la plupart à la manière des paysans des Cévennes qui portaient alors un justaucorps de toile, ressemblant de loin à une chemise, ils en ont tiré leur nom. Quoi qu'il en soit, il est certain que ce sobriquet fut particulier à ceux des Cévennes. Cependant la persécution ne se lassait pas. Les prisons regorgeaient de protestants ; on confisquait leurs biens. Des pères de famille, des vieillards étaient condamnés aux galères ; d'autres périssaient dans les supplices roués, brûlés ou pendus. Une pauvre fille fut exécutée au Pont-de Montvert ; une autre fouettée par la main du bourreau. Chaque jour des proscription set des victimes. On arrachait les enfants des bras de leurs mères, et l'on jetait celles- ci dans des couvents pour être converties. « Bien plus, dit le savant Tollius, on soulevait les enfants contre leurs parents en les émancipant, en dépit de leur jeune âge. » Plus de temples que les couvents ; point d'autre sépulture que les grands chemins ; partout l'inquisition avec ses missionnaires expéditifs. Tels sont, en substance, les détails sur lesquels s'accordent les historiens protestants.
Alors le Gévaudan se divisait en pays haut et pays bas le haut était presque tout entier dans les montagnes de la Margeride et d'Aubrac ; le bas faisait partie des hautes Cévennes, et occupait la montagne de la Lozère.
Cette montagne forme une chaîne connue sous divers noms, et qui s'étend jusqu'aux frontières du Rouergue et du diocèse d'Alais ou basses Cévennes. C'est là qu'est Le Pont de- Montvert et le Bougès, une des montagnes de la Lozère dont le plus haut sommet, couvert de bois de hêtres, en fi pris le nom d'Altefage, mot corrompu du latin, et qui signifie un hêtre élevé.
Ces lieux sauvages servaient d'asiles aux proscrits. Comme les chrétiens dans les catacombes, ils s'y réunissaient la nuit, lisant la Bible, chantant des psaumes et s'exhortant au courage et à la patience. Or, il y avait au Pont-de-Montvert un prêtre d'une famille noble et guerrière il s'appelait l'abbé du Chayla. C'était un homme naturellement impérieux, sombre et violent ; mais, à la suite de graves maladies, il se relâcha de ses austérités.« Il mena, dit son biographe (1), une vie moins dure. » II allait à cheval, pratiquait un peu moins l'abstinence, le jeune, et traitait bien ses hôtes. Il paraît qu'il aimait aussi le jeu. Il avait été missionnaire à Siam. De retour dans son pays natal, il avait été nommé inspecteur des missions des Cévennes animé d'un zèle que plusieurs, ajoute son biographe, ont traité d'indiscret, il faisait une rude guerre aux protestants. « Pour mieux réussir, il prit avec lui une mission volante, composée de plusieurs missionnaires, tant séculiers que réguliers, et se transportait partout où il y avait des hérétiques à combattre ; mais, loin de travailler pour le bien de la religion et de l'État, sa mission ne leur suscitaient que des ennemis. Il avait fait de son château une prison, et ce que l'on racontait des tortures qu'il y faisait subir à ceux qu'il voulait convertir le rendait la terreur de la contrée. Un jour, à la tête d'une compagnie de soldats, il surprit une assemblée de protestants dans les montagnes. Plus de soixante personnes des deux sexes qui s'y étaient réunies pour prier furent enlevées ; l'abbé commença par en faire pendre quelques-unes et fit conduire les autres dans son château cependant plusieurs parvinrent à s'en échapper, convoquèrent leurs frères et leur firent le récit de ce qu'ils avaient souffert. Ils disaient que l'abbé faisait fendre des poutres avec des coins de fer et forçait ensuite ses prisonniers de mettre leurs doigts dans ces fentes dont il faisait retirer les coins. C'est ce qu'on appelait les ceps de l'abbé du Chalay. A ce terrible récit, la colère et le désespoir se peignent sur tous les visages. Tous jurent de venger leurs frères persécutés.

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Les Cévennes

Ils s'arment et se rendent à l'entrée de la nuit au Pont-de-Montvert, devant le château le silence y régnait, les portes en étaient barricadées l'abbé, qui avait eu vent de la conjuration, s'était mis en état de résister. Il avait avec lui quelques soldats et des domestiques résolus à vendre chèrement leur vie. Mais les assaillants enfoncent les portes, et mettent le feu au château. Déjà le toit est en flammes ; l'abbé essaye de se sauver à l'aide d'une échelle de corde par une fenêtre qui donnait sur le jardin ; mais, en glissant, il se laisse tomber et se casse une jambe. Néanmoins il parvient à se traîner dans une haie vive qui servait de clôture au jardin ; il y est bientôt découvert. Allons garrotter ce persécuteur des enfants de Dieu, s'écrièrent les assaillants ; et craignant pour sa vie, le malheureux abbé vient se jeter aux pieds de leur chef ; en vain celui-ci voulut-il le sauver ; plusieurs de sa troupe reprochèrent à l'abbé toutes ses violences, ajoutant qu'il était temps de les expier. « Hé! mes amis, leur criait le pauvre abbé, si je me suis damné, en voulez-vous faire de même? A ces mots il fut frappé. Voilà pour ce que tu as fait souffrir à mon père ! lui dit l'un. Voilà pour avoir fait condamner mon frère aux galères ! ajouta un autre. On dit qu'il reçut cent cinquante-deux blessures. Il expiait au moment où l'on arrivait à son secours. » Telle est la version protestante de la mort de l'abbé du Chayla. Voici maintenant la relation catholique d'après son biographe, AI. Rescossier, doyen du chapitre de Marvejols.
« Sur le soir, il y eut une conférence avec les autres missionnaires, dans laquelle on parla des peines du purgatoire ; et sur la fin on agita cette question Si ceux qui souffraient le martyre étaient sujets à ces peines. » Chacun s'étant retiré dans son logis pour se coucher, on le vint averti qu'il y avait quelques étrangers qui commençaient à arriver dans le lieu. Il crut que c'était une fausse alarme, jusqu'à ce qu'il entendit un grand tumulte de gens qui avaient investi sa maison et qui tiraient des coups de fusil contre les fenêtres. Croyant qu'ils ne demandaient que l'élargissement de quelques prisonniers qu'on avait pris dans les assemblées des fanatiques, il donna ordre qu'on les fit sortir. Ces malheureux ne virent pas plus tôt la porte ouverte qu'ils se jetèrent en foule dans la maison ; ils enfoncèrent une porte d'une salle basse où on avait dressé un autel pour y dire la sainte messe, et, ayant fait un bûcher au milieu de cette chapelle, ils y mirent le feu pour faire périr. l'abbé dans l'incendie de cette maison. Il essaya de se sauver par la fenêtre à l'aide.de ses draps de lit ; mais ces liens n'étant pas assez longs, il tomba d'assez haut. Cette chute fracassa une partie de son corps ; il se traîna dans des broussailles, où il resta jusqu'à ce qu'il fût découvert, à la faveur de la lumière que jetait l'incendie de sa maison. » On courut sur lui ; on le traîna par la rue de ce bourg (Le Pont-de-Montvert) qui va au pont. On lui fit toutes les insultes imaginables, le prenant par le nez, par les oreilles et par les cheveux, le jetant par terre avec la dernière violence, et le relevant en même temps, vomissant mille injures atroces contre ce saint prêtre, lui disant qu'il n'était pas aussi proche de la mort qu'il pensait, qu'il n'avait qu'à renier sa religion et à commencer de prêcher le calvinisme pour se garantir du péril. Cette proposition scandalisa notre saint abbé, qui demanda à faire sa dernière prière. » On lui permit ce qu'il demandait. Alors, se jetant à genoux au pied de la croix qui est sur le pont, et élevant les mains vers le ciel, il recommanda son âme à Dieu avec une ferveur extraordinaire. Ces impies, transportés de rage de le voir à genoux au pied de cette croix, ne purent plus se retenir. Celui qui les commandait donna le signal de tirer un coup de fusil dans le bas-ventre de notre saint abbé. Alors cette troupe se jetant sur lui comme à l'envi, et chacun voulant avoir la satisfaction de lui donner le coup de la mort, ils criblèrent tout son corps de coups de poignard, Ceux qui ont fait la vérification de ses blessures ont rapporté qu'il en avait vingt-quatre de mortelles, et que les autres étaient dans un si grand nombre, qu'on ne pouvait les compter. » L'abbé du Chayla fut enseveli à Saint-Germain de-Calberte, dans le tombeau qu'il y avait fait préparer de son vivant ; et son convoi fut suivi de toute la population catholique des paroisses voisines du Pont-de-Montvert. On se dira qu'il aurait mieux fait de se contenter de l'emploi de missionnaire sans y joindre celui d'inspecteur car par là il avait aigri tous les esprits en dénonçant leurs prédicants et ceux qui assistaient à leurs assemblées, ou en faisant renfermer leurs enfants dans des séminaires et dans des couvents pour y être instruits ; mais, dit encore son biographe, peut-on nier qu'il ne soit permis à un prêtre de dénoncer ceux qui sont rebelles à l'État et à la religion ?
Tel fut le prélude de l'insurrection des camisards, l'un des événements les plus remarquables de l'histoire du XVIIIème siècle. « Comparable dans son commencement à une étincelle qu'une goutte d'eau eût pu éteindre, elle s'alluma, dit un historien, au point de fixer toute l'attention de la cour, qui craignait avec raison que l'embrasement ne devînt général. » Alors, en effet, les montagnards cévenols se réunirent et s'armèrent pour la défense commune. Ils choisirent pour chefs les plus braves d'entre eux Roland, Cavalier, Ravenel, et Catinat. Roland s'établit dans les montagnes, et Cavalier dans la plaine. Pendant trois ans que dura cette guerre, l'on vit une poignée d'hommes mal armés, sans expérience, tenir tête à des troupes régulières, nombreuses et aguerries, commandées par des généraux habiles Montrevel, qui se plaignait de voir sa réputation compromise avec c( des .gens de sac et de corde, » fut remplacé par Berwick et Villars. Ces derniers, en ouvrant des routes à travers les Cévennes, abrégèrent la durée de cette guerre en facilitant aux troupes les abords de ces montagnes et en rendant impossibles les soulèvements des protestants. Ces routes furent en même temps un bienfait pour le pays et réparèrent un peu les souffrances que ses habitants avaient éprouvées pendant un demi-siècle ; souffrances dont le souvenir arrachait des larmes à l'évêque Fléchier, et qui n'auraient pas eu lieu si les prêtres des Cévennes avaient suivi ses sages conseils. Quant à Jean Cavalier, le héros des camisards, après avoir traité de la paix avec le maréchal de Villars, en 1704, il passa en Angleterre, y prit du service et mourut gouverneur de Jersey.
Avant 1789, le Gévaudan avait ses états particuliers, qui chaque année s'assemblaient alternativement à Mende ou à Marvejols ; ils étaient présidés par l'évêque de Mende, qui s'y rendait assisté de son grand vicaire ; mais celui-ci n'y avait ni rang ni voix délibérative. Seulement, en l'absence de l'évêque, il présidait. Cinquante membres, y compris l'évêque président, composaient l'assemblée savoir sept du clergé, vingt de la noblesse et vingt-deux du tiers état. Un chanoine, député du chapitre de Mende, le dom d'Aubrac, le prieur de Sainte-Énimie, le prieur de Langogne, l'abbé de Chambons, le commandeur de Palhers elle commandeur de Gap-Francès y représentaient le clergé. Huit barons, qui entraient annuellement aux états du pays et par tour de huit en huit ans aux états généraux du Languedoc ; savoir les barons de Toumels, du Roure, de Florac, de Bêges (aupararvanl de Mercœur), de Saint-Alban ( auparavant Conilhac), d'Apcher, de Peyre, de Thoras (auparavant Senarer) ; douze gentilshommes possesseurs de terres, ayant le titre de gentillommerie à savoir: Allenx, Montauroux, Dumont, Montrodat, Mirandal, Séverac, Barre, Gabriac, Portes, Servières, Arpajon et La Garde-Guérin, dont le possesseur prenait dans l'assemblée la qualité de consul noble de La Garde-Guérin ; tels étaient les représentants de la noblesse. Ceux du tiers étaient les trois consuls de Mende, soit que les états se tinssent à Mende ou à Marvejols ; les trois consuls de Marvejols, quand les états se tenaient dans cette ville, et seulement le premier consul quand ils s'assemblaient à Mende un député de chacune des seize villes ou communautés. Quant aux barons et aux gentilshommes, ils pouvaient se faire représenter par des envoyés qui n'avaient pas à faire preuve de noblesse ; il suffisait qu'ils fussent d'un état honorable, tel que celui d'avocat ou de médecin. Chaque année, l'assemblée instituait ou confirmait le syndic et le greffier ; c'étaient les officiers du pays. A Marvejols, un bailli et des officiers royaux ; à Mende, un bailli et des officiers nommés par l'évêque administraient alternativement la justice du bailliage du Gévaudan. Ces deux baillis étaient alternativement commissaires ordinaires dans les assemblées du pays.
A la Révolution, le Gévaudan forma le département de la Lozère. C'était avant ce temps un pays stérile et pauvre les habitants quittaient leurs montagnes pour aller cultiver la terre dans les provinces méridionales. Ils passaient en grandes bandes jusqu'en Espagne, dans le royaume d'Aragon. On prétend qu'ils en rapportaient beaucoup d'argent ; mais, s'ils mettaient à contribution la paresse des Espagnols en travaillant pour eux, d'un autre côté, ils étaient peu estimés de ceux-ci, qui les regardaient comme des mercenaires et les appelaient gavachos, terme de mépris que par la suite ils ont étendu à tous les Français. Certains écrivains, grands amateurs d'étymologies, prétendent même que c'est de l'ancien nom des Gabales que les Espagnol sont formé le mot gavacho, dont ils se servent comme d'un sobriquet injurieux.
Plus tard, cependant, les montagnards des Cévennes trouvèrent dans l'industrie des ressources contre la pauvreté. Ils n'émigrèrent plus et s'occupèrent à tisser des cadis et des serges dont la renommée se répandit jusque dans les pays étrangers. « Il n'y a presque pas de paysan qui n'ait chez lui un métier sur lequel il travaille dans la saison où il ne cultive pas la terre, et surtout pendant l'hiver, qui est très long dans ces montagnes durant six mois entiers. Les enfants mêmes filent la laine dès l'âge de quatre ans. » Ainsi s'exprimait un voyageur en 1760.
Tel est encore de nos jours ce pays. Vivant au milieu d'âpres montagnes, dans une contrée pauvre et aride, exposés aux atteintes d'un climat rigoureux, les cultivateurs de la Lozère, dit M. Dubois, ont nécessairement des mœurs agrestes, des habitudes rudes et grossières. Néanmoins, leur caractère est bon et simple. Ils sont naturellement doux et même affables envers les étrangers, paisiblement soumis aux autorités qu'ils respectent, remplis de vénération et de dévouement pour leurs parents qu'ils aiment. Leur vie est laborieuse et pénible. La plupart ont à lutter coutre la stérilité naturelle du pays qui les environne. Leur nourriture est simple et frugale elle Se compose de laitage, de beurre, de fromage, de lard, de vache salée, de légumes secs, de pain de seigle. Ils y joignent des pommes de terre ou des châtaignes. Leur boisson habituelle est l'eau de source ; mais on les accuse d'aimer le vin et de se laisser aller à l'ivrognerie quand les foires ou d'autres occasions les conduisent dans les villages où se trouvent des cabarets. Leurs habitations, généralement basses et humides, sont incommodes et malsaines. Les trous à fumier qui les avoisinent répandent à l'entour des miasmes putrides. Les cultivateurs sont fort attachés à leur religion et aiment les cérémonies religieuses tous, catholiques et protestants, ont un égal respect pour les ministres de leur culte. Ils conservent aussi avec ténacité leurs vieilles habitudes, tiennent à leurs préjugés, à leur routine agricole, au costume grossier qu'ils portent depuis leur enfance. Ils sont peu empressés de changer, même quand leur intérêt doit profiter du changement. Leur lenteur, leur apathie et leur indifférence suffisent pour faire avorter tous les projets d'améliorations. Les jeunes gens ont un grand attachement pour leur village ils se soumettent avec répugnance à la loi qui les astreint au service militaire, et le département est un de ceux où l'on compte le plus de retardataires néanmoins, lorsqu'ils ont rejoint leur bataillon, ils se montrent soldats intrépides et disciplinés. Ils sont d'abord très propres aux fatigues de la guerre, étant d'une constitution forte et d'un robuste tempérament. Les habitants des villes ont naturellement plus d'aménité dans le caractère que les habitants des campagnes ; comme eux, ils sont économes et laborieux et cependant hospitaliers et charitables. Les habitants de la Lozère ont généralement de l'intelligence, de l'esprit naturel et un jugement sain. S'ils paraissent moins cultiver les lettres et les arts, du moins réussissent-ils mieux dans l'étude des sciences naturelles et mathématiques.


Florac


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Florac

En 1130, les moines de la Chaise Dieu près de Brioude créent le Prieuré, l'un des plus vieux quartiers de Florac. La cité se développe d'abord autour de l'axe de la draille qui traverse le Vibron au pont de la Draille, au pied du quartier du Fourniol. C'est autour du quartier du Fourniol sur la petite hauteur qui domine le Vibron et au pied de l'église, que s'installe le village médiéval.
Au début du XIIIéme siècle existait un château féodal construit sur un mamelon de tuf qui fut détruit pendant les guerres de religion. La cité n'était alors protégée que par des fossés remplis d'eau. Les premiers remparts datent de la fin du XIVéme siècle.
En 1560, la première communauté de l'Église Protestante est fondée mais Florac n'en sera pas moins tourmenté par les guerres de religion. Ces guerres débutent et dureront pratiquement pendant deux siècles, entrecoupées de quelques périodes de paix, lors notamment de la signature de l'Édit de Nantes en 1598 par le roi Henri IV.
Au lendemain du massacre de la Saint-Barthélemy, la ville est prise et mise en état de défense par les protestants. En 1622, la restauration des remparts de Florac est entreprise. Le marquis de Portes assiègera quelques années plus tard Florac sans succès. Les remparts seront ensuite renforcés. En 1652, le château de Florac est reconstruit à l'emplacement de l'ancienne forteresse détruite. Pendant la guerre des Camisards de 1702 à 1705, la ville de Florac devra loger les dragons du roi Louis XIV venus réprimer la rébellion cévenole.

Note

Meyrueis


Meyrueis - Chevalet à ferrer les bœufs
Meyrueis - Chevalet à ferrer les bœufs

La petite cité de Meyrueis propose à ces visiteurs un apéritif originale élaboré à partir de la graine de l’églantine et qui porte le nom pour le moins curieux de « Gratte Cul ». Sous cette appellation pour le moins curieuse ce cache un excellent apéritif et je peux vous l’assurer, il ne gratte pas du tout le gosier de celui qui s’en abreuve ! Pour ceux qui aiment na nature sauvage, la cité de Meyrueis ouvre la porte des merveilleuses gorges de la Jonte, avant d’aller rejoindre la Tarn. Et en remontant vers Florac, ne manquez surtout tout pas les célèbres gorges du Tarn pour un circuit inoubliable. Et arrêtez-vous un instant pour découvrir le village de Saint Enimie, un des plus beaux village de cette belle région.

La liberté de conscience des protestants ne sera acquise qu'en 1787 avec l'Édit de tolérance stipulant qu'il n'est plus nécessaire d'être catholique pour être déclaré français. Elle est agréablement située, sur la rive gauche du Tarnoir, près de sou confluent avec le Tarn et la Mimente, dans un étroit vallon couvert de prairies et parsemé d'arbres fruitiers'; les coteaux qui le dominent sont plantés de vignes, surmontés à l'est par des châtaigniers et des chênes, et à l'ouest par des rochers élevés ; à leur base on voit une crevasse pittoresque d'où jaillit une source abondante et limpide dont les eaux traversent la ville., y forment deux bassins tombant eu cascade l'un dans l'autre, et font mouvoir plusieurs moulins avant de se mêler à celles du Tamon. Les eaux de cette source sent rangées dans la classe des eaux minérales acidulés. Florac ne se compose guère que d'une seule rue, où passe la grande route, et d'une petite place. On y a construit, récemment une église catholique^ un temple protestant et un palais de justice.
Aux environs est le village, de Crizac, où naquit Urbain V, élu pape en 1362 ; et non loin de là, la cascade de Brun, qui mérite d'être vue.


Marvejols


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Porte de Soubeyran

Au XIème siècle, Marvejols est un petit bourg, situé près de Grèzes, et de son puissant château, et du prieuré-monastère du Monastier, fondée en 10603. Tout comme Chirac et La Canourgue par exemple, Marvejols appartient donc à la vicomté de Grèzes, propriété successive des comtes de Toulouse, de l'évêque de Mende, des comtes de Barcelone, des rois d'Aragon et du royaume de France. Le bourg est également à proximité du roc de Peyre où se dresse le château principal de la baronnie du même nom, et dont Marvejols fait partie. L'essor de la ville intervient peu avant l'an 1307, date de la signature de l'acte de paréage entre Guillaume VI Durand, évêque de Mende, et Louis VII de France, Roi de France. Cet acte sépare le Gévaudan en trois zones : la terre des évêques, la terre du Roi et la terre commune. Les évêques sont tout-puissants en Gévaudan depuis la Bulle d'Or royale de 1161 obtenue par Aldebert III du Tournel. Les évêques sont ainsi comtes du Gévaudan au moment de la signature du paréage. Mende, capitale du Gévaudan, sera le centre des terres de l'évêque, Marvejols devient alors la capitale administrative des terres du Roi de France en Gévaudan.
Pendant la guerre de Cent Ans, Marvejols, ville royale, est fortifiée et le roi ajoute la fleur de lys à son blason. Au XVIème siècle, la majorité de la population se convertit au protestantisme et suit Henri de Navarre.
Au lendemain du massacre de la Saint-Barthélemy, et du meurtre d'Astorg de Peyre, elle est prise et mise en état de défense par les protestants. La ville prend ainsi parti pour Henri de Navarre, futur roi Henri IV. Matthieu Merle, engagé par la veuve du baron pour venger son mari, en fera un de ses points de départ dans sa conquête du Gévaudan.

bête du Gévaudan
La statue de la bête du Gévaudan à Marvejol
Note

Le Gévaudan


La bête du Gévaudan
Gravure allemande représentant la bête
bête du Gévaudan
Représentation de la bête féroce , tué en Auvergne par Monsieur Antoine de Beauterme le vingt spetembre 1765

Le Gévaudan, province comprise autrefois dans la ci-devant province de Languedoc, et qui forme aujourd'hui la presque totalité du département de la Lozère.
Les bornes du Gévaudan étaient: à l'est, les rivières d'Allier et de Borne, et la montagne de la Lozère, qui la séparaient du Vélay, du Vivarais et du diocèse d'Uzès ; au sud, le diocèse d'Alais, à l'ouest, le Rouergue; au nord, l'Auvergne. Sa plus grande étendue était de 76 kilomètres du sud au nord, et de 52 kilomètres de l'est à l'ouest. Couvert de montagnes, ce pays était autrefois hérissé de châteaux fortifiés; la plupart ont été démolis depuis 1632.
C'est dans le canton de la Planèse, à 8,000 mètres. à l'ouest de St-Flour, au petit village nommé les Ternes, près du pont et dans le bois qui est sur la droite, que l'on tua en 1787 ce terrible animal qui s'est acquis; sous le nom de bête du Gévaudan, presque autant de renommée qu'un conquérant.

Lors des ripostes contre les huguenots menées par l'amiral Joyeuse, la ville sera incendiée en 1586. De la petite ville des bords de la Colagne, il ne reste presque rien après le passage de Joyeuse, qui l'a méticuleusement rasée.En 1601, Henri de Navarre devenu Henri IV, roi de France, aide la ville à se relever. Les porte de Soubeyran, de Chanelle et de Théron ont été reconstruites grace à la générosité du roi Henri IV. La porte de Soubeyran était munie d’une porte et d’une herse en bois, avec un fossé et un pont-levis à chaîne. Son architecture défensive est dite “ouverte à la gorge”, car les divers planchers sont ouverts et accessibles de l’intérieur, par des échelles mobiles.
Devise de Marvejols Pour avoir déchassé l’Anglais de ma Province, Je porte d’une main la belle fleur de lys. Pour avoir soutenu le grand Henri mon prince Par feu, par fer, par sang, presque je défaillis. Mais d’ores ce grand roy, faisant astrée naistre Dans le coeur des Français follement désunis Maruege la bruslée ainsi comme un phénix A fait malgré le feu de ses cendres renaistre.
Marvejol est aussi le lieu où a sévit la terrible bête du Gévaudan. Cet animal est à l'origine d'une série d'attaques contre des humains survenues entre le 30 juin 1764 et le 19 juin 1767. Ces attaques, le plus souvent mortelles, entre 88 à 124 recensées selon les sources, eurent lieu principalement dans le nord de l'ancien pays du Gévaudan. Une statue de cet animal de légende trône sur la place des Cordeliers


La légende de Sainte Enimie


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La légende de Sainte Enimie


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La Grotte de Ste Enimie

Vers la fin du Vème Clotaire II, roi des Francs, règne sur une lointaine contrée du Nord du pays. Le souverain a deux enfants, Enimie et Dagobert. L'éclatante beauté de la jeune princesse mérovingienne suscite bien des convoitises parmi les nobles du royaume. Mais la vertueuse princesse refuse obstinément les prétendants que son père lui impose. A la veille de son mariage, désespérée, Enimie implore Dieu de lui venir en aide. Elle désire empêcher cette union pour conserver sa pureté afin de se vouer au Seigneur. Son vœux est exaucé car le Seigneur lui inflige la lèpre, terrible maladie qui détruit à jamais sa beauté.
Défigurée, malade, mais débarrassé à tout jamais de ses prétendants, Enimie continue à faire le bien. Cependant, devant le désarroi et les remords de ses parents et face à cette maladie, qu'aucune médecine ne peut guérir, la jeune princesse implore à nouveau l'Aide de Dieu. Un ange messager apparait et lui dit : «Rends-toi avec ton escorte dans la lointaine province du Gévaudan dans un lieu appelé Burlais. Les bergers te guideront vers une source naturelle, Burle, dont l'eau guérira les plaies de ton corps. » Après un long et pénible chemin, le cortège royal atteint enfin Burlatis. Enimie baigne son corps meurtrie dans l'eau froide et bleue de Burle et guérit par miracle. Sur le chemin du retour le mal la reprend. Ce n'est qu'après le troisième bain qu'elle comprend sa mission : rester à jamais dans cette région afin d'évangéliser les populations.
Elle mène une vie solitaire et accomplit de nombreux prodiges. Elle est nommée abbesse par l'évêque Ilère et fonde un couvent mixte au village. D'après la légende, Enimie et l'évêque Ilère ont combattu le Drac, incarnation du Diable. Le chaos du Pas de Soucis est le reflet de cette lutte. Elle passe fin de sa vie retirée dans une grotte, devenue aujourd'hui l'Ermitage.
Après as mort vers 628, son frère Dagobert, devenue roi de Francs, ramène ses reliques à la basilique Saint-Denis à Paris. Mais grâce à une ruse de la princesse, ce sont les reliques de sa filleule, elle aussi prénommée Enimie qui reposent auprès des rois de Frances.
Rapidement le site tombe dans l'oublie. Bien que rebaptisé Puy Roc à la Convention en 1798, le village, attaché à son histoire, recouvre le prénom de sa princesse, sainte Enimie.





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