Le département de la Moselle est formé du ci-devant
pays Messin, du Luxembourg français et d'une partie de la Lorraine allemande.
IL tire son .nom de la Moselle, qui le traverse du sud au nord.
Ses bornes sont: au nord, le duché de Luxembourg et la Prusse rhénane
àl 'est, là Prusse rhénane; au sud, les départements du Bas-Rhin et
de la. Meurthe ; à l’ouest, celui de la Meuse. Le territoire de ce département
est en général montueux, boisé, inégal sillonné en tous sens par des
monticules et par des collines qui ne s'élèvent pas au delà de 200 m.
Les parties élevées de ces hauteurs sont couvertes dé belles forêts
peuplées de gibier de toute espèce; leurs pentes sont douces, arrondies,
plantées d'arbres fruitiers ou de vignes qui donnent des vins de bonne
qualité. L'aspect général du pays montre qu'il n'y existe aucunes plaines
proprement dites car l'on ne saurait donner ce nom aux vallées qui forment
le bassin des rivières, ni les larges plateaux de quelques montagnes,
La plus profonde et la plus haute de ces vallées est celle qu'arrose
la Moselle, dont rien n'égale la richesse du fond et la beauté des sites,
particulièrement depuis Metz, où ses; coteaux s'écartent considérablement,
jusqu'à Sierck, où ils se rapprochent simultanément. Cette superbe vallée,
ouverte du nord; au sud, a une largeur réduite de 6,000 m.; le sol s'élève
à droite et à gauche de 100 à 200 mètres, les terres y sont onctueuses,
profondes et de la plus grande fertilité.
Sans être l'un des départements les plus fertiles
de France, celui de la Moselle doit être rangé néanmoins parmi ceux
que la nature a favorisés. Le bassin de la Moselle, dans toute son étendue,
est d'une beauté remarquable : on le compare aux rives de la Loire.;
Si l'on n’y trouve peu de vastes plaines, l'inégalité du sol nuit peu
à sa fertilité. La chaîné de coteaux qui fait suite aux Vosges, et qui
borde la Moselle, ainsi que plusieurs des rivières et des principaux
ruisseaux qui y affluent, est cultivée partout aux trois quarts de la
hauteur.
La nature du sol, plus ou moins montueux, n'est pas la même
partout : siliceuse entre la Nied et les Vosges, elle devient argileuse
dans les montagnes du pays de Bitche. Là, les plantes potagères réussissent
peu, les fruits y sont rares, et de mauvaise qualité la pomme de terre
est le seul légume qu'on y cultive avec succès; le froment ne peut résister
à l'intempérie de l'air ; les prairies, généralement assez fertiles,
sont fréquemment recouvertes de sables et de galets par les nombreux
ruisseaux qui découlent des montagnes, et que de longues pluies ou la
chute des neiges ont fait déborder.
Note : ce site officiel
du ministère de la culture vous donne toutes
les informations relatives à tous les lieux
et objets inscrits au patrimoine de chaque commune
d'un département.
Superficie :621
600 ha
Population: 1 045 066 hab.(2009)
Dénsité :168 hab./km²
Nb de communes : 730
Le pays qui formait jadis le
duché de Lorraine était habité, à l'époque de la conquête
romaine, par deux peuples principaux : les Medimatrici,
dont la capitale était Metz, appelé alors Divodorum,
et les Leuci, qui avaient pour capitale Tullum nommée
aujourd’hui sous le nom de Toul
Ces deux peuples
étaient considérés comme faisant partie de la grande
nation des Belges, que César appelle les plus braves
des Gaulois (Gallorum Omnium fortissimi).
Quand la Gaule fut divisée en dix-sept provinces, le
pays des Médiomatrices et des Leuces ou Leuques fut
compris dans la Belgique première, avec Trèves pour
métropole, et pour cités Metz, Toul et Verdun. Dès le
IIIème siècle de l'ère chrétienne, ce pays
eut a souffrir des invasions allemandes ; plus tard,
il fut dévasté par les Vandales et les Suèves. Soumis
enfin par les Francs, il fut, sous les successeurs de
Clovis, la principale province du royaume d'Austrasie
ou France orientale. Il eut encore plus d'importance
sous les princes carlovingiens. Les bords de la Moselle
et les forêts des Vosges avaient pour eux un grand attrait,
et ils y possédaient une grande quantité de domaines,
tels que Marsal, Moyenvie, Vic, Scarpone, Gondreville,
Flavigny, Champs, etc. Plus d'une fois Charlemagne célébra
à Thionville les deux grandes solennités de Noël et
de Pâques, et y tint l'assemblée générale des Francs.
Le traité de Verdun signé en 843 sépara de la France
proprement dite les contrées de la Meuse et de la Moselle;
elles furent laissées à l'empereur Lothaire, qui les
transmit à son fils Lothaire II.
C'est alors qu'elles
prirent le nom de Lotharingia, d'où nous avons fait
Lorraine. Mais ce nom s'étendait à une étendue de pays
plus vaste que la Lorraine actuelle ; il embrassait
tout le pays compris entre le Rhin, la Meuse et l'Escaut.
Il y eut encore entre les héritiers de Charlemagne bien
des luttes avant que la Lotharingie fût définitivement
séparée de la France. D'abord à la mort de Lothaire
II, dont les dernières années avaient été pleines de
troubles et de scandales, grâce à sa passion pour la
belle Waldrade, Charles le Chauve et Louis le Germanique
se partagèrent ses États. En 880, toute la Lotharingie
fut de nouveau réunie à l'Allemagne.
Vainement un fils naturel de
Lothaire II réclama ; l'empereur Charles le Gros le
fit saisir au château de Gondreville, lui fit crever
les yeux et le renferma au monastère de Saint-Gall.
Quelques années plus tard, le successeur de Charles
le Gros fit de la Lotharingie un royaume pour son fils
naturel Zwentibold. Les Lorrains se lassèrent bientôt
de la tyrannie cruelle et fantasque de ce personnage,
et appelèrent à leur secours le roi de Germanie, frère
de Zwentibold; celui-ci fut vaincu et tué aux bords
de la Meuse, et son royaume retourna encore une fois
sous l'autorité germanique. Les derniers Carlovingiens
de France firent encore quelques efforts pour reconquérir
ce pays : Mais ces, agressions furent sans succès, et
Lothaire, l'avant-dernier roi de la dynastie de Charlemagne,
fut réduit, en 980, à renoncer à toute prétention sur
la Lotharingie ce qui contrista grandement, dit un auteur
contemporain le cœur des seigneurs de France.
Quelques
années avant la conclusion du traité de 980, l'empereur
Othon Ier avait donné la Lorraine à son frère
Brunon, archevêque de Cologne. Ce prélat, comprenant
la difficulté de régir par lui-même un pays aussi étendu,
le divisa en deux parties, dont l'une fut appelée basse
Lorraine et l'autre haute Lorraine ou Mosellane ; c'est
cette dernière qui a conservé le nom de Lorraine.
Les trois premiers ducs de la Lorraine mosellane Appartiennent
à la maison de Bar. Ensuite les ducs de basse Lorraine,
Gothelon et Godefroy le Barbu, prétendirent à ce duché
; mais il importait aux empereurs d'Allemagne que la
Lorraine restât partagée pour n'être pas redoutable
à leur autorité, et l'empereur Henri III donna la Lorraine
mosellane à Albert, comte d'Alsace, et, après la mort
de ce prince, à Gérard, son neveu survenue en 1048.
Des deux fils aînés de Gérard, l'un, Thierry, fut le
second duc de Lorraine ; l'autre, Gérard, eut pour apanage
le comté de Vaudémont ; sa postérité devait le conserver
jusqu'au milieu du XIVème et siècle que Henri
de Vaudémont soit tué à la bataille de Crécy, ne laissant
qu'une fille. Cette héritière du comté de Vaudémont
épousa un sire de Joinville ; mais, à la troisième génération,
il ne restait également de cette maison qu'une fille,
qui épousa un frère du duc Charles le Hardi, lequel
commença la seconde maison de Vaudémont.
Ne pouvant suivre en détail l'histoire
des ducs de Lorraine, nous nous arrêterons seulement
sur quelques époques marquées par d'importants événements.
Le XIIIème siècle est une de ces époques
; c'est l'ère de la fondation des libertés bourgeoises
et municipales en Lorraine. Nancy, Lunéville, Saint-Nicolas,
Frouard, Gerhéviller, etc., reçurent alors la loi de
Beaumont, ainsi appelée de la petite ville de Beaumont-en-Argonne,
à laquelle un archevêque de Reims avait accordé de grandes
franchise. pour y attirer des habitants. Le développement
de la liberté fut favorable au développement du commerce
; l'industrie sortit du fond des cloîtres et passa aux
mains d'une bourgeoisie laborieuse. « Le numéraire,
dit M. Bégin dans son Histoire de Lorraine, plus commun
malgré les croisades qui en enlevèrent une quantité
considérable, rendit les affaires commerciales plus
faciles. Plusieurs riches minerais, tels que celui de
Hayange, étaient connus et exploités. Vers le milieu
du XIIIèmesiècle, Henri, comte de Salm, exploita
pour la première fois les mines de Framont (Ferratus
Mons). Les marchands de Lorraine faisaient des échanges
avec les provinces rhénanes, la Franche-Comté, la Champagne
»
Ce fut auXVème siècle qu'eut lieu la
réunion des maisons de Bar et de Lorraine, et ce fut
à cette époque aussi que la Lorraine fut mêlée d'une
manière plus active aux grands événements dont la France
était alors le théâtre. C'était le temps de la lutte
des Armagnacs et des Bourguignons et de la lutte nationale
de la France et de l'Angleterre. La maison de Lorraine
était représentée par deux vieillards le duc de Bar,
vieux cardinal, et le duc de Lorraine, Charles le Hardi,
qui n'avait qu'une fille. Charles le Hardi avait été
longtemps un violent ennemi de la maison de France.
En 1412, irrité d'un arrêt que le Parlement de Paris
avait prononcé contre lui, il avait trainé les panonceaux
du roi à la queue de son cheval. Mais le parti anglais
et bourguignon ne sut pas ménager un allié si important,
et Charles finit par donner sa fille en mariage a un
prince français, René d'Anjou, à qui le duc de Bar,
son oncle, avait déjà assuré son duché. Cependant le
parti bourguignon et anglais conservait en Lorraine
un allié, le comte de Vaudémont, fils d'un frère de
Charles le Hardi. Vaudémont prétendit que le duché de
Lorraine ne pouvait tomber en quenouille et qu'à lui
seul appartenait l'héritage en vertu de la loi salique.
Vaincu à Bulgnéville en 1434 par Vaudémont et les Bourguignons,
René d'Anjou fut emmené captif à Dijon. Il consacra
les loisirs de sa captivité à la peinture. Le duc de
Bourgogne lui rendit la liberté sous caution.
En
1441, la guerre entre les deux prétendants au duché
de Lorraine fut terminée par la médiation du roi, qui
engagea René à donner sa fille à Ferry de Vaudémont,
fils de son rival, en confondant les droits des deux
maisons. Quelques années plus tard, René céda le gouvernement
de la Lorraine a son fils aîné, Jean, duc de Calabre.
Ce prince belliqueux, dont la vie se passa sur les champs
de bataille, entra dans la ligue du Bien Public, contre
Louis XI et eut sa part des libéralités du roi au traité
de Saint-Maur, où le Bien Public fut converti en bien
particulier, suivant la piquante expression de Comines.
En secondant l’ambition du grand adversaire de Louis
XI, Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, Jean de
Calabre ne se doutait pas qu'il préparait à la Lorraine
de redoutables périls. Charles le Téméraire avait conçu
de vastes projets il voulait reconstituer l'ancien royaume
de Bourgogne, en reliant les États des Pays-Bas à la
Bourgogne et à la Franche-Comté ; mais, pour cela, il
fallait posséder la Lorraine. Jean de Calabre était
mort en 1470 ; son fils Nicolas ne lui avait survécu
que trois ans. L'héritier du duché était alors René
II, fils du vainqueur de Bulgnéville et de la fille
du roi René. Charles le Téméraire se saisit du jeune
duc, et l'obligea d'abord de lui céder quelques places
fortes et le libre passage à travers son duché ; mais
peu après, pendant que Charles le Téméraire s'obstinait
follement ait siège de Neuss, près du Rhin, René, excité
et encouragé par Louis XI, lui envoya son défi et commença
les hostilités. Charles furieux envahit la Lorraine,
et Nancy capitula après une résistance longue et obstinée.
Heureusement pour René, le Bourguignon fut défait par
les Suisses à Granson et à Morat. Le dite de Lorraine,
rentré en possession de son héritage, eut à le défendre
contre une dernière attaque ; la bataille de Nancy en
1477 fit choir dit Comines, le si grand et somptueux
édifice de la puissance bourguignonne, et débarrassa
le duc René de son terrible rival.
Louis XI, qui
s'était entendu avec le duc de Lorraine tant qu'il avait
en face de lui Charles le Téméraire, le traita avec
moins de ménagement après la ruine de la maison de Bourgogne,
et, en 1440, à la mort du vieux roi René, il se saisit
du Barrois, qui ne fut restitué à René II qu'au commencement
du règne de Charles VIII.
C'est de René II que descend
cette famille des Guises à laquelle se rattachent des
souvenirs à la fois glorieux et sinistres.
On sait
quelles graves conséquences eut pour l'État et pour
les derniers Valois l'établissement d'une branche de
la maison de Lorraine en France. René II, qui possédait
en Champagne, en Picardie, en Flandre et en Normandie
des biens allodiaux, les légua au second de ses fils,
Claude, duc de Guise, qui se fixa à la cour de France
; il faisait ainsi de la branche cadette de sa maison
une famille toute française, entièrement distincte de
la branche aînée destinée à gouverner la Lorraine.
Mais l'ambition des Guises fut fatale, non seulement
à eux-mêmes, mais à la famille ducale de Lorraine, qu'ils
entraînèrent dans leurs projets.
Le duc Charles III
fut un des soutiens de la Ligue ; il conspira avec Philippe
II et avec le pape contre l'indépendance de la France
; il fut l'un des signataires de cet insolent traité
de Joinville, par lequel les princes étrangers réglaient
le sort de la France. Dès lors commença entre la maison
de France et la maison de Lorraine cette antipathie
dont les effets devaient éclater sous le règne de Charles
IV.
Il y a peu d'exemples d'une existence aussi agitée
que celle de ce prince. Dès le début de son règne il
se laissa entraîner, par la belle duchesse de Chevreuse,
dans les intrigues et les complots dirigés contre l'administration
vigoureuse de Richelieu. Quand le duc d'Orléans, qui
prêtait aux factieux l'appui de son nom, s'enfuit de
France, le duc Charles lui donne asile à deux reprises
et lui fait épouser, secrètement, sa sœur Marguerite.
Le Parlement de Paris procède contre lui à raison du
rapt commis en la personne du duc d'Orléans, et la Lorraine
est deux fois envahie par les armées françaises. Le
duc Charles, réfugié à Mirecourt, abdique en faveur
de son frère, le cardinal François. Mais c'était une
question de savoir si le duché devait passer aux héritiers
mâles par exclusion des femmes. Charles IV n'était pas
le fils, mais le gendre du duc précédent, Henri. Si
la duchesse Nicole abdiquait, comme son mari, la princesse
Claude, sœur de Nicole, pouvait reproduire, en sa personne,
la prétention des femmes.
Aussi le nouveau duc jugea-t-il
prudent d'épouser sans retard sa cousine, Claude, que
Louis XIII pouvait faire enlever d'un moment à l'autre.
Il renvoya au pape son chapeau de cardinal ; et comme
les liens de parenté exigeaient des dispenses, il reprit
un instant, pour se les accorder, son caractère de prélat
puis il reçut d'un prêtre la bénédiction nuptiale et
consomma son mariage. Cinq jours après, les nouveaux
époux sont arrêtés dans leur logis, au nom du roi de
France, qui ne veut reconnaitre ni le nouveau duc ni
son mariage. Ils parviennent à s'échapper, pendant que
l'armée française, devançant l'arrêt du Parlement, «
qui prioit humblement le roi de se satisfaire sur
les biens de son vassal non situés en France »achève
la soumission de la Lorraine. Cependant le duc Charles,
revenant sur son abdication, essaye vainement de rentrer
par force dans ses États et finit par demander grâce
au roi, qui lui restitua les duchés de Lorraine et de
Bar ; mais plusieurs places demeuraient à la France
et Nancy restait occupé provisoirement par une garnison
française.
Le duc promettait de rester attaché aux
intérêts de la France et se soumettait à perdre irrévocablement
ses États et cas de contravention. Quelques mois après,
il se joignait avec son armée aux Espagnols, ennemis
de Ia France, et la Lorraine était reconquise par l'armée
royale. Enfin, après de nouvelles aventures, suspect
au roi d'Espagne, qui le tint même quelque temps en
prison, abandonné de son armée vagabonde, excommunié
par le pape, pour avoir épousé une maîtresse du vivant
de sa femme, le duc Charles obtint de nouveau de Louis
XIV et de Mazarin la restitution de ses États (1661).
C'était le cinquième traité qu'il contractait avec la
France, et on le connaissait assez pour être sûr que
ce ne serait pas le dernier.
Il est vrai que Louis
XIV, héritier des projets de Richelieu et de Mazarin
sur la Lorraine, n'attendait qu'une occasion pour réunir
définitivement ce beau pays à la couronne. En 1662,
il obtint, moyennant des promesses d'argent, du duc
Charles, qui n'avait pas d'enfants légitimes, que ses
États seraient après sa mort réunis à la France. Mais
le prince Charles, fils de l’ex-cardinal François, protesta
contre cet arrangement, et le duc lui-même revint à
de meilleurs sentiments pour son neveu. Il crut trouver
un appui contre l'ambition de la France dans les puissances
européennes qu'avaient alarmées les succès de Louis
XIV dans la guerre d'Espagne, et il intrigua pour être
reçu dans la triple alliance. Aussitôt Louis XIV, se
saisit de son duché, et le vieux duc s'enfuit à Cologne.
Il combattit encore contre la France dans la guerre
de la Hollande et termina en 1675 à Birkenfeld, son
aventureuse existence.
Il laissait ses droits à son
neveu, Charles V, prince doué de talents supérieurs
et qui s'illustra à la tête des armées impériales. Mais
il tenta vainement de s'emparer de la Lorraine ; Louis
XIV avait fait dévaster systématiquement la partie orientale
du duché et démanteler toutes les places secondaires.
Il était impossible de s'aventurer avec une armée dans
un pays si complètement ruiné. Le duc avait écrit sur
ses étendards « Aut nunc aut nunquam » (ou maintenant
ou jamais). L'alternative ne lui fut pas favorable il
ne rentra jamais dans ses États, il est vrai que la
paix de Nimègue les lui restituait, mais en laissant
à la France des places de sûreté et entre autres Nancy,
sa capitale.Charles refusa de se soumettre
à cette humiliation. Il resta à la cour de Vienne, où
il épousa une sœur de l'empereur.
A sa mort, Léopold,
son fils, prit le titre de duc de Lorraine, et la paix
de Hyswick lui restitua son duché; Louis XIV ne gardait
que Marsal, Sarrelouis et Longwy, avec le droit de passage
pour les troupes françaises à travers la Lorraine. Pendant
un règne paisible de trente-deux ans, Léopold s'appliqua
à faire oublier à ses sujets les longues souffrances
qu'avaient attirées sur eux les fautes de son aïeul.
François IV, qui succéda à son père en 1729, ne devait
pas jouir longtemps de l'antique patrimoine de sa famille.
Le traité de Vienne, qui, en
1738, mit fin à la guerre de la succession de Pologne,
stipula que le roi Stanislas, renonçant au trône de
Pologne, deviendrait duc de Lorraine et de Bar, et qu'à
sa mort, ces deux duchés seraient réunis à la France.
François IV était dédommagé par le grand duché de Toscane
et par la main de Marie-Thérèse, fille de l'empereur
ce mariage lui valut, plus tard, la couronne impériale.
En 1737, Stanislas prit possession de la Lorraine. Des
souvenirs honorables et affectueux se rattachent au
nom de ce monarque ; mais, malgré les sympathies que
méritait la personne de Stanislas, une partie de la
population ne vit qu'à regret son établissement sur
le trône de Lorraine. Ce règne ne pouvait être et ne
fut, en effet, qu'une transition pour préparer l'incorporation
définitive de la Lorraine à la France. C'est ainsi que
Stanislas consentit à l'incorporation des troupes lorraines
dans l'armée française et que le pays fut placé sous
le régime financier de la France.Ce furent ces mesures et d'autres
du même titre qui soulevèrent la susceptibilité des
Lorrains ; et Stanislas eut à soutenir contre la cour
souveraine du duché des luttes analogues à celles que,
dans le même temps, le gouvernement en France soutenait
contre les parlements. A la mort de Stanislas, survenu
a l’age de quatre-vingt-huit ans, à Lunéville le 23
février 1766 en 1766, la Lorraine fut définitivement
réunie à la France. On conçoit les regrets des Lorrains
en passant de l'autorité d'un prince bienfaisant et,
malgré ses fautes, ami du bien public, sous le sceptre
de l'égoïste Louis XV. Mais ces regrets durent s'adoucir
quand éclata la Révolution de 1789. La Lorraine comprit
alors que mieux vaut s'associer aux destinées d'une
grande nation que de végéter dans la solitude et dans
l'humilité d'un petit Etat. Le décret de 1790 divisa
la Lorraine et le Barrois en quatre départements la
Meurthe, les Vosges, la Moselle et la Meuse.
En
1814, ces départements furent envahis par les alliés.
Pendant la campagne de France, les paysans lorrains
firent une rude guerre de détail aux envahisseurs.
D'autres faits contemporains, plus terribles encore,
appellent notre attention. Avant de commencer à les
exposer, nous devons dire que la notice historique qui
précède se rapporte plus particulièrement à notre ancien
département de la Meurthe ; un seul arrondissement du
département de la Moselle, celui de Briey, a été conservé
à la France il n'est donc plus utile de faire ici l'histoire
du pays Messin, que tant de liens pourtant rattachent
à la commune patrie.
La tâche douloureuse qui nous
reste à remplir est le rapide récit des événements qui
nous ont arraché ces territoires et qui, des membres
sanglants de la Meurthe et de la Moselle, ne nous ont
laissé que le département actuel de Meurthe-et- Moselle,
qui en est formé.
Les départements de la Meurthe
et de la Moselle ont été, en effet, pendant la guerre
franco-allemande de 1870-1871, le théâtre d'événements
militaires décisifs. Le 19 juillet 1870, notre chargé
d'affaires à Berlin remettait, comme on le sait, la
déclaration de guerre de la France au gouvernement prussien.
Le 20 juillet, chacun de nos corps d'armée se trouvait
au poste qui lui avait été assigné, mais quelle énorme
disproportion dans le nombre des combattants ! Tandis
que l'armée française ne comptait pas plus de 230 000
hommes, l'armée allemande mettait en ligne 400 000 combattants,
nombre qui devait s'élever progressivement au chiffre
énorme de 1 350 000hommes. Le 23 juillet, l'empereur
partait de Saint-Cloud pour Metz le 30, le général Frossard
recevait l'ordre de franchir la Sarre et s'emparait
de Sarrebruck le 2 août. On sait quelle fut cette ridicule
affaire. Le 3 août, le général Abel Douay était surpris
et battu à Wissembourg ; ce combat livrait à l'ennemi
l'entrée de l'Alsace et les routes de Strasbourg et
de Metz. Le 6 août, malgré des prodiges de valeur, Mac-
Mahon était vaincu à Reichshoffen et Frossard à Forbach,
chef-lieu de canton de l'arrondissement de Sarreguemines.
Après la défaite de Mac-Mahon et de Frossard, l'empereur
ordonna la retraite sous les murs de Metz, où toutes
nos troupes se trouvèrent concentrées ; le 11 août,
moins les corps de Mac-Mahon et du général de Failly,
qui s'étaient rabattus sur Châlons. Le 10 août, deux
divisions détachées de l'armée du prince Frédéric-Charles
arrivaient devant Strasbourg et commençaient le siège
; bientôt les troupes allemandes eurent occupé, d'un
autre côté, le pays situé au nord-est, à l'est et au
sud de Metz, afin de couper la retraite à l'armée française
et de bloquer Metz. La retraite commençait, en effet,
le général Steinmetz accourut pour la contrarier et
livrait la bataille de Borny. Les Allemands la perdent,
mais réussissent à retarder le mouvement de retraite
sur Verdun, ce qui permit à l'armée du prince Charles
à la tête de la IIème armée d'effectuer son
mouvement tournant. Le 16 août eut lieu la bataille
de Gravelotte ou de Mars-la-Tour, qui fut encore une
victoire pour nos soldats (1). Un effort de plus, et
on passait sur Verdun ; c'était le salut de l'armée
et le salut de la France. La totalité de l'armée française
fut alors partagée en deux armées : celle dite du Rhin,
sous les ordres du maréchal Bazaine (l'empereur avait
regagné Châlons dès le 19 août) ; celle dite de Châlons,
sous les ordres de Mac-Mahon. Au lieu de marcher sur
Verdun, l'armée du Rhin bivouaque sur le champ de bataille
de Gravelotte, et, le 18 août, elle se replie sur Metz,
après la sanglante bataille de Saint-Privat. Bazaine
s'était abstenu de paraître sur le champ de bataille,
et « pour la troisième fois, l'armée du Rhin, grâce
à son chef, écrit le baron A. Du Casse (la Guerre au
jour le jour, 1870-1871), ne se rend pas libre pour
rallier l'armée de Châlons, » Le 19 août, l'armée fut
rangée autour de Metz. Le 26, au soir, Bazaine tenta
ou feignit d'essayer de rejoindre l'armée de Châlons.
La tentative échoua ; et l'on rentra à Metz ; le 30,
le maréchal Bazaine se, décida à recommencer l'opération
du 26, mais sans plus de succès. Le 1er septembre,
l'armée attristée revenait prendre ses positions autour
de la place.
Une phase nouvelle commençait pour l'armée
du Rhin. Renonçant à jouer un rôle actif dans la partie
suprême engagée en France, son chef attendait des événements
politiques ou militaires qui pourraient le ramener sur
la scène. Il se laissait engager dans un ordre d'idées
où devaient périr soit honneur et la force que la patrie
avait mise entre ses mains. Nous n'entreprendrons pas
de raconter ici les péripéties du blocus de Metz, ni
les honteuses démarches qui furent faites pour amener
la reddition de la place. Qu'il nous suffise de dire
que le 27 septembre, Bazaine en arrivait à une reddition
pure et simple. Il quitta la place, poursuivi par la
malédiction des soldats et de la population et fut,
avec toute l'armée, interné en Allemagne. Nous n'avons
pas besoin de dire, après ce qui précède, que les principales
localités des départements de la Moselle et de la Meurthe
tombèrent aux mains des Allemands, dont la IIer,
la IIème et la IIIème armées,
respectivement sous les ordres des généraux Steinmetz,
prince Frédéric Charles et prince Frédéric-Guillaume
de Prusse, envahirent le territoire. Citons notamment
Lunéville, occupé dès le 12 août par la IIIème
armée allemande ; Nancy et Vézelise, le 13 août, par
des troupes appartenant à la même armée ; Toul, investi
le 14 aout ; Briey, occupés le 15 aout par deux divisions
de cavalerie allemande, Pont-il-Mousson, qui le même
jour tombe au pouvoir du prince Charles-Frédéric, etc.
Longwy se rendit le 15 janvier 1871 après deux jours
de bombardement. Le 26 février 1871, les préliminaires
de la paix étaient signés à Versailles. La France perdait,
outre ses deux plus fortes places de l'est, plus de
1 600 000 habitants, répartis dans les départements
du Haut et du Bas-Rhin, des Vosges, de la Meurthe et
de la Moselle. Le 7 septembre 1871, une loi régularisa
la situation du nouveau département formé de ce qui
nous restait de la Meurthe et de la Moselle.
Autrefois ville forte, citadelle
et évêché, capitale du pays Messin, gouvernement de
province et particulier, Tacite est le premier qui ait
fait; connaître , la capitale des Mediomatrici. Ptolémée
, l'Itinéraire d'Antonin et la Table de Peutinger en
font aussi mention. Elle avait pris le nom du peuple
dont elle était la capitale dès le temps d'Ammmien Marcellin,
qui la nomme Mediomatrici; le nom Mettis, d'où est dérivé
celui de Metz, était déjà en usage dès le commencement
du Vème siècle, et on le trouve dans la Notice
de l'empire. Les mesures de la Table et de l'itinéraire
confirment les faits historiques sur l'identité de position
de Divodurum et de Metz. Six routes romaines qui se
joignent à Divodurum conduisent à Metz, en partant d'Augusta
Trivororum, Trêves, Argentoratum, Strasbourg, Tullum
Toul et Durocortorum, Reims.
Metz, avantageusement
situé dans un pays fertile, au confluent de la-Moselle
et de la Seille, dont l'une est navigable jusqu'au Rhin,
fut pour les Romains un poste important, un agréable
séjour. De nombreux, monuments, dont il ne reste plus
que de faibles vestiges, attestent le haut degré de
splendeur où cette ville était parvenue sous les empereurs.
Elle eut un vaste amphithéâtre, une naumachie, des thermes,
un palais impérial, des magasins militaires et une garnison
toujours nombreuse, pour repousser les Allemands qui
saris cesse menaçaient d'envahir les .Gaules. Metz était
traversée par six grandes routes, d'où les légions pouvaient
au besoin se porter sur tous les points les plus éloignés
du vaste, empire romain.
Tacite est le premier qui ait
fait connaître, la capitale des Mediômatrici. Ptolémée,
l'Itinéraire d'Antonin et la Table de Peutinger en font
aussi mention. Elle avait pris le nom du peuple dont
elle était la capitale dès le temps d'Ammien Marcellin,
qui la nomme Mediomatrici le nom Mettis, d'où est dérivé
celui de Metz, était déjà en usage dès le commencement
du Vème siècle, et on le trouve dans la Notice
de l'empire. Les mesures de la Table et de l’itinéraire
confirment les faits historiques sur l'identité de position
de Divodurum et de Metz. Six routes romaines qui se
joignent à Divodurum conduisent à Metz, eu partant d'Augusta
Trivodurum (Trêves), Argentoratum, ( Strasbourg), Tullum,
(Toul), et Durocortorum, Reims.
Metz, avantageusement
situé dans un pays fertile, au confluent de la-Moselle
et de la Seille, dont l'une est navigable jusqu'au Rhin,
fut pour les Romains un poste important, un agréable
séjour. De nombreux, monuments dont il ne reste plus
que de faibles vestiges, attestent le haut degré de
splendeur où celte ville était parvenue sous les empereurs.
Elle eut un vaste amphithéâtre, une naumachie, des thermes,
un palais impérial, des magasins militaires et une garnison
toujours nombreuse, pour repousser les Allemands qui
sans cesse menaçaient d'envahir les Gaules.
Metz
était traversée par six grandes routes d'où les légions
pouvaient au se porter besoin sur tous les points les
plus éloignés du vaste, empire romain.
Sous les enfants
de Clovis, Metz devint capitale du royaume, d'Austrasie
; Lors de la décadence de là maison.de Charlemagne,
cette ville et sa province passèrent sous la domination
des empereurs d'Allemagne. Ces souverains voulant opposer
un rempart à la France qui convoitait, toujours Metz,
et la Lorraine comme une portion de ce royaume, rendirent
Metz puissante et forte en lui laissant une sorte de
liberté politique. Devenue libre et rendue imprenable,
cette ville fut rarement en paix dans l'intérieur de
ses murailles, ayant sans cesse à lutter contre les
prétentions d'une bourgeoisie turbulente et celles d'un
hautain clergé qui voulait l'asservir. La convoitise
de la France, les agressions perpétuelles des ducs de
Lorraine, les ravages des grandes compagnies, la protection
chèrement achetée de la cour, de Rome et de l'empire
devinrent autant de causes de révolutions qui préparèrent
la chute de la république messine.
En 1552, sous
Henri II, Metz, obligée de recourir au protectorat de
la France perdit sa liberté. Charles-Quint voulut s'en
emparer en 1552, et la défense de Metz par le duc de
Guise fut comptée parmi les événements les plus marquants
du XVème siècle. Charles-Quint avait passé
le Rhin le 13 septembre avec une armée de soixante mille
hommes. Il avait sous ses ordres le marquis de Marignan
et le duc d'Albe, qui étaient renommés pour leurs talents
militaires. Le 19 octobre, cette armée parut devant
Metz, et le duc d'Albe commença aussitôt à investir
la place. Charles-Quint s'était arrêté à. Thionville
car sa santé délabrée ne lui avait pas permis de supporter
plus longtemps la vie des camps. Henri II, de son côté,
avait assemblé une armée à 40 km à l'ouest de Metz mais
ses généraux lui conseillèrent de laisser l'armée, impériale
se fatiguer à un long siège dans une saison si défavorable,
plutôt que de lui présenter la bataille. Ainsi le roi
se borna à envoyer des corps détachés pour Inquiéter
l'ennemi et lui couper les vivres. Les Impériaux s'opiniâtrèrent
cependant à continuer le siège, et déjà l'artillerie
avait ouvert de larges brèches dans là muraille. Mais
derrière ces brèches s'élevaient de nouveaux remparts
qui défendaient l'entrée de la ville assiégée. Tous
les assauts fuient repoussés, et il devint impossible
de ramener à l'attaque les-Impériaux découragés. Charles-Quint
voulut encore une fois essayer sur ses soldats l'effet
magique de sa présence ; il se fit transporter au milieu
du camp ; leur courage en fut ranimé, mais le dernier
effort -fut encore impuissant. Déjà onze mille coups
du canon avaient été tirés contre les remparts de Metz
; les soldats, enfoncés dans la fange glacée, moissonnés
par les maladies, étaient hors d'état de combattre ;
enfin l'empereur levât le siège, le 1er'janvier
1553 après avoir vu périr trente mille de ses meilleurs
soldats. « fortune, dit-il, avec une douleur amère,
n'aime point les vieillards » et il ordonna la retraite
qui fut désastreuse.
' Depuis lors Metz n'a point
cessé d'appartenir à la France. - -'.-:'..'.''. -.--
L'industrie messine a été longtemps florissante. Au
moyen âge Metz était une ville de luxe et de plaisirs
: de tous les points de l'Allemagne on accourait à ses
fêtes : « Si j'avais un Francfort, disait-on, je le
dépenserais à Metz. » Les infinies variétés des monnaies
de l'Europe y avaient habituellement cours ; soixante
changeurs suffisaient à peine au commerce d'argent qui
s'y faisait. Metz est une des villes de l'Europe, les
plus anciennement pavées, et l'une de celles où l'on
ait fait le premier usage d'artillerie : on y avait
une artillerie volante dès 1512. L'imprimerie y fut
introduite en 1480, ainsi Metz est l'une des dix premières
cités françaises où l'art de Gutenberg se soit introduit.
Dans le cours du XVème siècle, on y jouait
des comédies de Térence et beaucoup de mystères ; ces
dernières représentations eurent lieu à Metz presque
aussitôt qu’à Paris.
L'étendue et la population de
Metz ont singulièrement varié : sous les Romains, cette
ville s'étendait entre les rives de la Seille et de
la Moselle, dans une étendue de 6 km A la fin du XVème
siècle ; il fallut la resserrer pour résister à Charles
VI et au duc de Lorraine, René I. Resserrée de nouveau
en 1552, elle perdit ses faubourgs ; ses lrihes église,
ses monuments somptueux, et devint une ville forte de
premier ordre. La révocation de l'édit de Nantes, fatale
à son industrie et à sa civilisation, l'a été plus encore
à sa population. D'autres événements malheureux là réduisirent
à 22 000 âmes, de 60 000 qu'elle était avant l'invasion
de Charles-Quint.
Ce massif vosgien, classé zone de tranquillité, situé sur les hauteurs du village de Thannekich, est un territoire qui comporte d’étonnants rochers de grès rose, aux formes très particulières, et dont certains comportent des inscriptions qui restent encore mystérieuses. Vous y découvrirez de grandes tables, des reptiles, des géants, mais aussi le rocher qui sous une poussée vigoureuse se balance comme une barque en émettant un son curieux que certains qualifient de battement de cœur. Ce lieu de rendez vous des magnétiseurs de tout poil serait, et certains l’affirme un endroit où une onde cosmo-tellurique remontant du centre du noyau terrestre et rejoindraient l’espace cosmique et ces ondes seraient régénératrice pour l’homme. Dans les temps très anciens, les celtes y venaient puiser quelques forces dans ce qui désignaient comme leur sanctuaire.
Charles-Quint voulut s'en emparer en 1552, et la défense de Metz par le duc de Guise fut comptée parmi les évènements les plus marquants du XVIème siècle, Charles-Quint avait passé le Rhin le 13 septembre avec une armée de soixante mille hommes. Il avait sous ses ordres le marquis de Marignan et le duc d'Albe, qui étaient renommés pour leurs talents militaires. Le 19 octobre, cette armée parut devant Metz, et le duc d'Alble commença aussitôt à investir la place. Charles-Quint s'était arrêté à Thionville car sa santé délabrée ne lui avait pas permis de supporter plus longtemps la vie des camps. Henri Il, de son côté, avait assemblé une armée à 40 kilomètres à l'ouest de Metz ; mais ses généraux lui conseillèrent de laisser l'armée impériale se fatiguer à un long siège dans une saison si défavorable, plutôt que de lui présenter la bataille. Ainsi le roi se borna à envoyer des corps détachés pour inquiéter l'ennemi et lui couper les vivres. Les Impériaux s'opiniâtrèrent cependant à continuer le siège, et déjà l'artillerie avait ouvert de larges brèches dans là muraille. Mais derrière ces brèches s'élevaient de nouveaux remparts qui défendaient l'entrée de la ville assiégée. Tous les assauts fuient repoussés, et il devint impossible de ramener à l'attaque les Impériaux découragés, Charles-Quint voulut encore une fois essayer sur ses soldats l'effet, magique de sa présence et il se fit transporter au milieu du camp ; leur courage en fut ranimé, mais le dernier effort fut encore impuissant. Déjà onze mille coups de canon avaient été tirés contre les remparts de Metz ; les soldats, enfoncés dans la fange glacée, moissonnés par les maladies, étaient hors d'état de combattre ; enfin l'empereur leva le siège, le 1er; janvier 1553 après avoir vu périr trente mille de ses meilleurs soldats. «:La fortune, dit-il, avec une douleur amère, n'aime point lès vieillards !» et il ordonna la la retraite qui fut désastreuse.
Depuis lors Metz n'a point cessé
d'appartenir à la France.
L'industrie messine a
été longtemps florissante. Au moyen, âge Metz était
une ville de luxe et dé plaisirs. De tous les points
de l'Allemagne on accourait à ses fêtes, «Si j'avais
un Francfort, disait-on, je le dépenserais à Metz.»
Les infinies variétés des monnaies de l'Europe y avaient
habituellement cours ; soixante changeurs suffisaient
à peine au commerce d'argent qui s'y faisait.
Metz
est une des villes dé l'Europe, les plus anciennement
pavées, et l'une de celles où l'on ait fait le premier
usage d'artillerie : on y avait une artillerie volante
dès 4512. L'imprimerie y fut introduite en 1480 : ainsi
Metz.est l'une des dix premières cités françaises où
l'art de Gutenberg se soit introduit.
Dans le cours
du XVème siècle, on y jouait des comédies
de Térence et beaucoup de mystères ; ces dernières représentations
eurent lieu à Metz presque aussitôt qu’à Paris.
L'étendue et la population de Metz ont singulièrement
varié : sous les Romains ; cette ville s'étendait entre
les rives de la Seille et de la Moselle, dans une étendue
de 6 kilomètres A la fin du XVème siècle;
il fallut la resserrer pour résister à Charles VI et
au duc de Lorraine, René Ier Resserrée de
nouveau en 1552, elle perdit ses faubourgs; ses riches
église et ses monuments somptueux, et devint une ville
forte de premier ordre. La révocation de l'édit de Nantes,
fatale à son industrie et à sa civilisation, l'a été
plus encore à sa population. D'autres évènements malheureux
là réduisirent à 22 000 âmes, de 60 000 qu'elle était
avant l'invasion de Charles- Quint.
Celle ville est généralement
bien bâtie et décorée de plusieurs beaux édifices. Toute
la partie de la ville située sur la rivé droite de la
Moselle est bâtie en amphithéâtre, celle qui occupé
la rive gauche est unie. Là plupart des rues, quoique
élargies et alignées depuis un siècle, sont encore étroites,
tortueuses et incommodes, quelques-unes de celles qui
se trouvent sur la rivé droite de la Moselle sont escarpées
et inabordables aux voitures. Metz est après Strasbourg
la ville la mieux fortifiée de la France. Metz est environné
au couchant et traversé par la Moselle. La Seille entre
dans la villes au sud après s'être auparavant partagée
eu deux bras, dont le plus petit baigne les murs des
remparts et y entretient une eau verdâtre et vaseuse
; le bras qui entre dans la ville est retenu par plusieurs
vannes, fait tourner plusieurs moulins, et sert principalement
aux tanneries. On passe ces deux rivières sur dix-sept
ponts.
La plupart des maisons de Metz sont bâties
solidement en pierres de taille ; presque toutes se
composent d'un rez-de-chaussée surmonté de deux ou trois
étages. Quelques constructions du moyen âge, de la renaissance
ou du XIXème siècle sont décorées de bas-reliefs.
Dans certaines rues les maisons, peu profondes, ne se
composent que d'un seul corps de logis ; dans d'autres
elles en présentent jusqu'à trois et quatre, séparés
les uns des autres par de petites cours humides et mal
aérées.
On peut diviser la population en trois classes
sous le rapport des cultes qu'elle professe : la majorité
est catholique, la seconde classe juive, la troisième
protestante. Autrefois des lignes de démarcation bien
tranchées les séparaient. Il n'en est plus de même aujourd'hui:
catholiques, calvinistes, israélites, vivent confondus
et dans la plus parfaite harmonie. Les juifs ont commencé,
depuis trente années, à quitter leur quartier humide
et malsain pour habiter les autres parties de la ville.
Quelques alliances même out lieu entre la jeunesse des
autres cultes et la leur ; la mise des enfants d'Israël
devient de jour en jour plus conforme encore à celle
des autres habitants, et si les plus dévots d'entre
eux conservent encore le vaste chapeau à trois cornes,
la culotte de velours et la barbe en pointe, au moins
ou ne voit plus les chapeaux jaunes, les manteaux noirs,
les rabats blancs et les barbes sales qui faisaient
des juifs du XVème siècle une race toute
spéciale, vouée à la risée publique.
On compte à Metz neuf portes garnies de ponts levis, dont six seulement servent aux relations extérieures ; plusieurs de ces portes sont répétées deux, trois et même quatre fois, suivant les différents ouvrages de fortifications qui les défendent. Ce sont la porte de St-Thiébaut, aboutissant à la route de Nancy et du midi du royaume ; celle de France, à la route de Paris; celle de Thionville, aux routes de Longwy, Thionville et de toute la Belgique ; celle, des Allemands, aux routes de Sarrelouis, de Mayence et de toute l'Allemagne; celle de Mazelle conduit à Strasbourg, et c'est par là qu'arrivent les riches produits des salines royales de là Meurthe. La porte du Saulcy conduit dans une île de la Moselle, occupée par des chantiers de bois, par la poudrerie et par une lunette qui couvre l'ouest de la ville et les deux bras de la Moselle. La porte de Chambière conduit à une autre île où sont le polygone de l'artillerie, le champ de manœuvre de la garnison, le port de la ville, des fabriques et diverses habitations, le cimetière des deux premières sections ; la porte de Ste-Barbe, située à l'extrémisé de la rue principale du quartier des juifs, ne conduit qu'à l'arsenal de l'artillerie placé dans une île delà Seille, entre les remparts de la ville et le fort de Belle-Croix. Les anciennes fortifications ont été remplacées par des ouvrages immenses construits d'après le nouveau système de défense, exécutés sous les ordres des maréchaux de Vauban et de Belle-Isle. Les plus importants sont les forts de Belle-Croix et de la Double-Couronne. Le premier, commencé en 1731, couvre toute la partie orientale de la ville , depuis la porte des Allemands jusqu'à la Moselle ; il est établi sur le coteau de Désiremont, qui prit le nom de Belle-Croix, à cause d'une grande croix placée autrefois sur son sommet. La science des fortifications a été, pour ainsi dire, épuisée dans la construction des ouvrages de ce fort, qui ont un très grand développement. La première pierre du fort de la Double-Couronne ou de la Ville-Neuve a été posée par le maréchal de Belle-Isle, le 29 juin 1728; les troupes qui y ont travaillé ont campé pendant deux ans dans la plaine du Ban-St-Martin. Ce fort, qui a une double enceinte de fossés remplis d'eau, , et dont les fortifications rasantes sont d'une approche très difficile, a été achevé en trois ans ; il défend la partie septentrionale de la ville
En 1737 on construisit entre
les portes de St-Thiébaut et de Mazelle une redoute
considérable en terre, qui prit le nom de Pâté. Lorsqu'on
élève les eaux de la Seille, elle forme une ile, et
l'on y pénètre de l'intérieur de la place par une galerie
souterraine.
Au moyen de la retenue qui se fait
au pont des Arènes et aux écluses des Allemands, les
eaux de la Seille s'exhaussent de. 8 m., el forment
un lac qui s'étend à plus de 4 kilomètres. De l'une
des portes les plus importantes, celle de St-Thiébaut,
on arrive par un chemin très court au centre de la ville,
à l'une des plus belles promenades qui existent en Europe.
Les premières allées de cette promenade furent plantées
d'arbres en 1790 ; mais elle s'agrandit beaucoup lorsqu'en
1802 on entreprit de combler les fossés larges et profonds
de la citadelle , sur lesquels elle est établie. Achevée
en 1816 , elle offre à la vue le plus riant spectacle..
De là se découvre aux yeux le superbe bassin de la Moselle,
un paysage riche et varié, de vastes prairies, de nombreux
villages groupés en amphithéâtre sur les coteaux qui
bornent l'horizon du sud au nord, et qui, tapissés de
vignes, couronnés de bois, présentent l'aspect le plus
gracieux. Entre les rues de cette promenade on a formé
une grande place d'armes pour les exercices et parades
militaires.
Thionville n'est connu que depuis
le V siècle ; c'était alors un des riches domaines des
rois de France. Charlemagne y tint en 805 deux conciles
nationaux. Deux autres conciles y furent tenus en 821
et eu 825, par Louis le Débonnaire, qui y tint aussi
une diète en 836. Après l'extinction de la race carlovingienne,
cette ville eut des seigneurs particuliers et passa
ensuite sous la domination des comtes de Luxembourg.
Eu 1443 elle fut assiégée sans succès par Philippe de
Bourgogne. Plus tard elle appartint successivement aux
ducs de Bourgogne, à la maison d'Autriche et aux rois
d'Espagne. Le maréchal de la Vieuville et le duc de
Guise l'assiégèrent et la prirent d'assaut le 23 juin
1558, après une défense opiniâtre. Le maréchal de Strozzy
y perdit la vie ; on chassa les habitants de tout âge
et de tout sexe, et on vendit leurs maisons aux Messins
qui vinrent la repeupler. L'année suivante, Thionville
fut rendu à Philippe II par le honteux traité de Cateau-Cambresis
: on rappela les bourgeois expulsés de la ville, et
on les rétablit dans leurs demeures.
Le marquis
de Feuquières attaqua cette ville en 1637 avec une armée
de treize mille hommes, qui fut taillée en pièces le
7 juin sous les murs de la place. Le duc d'Enghien,
qui plus tard fut le grand Coudé . prit Thionville par
capitulation en 1643, après trois mois de siège et trente
jours de tranchée ouverte. En 1792, cette ville fut
investie par les Autrichiens et souffrit quelques heures
de bombardement ; elle fut bloquée étroitement dans
les deux invasions de 1814 et de 1815.
Thionville
est la seconde ville du département par son importance
militaire et par sa population. La ville el ses fortifications
occupent une surface parfaitement plane ; on y entre
par trois portes ; celles de Metz, de Luxembourg et
du Pont-Couvert. La plupart des rues sont larges , mais
en général irrégulièrement percées. Les maisons sont
solidement construites; quelques-unes appartiennent
au XVIème siècle, époque que constate sur
plusieurs bâtiments où une date y est sculptée. La Moselle,
large de 130 mètres borne la ville au midi ; pour se
rendre, sur la rive droite, on la traverse sur un pont
couvert. La place d'armes est belle ; trois corps de
casernes en occupent trois côtés ; le quatrième est
occupé par le manège de cavalerie, regardé comme un
des plus beaux qu'il y ait en France.
Cette ville se nommait autrefois
Guemonde, était fermée de murailles et défendue par
un château aujourd'hui détruit; le duc Jean, contre
lequel les habitants s'étaient révoltés, pour soutenir
leurs privilèges, la brula en 1380.
Elle est bâtie
dans une agréable situation, au confluent de la Sarre
et de la Bélise. Le duc Léopold y avait fondé en 1621
un couvent de capucins , dont les vastes bâtiments renferment
aujourd'hui la sous-préfecture, le palais de justice
et le collège ; les prisons sont remarquables par leur
construction et leur situation dans un lieu sain et
aéré.
Dès le XIème siècle,
Bitche était une place forte importante et le chef-lieu
d'un comté que le duc Ferry III céda au duc de Deux-Ponts
en1297. Bitche et le comté de ce nom, confisqués en
1571 par Charles III sur le comte de Hanau, rentrèrent
définitivement dans la possession des ducs de Lorraine
en 1606. Le maréchal s'étant emparé de la forteresse
en 1624, les français la conservèrent jusqu'en 1698,
où elle fut restituée au duc Léopold. Lorsque la Lorraine
fut cédée à la France, en 1737, on s'occupa de relever
les fortifications de Bitche, dont la première pierre
fut posée en 1744.
Le 15 octobre 1793, les Prussiens
ayant pénétré au travers des défilés des Vosges jusqu'à
Bitche, tentèrent de s'emparer de cette place. Déjà
l'avant garde s'était approchée du fort, et les glacis
étaient escaladés déjà elle s'était emparée de l'ouvrage
avancé qui se trouve sous la queue de l'hirondelle,
lorsque l'alarme sonna. Aussitôt les Français courent
aux armes on se fusille de toutes parts. Mais comment
se guider dans cette obscurité profonde. Le dévouement
d’'un citoyen sauva la ville. Une maison en bois s'avançait
du côté où les Prussiens devaient être descendus, le
propriétaire propose d'y mettre le feu. Elle servira
de flambeau pour nous éclairer, s'écria-t-il.
Cette généreuse proposition est
acceptée, et la maison est livrée aux flammes. La lueur
qu'elle jette trahit les Prussiens, que l'on aperçoit
se précipiter des montagnes et se porter vers Bitche.
Une troupe d'ennemies remplissait déjà l'escalier qui
communique à la canonnière sous le pont de la petite
tête. On l'arrête aussitôt par la plus vive fusillade,
et on lui ravit tout espoir de retour en interceptant
le passage avec des décombres qui le rendent impraticable.
Bientôt on fait pleuvoir sur les ennemis une grêle de
pierres et de grenades, ils crient merci et sont écoutés
on se contente de les tenir en respect, tandis qu'on
repousse leurs compatriotes. Quelques bombes furent
jetées dans la ville pour en écarter les Prussiens qui,
profitant des circonstances, mettaient les riches à
contribution et se munissaient d'otages. Cet essaim
d'ennemis disparut avant le jour. 700 hommes du bataillon
de la Corrèze et une compagnie de canonniers sauvèrent
Bitche. A peine fut on débarrassé de l'armée prussienne
qu'on songea à son avant-garde renfermée dans les fortifications;
elle se composait de 250 hommes, qui mirent bas les
armes et défilèrent devant la garnison.
Le17 novembre
de la même année, un corps de 4,000 Autrichiens fut
complètement battu sous les murs de cette ville et on
lui fait 150 prisonniers. Cette place, destinée à défendre
le défilé des Vosges entre Weissemboug ert Sarreguemines,
domine d'étroites vallées d'immenses forêts de sapins
et des montagnes tapissées de bruyères. La ville basse,
autrefois appelée Kaltenhausen, est bâtie au pied d'un
rocher, près d'un grand étang où la Horne prend naissance.
Le château, placé à 400 mètres au-dessus du niveau de
la mer, est bâti sur un rocher de 50 mètres d'élévation
au-dessus du fond de la vallée, isolé au milieu de la
ville, et surmonté d'un autre rocher de plus de 25 mètre
de haut. L'enceinte du fort se compose de quatre bastions
avec une demi-lune couronnée et un ouvrage à cornes.
Tout l'intérieur du rocher est voûté et casematé ; on
y a construit un local assez considérable pour recevoir,
en cas de siège, une centaine de malades ou de blessés.
Cette forteresse est un vrai chef d'œuvre dans son ensemble
comme dans ses parties ; elle peut être armée de 80
pièces de canon de tout calibre 1,000 hommes suffisent
pour sa défense. L'eau ne lui manque pas; elle possède
cinq citernes très belles, et en outre un puits profond
d'environ 80 mètre, taillé dans le roc, dont l'eau est
excellente.
On attribue la fondation de Sarrebourg
à Galba, empereur romain, qui vivait l'an 68 de notre
ère. Cette ville est indiquée dans l'Itinéraire d'Antonin
; elle faisait anciennement partie du-domaine des évêques
de Metz, et passa ensuite sous la domination des ducs
de Lorraine; elle-fut réunie à la France par le traité
de Vincennes , en 1661.
Un incendie la détruisit
en 1463.
Cette ville est située sur la rive droite
de la Sarre, dans une contrée fertile. Sa position,
au principal débouché des Vosges, l'ayant fait considérer
comme propre à servir d'entrepôt de subsistances militaires
en cas de guerre sur le Rhin, on y a construit des boulangeries
et des magasins immenses.
Entre Niederbronn
et le Mühltal, le chemin est bien long,
et il n'y a pas d'habitations. Seules les
ruines du château fort d'Arnsbourg se dressent
au-dessus d'une petite vallée. Dans le peuple
on raconte que de grands tonneaux remplis
des meilleurs vins se trouvent encore dans
les vastes caves du château, mais personne
encore n'a pu découvrir l'entrée mystérieuse.
Jadis , par une chaude journée d'été,
un charbonnier traversait la forêt. Comme
il souffrait terriblement de la soif, il
regardait à droite et à gauche, s'il ne
voyait pas une source ou un petit ruisseau,
mais, à cause de la sécheresse qui durait
depuis de longues semaines, toutes les sources
étaient taries. Soudain, quand il fut près
des rochers sur lesquels s'élèvent les ruines
du château-fort, une bonne odeur de vin
monta vers lui et il gémit :
"O mon
Dieu, si seulement quelqu'un voulait me
donner de ce bon vin qui se trouve dans
les caves du château !"
Subitement,
il vit sur les ruines un petit homme avec
une barbe toute blanche, un tablier de cuir
à la taille, un trousseau de clefs à la
ceinture. Il n'y avait pas de doute : le
bonhomme faisait des signes amicaux au charbonnier
et l'invitait à le suivre. Le pauvre homme,
près de mourir de soif, ne se fit pas prier
à deux fois et suivit le tonnelier. Ils
descendirent de nombreuses marches à moitié
effondrées et couvertes de mousse, et ils
s'arrêtèrent enfin devant une grande porte.
Le tonnelier prit une clef à son trousseau
et ouvrit. Ils entrèrent dans une grande
cave voûtée, bien conservée et bien fraîche.
Une odeur alléchante, forte et suave à la
fois, les entoura. Le vieux tonnelier prit
dans une niche un verre de cristal finement
taillé, le remplit et le tendit au charbonnier
en disant:
"Tiens, bois, c'est du vin
que buvait le seigneur d'Arnsbourg et que
je ne devais lui servir qu'aux jours de
fêtes. J'étais son tonnelier, et je suis
condamné à rester ici pendant deux cents
ans encore, sans pouvoir jouir de la paix
éternelle, parce que de mon vivant j'ai
mis de l'eau dans le vin des serviteurs.
Mais la moitié de ma peine est déjà passée,
et je pourrai bientôt me reposer à mon tour".
Le charbonnier but à grands traits.
Jamais il n'avait goûté un vin aussi bon
; jamais il n'avait été rempli d'une telle
allégresse, de tant de jeunesse et de joie.
Il remercia le tonnelier souriant, et, animé
de nouvelles forces, il rentra chez lui.
Depuis, beaucoup de bons vivants et
de buveurs ont visité les ruines du château
d'Arnsbourg, mais le tonnelier n'est plus
apparu à personne. Pendant la floraison
des vignes, cependant, un parfum fort et
agréable monte parfois du sol et enveloppe
tout le château. Alors, dit la tradition
populaire, il y aura de riches vendanges
en Alsace, et en automne les caves se rempliront
d'un vin généreux.
Le château d'Arnsbourg
bien que situé dans le département de la
Moselle, dresse ses ruines à proximité de
Obersteinbach, communes du Bas Rhin
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