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Les Départements de la France

  • Données géographiques

Le Territoire de Belfort

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Coincé entre le Doubs et le Haut-Rhin, il est frontalier avec la Suisse. Il s’élève à 1242 mètres au Ballon d’Alsace, lequel est commun à trois départements. Il est limitrophe des départements du Doubs, de la Haute-Saône, des Vosges et du Haut-Rhin, ainsi que du canton suisse du Jura. Il s'étend sur une dépression large d'une trentaine de kilomètres dénommé la Trouée de Belfort située entre le massif des Vosges avec le Ballon d'Alsace et la chaîne du Lomont dans le massif du Jura. Cette trouée fut de tous temps un lieu de passage entre la vallée du Rhin entre l'Alsace et les pays germaniques et entre le bassin du Rhône (Franche-Comté, Bourgogne), ce qui lui a valu le nom de Porte de Bourgogne.

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Carte du Territoire de Belfort

Traversé par de nombreux cours d'eau qui ont tous une appellation pour le moins curieuse, comme la Savoureuse, la Boueuse, l'Autruche et autres Rosemontoise Avant que le département de la Seine ne soit découpé en plusieurs départements, le territoire de Belfort était le plus petit département de France, et à ce titre, il n'a aucune sous-préfecture



Histoire du Territoire de Belfort


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Carte du siège de Belfort
Note

Carte d'identité



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Monument à la gloire de Belfort

Le Territoire de Belfort (90)
Région :Franche-Comté

Préfecture :
Belfort


Conseil général
Office département du Tourisme
Archives départementales
Adresse des offices du Territoire de Belfort
Le patrimoine des communes

Note : ce site officiel du ministère de la culture vous donne toutes les informations relatives à tous les lieux et objets inscrits au patrimoine de chaque commune d'un département.

gentilé: Belfortains
Population : 139 654 hab. (2021)
Densité : 229 hab./km²
Superficie : 609 km²
Subdivisions : Arrondissements : 1
Circonscriptions législatives : 2
Cantons : 9
Intercommunalités 3 Communes : 101


Le Territoire de Belfort était compris dans la partie méridionale de l'Alsace et portait le nom de Sundgau, lequel était borné à l'est, par le Rhin et le territoire de Bâle ; au sud, par les terres de l'évêque de Bâle et les comtés de Montbéliard et de Bourgogne ; à l'ouest, par les Vosges et la Lorraine; au nord, par la Thur, descendant de la vallée de Saint-Amarin, qui séparait le Sundgau de la haute Alsace.
C'est seulement après l'occupation du pays par les Francs et sa réunion au royaume de Lorraine, en 843, que cette contrée fut divisée en deux grands cantons, celui du nord, appelé Nordgau, et celui du sud, qui prit la dénomination de Sudgau ou Sundgau. Belfort était la ville principale de ce dernier canton.

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Belfort

Toutefois, il est impossible de séparer l'histoire de cette petite portion de l'Alsace de celle de la contrée dont elle faisait antérieurement partie. On nous permettra donc de rapporter ici tous les faits relatifs au territoire qui constituait naguère le département français du Haut-Rhin tout entier. L'histoire de ce département peut se diviser en quatre parties.
La première comprenant les temps antérieurs à la conquête romaine et la domination romaine elle-même.
La seconde l'invasion et l'établissement de la monarchie franque jusqu'aux successeurs de Charlemagne.
La troisième correspondant à la période allemande, depuis Othon jusqu'au traité de Westphalie.
La dernière enfin, commençant par l'incorporation de l'Alsace à la France, sous Louis XIV, et se continuant jusqu'à nos jours.
Ce qu'on a pu recueillir de positif sur l'histoire du pays avant l'arrivée des Romains, c'est qu'il était habité par la race celtique ; que les principales peuplades maîtresses de la haute Alsace étaient les Rauraques et les Séquanais, et qu'on y conservait un vif et douloureux souvenir de l'invasion d'Arioviste. Les bourgades existant à cette époque et dont le nom est parvenu jusqu'à nous sont Gramatum (Offemont), Larga (Largitzen), Arialbin (Binningen), Brisac (Vieux-Breisach), Olin (Edenbourg), Argentonaria (Hornbourg).

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La citadelle de Belfort

On croit avoir reconnu sur le sommet des Vosges quelques vestiges d'anciens autels druidiques ce qui paraît plus positif, c'est que, sous le nom de Krutzman, une espèce d'Hercule sauvage était adoré par les populations, et que le Rhin fut lui-même une des divinités du pays.
Les traces du passage des Romains sont beaucoup moins incertaines; cinquante forts furent élevés sur les bords du Rhin, pour protéger le pays contre les menaces d'invasion huit légions furent employées à leur garde, et, parmi leurs généraux, l'histoire a gardé les noms de Drusus, de Germanicus et de Silius. Des routes percées, souvent à travers les forêts défrichées, relièrent entre elles les anciennes villes agrandies ou de nouvelles cités qui se formaient.
Deux siècles de prospérité et de paix récompensèrent les intelligents efforts du génie colonisateur des Romains. Mais les deux siècles suivants, troublés par les révolutions impériales, dont le contrecoup se faisait sentir depuis Rome jusqu'aux provinces les plus reculées, par les ferments de discorde que l'incertitude du pouvoir développait, furent agités surtout par les menaces incessantes et plus redoutables d'année en année des hordes du nord qu'une invincible fatalité poussait vers les rives du Rhin, seule barrière qui les séparât de ces contrées occidentales, objet de leur ardente convoitise, proie dévouée à leurs envahissements.
Malgré l'apaisement d'une première révolte, suscitée en l'an 70 par Civilis, malgré les glorieux exploits de Crispus sous Constantin, les victoires de Julien qui put envoyer prisonnier à Rome le roi barbare Chrodomar, en 357 malgré l'importante journée d'Argetonaria , en 378, et la pacification momentanée de la province par Gratien, il fallut bientôt renoncer à la lutte. Stilicon, lieutenant d'Honorius, ayant retiré ses troupes, les barbares se ruèrent sur le pays sans défense et en firent un désert.
Aux Alains et aux Vandales succédèrent les Alamans, qui tentèrent de fonder quelques établissements, en 407. Tout fut dispersé ou anéanti lors du passage d'Attila, en 451 ; puis enfin, en 496, la victoire de Tolbiac, près de Cologne, vint asseoir sur toute la contrée le pouvoir de Clovis et la domination des Francs.
C'est à l'époque romaine et au règne de Constantin que se rattachent les premières prédications du christianisme en Alsace, et saint Materne fut le premier révélateur de la foi nouvelle, qui déjà, vers la fin du IVème siècle, possédait un évêque à Strasbourg là comme dans les autres provinces de France, les progrès religieux furent rapides sous la monarchie franque.
La haute Alsace, ou Sundgau, comprise d'abord dans le duché d'Alemanie, forma ensuite avec la basse Alsace un duché particulier du royaume, d'Austrasie, jusqu'à la mort de Childebert II, époque à laquelle, en vertu du traité de Verdun, elle fut incorporée dans le nouveau royaume de Lorraine.
La division du territoire, à cette époque, en cantons (gaue) administrés au nom du roi par des comtes, et en terres franches ou mundats (immunitates), qui appartenaient à l'Église ou relevaient d'administrations particulières, l'éloignement du pouvoir central, expliquent le développement simultané de deux puissances celle des évêques, qui surent se soustraire plus tard, eux et leurs domaines, à toute domination; et celle des seigneurs, qui devinrent la souche des plus puissantes dynasties.

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La citadelle de Belfort

Parmi les cinq ducs qui représentèrent d'abord en Alsace l'autorité royale, Athic ou Adalric, plus connu encore sous le nom d'Ethico, qui succéda à Boniface et à Gundon, est le personnage le plus illustre que l'Alsace puisse revendiquer sans parler de sa descendance immédiate, de son fils Adalbert et de son petit-fils Luitfrid, qui tous deux héritèrent de sa dignité, et aux mains desquels elle s'éteignit, les ducs d'Alsace ayant été remplacés alors par des commissaires royaux, sous le titre d'envoyés de la chambre, nuntii camaræ lignée masculine du duc Eticho embrasse les comtes d'Eguisheim, les ducs de Lorraine, la maison de Habsbourg, les comtes de Flandre, de Paris, de Roussillon, de Brisau, d'Altenbourg, de Zæhringen, de Bade et de Lentybourg; et par les femmes cette illustre famille tient aux empereurs d'Allemagne, à ceux de la maison Hohenstauffen et à Hugues Capet par Robert le Fort.
Le gouvernement des ducs d'Alsace ne fut signalé par aucun événement politique important. Sa fin nous conduit au règne de Charlemagne qui, respecté au dehors, obéi au dedans, continua pour cette province l'ère de paix et d'organisation qu'elle devait à l'administration précédente.
La troisième période commence en 870, au milieu des déchirements qui suivirent la mort du grand empereur, et dont le partage de ses vastes États fut la cause.
L'Alsace incorporée à l'empire germanique eut, en 916, une nouvelle série de ducs qui prirent alors le titre de ducs de Souabe et d'Alsace. On en compte vingt-six, dont les quinze premiers, de différentes familles allemandes, et les onze autres appartenant tous à la maison impériale de Hohenstauffen. Le dernier fut Conradin, envoyé en Italie à l'âge de seize ans, à la tête d'une armée, pour disputer à Charles d'Anjou le royaume de Pouille et de Sicile ; il fut vaincu, pris et décapité à Naples, le 26 octobre 1268. L'autorité des ducs n'était pas souveraine, elle s'exerçait au nom de l'empereur, mais le haut rang des princes qui en étaient revêtus, presque tous fils ou proches parents du souverain, rehaussa l'éclat de cette dignité, devenue en quelque sorte héréditaire, en même temps qu'elle procurait à l'Alsace presque tous les avantages d'une véritable immédiateté.
Les landgraves succédèrent aux ducs non pas cependant que l'établissement du landgraviat coïncide avec l'extinction des duchés ; depuis 1186, les landgraves, dans la personne d'Adalbert III, dit le Riche, avaient remplacé les comtes du Sundgau ou de la haute Alsace, qui, sous les ducs, administraient la province, et étaient spécialement chargés de rendre la justice. Ils n'avaient point de résidence fixe et tenaient leurs assises à Meyenheim, à Ensisheim, à Rouffach et souvent en pleine campagne ; les premiers comtes, depuis 673 jusqu'à 1111, avaient été pris dans diverses familles, principalement cependant dans celle du duc Eticho; de 1111 à 1308, ils furent tous de la maison de Habsbourg, et depuis cette époque jusqu'à la réunion à la France, en 1648, les landgraves, successeurs des comtes, appartinrent sans exception à la maison Habsbourg-autrichienne.
C'est à la longue possession du landgraviat par la même famille, à l'accumulation des richesses, à l'étendue des domaines et à l'influence qui en furent les conséquences naturelles, que Rodolphe er de Habsbourg dut son élévation au trône impérial, en 1213. Il n'est sorte de faveurs, distinctions et privilèges qui n'aient été constamment attachés à cette dignité de landgrave, devenue comme l'apanage héréditaire des fils puînés de la famille impériale dont plusieurs, à l'exemple de Rodolphe er, n'ont quitté le gouvernement de l'Alsace que pour aller s'asseoir sur le trône des Césars.
Jusqu'au XV Rodolphe ème siècle, outre les invasions normandes et anglaises, les revendications armées des rois de France et les démêlés avec la maison de Bourgogne, le pays fut presque continuellement déchiré par des discordes intestines. Tous les pouvoirs avaient grandi à la fois; nous avons signalé l'origine de celui des évêques; la féodalité avait acquis en Alsace les mêmes développements que dans le reste de la France; nous avons montré quelle était la grandeur et l'illustration des ducs et des landgraves: à côté, au-dessous d'eux, trop haut placés pour descendre aux détails de l'administration, s'étaient élevés les landvogt, qui, laissant aux princes impériaux les dehors de la toute-puissance, s'attachaient à en conquérir les réalités; la bourgeoisie des villes enfin opposait alternativement aux prétentions du clergé les immunités et privilèges de l'empire, aux réclamations de l'empire ses vieilles franchises épiscopales. De ce conflit perpétuel, de cette incertitude sur l'étendue et la légitimité de tous les pouvoirs, naquit une situation confuse dont les désordres devinrent souvent de véritables brigandages.
Et cependant, au milieu de ces luttes sanglantes que soutenait la bourgeoisie pour augmenter ou défendre ses libertés, l'art grandissait comme pour prouver une fois de plus son alliance indissoluble avec la liberté l'Alsace avait ses peintres, ses sculpteurs, ses musiciens, ses savants, ses poètes, et Gutenberg inventait l'art typographique. C'est dans ces circonstances qu'apparut Luther, dont la doctrine se répandit rapidement dans tout le pays.
Entre ses premières prédications et la fondation par Calvin d'une Eglise réformée à Strasbourg, en 1548, se place le douloureux épisode de la guerre des rustauds, lutte des paysans contre la noblesse, et le massacre des anabaptistes, apôtres de l'égalité absolue. Hâtons-nous de franchir cette période sanglante qui n'offre que des récits de persécutions, que des tableaux de meurtre et de désolation mentionnons la guerre de Trente ans qui en fut comme le couronnement Colmar, Belfort, Altkirch, nous diraient les exploits de Gustave-Adolphe et du général Horn ; arrivons enfin à la victorieuse intervention de la France, au traité de Westphalie et à la réunion au sol français de cette belle province qui depuis lui resta si fidèle.
Cependant, si Louis XIV apportait le repos ce pays longtemps troublé, le despotisme de son gouvernement devait froisser vivement des populations auxquelles la liberté était si chère ;Ie traité d'annexion avait garanti aux anciennes villes impériales le maintien de leurs franchises et privilèges la violation de cet article essentiel du contrat suscita des séditions et des révoltes qui ne cédèrent qu'aux victoires de Turenne, de Condé et de Créqui.
Ce fut donc alors pour l'Alsace plutôt une soumission à la force qu'une incorporation à la patrie commune; le règne de Louis XV ne lui donna encore que les abus de l'ancien régime français avec la paix, en compensation des gloires si chèrement payées du règne précédent, mais sans aucune restitution de ses libertés ravies.
Enfin arriva le jour qui devait cimenter à jamais l'union de l'Alsace et de la France la proclamation des principes de 1789 répondait trop aux sentiments, aux souvenirs et aux espérances toujours vivaces des habitants pour ne pas y être accueillie avec la plus grande satisfaction. L'égalité des cultes était surtout une précieuse conquête pour une contrée où les dissidents formaient une minorité notable de la population.
Aussi, quand la France républicaine fut menacée, l'Alsace se leva comme un seul homme, et courut aux frontières. Exposée la première à toutes les attaques, à tous les assauts des puissances coalisées, jamais cette province, devenue le premier boulevard de la liberté, ne faillit aux devoirs que ses destinées nouvelles lui imposaient, pas une plainte ne s'éleva du sein de cette brave contrée, sentinelle avancée de la France, toujours sur pied, toujours en armes; pas un murmure n'échappa à cet héroïque pays qui s'était fait, tout à coup, et volontairement, le soldat de sa nouvelle patrie, et soldat aussi dévoué, aussi soumis, aussi discipliné, qu'il avait été sujet intraitable et rebelle pour les anciens maîtres dont il contestait le pouvoir.
Hélas! cette union, qui durait depuis 223 ans, devait être rompue violemment à notre époque. Tout le monde sait à la suite de quels événements. Le 15 juillet 1870, le gouvernement français se décidait témérairement, sans motif plausible et malgré l'opposition des patriotes clairvoyants, au nombre desquels Monsieur Thiers était au premier rang, à déclarer la guerre à la Prusse, et, dès le 19 même mois, le gouvernement prussien recevait notification officielle de cette folle déclaration.
Nous n'avons pas à rappeler ici avec quelle imprévoyance cette guerre avait été préparée, avec quelle impéritie elle fut conduite. On en connaît les désastreux résultats la France amenée au bord de l'abîme, amputée de deux riches provinces l'Alsace et la plus grande partie de la Lorraine. Nous nous contenterons de passer rapidement en revue les principaux événements qui amenèrent et précédèrent l'envahissement du Haut-Rhin et le siège de Belfort. Dès le début, d'ailleurs, on avait dû renoncer au plan d'attaque conçu par Napoléon III ; la rapidité de la mobilisation des troupes allemandes et le désarroi dans lequel se trouvèrent immédiatement les troupes françaises ne permettaient d'autre objectif que la défensive. Le 2 août, le général de Failly attaque la petite place de Sarrebruck, qu'il abandonnait presque immédiatement. Le 4, le général Abel Douai est battu et tué à Wissembomg. Les défaites succèdent' aux défaites le 5 et le 6, le maréchal de Mac-Mahon était vaincu à Frœschwiller, en même temps que le général Frossard l'était à Forbach. Le 10, le général allemand de Werder sommait Strasbourg de se rendre. Cette reddition ne devait avoir lieu que le 28 septembre, après la vigoureuse défense du général Uhrich. Le 13 août, la première armée allemande entourait Metz. Le 14, le 15 et le 18, se livrèrent les batailles meurtrières de Borny, de Gravelotte et de Saint-Privat, à la suite desquelles l'armée du Rhin, sous les ordres de Bazaine, rentrait dans Metz. Dès le 19, l'armée du prince Frédéric, Charles commençait le blocus de cette place, qui jusqu'à ce jour s'était enorgueillie de son surnom de la Puccelle.
Le 23 août, le bombardement de Strasbourg commençait. Il était impossible d'y répondre efficacement nos pièces avaient une portée insuffisante il était impossible aussi de garantir des projectiles la garnison et les habitants les refuges casematés faisaient défaut. Le 30 août, la défaite du maréchal de Mac-Mahon à Beaumont préludait à la catastrophe de Sedan.
Le 1er septembre, Napoléon III rendait son épée au roi Guillaume de Prusse. Wimpfen signait la capitulation.
Le 23 septembre, Phalsbourg se rendait ; Strasbourg le 28. Le 1er octobre, le général de Schmeling franchissait le Rhin et pénétrait dans le Haut-Rhin. Il est presque inutile de dire que les villes les plus importantes de ce département furent successivement occupées par des troupes allemandes Colmar, Altkirch, Mulhouse, Neuf-Brisach, Dannemarie, etc. Belfort ne fut rendu, comme on le verra, que le 17 février 1871.
Pour la suite.de notre récit, nous allons prendre pour guide, en l'abrégeant considérablement, l'ouvrage des capitaines Édouard Thiers et S. de La Laurencie, les dignes collaborateurs du brave défenseur de Belfort.
Vers la fin de septembre, un petit corps allemand s'installa à Chalampé, sur la rive française du Rhin, un peu au nord de Mulhouse, en face de la petite ville badoise de Neuenbourg, qu'un simple bac reliait à l'autre rive; au commencement d'octobre, l'ennemi, laissé définitivement tranquille possesseur de Chalampé, y établit un pont par lequel entrèrent dans le Haut-Rhin quelques milliers d'hommes qui commencèrent à rançonner le pays d'alentour, et notamment Mulhouse. Malheureusement, les populations étaient prises d'une panique indicible ; dès qu'un uhlan apparaissait, les armes qui avaient été distribuées dans le but d'obtenir une résistance locale, étaient renvoyées à Belfort, où elles arrivaient par charretées ; heureux encore quand elles n'étaient pas livrées par centaines à quelques cavaliers.
Cette défaillance inconcevable enhardit tellement l'ennemi qu'il osa alors venir à Althirch, presque à mi-chemin de Mulhouse et de Belfort. Le général Thorneton, qui occupait avec de la cavalerie et de l'infanterie les abords de Belfort jusqu'à Dannemarie, fit retraite de ses positions le 6 octobre, et peu s'en fallut que le grand viaduc du chemin de fer à Dannemarie ne fût prématurément détruit.
Mais les événements avaient pris une tournure de plus en plus grave; l'ennemi avait grossi en nombre dans le Haut-Rhin, réquisitionnant partout sans trouver la moindre résistance, même à Mulhouse, où le conseil municipal avait redouté de laisser armer la nombreuse population ouvrière qui, sans cela, se fût défendue avec plus ou moins de succès, mais eût au moins arrêté quelque temps l'envahisseur

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Enfin, devenu assez fort, l'ennemi entreprit le siège de Neuf-Brisach, puis celui de Schlestadt, qui, tous les deux, capitulèrent après de courtes et incomplètes résistances. À la suite de divers engagements, glorieux pour nos armes, dans la haute Alsace et à l'entrée de Saint-Amarin avec les francs-tireurs de AI. Keller, député du Haut-Ptliin, mais dont les résultats furent insuffisants pour l'arrêter, l'ennemi attaqua, le 14 octobre, la petite ville de Soultz, énergiquement défendue par les francs-tireurs, avec le concours de la population. L'ennemi avait du canon et l'affaire fut chaude. Vers le soir, renonçant à entrer dans Soultz avec les troupes dont il disposait, il appela à lui des renforts l'arrivée d'un détachement français de 300 hommes dépendant de Dannemarie, avec une centaine de gardes nationaux de Mulhouse, le décida à une retraite immédiate.
Cette affaire, où la victoire nous resta, fut le plus sérieux de tous les engagements de ce côté. Vers le 9 octobre, le général Crouzat fut appelé sous les ordres du général Cambriels, et le commandement de Belfort fut donné au lieutenant-colonel du génie Denfert-Rochereau, qui fut en même temps nommé colonel. L’héroïque résistance lors du siège de Belfort, eu pour conséquence de maintenir la gardienne de la Troué de Belfort dans le giron de la France.Le Territoire de Belfort est une unité administrative formée, à la suite du traité de Francfort avec la partie du département du Haut-Rhin qui est demeurée politiquement Française. Ce territoire de 60 900 ha a été assimilé à un département en hommage aux courageux défenseurs de la place de Belfort lors de la guerre de 1870.


Belfort


Note

La citadelle de Belfort


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La citadelle de Belfort
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La citadelle de Belfort

Devenue au XIIème siècle un point stratégique, la Citadelle de vauban fut construite, en 1648, pour Gaspard de Champagne, Comte de la Suze. Louis XIV va confier à Vauban, le projet de fortifier Belfort, en se basant sur les ruines de l'ancien château médiéval. C'est l'unique exemple en France du second système de fortification de Vauban. Ce n'est qu'en 1817, que le Général Haxo fera transformer le Château de Belfort en une forteresse moderne, en faisant remplacer la caserne, construite sous Vauban, par une caserne à l'épreuve des bombes, que l'on aperçoit, au-dessus de la statut du Lion de belfort. Les glacis du château, les batteries Haxo et la cour d'honneur sont librement accessibles ainsi que la Tour des Bourgeois, vestige de l'ancien château féodal. Depuis 2007, le grand souterrain offre une visite moderne et patrimoniale, en son et lumière, sous le nom de la Citadelle de la Liberté. L'ancienne caserne, placée au sommet de l'édifice, renferme le Musée d'Histoire et d'Archéologie de Belfort. L'enceinte est encore partiellement érigée dans sa partie nord et sud. La Porte de Brisach, date de 1687. Elle est surmontée d'un fronton aux armes du Roi Soleil et, a été conservée dans son état primitif. Les remparts qui l'entourent datent du XVIIème siècle.

habité par les Celtes Ruauraci, La bourgade de Bel fort s'est formée autour d'une forteresse de XIème siècle. En 1042, l'empereur germanique Conrad II le Salique fonde le comté de Montbéliard et le donne à son vassal Louis de Mousson et de Bar qui devient le premier comte de Montbéliard d'Altkirch et de Ferrette. À la mort de son fils Thierry Ier de Montbéliard en 1105, le comté de Montbéliard revient à Thierry II de Montbéliard et le Comté de Ferrette et d'Altkirch à Frédéric Ier de Ferrette. La trouée de Belfort est alors partagé entre comté de Montbéliard et comté de Ferrette. Les deux comtes ne s’entendent pas au mieux puisque Frédéric fit construire sur la hauteur de la Miotte le château de Montfort; et dont il ne reste que La Pierre de la Miotte qui en est l'unique vestige; en face du château de Belfort-sur-la-Roche, propriété de Thierry.
Le traité de Grandvillars signé en 1226 et le mariage entre Thierry III de Montbéliard, fils ainé de Richard de Montbéliard, et Alix, fille de Frédéric Ier de Ferrette mit fin à la dispute et réunit à nouveau les comtés de Ferrette et de Montbéliard. Le château de Montfort fut dès lors abandonné.
En 1425, le servage a pratiquement disparu mais en tant que « porte de Bourgogne » et terre autrichienne, le futur Territoire de Belfort eut encore à subir, au cours du XIVème siècle et XVème siècle, la peste de 1349, les méfaits des bandes de routiers (1365 à 1375) et d’Écorcheurs (1439 et 1444-1445), des Bourguignons (1424 à 1431), puis des confédérés suisses (1468). En 1469, les Habsbourg et le Duché de Bourgogne concluent le traité de Saint-Omer qui mentionnent l’abandon des territoires de la Haute-Alsace, dont Belfort fait partie et de la Forêt-Noire contre une certaine somme d’argent de la part des Bourguignons.

Le Château de Chambord
La citadelle de Belfort
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Plan de Belfort

Ce rattachement n'est que provisoire puisque la Haute-Alsace est racheté contre 76 000 florins par les villes de la "ligue Alémanique" (Berne, Bâle, Strasbourg, et Mulhouse au duc de Bourgogne Charles le Téméraire à l'occasion de la signature du "Traité de Basse-Union" le 4 avril 1474.
Quelques mois plus tard éclate la guerre de Bourgogne qui précipite la fin de l'Empire bourguignon en 1477 et confirme la domination de la maison de Habsbourg sur Belfort et l'Alsace.
La Guerre de Trente Ans, qui dura ici de 1610 jusqu’aux traités de Westphalie en 1648, fut une période de misère, de brigandage, d’épidémies dont la peste vers 1628, de mouvements de troupes diverses : Suédois, Français, Lorrains, Croates, Impériaux, Suédois de nouveau et enfin Français. Ces derniers n’en sont plus repartis. Pendant la guerre de Trente Ans, en 1638, la ville de Belfort est prise par les Français. Le comte de la Suze, parti de Montbéliard, enlève la nuit, par un coup d'audace inouïe, les formidables fortifications. Suze nommé gouverneur de Belfort par Richelieu, est resté célèbre dans les annales locales par les instructions qu'il avait données au commandant de la garnison. Elles ne comportaient que trois mots : « Ne capitulez jamais ». La conquête est ratifiée par le traité d'Aix-la-Chapelle en 1648.

Le Château de Chambord
Monument élevé en homage aux défenseurs de Belfort

Cédé à la France en 1648, le domaine fut la propriété du Cardinal de Mazarin et à ses héritiers qui la conservèrent jusqu'en 1789. La tour symbolise le château de la Miotte, qui renforça au 19ème siècle les défenses de Belfort, une des places fortes de l'est de la France, fortifiée par Vauban au 17ème siècle.
La forteresse de Belfort est l'un des grands chefs d'œuvres de Vauban et elle ne fut jamais prise par l'ennemi. Elle subit six sièges pendant la guerre de Trente ans. En 1674, ce sont les impériaux qui sont repoussés par Turenne. En 1813 et 1814, par les bavarois qui n'entèrent dans la place qu'après l'abdication de Napoléon Ier. En 1815 par les alliées auxquels résistât vaillamment les défenseurs commandés par le général Lecourbe et en 1870 les Allemand ne purent pas prendre la place dont les troupes étaient commandées par le colonel Denfert-Rochereau.


Le siège de Belfort

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Mosaïque représentant le plan de Belfort

C’est avec un effectif de 17 000 hommes, composé en grande partie de la garde nationale mobile et dans un état de défenses et de munitions presque insuffisant que le colonel Denfert-Rochereau, appelé au commandement de la place, le 19 octobre 1870, su faire face à toutes les nécessités du siège. Le 4 novembre, après plusieurs combats acharnés du côté de Giromagny, à l’entrée des Vosges, les troupes durent se replier sur Belfort, suivies de près par l’ennemi. Les prévisions se réalisaient, la place était investie. Le jour même, deux missives furent échangées entre le général de Treskow, commandant les troupes allemandes devant Belfort, et le colonel Denfer. Pendant tout le mois de novembre les canons français seuls retentirent les Prussiens se bornaient à creuser des tranchées, à s’entourer d’une double circonvallation, en cas d’attaque opposée, en attendant l’arrivée de leur artillerie de siège. Des avant-postes et des forts, on pouvait aisément se rendre compte de leurs travaux, qui s’effectuaient avec rapidité.


Note

Pierre Philippe Denfert-Rochereau


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Statue de Pierre Philippe Denfert-Rochereau

Voici, reproduit in-extenso le texte des missives échangées entre le général Tacsnow, commandant les troupes allemandes et le Colonel Denfer

« Devant Belfort, le 3 novembre 1870.
Très honoré et honorable commandant,
Je me fais un honneur de porter très respectueusement à votre connaissance la déclaration suivante
Je n'ai pas l'intention de vous prier de me rendre la place de Belfort, mais je vous laisse le soin de juger s'il ne conviendrait pas d'éviter à la ville toutes les horreurs du siège, et si votre conscience, votre devoir ne vous permettraient pas de me livrer la forteresse dont vous avez le commandement.
Je n'ai d'autre intention, en vous envoyant cet écrit très respectueux, que de préserver, autant que possible, la population du pays des horreurs de la guerre. C'est pourquoi je me permets de vous prier de vouloir bien, dans la limite de vos pouvoirs, faire connaître aux habitants que celui qui s'approchera de la ligne d'investissement à portée de nos canons mettra sa vie en danger.
Les propriétaires des maisons situées entre la place et notre ligne d'investissement doivent se hâter de mettre tout leur mobilier en lieu sûr; car, d'un instant il l'autre, je puis être obligé de réduire les maisons en cendres.
Je saisis cette occasion pour vous assurer de mon estime toute particulière. »

Signé De Tacsnow, général commandant royal prussien des troupes concentrées devant Belfort. »

Le colonel Denfert fit la réponse suivante, qui n'est pas dépourvue d'une pointe d'ironie
« Le colonel commandant supérieur au général de Treskow, commandant des troupes allemandes devant Belfort.
Général,
J'ai lu avec l'attention qu'elle mérite la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire avant de commencer les hostilités. En pesant dans ma conscience les raisons que vous me développez, je ne puis m'empêcher de trouver que la retraite de l'armée prussienne est le seul moyen que conseillent à la fois l'honneur et l'humanité pour éviter à la population de Belfort les horreurs d'un siège.
Nous savons tous quelle sanction vous donnerez à vos menaces, et nous nous attendons, général, à toutes les violences que vous jugerez nécessaires pour arriver à votre but; mais nous connaissons aussi l'étendue de nos devoirs envers la France et envers la République, et nous sommes décidés à les remplir,
Veuillez agréer, général, l'assurance de ma considération très distinguée.
Le colonel commandant supérieur,
Denfert. »

Le 3 décembre, les premiers obus tombèrent dans la place. A partir de ce jour, Belfort ne dut plus que compter sur sa propre résistance. Chacun se tint prêt. On entrait dans une phase nouvelle; la population civile s’installa, soit dans les caves, soit dans les chambres basses, les sous sol de l’Hôtel de Ville recueillirent les familles indigentes et celles qui ne trouvaient pas leurs abris assez sûrs. Les artilleurs répondirent des forts, aux obus prussiens, par un feu nourri et meurtrier. Pendant ce temps, les fantassins faisaient des reconnaissances, des battues en dehors des fortifications. Leur témérité les poussa souvent jusqu’aux avant-postes ennemis. Ils se battaient comme des lions pendant quelques heures puis se retiraient en bon ordre quand leur cartouchière était vide.
Pour faire honneur aux défenseurs de la citadelle, l'Allemangne exclua le canton de Belfort dans sa demande d'annexion de l'Alsace.


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