Coincé entre le Doubs et le Haut-Rhin, il est frontalier avec la Suisse. Il s’élève à 1242 mètres au Ballon d’Alsace, lequel est commun à trois départements. Il est limitrophe des départements du Doubs, de la Haute-Saône, des Vosges et du Haut-Rhin, ainsi que du canton suisse du Jura. Il s'étend sur une dépression large d'une trentaine de kilomètres dénommé la Trouée de Belfort située entre le massif des Vosges avec le Ballon d'Alsace et la chaîne du Lomont dans le massif du Jura. Cette trouée fut de tous temps un lieu de passage entre la vallée du Rhin entre l'Alsace et les pays germaniques et entre le bassin du Rhône (Franche-Comté, Bourgogne), ce qui lui a valu le nom de Porte de Bourgogne.
Traversé par de nombreux cours d'eau qui ont tous une appellation pour le moins curieuse, comme la Savoureuse, la Boueuse, l'Autruche et autres Rosemontoise Avant que le département de la Seine ne soit découpé en plusieurs départements, le territoire de Belfort était le plus petit département de France, et à ce titre, il n'a aucune sous-préfecture
Note : ce site officiel
du ministère de la culture vous donne toutes
les informations relatives à tous les lieux
et objets inscrits au patrimoine de chaque commune
d'un département.
Superficie :60 900
ha
Population: 142 461 (2009)
Dénsité
: 234 hab./km²
Nb de communes : 102
Le Territoire de Belfort était
compris dans la partie méridionale de l'Alsace et portait
le nom de Sundgau, lequel était borné à l'est, par le
Rhin et le territoire de Bâle ; au sud, par les terres
de l'évêque de Bâle et les comtés de Montbéliard et
de Bourgogne ; à l'ouest, par les Vosges et la Lorraine;
au nord, par la Thur, descendant de la vallée de Saint-Amarin,
qui séparait le Sundgau de la haute Alsace.
C'est
seulement après l'occupation du pays par les Francs
et sa réunion au royaume de Lorraine, en 843, que cette
contrée fut divisée en deux grands cantons, celui du
nord, appelé Nordgau, et celui du sud, qui prit la dénomination
de Sudgau ou Sundgau. Belfort était la ville principale
de ce dernier canton.
Toutefois, il est impossible
de séparer l'histoire de cette petite portion de l'Alsace
de celle de la contrée dont elle faisait antérieurement
partie. On nous permettra donc de rapporter ici tous
les faits relatifs au territoire qui constituait naguère
le département français du Haut-Rhin tout entier. L'histoire
de ce département peut se diviser en quatre parties.
La première comprenant les temps antérieurs à la conquête
romaine et la domination romaine elle-même.
La seconde
l'invasion et l'établissement de la monarchie franque
jusqu'aux successeurs de Charlemagne.
La troisième
correspondant à la période allemande, depuis Othon jusqu'au
traité de Westphalie.
La dernière enfin, commençant
par l'incorporation de l'Alsace à la France, sous Louis
XIV, et se continuant jusqu'à nos jours.
Ce qu'on
a pu recueillir de positif sur l'histoire du pays avant
l'arrivée des Romains, c'est qu'il était habité par
la race celtique ; que les principales peuplades maîtresses
de la haute Alsace étaient les Rauraques et les Séquanais,
et qu'on y conservait un vif et douloureux souvenir
de l'invasion d'Arioviste. Les bourgades existant à
cette époque et dont le nom est parvenu jusqu'à nous
sont Gramatum (Offemont), Larga (Largitzen), Arialbin
(Binningen), Brisac (Vieux-Breisach), Olin (Edenbourg),
Argentonaria (Hornbourg).
On croit avoir reconnu sur le
sommet des Vosges quelques vestiges d'anciens autels
druidiques ce qui paraît plus positif, c'est que, sous
le nom de Krutzman, une espèce d'Hercule sauvage était
adoré par les populations, et que le Rhin fut lui-même
une des divinités du pays.
Les traces du passage
des Romains sont beaucoup moins incertaines; cinquante
forts furent élevés sur les bords du Rhin, pour protéger
le pays contre les menaces d'invasion huit légions furent
employées à leur garde, et, parmi leurs généraux, l'histoire
a gardé les noms de Drusus, de Germanicus et de Silius.
Des routes percées, souvent à travers les forêts défrichées,
relièrent entre elles les anciennes villes agrandies
ou de nouvelles cités qui se formaient.
Deux siècles
de prospérité et de paix récompensèrent les intelligents
efforts du génie colonisateur des Romains. Mais les
deux siècles suivants, troublés par les révolutions
impériales, dont le contrecoup se faisait sentir depuis
Rome jusqu'aux provinces les plus reculées, par les
ferments de discorde que l'incertitude du pouvoir développait,
furent agités surtout par les menaces incessantes et
plus redoutables d'année en année des hordes du nord
qu'une invincible fatalité poussait vers les rives du
Rhin, seule barrière qui les séparât de ces contrées
occidentales, objet de leur ardente convoitise, proie
dévouée à leurs envahissements.
Malgré l'apaisement
d'une première révolte, suscitée en l'an 70 par Civilis,
malgré les glorieux exploits de Crispus sous Constantin,
les victoires de Julien qui put envoyer prisonnier à
Rome le roi barbare Chrodomar, en 357 malgré l'importante
journée d'Argetonaria , en 378, et la pacification momentanée
de la province par Gratien, il fallut bientôt renoncer
à la lutte. Stilicon, lieutenant d'Honorius, ayant retiré
ses troupes, les barbares se ruèrent sur le pays sans
défense et en firent un désert.
Aux Alains et aux
Vandales succédèrent les Alamans, qui tentèrent de fonder
quelques établissements, en 407. Tout fut dispersé ou
anéanti lors du passage d'Attila, en 451 ; puis enfin,
en 496, la victoire de Tolbiac, près de Cologne, vint
asseoir sur toute la contrée le pouvoir de Clovis et
la domination des Francs.
C'est à l'époque romaine
et au règne de Constantin que se rattachent les premières
prédications du christianisme en Alsace, et saint Materne
fut le premier révélateur de la foi nouvelle, qui déjà,
vers la fin du IVème siècle, possédait un
évêque à Strasbourg là comme dans les autres provinces
de France, les progrès religieux furent rapides sous
la monarchie franque.
La haute Alsace, ou Sundgau,
comprise d'abord dans le duché d'Alemanie, forma ensuite
avec la basse Alsace un duché particulier du royaume,
d'Austrasie, jusqu'à la mort de Childebert II, époque
à laquelle, en vertu du traité de Verdun, elle fut incorporée
dans le nouveau royaume de Lorraine.
La division
du territoire, à cette époque, en cantons (gaue) administrés
au nom du roi par des comtes, et en terres franches
ou mundats (immunitates), qui appartenaient à l'Église
ou relevaient d'administrations particulières, l'éloignement
du pouvoir central, expliquent le développement simultané
de deux puissances celle des évêques, qui surent se
soustraire plus tard, eux et leurs domaines, à toute
domination; et celle des seigneurs, qui devinrent la
souche des plus puissantes dynasties.
Parmi les cinq ducs qui représentèrent
d'abord en Alsace l'autorité royale, Athic ou Adalric,
plus connu encore sous le nom d'Ethico, qui succéda
à Boniface et à Gundon, est le personnage le plus illustre
que l'Alsace puisse revendiquer sans parler de sa descendance
immédiate, de son fils Adalbert et de son petit-fils
Luitfrid, qui tous deux héritèrent de sa dignité, et
aux mains desquels elle s'éteignit, les ducs d'Alsace
ayant été remplacés alors par des commissaires royaux,
sous le titre d'envoyés de la chambre, nuntii camaræ
lignée masculine du duc Eticho embrasse les comtes d'Eguisheim,
les ducs de Lorraine, la maison de Habsbourg, les comtes
de Flandre, de Paris, de Roussillon, de Brisau, d'Altenbourg,
de Zæhringen, de Bade et de Lentybourg; et par les femmes
cette illustre famille tient aux empereurs d'Allemagne,
à ceux de la maison Hohenstauffen et à Hugues Capet
par Robert le Fort.
Le gouvernement des ducs d'Alsace
ne fut signalé par aucun événement politique important.
Sa fin nous conduit au règne de Charlemagne qui, respecté
au dehors, obéi au dedans, continua pour cette province
l'ère de paix et d'organisation qu'elle devait à l'administration
précédente.
La troisième période commence en 870,
au milieu des déchirements qui suivirent la mort du
grand empereur, et dont le partage de ses vastes États
fut la cause.
L'Alsace incorporée à l'empire germanique
eut, en 916, une nouvelle série de ducs qui prirent
alors le titre de ducs de Souabe et d'Alsace. On en
compte vingt-six, dont les quinze premiers, de différentes
familles allemandes, et les onze autres appartenant
tous à la maison impériale de Hohenstauffen. Le dernier
fut Conradin, envoyé en Italie à l'âge de seize ans,
à la tête d'une armée, pour disputer à Charles d'Anjou
le royaume de Pouille et de Sicile ; il fut vaincu,
pris et décapité à Naples, le 26 octobre 1268. L'autorité
des ducs n'était pas souveraine, elle s'exerçait au
nom de l'empereur, mais le haut rang des princes qui
en étaient revêtus, presque tous fils ou proches parents
du souverain, rehaussa l'éclat de cette dignité, devenue
en quelque sorte héréditaire, en même temps qu'elle
procurait à l'Alsace presque tous les avantages d'une
véritable immédiateté.
Les landgraves succédèrent
aux ducs non pas cependant que l'établissement du landgraviat
coïncide avec l'extinction des duchés ; depuis 1186,
les landgraves, dans la personne d'Adalbert III, dit
le Riche, avaient remplacé les comtes du Sundgau ou
de la haute Alsace, qui, sous les ducs, administraient
la province, et étaient spécialement chargés de rendre
la justice. Ils n'avaient point de résidence fixe et
tenaient leurs assises à Meyenheim, à Ensisheim, à Rouffach
et souvent en pleine campagne ; les premiers comtes,
depuis 673 jusqu'à 1111, avaient été pris dans diverses
familles, principalement cependant dans celle du duc
Eticho; de 1111 à 1308, ils furent tous de la maison
de Habsbourg, et depuis cette époque jusqu'à la réunion
à la France, en 1648, les landgraves, successeurs des
comtes, appartinrent sans exception à la maison Habsbourg-autrichienne.
C'est à la longue possession du landgraviat par la même
famille, à l'accumulation des richesses, à l'étendue
des domaines et à l'influence qui en furent les conséquences
naturelles, que Rodolphe er de Habsbourg
dut son élévation au trône impérial, en 1213. Il n'est
sorte de faveurs, distinctions et privilèges qui n'aient
été constamment attachés à cette dignité de landgrave,
devenue comme l'apanage héréditaire des fils puînés
de la famille impériale dont plusieurs, à l'exemple
de Rodolphe er, n'ont quitté le gouvernement
de l'Alsace que pour aller s'asseoir sur le trône des
Césars.
Jusqu'au XV Rodolphe ème siècle,
outre les invasions normandes et anglaises, les revendications
armées des rois de France et les démêlés avec la maison
de Bourgogne, le pays fut presque continuellement déchiré
par des discordes intestines. Tous les pouvoirs avaient
grandi à la fois; nous avons signalé l'origine de celui
des évêques; la féodalité avait acquis en Alsace les
mêmes développements que dans le reste de la France;
nous avons montré quelle était la grandeur et l'illustration
des ducs et des landgraves: à côté, au-dessous d'eux,
trop haut placés pour descendre aux détails de l'administration,
s'étaient élevés les landvogt, qui, laissant aux princes
impériaux les dehors de la toute-puissance, s'attachaient
à en conquérir les réalités; la bourgeoisie des villes
enfin opposait alternativement aux prétentions du clergé
les immunités et privilèges de l'empire, aux réclamations
de l'empire ses vieilles franchises épiscopales. De
ce conflit perpétuel, de cette incertitude sur l'étendue
et la légitimité de tous les pouvoirs, naquit une situation
confuse dont les désordres devinrent souvent de véritables
brigandages.
Et cependant, au milieu de ces luttes
sanglantes que soutenait la bourgeoisie pour augmenter
ou défendre ses libertés, l'art grandissait comme pour
prouver une fois de plus son alliance indissoluble avec
la liberté l'Alsace avait ses peintres, ses sculpteurs,
ses musiciens, ses savants, ses poètes, et Gutenberg
inventait l'art typographique. C'est dans ces circonstances
qu'apparut Luther, dont la doctrine se répandit rapidement
dans tout le pays.
Entre ses premières prédications
et la fondation par Calvin d'une Eglise réformée à Strasbourg,
en 1548, se place le douloureux épisode de la guerre
des rustauds, lutte des paysans contre la noblesse,
et le massacre des anabaptistes, apôtres de l'égalité
absolue. Hâtons-nous de franchir cette période sanglante
qui n'offre que des récits de persécutions, que des
tableaux de meurtre et de désolation mentionnons la
guerre de Trente ans qui en fut comme le couronnement
Colmar, Belfort, Altkirch, nous diraient les exploits
de Gustave-Adolphe et du général Horn ; arrivons enfin
à la victorieuse intervention de la France, au traité
de Westphalie et à la réunion au sol français de cette
belle province qui depuis lui resta si fidèle.
Cependant,
si Louis XIV apportait le repos ce pays longtemps troublé,
le despotisme de son gouvernement devait froisser vivement
des populations auxquelles la liberté était si chère
;Ie traité d'annexion avait garanti aux anciennes villes
impériales le maintien de leurs franchises et privilèges
la violation de cet article essentiel du contrat suscita
des séditions et des révoltes qui ne cédèrent qu'aux
victoires de Turenne, de Condé et de Créqui.
Ce
fut donc alors pour l'Alsace plutôt une soumission à
la force qu'une incorporation à la patrie commune; le
règne de Louis XV ne lui donna encore que les abus de
l'ancien régime français avec la paix, en compensation
des gloires si chèrement payées du règne précédent,
mais sans aucune restitution de ses libertés ravies.
Enfin arriva le jour qui devait cimenter à jamais l'union
de l'Alsace et de la France la proclamation des principes
de 1789 répondait trop aux sentiments, aux souvenirs
et aux espérances toujours vivaces des habitants pour
ne pas y être accueillie avec la plus grande satisfaction.
L'égalité des cultes était surtout une précieuse conquête
pour une contrée où les dissidents formaient une minorité
notable de la population.
Aussi, quand la France
républicaine fut menacée, l'Alsace se leva comme un
seul homme, et courut aux frontières. Exposée la première
à toutes les attaques, à tous les assauts des puissances
coalisées, jamais cette province, devenue le premier
boulevard de la liberté, ne faillit aux devoirs que
ses destinées nouvelles lui imposaient, pas une plainte
ne s'éleva du sein de cette brave contrée, sentinelle
avancée de la France, toujours sur pied, toujours en
armes; pas un murmure n'échappa à cet héroïque pays
qui s'était fait, tout à coup, et volontairement, le
soldat de sa nouvelle patrie, et soldat aussi dévoué,
aussi soumis, aussi discipliné, qu'il avait été sujet
intraitable et rebelle pour les anciens maîtres dont
il contestait le pouvoir.
Hélas! cette union, qui
durait depuis 223 ans, devait être rompue violemment
à notre époque. Tout le monde sait à la suite de quels
événements. Le 15 juillet 1870, le gouvernement français
se décidait témérairement, sans motif plausible et malgré
l'opposition des patriotes clairvoyants, au nombre desquels
Monsieur Thiers était au premier rang, à déclarer la
guerre à la Prusse, et, dès le 19 même mois, le gouvernement
prussien recevait notification officielle de cette folle
déclaration.
Nous n'avons pas à rappeler ici avec
quelle imprévoyance cette guerre avait été préparée,
avec quelle impéritie elle fut conduite. On en connaît
les désastreux résultats la France amenée au bord de
l'abîme, amputée de deux riches provinces l'Alsace et
la plus grande partie de la Lorraine. Nous nous contenterons
de passer rapidement en revue les principaux événements
qui amenèrent et précédèrent l'envahissement du Haut-Rhin
et le siège de Belfort. Dès le début, d'ailleurs, on
avait dû renoncer au plan d'attaque conçu par Napoléon
III ; la rapidité de la mobilisation des troupes allemandes
et le désarroi dans lequel se trouvèrent immédiatement
les troupes françaises ne permettaient d'autre objectif
que la défensive. Le 2 août, le général de Failly attaque
la petite place de Sarrebruck, qu'il abandonnait presque
immédiatement. Le 4, le général Abel Douai est battu
et tué à Wissembomg. Les défaites succèdent' aux défaites
le 5 et le 6, le maréchal de Mac-Mahon était vaincu
à Frœschwiller, en même temps que le général Frossard
l'était à Forbach. Le 10, le général allemand de Werder
sommait Strasbourg de se rendre. Cette reddition ne
devait avoir lieu que le 28 septembre, après la vigoureuse
défense du général Uhrich. Le 13 août, la première armée
allemande entourait Metz. Le 14, le 15 et le 18, se
livrèrent les batailles meurtrières de Borny, de Gravelotte
et de Saint-Privat, à la suite desquelles l'armée du
Rhin, sous les ordres de Bazaine, rentrait dans Metz.
Dès le 19, l'armée du prince Frédéric, Charles commençait
le blocus de cette place, qui jusqu'à ce jour s'était
enorgueillie de son surnom de la Puccelle.
Le 23
août, le bombardement de Strasbourg commençait. Il était
impossible d'y répondre efficacement nos pièces avaient
une portée insuffisante il était impossible aussi de
garantir des projectiles la garnison et les habitants
les refuges casematés faisaient défaut. Le 30 août,
la défaite du maréchal de Mac-Mahon à Beaumont préludait
à la catastrophe de Sedan.
Le 1er septembre,
Napoléon III rendait son épée au roi Guillaume de Prusse.
Wimpfen signait la capitulation.
Le 23 septembre,
Phalsbourg se rendait ; Strasbourg le 28. Le 1er
octobre, le général de Schmeling franchissait le Rhin
et pénétrait dans le Haut-Rhin. Il est presque inutile
de dire que les villes les plus importantes de ce département
furent successivement occupées par des troupes allemandes
Colmar, Altkirch, Mulhouse, Neuf-Brisach, Dannemarie,
etc. Belfort ne fut rendu, comme on le verra, que le
17 février 1871.
Pour la suite.de notre récit, nous
allons prendre pour guide, en l'abrégeant considérablement,
l'ouvrage des capitaines Édouard Thiers et S. de La
Laurencie, les dignes collaborateurs du brave défenseur
de Belfort.
Vers la fin de septembre, un petit corps
allemand s'installa à Chalampé, sur la rive française
du Rhin, un peu au nord de Mulhouse, en face de la petite
ville badoise de Neuenbourg, qu'un simple bac reliait
à l'autre rive; au commencement d'octobre, l'ennemi,
laissé définitivement tranquille possesseur de Chalampé,
y établit un pont par lequel entrèrent dans le Haut-Rhin
quelques milliers d'hommes qui commencèrent à rançonner
le pays d'alentour, et notamment Mulhouse. Malheureusement,
les populations étaient prises d'une panique indicible
; dès qu'un uhlan apparaissait, les armes qui avaient
été distribuées dans le but d'obtenir une résistance
locale, étaient renvoyées à Belfort, où elles arrivaient
par charretées ; heureux encore quand elles n'étaient
pas livrées par centaines à quelques cavaliers.
Cette
défaillance inconcevable enhardit tellement l'ennemi
qu'il osa alors venir à Althirch, presque à mi-chemin
de Mulhouse et de Belfort. Le général Thorneton, qui
occupait avec de la cavalerie et de l'infanterie les
abords de Belfort jusqu'à Dannemarie, fit retraite de
ses positions le 6 octobre, et peu s'en fallut que le
grand viaduc du chemin de fer à Dannemarie ne fût prématurément
détruit.
Mais les événements avaient pris une tournure
de plus en plus grave; l'ennemi avait grossi en nombre
dans le Haut-Rhin, réquisitionnant partout sans trouver
la moindre résistance, même à Mulhouse, où le conseil
municipal avait redouté de laisser armer la nombreuse
population ouvrière qui, sans cela, se fût défendue
avec plus ou moins de succès, mais eût au moins arrêté
quelque temps l'envahisseur
Enfin, devenu assez fort, l'ennemi
entreprit le siège de Neuf-Brisach, puis celui de Schlestadt,
qui, tous les deux, capitulèrent après de courtes et
incomplètes résistances. À la suite de divers engagements,
glorieux pour nos armes, dans la haute Alsace et à l'entrée
de Saint-Amarin avec les francs-tireurs de AI. Keller,
député du Haut-Ptliin, mais dont les résultats furent
insuffisants pour l'arrêter, l'ennemi attaqua, le 14
octobre, la petite ville de Soultz, énergiquement défendue
par les francs-tireurs, avec le concours de la population.
L'ennemi avait du canon et l'affaire fut chaude. Vers
le soir, renonçant à entrer dans Soultz avec les troupes
dont il disposait, il appela à lui des renforts l'arrivée
d'un détachement français de 300 hommes dépendant de
Dannemarie, avec une centaine de gardes nationaux de
Mulhouse, le décida à une retraite immédiate.
Cette
affaire, où la victoire nous resta, fut le plus sérieux
de tous les engagements de ce côté. Vers le 9 octobre,
le général Crouzat fut appelé sous les ordres du général
Cambriels, et le commandement de Belfort fut donné au
lieutenant-colonel du génie Denfert-Rochereau, qui fut
en même temps nommé colonel. L’héroïque résistance lors
du siège de Belfort, eu pour conséquence de maintenir
la gardienne de la Troué de Belfort dans le giron de
la France.Le Territoire de Belfort est une unité administrative
formée, à la suite du traité de Francfort avec la partie
du département du Haut-Rhin qui est demeurée politiquement
Française. Ce territoire de 60 900 ha a été assimilé
à un département en hommage aux courageux défenseurs
de la place de Belfort lors de la guerre de 1870.
Devenue au XIIème siècle un point stratégique, la Citadelle de vauban fut construite, en 1648, pour Gaspard de Champagne, Comte de la Suze. Louis XIV va confier à Vauban, le projet de fortifier Belfort, en se basant sur les ruines de l'ancien château médiéval. C'est l'unique exemple en France du second système de fortification de Vauban. Ce n'est qu'en 1817, que le Général Haxo fera transformer le Château de Belfort en une forteresse moderne, en faisant remplacer la caserne, construite sous Vauban, par une caserne à l'épreuve des bombes, que l'on aperçoit, au-dessus de la statut du Lion de belfort. Les glacis du château, les batteries Haxo et la cour d'honneur sont librement accessibles ainsi que la Tour des Bourgeois, vestige de l'ancien château féodal. Depuis 2007, le grand souterrain offre une visite moderne et patrimoniale, en son et lumière, sous le nom de la Citadelle de la Liberté. L'ancienne caserne, placée au sommet de l'édifice, renferme le Musée d'Histoire et d'Archéologie de Belfort. L'enceinte est encore partiellement érigée dans sa partie nord et sud. La Porte de Brisach, date de 1687. Elle est surmontée d'un fronton aux armes du Roi Soleil et, a été conservée dans son état primitif. Les remparts qui l'entourent datent du XVIIème siècle.
habité par les Celtes Ruauraci,
La bourgade de Bel fort s'est formée autour d'une forteresse
de XIème siècle. En 1042, l'empereur germanique
Conrad II le Salique fonde le comté de Montbéliard et
le donne à son vassal Louis de Mousson et de Bar qui
devient le premier comte de Montbéliard d'Altkirch et
de Ferrette. À la mort de son fils Thierry Ier
de Montbéliard en 1105, le comté de Montbéliard revient
à Thierry II de Montbéliard et le Comté de Ferrette
et d'Altkirch à Frédéric Ier de Ferrette.
La trouée de Belfort est alors partagé entre comté de
Montbéliard et comté de Ferrette. Les deux comtes ne
s’entendent pas au mieux puisque Frédéric fit construire
sur la hauteur de la Miotte le château de Montfort;
et dont il ne reste que La Pierre de la Miotte qui en
est l'unique vestige; en face du château de Belfort-sur-la-Roche,
propriété de Thierry.
Le traité de Grandvillars signé
en 1226 et le mariage entre Thierry III de Montbéliard,
fils ainé de Richard de Montbéliard, et Alix, fille
de Frédéric Ier de Ferrette mit fin à la dispute et
réunit à nouveau les comtés de Ferrette et de Montbéliard.
Le château de Montfort fut dès lors abandonné.
En
1425, le servage a pratiquement disparu mais en tant
que « porte de Bourgogne » et terre autrichienne, le
futur Territoire de Belfort eut encore à subir, au cours
du XIVème siècle et XVème siècle,
la peste de 1349, les méfaits des bandes de routiers
(1365 à 1375) et d’Écorcheurs (1439 et 1444-1445), des
Bourguignons (1424 à 1431), puis des confédérés suisses
(1468). En 1469, les Habsbourg et le Duché de Bourgogne
concluent le traité de Saint-Omer qui mentionnent l’abandon
des territoires de la Haute-Alsace, dont Belfort fait
partie et de la Forêt-Noire contre une certaine somme
d’argent de la part des Bourguignons.
Ce rattachement n'est que provisoire
puisque la Haute-Alsace est racheté contre 76 000 florins
par les villes de la "ligue Alémanique" (Berne, Bâle,
Strasbourg, et Mulhouse au duc de Bourgogne Charles
le Téméraire à l'occasion de la signature du "Traité
de Basse-Union" le 4 avril 1474.
Quelques mois plus
tard éclate la guerre de Bourgogne qui précipite la
fin de l'Empire bourguignon en 1477 et confirme la domination
de la maison de Habsbourg sur Belfort et l'Alsace.
La Guerre de Trente Ans, qui dura ici de 1610 jusqu’aux
traités de Westphalie en 1648, fut une période de misère,
de brigandage, d’épidémies dont la peste vers 1628,
de mouvements de troupes diverses : Suédois, Français,
Lorrains, Croates, Impériaux, Suédois de nouveau et
enfin Français. Ces derniers n’en sont plus repartis.
Pendant la guerre de Trente Ans, en 1638, la ville de
Belfort est prise par les Français. Le comte de la Suze,
parti de Montbéliard, enlève la nuit, par un coup d'audace
inouïe, les formidables fortifications. Suze nommé gouverneur
de Belfort par Richelieu, est resté célèbre dans les
annales locales par les instructions qu'il avait données
au commandant de la garnison. Elles ne comportaient
que trois mots : « Ne capitulez jamais ». La conquête
est ratifiée par le traité d'Aix-la-Chapelle en 1648.
Cédé à la France en 1648, le
domaine fut la propriété du Cardinal de Mazarin et à
ses héritiers qui la conservèrent jusqu'en 1789. La
tour symbolise le château de la Miotte, qui renforça
au 19ème siècle les défenses de Belfort,
une des places fortes de l'est de la France, fortifiée
par Vauban au 17ème siècle.
La forteresse
de Belfort est l'un des grands chefs d'œuvres de Vauban
et elle ne fut jamais prise par l'ennemi. Elle subit
six sièges pendant la guerre de Trente ans. En 1674,
ce sont les impériaux qui sont repoussés par Turenne.
En 1813 et 1814, par les bavarois qui n'entèrent dans
la place qu'après l'abdication de Napoléon Ier.
En 1815 par les alliées auxquels résistât vaillamment
les défenseurs commandés par le général Lecourbe et
en 1870 les Allemand ne purent pas prendre la place
dont les troupes étaient commandées par le colonel Denfert-Rochereau.
C’est avec un effectif de 17 000 hommes, composé en grande partie de la garde nationale mobile et dans un état de défenses et de munitions presque insuffisant que le colonel Denfert-Rochereau, appelé au commandement de la place, le 19 octobre 1870, su faire face à toutes les nécessités du siège. Le 4 novembre, après plusieurs combats acharnés du côté de Giromagny, à l’entrée des Vosges, les troupes durent se replier sur Belfort, suivies de près par l’ennemi. Les prévisions se réalisaient, la place était investie. Le jour même, deux missives furent échangées entre le général de Treskow, commandant les troupes allemandes devant Belfort, et le colonel Denfer. Pendant tout le mois de novembre les canons français seuls retentirent les Prussiens se bornaient à creuser des tranchées, à s’entourer d’une double circonvallation, en cas d’attaque opposée, en attendant l’arrivée de leur artillerie de siège. Des avant-postes et des forts, on pouvait aisément se rendre compte de leurs travaux, qui s’effectuaient avec rapidité.
Voici, reproduit
in-extenso le texte des missives échangées
entre le général Tacsnow, commandant les
troupes allemandes et le Colonel Denfer
« Devant Belfort, le 3 novembre 1870.
Très honoré et honorable commandant,
Je me fais un honneur de porter très respectueusement
à votre connaissance la déclaration suivante
Je n'ai pas l'intention de vous prier
de me rendre la place de Belfort, mais je
vous laisse le soin de juger s'il ne conviendrait
pas d'éviter à la ville toutes les horreurs
du siège, et si votre conscience, votre
devoir ne vous permettraient pas de me livrer
la forteresse dont vous avez le commandement.
Je n'ai d'autre intention, en vous envoyant
cet écrit très respectueux, que de préserver,
autant que possible, la population du pays
des horreurs de la guerre. C'est pourquoi
je me permets de vous prier de vouloir bien,
dans la limite de vos pouvoirs, faire connaître
aux habitants que celui qui s'approchera
de la ligne d'investissement à portée de
nos canons mettra sa vie en danger.
Les propriétaires des maisons situées entre
la place et notre ligne d'investissement
doivent se hâter de mettre tout leur mobilier
en lieu sûr; car, d'un instant il l'autre,
je puis être obligé de réduire les maisons
en cendres.
Je saisis cette occasion
pour vous assurer de mon estime toute particulière.
»
Signé De Tacsnow, général commandant
royal prussien des troupes concentrées devant
Belfort. »
Le colonel Denfert fit
la réponse suivante, qui n'est pas dépourvue
d'une pointe d'ironie
« Le colonel
commandant supérieur au général de Treskow,
commandant des troupes allemandes devant
Belfort.
Général,
J'ai lu avec l'attention
qu'elle mérite la lettre que vous m'avez
fait l'honneur de m'écrire avant de commencer
les hostilités. En pesant dans ma conscience
les raisons que vous me développez, je ne
puis m'empêcher de trouver que la retraite
de l'armée prussienne est le seul moyen
que conseillent à la fois l'honneur et l'humanité
pour éviter à la population de Belfort les
horreurs d'un siège.
Nous savons tous
quelle sanction vous donnerez à vos menaces,
et nous nous attendons, général, à toutes
les violences que vous jugerez nécessaires
pour arriver à votre but; mais nous connaissons
aussi l'étendue de nos devoirs envers la
France et envers la République, et nous
sommes décidés à les remplir,
Veuillez
agréer, général, l'assurance de ma considération
très distinguée.
Le colonel commandant
supérieur,
Denfert. »
Le 3 décembre, les premiers
obus tombèrent dans la place. A partir de ce
jour, Belfort ne dut plus que compter sur sa
propre résistance. Chacun se tint prêt. On entrait
dans une phase nouvelle; la population civile
s’installa, soit dans les caves, soit dans les
chambres basses, les sous sol de l’Hôtel de
Ville recueillirent les familles indigentes
et celles qui ne trouvaient pas leurs abris
assez sûrs. Les artilleurs répondirent des forts,
aux obus prussiens, par un feu nourri et meurtrier.
Pendant ce temps, les fantassins faisaient des
reconnaissances, des battues en dehors des fortifications.
Leur témérité les poussa souvent jusqu’aux avant-postes
ennemis. Ils se battaient comme des lions pendant
quelques heures puis se retiraient en bon ordre
quand leur cartouchière était vide.
Pour
faire honneur aux défenseurs de la citadelle,
l'Allemangne exclua le canton de Belfort dans
sa demande d'annexion de l'Alsace.
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