Charleville-Mézières - Préfecture des Ardennes

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Mézières


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Plan de Mézières
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Mézières

Mézières et une petite ville forte, et on place à l'année 899 l'origine de cette ville. Ce ne fut d'abord qu'un château appartenant à un comte de Castrices, nommé Guarin ; on ne sait pas même où était le siège de ce comté, nommé dans une charte de Charles le Gros ; on présume que c'était un bourg s'élevant sur la montagne de Boisenval, à l'orient de Mézières. Au Xème siècle, le château de Mézières passa aux comtes de Rethel. Mais la ville n'acquit quelque importance qu'après la bataille de Bouvines qui se déroula le dimanche 27 juillet 1214, et elle dut cet accroissement à la menace que l'empereur Othon avait faite aux Liégeois de tirer une vengeance terrible de l'appui qu'ils avaient prêté à Philippe-Auguste. Un grand nombre de citoyens de cette industrieuse cité vinrent chercher un refuge au pied de la forteresse de Mézières. Fixés dans cet endroit par les franchises diverses que leur accorda Jean, comte de Bethel, ils formèrent bientôt une cité importante. Outre le droit d'échevinage que Jean leur avait assuré, ils virent leurs privilèges augmentés par Hugues, successeur de Jean. Ils en reçurent une charte datée du mois d'août 1233, et dont l'original est encore déposé aux archives de la ville. Ce fut à cette époque que fut construite la première enceinte fortifiée de la ville, et que furent instituées les compagnies bourgeoises. En 1308, un incendie dévora le château. L'Hôtel-Dieu fut fondé en 1412, et l'église Notre-Dame commencée en 1499 elle ne fut terminée que vers la fin du siècle suivant. Au XVème siècle, Mézières dut encore un nouvel accroissement aux malheurs qui vinrent fondre sur ses voisins les Liégeois. Ceux-ci vinrent en grand nombre s'y établir après le sac de leur ville par Charles le Téméraire. Mézières était devenue une des plus fortes places de guerre de la frontière de Champagne, quand la querelle du duc de Bouillon avec Charles-Quint l'exposa à un siège mémorable en 1521. Le roi de France, François Ier, ayant pris parti pour le duc, envoya à son secours Bayard, qui se jeta dans la place deux jours avant qu'elle fût investie par les impériaux. Le comte de Nassau et le chevalier le plus célèbre de l'Allemagne, son Bayard, Frantz de Sickingen, arrivèrent devant la place avec trente-cinq mille hommes. « Le siège, dit le loyal serviteur dans sa très plaisante et récréative histoire, le siège fut assis en deux lieux, l'un deçà l'eau, l'autre delà. L'un tenoit le comte Francisque (Frantz de Sirckingen) qui avoit avec lui quatorze ou quinze mille hommes, et en l'autre estoit le comte de Nassau avec plus de vingt mille. Le lendemain, ils envoyèrent un héraut d'armes devers le bon chevalier pour lui remontrer qu'il eust à rendre la ville de Mézières, qui n'estoit pas tenable contre leur puissance, et que, pour la grande et merveilleuse chevalerie qu'il y avoit en lui, seroit moult fort déplaisant qu'il fust pris d'assaut; car son honneur grandement en amoindriroit, et, par aventure, lui coûteroit-il la vie ; et qu'il ne falloit qu'un malheur en ce monde venir à un homme pour faire oublier tous ses beaux faits ; et que, s'il vouloit entendre raison, lui feroient si bonne composition qu'il se devroit contenter. Plusieurs autres beaux propos lui mandèrent par ce héraut, qui après avoir été ouï et bien entendu par le bon chevalier, celui-ci se prit à sourire et lui dit « Mon ami, je m'esbahis de la n gracieuseté que me font messeigneurs de Nassau et Francisque, considéré que jamais n'eus pratique ni grande connoissance avec eux, et ics ont si grand'peur de ma personne. Héraut, mon ami, vous vous en retournerez et leur direz que le roi mon maître avoit beaucoup plus de suffisants personnages en son royaume que moi pour envoyer garder cette ville; mais, puisqu'il m'a fait l'honneur de s'en fier à moi, j'espère, avec l'aide de Notre-Seigneur, la lui conserver si longuement qu'il ennuiera beaucoup plus à vos maîtres d'être au siège qu'à moi d'être assiégé, et que je ne suis plus enfant qu'on estonne de paroles. Si commanda qu'on festoyât bien le héraut et qu'on le mist hors de la ville. Il rapporta au camp la réponse du bon chevalier, qui ne fut guère plaisante aux seigneurs Nassau et Francisque. » Cependant, ceux-ci se mettant en devoir de vaincre l'opiniâtreté de Bayard, en moins de quatre jours on tira contre la ville plus de cinq mille coups de canon, et l'on y employa pour la première fois, dit-on, les bombes. « Le bon chevalier, combien qu'il fust l'un des hardis hommes du monde, avoit bien autre chose en lui autant à louer, car c'estoit un des vigilants et subtils guerroyeurs qu'on pût trouver. Si avisa en soi-même comment il pourroit trouver un moyen de faire repasser l'eau au seigneur Francisque. »

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les tramways de Mézières

Voici le stratagème qu'il imagina Il écrivit une lettre à Robert de La Marck, qui était alors à Sedan, et chargea de ce message un paysan il savait que son messager ne pourrait passer et que lui et la lettre seraient arrêtés par les ennemis. Or, dans cette lettre, il avertissait Robert que le lendemain douze mille Suisses arriveraient à trois lieues de là, lesquels attaqueraient Frantz de Sickingen, tandis que lui, Bayard, ferait une sortie de son côté. Il donnait de plus à entendre que tout était concerté avec le comte de Nassau et Robert de La Marck. Frantz ne manqua pas d'intercepter le message et de le lire. Il se crut trahi par le comte de Nassau, fut près d'en venir aux mains avec lui, et tous deux se retirèrent chacun de leur côté. « Si tôt ne se fit pas la paix du côté du comte de Nassau et du seigneur Francisque; car, plus de huit jours furent sans loger ensemble, et s'en alla Francisque vers la Picardie, du côté de Guise, mettant le feu partout, et plus haut marchoit le comte de Nassau; mais, peu après, se l'apaisèrent et furent amis. Ainsi, par la manière que dessus avez ouïe, fut levé le siège de devant Mézières, où le bon chevalier sans peur et sans reproche acquit couronne de lauriers. Pendant lequel temps, le roi de France leva une grosse armée, et assez puissante pour combattre ses ennemis, et vint lui-même en personne dedans son camp, où le bon chevalier lui alla faire la révérence et, en passant, reprit la ville de Mozon. Le roi son maître lui fit accueil merveilleux et ne se pouvoit soûler de le louer devant tout le monde. » N'oublions pas de dire que le paysan chargé du faux message s'était tiré heureusement des mains des ennemis et était revenu trouver à Mézières le bon chevalier, « lequel se prit à rire à pleine gorge en apprenant l'heureux succès de son stratagème ».
Le nom de Bayard est resté populaire à Mézières. Chaque année, le 27 septembre, on promenait solennellement dans les rues un étendard qu'on prétend être le sien, et que l'on conserve à l'hôtel de ville. C'était un jour de fête pour cette cité. François Ier, visitant les places de la frontière, vint à Mézières vingt-quatre ans après la levée du siège et en fit augmenter les fortifications. Ce fut dans l'église de Mézières que fut célébré, en 1570, le mariage de Charles IX avec Élisabeth d'Autriche. On mangea, dit-on, à ces noces le premier dindon qui ait été apporté en France ; on sait que cet animal a été importé du nouveau monde en Europe par les jésuites.

Mézières, en opposition avec Sedan, qui devint le centre de la Réformation dans le pays, tint pour la cause catholique et résista aux troupes de Henri IV.
La ville, dont l'importance décrut rapidement, ne présente plus rien d'intéressant pendant les deux siècles suivants.
En 1750, Louis XV y fonda une école du génie militaire qui eut pour professeurs Bossut, Bezout et Monge. Ce fut cette école que Monge proposa pour modèle à la Convention nationale, lorsque cette assemblée créa l'École polytechnique. Parmi les élèves de l'école de Mézières, on cite l'organisateur des armées républicaines l'illustre Carnot.
En 1815, la ville soutint contre les armées étrangères un siège mémorable. Vingt mille Prussiens, Hessois, Wurtembergeois, l'investirent le 29 juin. La place contenait peu de troupes de ligne ; mais les bourgeois s'unirent aux soldats pour la défense commune, et, pendant quarante-deux jour, l’artillerie, servie en grande partie par les canonniers de la garde nationale, riposta bravement au feu de l'ennemi, dont elle démontait les batteries à mesure qu'on les établissait. La place ne capitula qu'après la pacification générale de la France. Le siège avait couté cinq mille hommes à l'ennemi. Durant la guerre franco-allemande de 1870-1871, Mézières fut assiégé et pris par les Prussiens, qui s'en emparèrent le 31 décembre 1870. Mézières, place de guerre de première classe, est entourée de fortifications respectables et pourvue d'une bonne citadelle, qui renferme un arsenal, un magasin à poudre et un pare d'artillerie. Les rues en sont étroites, tortueuses, mais lavées par un grand nombre de fontaines publiques, au nombre de dix-neuf. L'église de Notre-Dame est le seul monument remarquable, avec l'hôtel de la préfecture. Le commerce de cette ville, longtemps peu actif, a pris une grande extension.


Charleville

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Plan de Charleville
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Charleville

Charleville (Arcæ Remenses, Carlopolis, n'est séparée de Mézières que par un pont et une chaussée. Cette ville, autrefois fortifiée, est cependant une ville toute moderne, qui date de 1606, et doit sa fondation et son nom à Charles, duc de Nevers. Le duc, ne pouvant subvenir aux dépenses, obligea les villes de son domaine et de son gouvernement de Champagne à bâtir chacune une maison. Voilà pourquoi on lit sur la principale porte d'entrée de quelques pavillons les noms de Reims, d'Épernay, de Châlons, etc.
Les maisons furent d'abord livrées assez aisément à ceux qui se présentaient, sous l'obligation d'une faible redevance ; mais, la ville commençant à se peupler, on accorda simplement autant de terrain qu'en voulaient ceux qui s'offraient pour habiter la nouvelle ville, à charge d'élever les constructions selon un plan uniforme. On leur accorda divers privilèges et immunités. Les avantages offerts aux habitants de Charleville portèrent un coup funeste à la prospérité de Mézières. Cette ville, d'une construction très régulière, contient 13,759 habitants. Les promenades sont fort belles. Si Mézières est la ville militaire, Charleville est la ville industrieuse. Pendant la Révolution, Charleville porta un instant le nom de Libreville.




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