Histoire des Ardennes
La forêt des Ardennes, qui a
donné son nom à ce département et qui en occupait la
plus grande partie, s'étendait, au temps de César, jusqu'aux
bords du Rhin. C'était, dit-il, la plus grande de toute
la Gaule. Au XVIème siècle, selon un géographe
du temps, elle avait encore plus de cent lieues de longueur.
Au sud, elle s'étendait jusque dans le voisinage de
Lutèce par les forêts de Compiègne et de Senlis, qui
en étaient des embranchements. « Pendant bien des siècles,
dit Monsieur de Courton, cette immense forêt, dont la
sombre majesté frappait si vivement les imaginations
au moyen âge, n'eut pas de rivale en France. » Son souvenir
se rattache à la plupart des aventures racontées par
les poètes et les romanciers.
La contrée sur laquelle
elle s'étend était encore, au VI Au XVIème
siècle et même au VII Au XVIème plongée dans
les ténèbres du paganisme.
Saint Hubert et sainte Bérégise avaient les premiers implanté la foi chrétienne dans ce pays. Saint Rémacle, évêque de Maëstricht, y avait plus tard retrouvé en pleine vigueur dans certains cantons toutes les croyances anciennes culte des pierres, des arbres, des fontaines. « Saint Rémacle, saisi d'une douleur inexprimable, dit Hariger, son biographe, se hâta d'exorciser ces lieux infectés des erreurs de la gentilité, et il y fonda les deux abbayes de Stavelot et de Malmédy. Mais les dieux et les déesses païennes disparus, les fées, les sorciers et les magiciens vinrent aussitôt occuper la place. L'imagination populaire peupla d'êtres fantastiques cette impénétrable forêt d'Ardenne. Dans ses silencieuses profondeurs, les paysans croyaient entendre résonner parfois le cor d'un chasseur nocturne, de saint Hubert, qui continuait son ancien métier, et dont l'invisible épieu frappait à coup sûr les sangliers, les daims et les cerfs. On racontait, aux veillées des crédules habitants d'alentour, que, dans les clairières de la forêt, des esprits mystérieux venaient prendre leurs ébats au clair de lune au milieu des lions, des tigres et des léopards, bêtes inconnues dans nos climats, mais dont la férocité semblait s'accorder avec l'aspect sauvage de ces bois où régnaient les ténèbres et le silence.
Dans le roman de Parthénopeus
de Blois, l'Ardenne est représentée comme une forêt
hideuse et enchantée, qui, dans sa plus grande étendue,
n'avait jamais été foulée par les pieds de l'homme et
dans laquelle les égarés étaient exposés à être dévorés.
Les tigres, les lions, les dragons, les léopards n'étaient
pas les seuls hôtes effrayants dont on peuplât les solitudes
de ce temps-là. Dans ces vastes solitudes, l'imagination
poétique de nos ancêtres plaçait des personnages hideux
et velus, espèces de sauvages préposés à la garde des
châteaux mystérieux où habitaient les nécromanciens.
La réputation fantastique de cette forêt est constatée
par Pétrarque, qui, au XVIème siècle, la
déclare « sombre et pleine d'horreur et s'étonne de
l'avoir pu traverser seul et en pleine guerre. Shakespeare
y a placé plusieurs des scènes de sa comédie Comme
il vous plaira, qui n'a rien de lugubre, il est
vrai. Il paraît que de son temps la forêt des Ardennes
commençait à acquérir une meilleure réputation.
Ne la retrouvons-nous pas encore
de nos jours, mystérieuse et terrible, dans cette chanson-légende
qui berça notre enfance : Si, laissant de côté la légende
et la poésie, nous consultons l'histoire, nous là voyons,
au temps des Césars, devenir le refuge des gens endettés
et des fugitifs de toute sorte c'est Tacite qui nous
l'apprend.
Et, au XVème siècle, les
sept forêts des Ardennes sont encore l'asile des bannis,
des gens ruinés par la guerre, lesquels y mènent la
vie des charbonniers et de temps en temps en sortent
pour mendier ou pour piller les villages voisins. Aujourd'hui
encore, un quart environ du département est couvert
de bois. « Tout ce pays est boisé, dit Monsieur Michelet,
comme pour marquer la défense et l'attaque aux approches
de la Belgique, la grande forêt d'Ardenne, la profonde
(ar duinn), s'étend de tous côtés, plus vaste qu'imposante.
Vous rencontrez des villes, des bourgs, des pâturages
vous vous croyez sorti des bois, mais ce ne sont là
que des clairières. Ces bois recommencent toujours ;
toujours les petits chênes, humble et monotone océan
végétal dont vous apercevez de temps à autre, du sommet
de quelque colline, les uniformes ondulations. La forêt
était bien plus continue autrefois.
On comprend qu'un
tel pays fournisse plus d'éléments à la légende qu'à
l'histoire; aussi trouvera-on ici à l'histoire des villes
le récit des faits principaux qui se sont passés sur
le territoire de ce département. Il y a plus, ce département
ne s'est pas formé, comme beaucoup d'autres, d'une portion
détachée d'une grande province ; une partie appartenait
à la Champagne et a suivi les destinées de cette province
; d'autres, plus petites, appartiennent au Hainaut,
à la Picardie; enfin le pays d'Ardenne proprement dit
a une histoire à part, mais qui ne commence que dans
les temps modernes à présenter quelque intérêt. On trouve
un comté d'Ardenne dans les premiers temps de notre
histoire il faisait partie du royaume d'Austrasie.
L'histoire du pays devient obscure ou se confond
avec celle de la Champagne jusqu'au moment où le comté
de Rethel et la principauté de Sedan commencent à jouer
un rôle dans nos annales. Nous renvoyons le lecteur
à l'histoire particulière de ces villes. Mais, au commencement
de la Révolution, le département des Ardennes devait
jouer un rôle important dans la défense du pays.
C'est sur une partie de son territoire
que s'étend la forêt de l'Argonne, dont Dumouriez se
hâta d'occuper les défilés. De Sedan, où était son état-major,
il se rabattit sur cette forêt, que les Prussiens et
les Autrichiens devaient nécessairement traverser pour
marcher sur Paris. Cette forêt, par ses inégalités de
terrain, le mélange des bois et des eaux, est tout à
fait impénétrable à une armée, sauf par cinq défilés
principaux, que le général français garnit de troupes.
Lui-même, posté dans le plus important de ces passages,
Grandpré, au sud du département, y attendit l'ennemi
dans une position inexpugnable. « Grandpré et les Islettes,
écrivait-il au pouvoir exécutif, sont les Thermopyles
de la France ; mais je serai plus heureux que Léonidas.
» Le 20 septembre 1792, il fut attaqué dans ses positions.
Mais nos volontaires, remplis d'ardeur, sautèrent au-dessus
des retranchements qui les protégeaient et, se précipitant
sur l'ennemi, l'obligèrent à se retirer. Cependant la
surprise d'un des passages de l'Argonne, celui de La
Croix-aux-Bois par les Autrichiens et les émigrés, repris
par les Français, qui tuèrent aux ennemis un de leurs
généraux, le prince de Ligne, obligea Dumouriez à renoncer
à la défense de l'Argonne ; il fit donc retraite vers
le sud, et à quelques jours, à quelques lieues de là,
le 20 septembre 1792, Kellermann et lui livraient à
l'ennemi le combat appelé la canonnade de Valmy qui
arrêta l'invasion et força l'ennemi de se retirer. La
nouvelle de ce premier succès arriva à Paris le 22 septembre,
le jour même où la Convention nationale se réunissait
et proclamait la République ; et elle fut peut-être
pour quelque chose dans l'enthousiasme qui accueillit
la nouvelle forme de gouvernement. En 1815, le chef-lieu
de ce patriotique département, qui avait fourni à la
Révolution quelques-uns de ses plus vaillants défenseurs,
Mézières, soutint après Waterloo un siège de quarante-deux
jours et ne se rendit qu'aux généraux de Louis XVIII.
Durant la guerre franco-allemande de 1870-1871,
le département des Ardennes fut envahi et piétiné, pour
ainsi dire, par les armées ennemies ; la plupart des
villes furent occupées par les Allemands, notamment
les localités suivantes Grandpré, Buzancy, Vouziers,
Attigny, Le Chêne-Populeux, Nouart, Beaumont, Mouzon,
Carignan, Rethel, Raucourt, Bazeilles, Sedan, Floing,
Mézières, etc. C'est sur le sol du département des Ardennes
que se dénoua le terrible drame; c'est à Sedan et dans
les environs que fut livrée la suprême bataille, 12
septembre 1870. C'est là que s'effondra le second Empire.
Le département des Ardennes fut délivré un des derniers
de l'occupation.
Les premiers habitants en seraient
les Rémi.
Le sol des Ardennes a été le théâtre de
très durs combats pendant la Première Guerre mondiale
et également le théâtre de la contre offensive des armées
allemandes de l'hivers 1944-1945.
Charleville-Mézières
Le 6 mai 1606, le jour même de
ses 26 ans, Charles de Gonzague (1580-1637), duc de
Nevers et de Rethel (Charles III)), décide la création
de Charleville pour en faire la capitale de sa nouvelle
principauté souveraine d'Arches, appuyée sur son duché
de Rethel et sur l'antique comté de Castrice.
La
Meuse et ses méandres séparent Charleville de Mézières
et c'est en 1966 que ces deux cités décident de s'unir
pour formé l'agglomération de Charleville-Mézières.
Cette ville, préfecture du département des Ardennes
dont les habitants s'appelaient les Carolopolitains,
et ceux de Mézières étant les Macériens, qui fait que
les gentilés de Charleville-Mézières s'appellent, maintenant
les Carolomacériens.
Rocroi, est une des places-fortes
les mieux conservées d'Europe. Le 16 mai 1643 les troupes
de France commandée par le Le Duc d'Enghien infligent
à l'armée espagnole l'une de ses plus cruelles défaites.
Le Vouzinois fut occupé par les Romains qui ont implanté
une enceinte militaire à Chestres.
Vouziers
Vouziers ne fut d'abord qu'une
chapelle dépendant de l'abbaye de Théline. Son nom apparait
en 1140 à propos de moulins exploités sur l'Aisne. Les
Templiers de Boult y fondèrent en 1125 une maison qui
devint la commanderie de la Chambre aux Loups qui passa
aux Hospitaliers en 1312. Vouziers devint un carrefour
d'échanges grâce à ses foires et ses marchés confirmés
par François er en avril 1516. La ville dut
sa prospérité au commerce des grains. Elle fut occupée
par les Russes de 1815 à 1818, par les Prussiens de
1870 à 1873, par les Allemands au cours des deux guerres
mondiales.
L'aviateur Roland Garros, tué dans un
combat près de Saint Morel le 5 octobre 1918, repose
au cimetière communal. La légion tchécoslovaque participa
en octobre 1918 avec les troupes du général Gouraud
à la libération de la ville. Vouziers est la patrie
d'Hippolyte Taine, grand penseur du 19e siècle, et d'Albert
Caquot, grand ingénieur du 20ème siècle,
l'apôtre du béton armé.
Rethel
Cette sous préfecture des Ardennes, fondée par Jules César qui y aurait établi son camp, a traversé bien des évènements tragiques au cours de sa longues histoire. Lieu de passage de toutes les invasions elle fut assiégée, ravagée, incendiée, pillée, atteinte de la peste, du typhus, détruite à plus de quatre-vingt pour cent lors des deux dernières guerres, et malgré tous ces avatars elle à toujours relevée de ses cendres sa célèbre église Saint-Nicolas.
Sedan
C'est sur l'emplacement d'une
villa romaine que la ville fut construite. Son château
fort construit par Évrard III de La Marck à partir de
1424 donnera naissance à une cité prospère élevée au
rang de principauté attestée par une lettre patente
signée par le roi Henri II. En contrepartie elle devra
allégeance au royaume de France qui pourra si besoin
est lui demandé de participé à l'ost en cas de conflit.
En 1549, Son prince Henri-Robert de La Marck adhère
à la Réforme et la ville acquière une grande renommé
en accueillant les Juifs ainsi que des avocats, des
intellectuels et artisans Réformés qui vont donner à
la ville un nouvel essor.
La principauté de Sedan
sera rattachée à la France en 1641 après la bataille
de la Marfée et le complot de Saint Mars visant à disgracié
Richelieu, le puissant ministre de Louis XIII. Plus
tard en 1870, Sedan verra la défaite de l'Empereur Napoléon
III, dont les troupes furent encerclé dans la cité.
La réédition de l'empereur entrainera la chute du second
empire. La France deviendra La République Française.
En 1914, lors de la Grande Guerre, ainsi que lors de
la Seconde Guerre Mondiale, Sedan fut en partie dévasté.
Recroi
Le nom Recroi signifie la croisée
de Raoul, un ancien seigneur du lieu au XIIIe siècle.
Au XVIIe siècle, quand Louis XIII acheta la quasi-totalité
de la seigneurie de Rocroi en 1614, on inventa une étymologie
plus conforme au nouveau statut de la ville, pour en
faire la Roche du Roy, Roc-Roy, si bien que sous la
Révolution française, elle fut renommée Roc-Libre.
En 1545, François Ier demande à Girolamo Marini, commissaire-général
des fortifications de Champagne, de fortifier la frontière
de Champagne. Il construit un petit fort près du village
de Roulcroix.
Charles Quint décide de construire
la fort de Charlemont, à Givet en 1552, Henri II répond
en faisant édifier l'enceinte de Rocroi le même année.
Elle est terminée en 1556. La ville a été construite
en étoile avec cinq bastions avec orillons. Rabutin
décrit la place comme « un pentagone à cinq fronts,
couverte et défendue de quatre gros boulevards garni
de leurs flancs, casemates et plate-forme, et vieil
fort qui fait le cinquième ». Le vieux fort est probablement
le fortin construit par Marini, transformé en bastion
appelé bastion du Petit-Fort ou bastion du Roy. La construction
a été confiée à un maitre maçon de Senlis, Loys Lenthe,
par le maréchal de Bourdillon. À l'origine, l'enceinte
n'était pas maçonnée. La ville est assiégée par les
Espagnols en 1556 et 1559, sans succès. Le gouverneur
de Champagne, François de Clèves avait fait renforcer
les défenses en urgence. La place est prise par les
protestants de Sedan le 20 novembre 1588. Ils la vendent
au duc de Guise. Le roi Louis XIII la rachète en 1614.
Le plan initial a été conservé mais les bastions ont
été modifiés quand des demi-lunes ont été ajoutées.
Le bastion du Roi est retranché de la ville par un fossé
pour devenir une citadelle. Les escarpes sont alors
revêtues de maçonnerie1.
C'est au cours du siège de Rocroi par les Espagnols, commandés par Francisco de Melo, qu'eut lieu la fameuse bataille de Rocroi, le 19 mai 1643, qui vit la victoire des Français sur les Espagnols. Le chef de l'armée royale française, le duc d'Enghien, plus tard appelé le Grand Condé, révéla ici tout son génie militaire, alors qu'il était seulement âgé de 22 ans. Cette victoire fut décisive dans la guerre de Trente Ans (1618-1648) : elle marqua le retour de la France sur la scène internationale après un siècle de défaites et de guerres civiles
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