Foix - Préfecture de l'Ariège
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Foix (en occitan Fois [ˈfujs, ˈfujʃ] ) est une
commune française, ancienne capitale du Comté de Foix. La forteresse
joue un rôle prépondérant dans l'histoire militaire médiévale. Assiégé
par Simon de Montfort, il fut occupé entre autres par Gaston Phébus,
et le Comte de Tréville, Capitaine des Mousquetaires. Du haut de son
rocher impressionnant, il domine la ville, contrôle l’accès vers la
haute vallée de l’Ariège, surveille le bas pays, se protège derrière
des murailles imprenables. L’emplacement du château a été stratégiquement
bien choisi car comme la centaine de châteaux forts de l’Ariège (la
plupart sont en ruines de nos jours), il date d’une époque de grande
insécurité, de brigandage, de rivalité de territoire et en plus il devait
commander le passage de la chaine des Pyrénées pour lutter contre les
invasions.
Au Moyen-Age, le château passait pour imprenable :« El
castels es tant fortz qu’el mezis se defent » (le château est si fort
qu’il se défend par lui-même) dit la chanson.
Le château de Foix
abrita de puissants comtes qui furent l'âme de la résistance occitane
pendant la croisade contre les Albigeois et leur comté devient le refuge
privilégié des cathares persécutés.
Les grottes du Roc de Foix au
confluent de l’Ariège et de l’Arget, sur lequel est construit le château
était déjà habité à la préhistoire, une forteresse s’y élève à l’époque
mérovingienne mais le château que nous admirons a été construit autour
de l’an mil.
Il est le berceau de la célèbre famille comtale qui
plus tard s’étendra à la vicomté du Béarn, puis au royaume de Navarre
et même au trône de France en la personne d’Henri IV.
Les Romains
sont les premiers à bâtir un fort sur la colline rocheuse où se trouve
aujourd'hui le château et qui surplombe l'actuelle ville.
La fondation,
en 849, de l'abbaye Saint-Volusien permet le développement d'une vie
urbaine du Xème siècle au XIIème siècle. La ville
connaît son apogée au XIVe siècle.
Le château, dont les premières
bases datent du Xème siècle,est une solide place forte qui
résiste aux assauts répétés de Simon IV de Montfort entre 1211 et 1217,
lors de la croisade des Albigeois ce qui ne l'empêche pas de mettre
à feu et à sang le reste du comté. En 1272, le comte de Foix refuse
de reconnaître la souveraineté du roi de France, Philippe le Hardi prend
en personne la direction d'une expédition contre la ville, le comte
capitule.
En 1290, réunion du Béarn et du comté de Foix, la ville
est pratiquement abandonnée par les comtes. Gaston Phoebus est le dernier
a avoir vécu au château qui, au XVIème siècle perd son caractère
militaire. Le château est ensuite transformé en prison jusqu'en 1864.
En 1536 commencent les première prêches réformées à Foix, et en
1579, l'église de Montgauzy est détruite par les réformés. Le même sort
est réservé à l'abbaye et à son église en 1581. L'année suivante, Foix
est reprise par les catholiques, et en 1589 le comte de Foix, Henri
de Navarre, est couronné roi de France et devient Henri IV.
Le château
de Foix est un château fort qui domine la ville de Foix. Lieu de tourisme
important, il est renommé dans toute l’Ariège comme haut-lieu cathare.
Il fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques par
la liste de 1840.
Le château est mentionné pour la première fois
dans une charte au début du XIème siècle : il a probablement
été construit à la fin du siècle précédent. En 1002, il figure dans
le testament de Roger Ier Trencavel, comte de Carcassonne
qui lègue la forteresse à son fils cadet Bernard. Mais on peut aussi
émettre l’hypothèse, aujourd’hui difficilement vérifiable, qu’il a pris
la suite d’un bâtiment défensif différent et plus ancien.
Ce premier
château féodal était classiquement constitué d’une unique tour dont
on retrouve les bases dans celles de l’Arget et qui était construite
à l’endroit naturellement le plus élevé de l’éperon rocheux. Une enceinte
protégeait le haut du rocher, mur suivant précautionneusement le bord
des falaises et qui ne faisait guère que les rehausser. Ce monument
permit aux comtes d’asseoir leur autorité et de consolider leur implantation
dans la région.
En effet, la famille seigneuriale régnant sur le
pays s’était installée à cet endroit qui permettait de commander les
accès à la haute vallée de l’Ariège, de surveiller de ce point stratégique
le bas pays tout en se protégeant derrière des murailles imprenables.
En 1034, le château devient chef-lieu du comté de Foix et joue un
rôle déterminant dans l’histoire militaire médiévale. Durant les deux
siècles suivants, le château abrite des comtes aux personnalités brillantes
qui furent l’âme de la résistance occitane pendant la croisade contre
les Albigeois et leur comté devint le refuge privilégié des cathares
persécutés.

Le premier sceau comtal connu, celui de Raimond Roger
(1188-1223), comte de Foix au début du XIIIème siècle, comporte
sur une de ses faces un dessin très symbolique du château de Foix. Il
comportait une deuxième tour carré (actuelle tour du milieu) et un grand
bâtiment qui reliait ces deux tours. Ce bâtiment semble avoir possédé
au moins deux étages et fut certainement très différent de ce qui subsiste
aujourd’hui. Il pourrait avoir servi de salle seigneuriale : lieu de
réception et centre décisionnel du comté. La tour carré est nommée dans
les actes médiévaux "tour neuve", ce qui prouve sa construction après
celle de l’Arget.
Deux actes du XIIIème siècle nous renseignent
sommairement sur le nombre d’enceinte et l’occupation des abords du
château et des terrasses en contrebas des tours. Les comtes de Foix
possédaient une maison située dans la montée (près de l’actuel tribunal
de Foix) qui s’effectuait sensiblement suivant le même chemin qu’aujourd'hui.
On accédait au château par deux portes. Le château était protégé par
deux enceintes et comptait également dans ses murs une chapelle et plusieurs
citernes. Notons qu’au XIIIème siècle, les deux tours du
château n’avaient pas de toitures. À cette époque, le château formait
une résidence spacieuse pour le comte, sa famille, ses proches et ses
hommes de guerre. Les fenêtres sont élargies, les sols carrelés de terres
cuites ornées de motifs.
À cette époque, le château dut subir les
attaques des croisés lors de la croisade contre les Albigeois (1208-1249).
En 1211, le chef des croisés Simon de Montfort met le siège devant Toulouse
mais ne parvient pas à prendre la ville. Il décide donc de ravager le
comté de Foix voisin et allié de la maison Toulousaine. Mais les croisés
ne pénètrent que peu dans le comté de Foix. Ils installent leur quartier
d’hiver à Pamiers et opèrent quelques razzias jusqu'à Foix. Mais le
château lui même ne fut pas inquiété par ses opérations de faible envergure
qui touchèrent surtout les faubourgs de Foix.
Le comté de Foix fut
relativement épargné par la croisade dont l’issue fut fatale pour les
comtes de Toulouse. Le traité de Meaux-Paris en 1229 amputa le comté
de Foix sur sa frange Est, en isolant une seigneurie de Mirepoix et
en occupant des positions éparses. En 1241, Roger IV devint comte de
Foix à la mort de son père. Sentant que la situation devenait défavorable,
il refusa pour la première fois depuis le début de la croisade son soutien
militaire au comte de Toulouse, en 1242, précipitant ainsi l'échec de
sa dernière révolte. Roger IV se tint éloigné de l'affaire de Montségur.
a fin du Moyen Âge fut un temps d’aménagements importants et encore
visibles. On entoura la tour de l’Arget d’une chemise probablement à
l’époque du conflit entre Roger Bernard III et les rois de France et
d’Aragon. On perfectionna la tour du milieu, voûtant les plafonds peut
être au début du XIVe siècle comme semble le suggérer le sceau d’Eléonore
de Comminges, femme de Gaston II (1315-1342), comte de Foix et mère
de Gaston Fébus, placé sur la clé de voûte du premier étage. On ajouta
aussi une barbacane et des châtelets sur l’accès donnant sur l’extérieur
de la ville, du côté de la route de St-Girons. Le premier châtelet commandait
deux échauguettes surveillant la montée. Le châtelet supérieur renforçait
une barbacane et la défense des lices, première plateforme intérieure
du château. Ces nouvelles constructions alliaient la pierre calcaire
du rocher et la brique qui réapparaît au XIVème siècle dans
les constructions militaires de la région. Les deux donjons furent dotés
d'un crénelage.
Mais surtout, on construisit une troisième et dernière
tour durant la première moitié du XVème siècle. Cette tour
ronde fut d'emblée conçue comme un bâtiment voué à la résidence plus
qu'à la défense : porte au rez-de-chaussée alors que les tours militaires
ne connaissent aucune ouverture avant le premier étage, fenêtres largement
ouvertes, cheminées et conduits indépendants sur quatre étages, latrines
avec conduit d'évacuation, plafonds voûtés. La tour ronde fut un travail
d’architecture complexe et coûteux qui fut entrepris sous le règne de
Gaston Fébus.
Ce dernier, comte de Foix très puissant de 1343 à
1391 gagna à Launac en 1362 une importante bataille contre la maison
rivale d’Armagnac qui lui disputait son héritage de Béarn. Beaucoup
de grands seigneurs du Sud-Ouest furent fait prisonnier par les Fuxéens
au cours de la bataille et Fébus les fit enfermer au château de Foix
en attendant que leurs familles et leurs proches puissent acquitter
les rançons qui permettraient de les libérer. Ainsi les comtes d'Armagnac
et de Comminges, les seigneurs d’Albret, Jean de la Barte, les seigneurs
de Pardalha furent enfermés quelques mois dans les prisons du château
de Foix avant d’être transférés vers Pamiers puis vers Mazères pour
assouplir leur détention. C’est sans doute avec l’argent des rançons
que Fébus réalisa de nombreux travaux et aménagements dans les châteaux
qu’il possédait dont celui de Foix.
La tour ronde mesure 32 mètres
de haut et ses murs atteignent 4 mètres d'épaisseur. Pour être plus
facilement aménagées, les salles sont de plan hexagonal et s’affranchissent
de la forme ronde de l’extérieur de la tour. Pour en faire un bâtiment
somptueux, on utilisa même des pierres taillées dans une carrière de
grès a quelques kilomètres de Foix alors qu’il était plutôt d’usage
dans la région de tailler directement les rochers où étaient bâtis les
châteaux. Le grès peut être ouvragé beaucoup plus finement que le calcaire
du rocher de Foix, il peut même être scié très régulièrement. Pourtant
malgré ses aménagements, les comtes de Foix devenus vicomtes de Béarn,
de Marsan et de Gavardan et qui vivent à Orthez, délaissent de plus
en plus le château lorsqu'ils viennent séjourner dans le pays de Foix,
au profit du château de Mazères et du palais des gouverneurs (l'actuel
tribunal) situé en contrebas.
Le château-caserne : garnisons et
gouverneurs du XVe au XVIIIe siècle
À cette époque le château de
Foix n’est pas abandonné pour autant ce qui protégea le bâtiment de
la possibilité de s’en servir comme carrière par les habitants de la
ville et donc le protégea de la ruine.
Au milieu du XVe siècle,
la tour ronde ou une partie de celle-ci servait de dépot pour les archives
comtales. Le château fut très vite transformé en caserne et livré à
lui-même, ce qui accéléra sa dégradation. En 1570, il y avait huit hommes
en garnison dans le château, ce qui peu paraître faible mais aisément
compréhensible en l’absence de conflits. Seule la chapelle fut entretenue
de façon régulière. Les abords du rocher déjà embroussaillés servaient
aux habitants pour faire paître les troupeaux et étendre leurs draps.
Le château avait alors piètre allure.
À partir de 1479, le comte
de Foix devient roi de Navarre et le dernier d’entre eux, devenu Henri
IV, roi de France en 1607, annexe ses terres pyrénéennes à la France.
Siège du gouverneur du Pays de Foix depuis le XVe siècle, le château
continue à assurer la défense du Pays, notamment pendant les guerres
de religion.
Après l'ordre de rasement de Richelieu (1632-1638),
le château faillit être démoli mais la décision ne fut jamais appliquée.
À cette époque, nombre de châteaux furent rasés car il était trop coûteux
de les garder et ces bâtiments pouvaient se révéler dangereux si on
ne les contrôlaient pas. C’est ce qui va arriver à un dizaine de châteaux
dans la vallée de l’Ariège (dont ceux de Pamiers et de Mazéres).
En 1635 commença, dans le cadre de la guerre de Trente Ans, une guerre
contre l’Espagne qui aboutit en 1659 au Traité des Pyrénées et on retrouva
une utilité au château de Foix proche de la frontière tout en oubliant
l'ordre de démolition. L’ouvrage fortifié demeura ainsi une garnison
jusqu’à ce qu’au milieu du XVIIe siècle on commence à y installer plus
ou moins régulièrement des prisonniers.
De la prison au Musée départemental
En réalité, le château avait déjà servit de prison au Moyen Âge
car les comtes de Foix étaient justiciers. Mais un espace réduit était
à cette époque dévolu à cette fonction. À partir du XVIIIe siècle et
surtout au début du XIXe siècle, le château et ses tours furent entièrement
transformés en prison. À la Révolution, lors de la création du département
de l’Ariège, ce pénitencier devint départemental. La prison rassembla
alors des personnes qui étaient accusées ou prévenues, en attente de
jugement et celles qui étaient condamnées à de courtes peines. L’origine
des prisonniers est très disparate : mendiants, bandits de grands chemins,
hommes emprisonnés pour délits forestiers.
La fonction de prison
conduisit à de nombreuses modifications architecturales du château.
Des grilles furent posées sur les ouvertures, des portes de cellules
solides furent installées avec des serrures efficaces. On construisit
de nouveaux bâtiments sur les terrasses Est pour y abriter l’administration
pénitentiaire. Les prisonniers gravèrent des graffitis sur les murs
de leurs cellules et on peut encore les observer dans les différentes
salles de la tour ronde qui servait de cachots. Les conditions de détentions
étaient effroyables. De plus la prison souffrit chroniquement d’une
surpopulation et du manque d'espace. Au début du XIXe siècle, les détenus
étaient une petite centaine, leur nombre atteint presque 200 en 1859
et le faible nombre de salle ne permettait pas de les séparer selon
les crimes et délits commis comme la loi l’imposait. On finit donc par
construire une prison moderne dans la ville de Foix et l'on déplaça
les prisonniers, créant en 1864 et pour une courte durée un dépôt de
mendicité sur le site.
La fin du XIXe siècle connut en Europe un
regain d’intérêt pour le Moyen Âge et le patrimoine historique. Le château
fut alors classé Monument Historique et restauré sous la direction de
Paul Boeswillwald ancien collaborateur de Viollet-le-Duc lors de la
restauration de la cité de Carcassonne. Les restaurateurs tentèrent
de revenir au monument médiéval ou plutôt à la conception qu’ils en
avaient. Le château qui s’offre à nos yeux aujourd’hui est le fruit
de cette restauration.
Depuis 1930, le château abrite les collections
du musée départemental de l’Ariège. Préhistoire, archéologie gallo-romaine
et médiévale témoignent de l’histoire de l’Ariège depuis les temps les
plus anciens. Actuellement, le musée redéploie les collections autour
de l’histoire du site du château s’attachant à restituer la vie à Foix
au temps des comtes. En quittant Foix, on peut apercevoir encore le
château qui trône.
Article de Freddy Mulongo,
publié le vendredi 6 avril 2012

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