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Rodez - Préfecture de l'Aveyron

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Plan de Rodez
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Vue perspective de la Ville de Rodez , capitale du Rouergue, prise du clocher des Chartreux... par son très humble et très obéissant serviteur de l'école royale de dessin de la dite ville le 14 décembre 1784 : Cette vue est ornée de la superbe mongolfière... construite à Rodez par M.r l'abbé Carnus, professeur de philosophie. S'est élevée le 6 août 1784, avec ce physicien, accompagné de Mr. Louchet, son confrère

Rodez ou Rhodez est d’origine celtique, et est située sur le penchant d'une colline dont l'Aveyron baigne la base. C'est l'antique Segodunum (montagne du Seigle), cité des Ruthènes, comme l'attestent plusieurs fragments trouvés dans le Bourg et dans le voisinage. César fait mention de cette ville dans ses Commentaires, et elle figure sur la carte de Peutinger. Il paraît, suivant l'étymologie de son nom, qu'on y cultivait le seigle. Conquise par les Romains, qui en firent une colonie, elle prit dans la suite le nom de Ruthena; d'où celui de Rodez. Il y avait des arènes comme à Nîmes, et un aqueduc qu'on se propose d'utiliser pour amener dans la ville une source d'eau.
Il partait de Ruthena trois voies romaines une dans la direction de Divotta (Cahors), une autre dans celle d'Anderitum (Javols) la troisième allait aboutir par Condate au pont de Castrum Ӕmilianum (Millau), d'où, par un chemin oblique et raide, encore appelé dans le pays Costo Roumivo, Romæ, elle allait se diviser à L'Hospitalet en deux embranchements, dont l'un conduisait à Rome et l'autre à Narbonne.
Vers l'an 250, saint Martial vint prêcher l'Évangile à Ruthena et y jeta les premiers fondements de l'église. Cependant saint Amans passe pour en avoir été le premier évêque au Vème siècle. Il y abolit le culte de Ruth, dernier reste de la religion druidique dans ces contrées. Persécutée par les Wisigoths, l'église naissante de Ruthena compta plus d'un martyr.
Après les Wisigoths vinrent les Sarrasins, qui la pillèrent. Pendant tout le temps qu'ils régnèrent dans ce pays, c'est-à-dire pendant cent soixante ans, elle resta privée d'un pasteur; elle ne se releva de ses ruines que sous Charlemagne.

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La cathédrale de Rodez

Des Sarrasins, Rodez passa aux comtes de Rouergue. Raymond de Saint-Gilles, l'un d'eux, ayant aliéné à Richard de Millau la partie de la ville appelée le Bourg, Rodez devint chef-lieu d'un comté qui s'agrandit successivement et occupa le tiers environ du Rouergue et quelques territoires limitrophes.. Bien que dévouée aux comtes de Toulouse, Rodez, ville catholique, refusa de prendre parti pour les Albigeois, qu'ils protégeaient. Cependant, assiégée par eux en 1210, elle était sur le point de succomber, quand le seigneur de Ténière vint la délivrer. Rodez s'obligea par reconnaissance à payer chaque année et à perpétuité, à lui et à ses descendants, six florins d'or.
Il y avait alors à Rodez un château qui occupait l'emplacement et les environs de l'église de Saint- Amans. C'était la principale résidence du comte. Celui-ci était seigneur du Bourg; mais l'évêque, de la Cité. Vers le milieu du XIIème siècle, des dissentiments éclatèrent entre le comte Hugues Il et l'évêque Pierre; au sujet des tours et des fortifications de la ville, des foires, de la police, du droit d'hommage que le prélat soutenait lui être dû par le comte, et autres prétentions respectives. Comme le fait remarquer un sage écrivain ecclésiastique, « l'amour- propre et l'ambition jouaient dans ces luttes un bien plus grand rôle que l'intérêt public. Les gens de l'évêque étaient presque toujours battus par les chevaliers du comte, souvent il y avait effusion de sang. L'évêque alors se défendait en lançant contre ses adversaires les foudres ecclésiastiques et lorsqu'on avait bataillé de part et d'autre, la cause était soumise à des arbitres, qui mettaient les parties d'accord. »
A la mort de Pierre, Hugues, frère du comte Hugues Il, ayant été élu évêque de Rodez, celui-ci, de concert avec le comte et autres seigneurs, fit établir un impôt qui fut appelé le commun de paix. Comme les chevaliers seuls avaient le privilège d'être armés d'épées, et que leurs vassaux ne pouvaient porter que des bâtons, cette taxe était imposée pour subvenir aux frais d'une garde qui devait veiller à la sûreté des chemins, afin de les garantir des brigands, alors fort nombreux par suite de la guerre qui avait désolé la province.

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La cathédrale de Rodez - détail du clocher

Sur la demande de l'évêque de Rodez, le pape Alexandre III confirma le commun de paix par une bulle datée de 1170. Tous les membres du clergé, les chevaliers, les marchands, les bourgeois, enfin tout homme, clerc ou laïque, possédant des bestiaux, devaient payer le commun de paix. Pour une paire de bœufs ou d'animaux de labour quelconques, pour une bête de somme, soit cheval, jument, mule ou mulet, 12 deniers ; par bergerie de brebis, 3 deniers autant pour un bœuf seul ou tout autre animal de labour, ou pour un âne susceptible d'être loué. Tout ouvrier et artisan, tel que tailleur, forgeron, etc., payait 6, 8 ou 12 deniers, suivant la décision du curé ; un travailleur de terre, vivant de son salaire, 3 deniers. Le père de famille vivant avec ses fils était dispensé de payer pour eux ; si ses enfants se séparaient et faisaient la division du patrimoine, chacun payait pour soi. La taxe se levait par paroisse. » (Bousquet, Histoire du département de l'Aveyron.) Tel était ce commun de paix, qui a subsisté jusqu'en 1789.
Au XIIIème siècle, Rodez eut à lutter contre les prétentions de Villefranche, qui, quoique nouvellement fondée, aspirait au titre de capitale du Rouergue.
Dans le siècle suivant, les Anglais ravageant le pays, on entoura, en 1351, de fortifications la Cité le Bourg étant suffisamment protégé par le château auquel on avait ajouté, en 1264, la tour de la Martelllère, qui pendant longtemps servit de prison.
Cependant, livrée aux Anglais par le traité de Brétigny, Rodez, pendant sept ans, supporta impatiemment leur joug. Bientôt, ne prenant conseil que de son courage, elle se leva et appela aux armes tout le pays. A son exemple, huit cents villes ou forteresses du Rouergue secouèrent le joug étranger. L'épée de Du Guesclin fit le reste. Dans la guerre contre les d'Armagnac, Rodez fut assiégée et prise par le dauphin, plus tard Louis XI (1444). Cependant, fidèle à la cause catholique comme à la cause royale, elle souffrit peu des guerres de religion et repoussa toujours les huguenots.
Richelieu et Louis XIII la visitèrent en 1630. Depuis ce temps, à part le procès du malheureux Fualdès, dont la fin tragique a donné lieu à une complainte célèbre, modèle du genre, rien n'est venu troubler la tranquillité de cette ville.


Note

Au XIVème siècle, Rodez était le siège d'une sénéchaussée qui fut plus tard érigée en sénéchaussée royale. Villefranche, rivale de Rodez, s'opposa en vain à cette érection ; elle fut confirmée en 1635.
Rodez est située sur la rive droite de l'Aveyron, qui coule rapidement et presque circulairement dans les gorges qui entourent ses anciens remparts. On y remarque d'assez belles places publiques, des boulevards ombragés d'arbres et des promenades agréables d'où la vue s'étend sur un paysage varié. Bien que l'air y soit vif et pur, cette ville a été six fois ravagée par la peste. Avant ces calamités, elle avait eu à souffrir de la famine en 975, 1028, 1029, 1030 et 1259 ; enfin, en 1555 et en 1750, on y ressentit deux tremblements de terre assez forts.
Rodez ne possède qu'un seul édifice vraiment remarquable, la cathédrale. Commencée en 1277 sous la surveillance d'un chanoine-ouvrier chargé d'inspecter les travaux, elle ne fut achevée que vers le milieu du XVIème siècle, sous l'épiscopat du cardinal d'Armagnac. C'est un bel édifice d'architecture gothique, bâti sur les ruines de l'ancienne métropole. « Il est, dit AI. Bousquet, en forme de croix latine vingt-sept chapelles rayonnent autour de l'église et forment une dernière enceinte parallèle aux bas-côtés. La hauteur de ses voûtes, la teinte des pierres, le jour sombre, le retentissement de la voix, tout annonce le génie qui a présidé à la construction de cette église. » Dans la nuit du 28 avril 1510, le feu ayant consumé l'ancien clocher, qui était en bois, on le remplaça par une magnifique tour de plus de 81 mètres d'élévation et qu'on aperçoit à 72 kilomètres de distance. Cette tour s'élève à l'extrémité du flanc septentrional de l'église. D'abord carrée, puis surmontée par une tour octogone flanquée de quatre tourelles, qui posent sur les angles de sa base, elle est couronnée par une coupole qui contient le timbre de l'horloge et sert de piédestal à une statue colossale de la Vierge. Pendant la Révolution, des vandales eurent l'idée de la détruire. Quelques amis des arts s'avisèrent, pour la sauver, de la dédier à Marat, et ce nom la fit respecter. L'église Saint-Amans, qui date du XIème siècle, a été complètement remaniée à l'extérieur. Le palais épiscopal, construit au XVIIème siècle, a été agrandi en 1875. Rodez a pour devise CIVITAS RUTHENA DEO FIDELIS ET REGI SEMPER.



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