Aurillac - Préfecture du Cantal
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Aurillac, Aureliacum ,Auriliacum, Orillac,
Orillac, Orilhac,
En creusant dans les faubourgs de la ville
et sur la rive droite de la Jordanne, on a découvert, à différentes
époques, des objets d'antiquité, un ustrinum gaulois (lieu où l'on
brûlait les morts), des vases, une statue grossière d'Hercule, des
armes, des tombeaux, des médailles des premiers Césars d'où l'opinion
de quelques savants sur la fondation de cette ville par les Antonins,
qui régnaient à Rome dans le ne siècle de l'ère chrétienne. Mais
si flatteuse que soit cette origine pour l'amour-propre des habitants
d'Aurillac, ce n'est là malheureusement qu'une assertion que ni
l'histoire ni la tradition ne justifient.
A la vérité, il est
fait mention, dans quelques historiens, d'un lieu appelé Conros,
situé dans le territoire d'Aurillac et où Clotaire se retira pour
éviter la bataille que lui offraient Childebert et Théodebert ;
mais on ne dit pas que la ville existât alors, mais seulement qu'il
y avait un territoire qui portait ce nom. Quoi qu'il en soit, elle
était déjà de quelque importance au IXème siècle, puisque
saint Odon, deuxième abbé de Cluny et natif d'Aurillac, assure qu'il
y avait dès ce temps cinq églises. Vers l'an 892, l'ermite Géraud,
de la maison de Poitiers et que le pape Clément VII fait descendre
du grand Constantin, fonda à Aurillac une abbaye de l'ordre de Saint-Benoît.
Il fit venir des moines de Vabres et les dota de grands biens et
de beaux privilèges. Après la mort du saint fondateur, cette abbaye
devint célèbre à cause des miracles que ses reliques y opéraient.
On y établit une école d'où sont sortis plusieurs savants, entre
autres Gerbert, qui devint pape sous le nom de Sylvestre II en 999.
A la fin du xi° siècle, l'abbaye d'Aurillac, consacrée en 1095 par
le pape Urbain II et visitée plus tard par le pape Calixte II, était
l'une des plus riches du royaume. On estime qu'elle avait dans ce
temps environ quatre-vingt mille francs de revenu, qui s'accrurent
par les dotations de la comtesse de Montferrand et autres. Aldegard,
cousin de saint Géraud, en fut le premier abbé. Plus tard, ses successeurs
s'arrogèrent le titre de comtes d'Aurillac. Relevant immédiatement
du Saint-Siège, ils avaient la haute justice sur la ville et sur
les faubourgs.
Vers le milieu du XVIème siècle, le
désordre et l'indiscipline qui régnaient dans le monastère étaient
tels que le parlement de Paris, en 1555, ordonna une enquête. Plus
de quatre-vingts témoins furent entendus et révélèrent des faits
plus ou moins scandaleux ; en 1561, l'abbaye fut sécularisée par
une bulle du pape Pie IV.
Aurillac était ceint de fortes murailles
et protégé par un château fort, dit de Saint-Étienne, ancienne résidence
des premiers abbés du monastère. On dit même que saint Géraud y
soutint un siège contre Aladelme, seigneur limousin. A la fin du
XIIIème siècle, Aurillac, après une longue lutte contre
les abbés et la prise du château de Saint-Étienne par ses habitants,
obtint une charte d'affranchissement. Des magistrats, élus par les
habitants, gouvernèrent la ville sous le nom de consuls. Ils eurent
pour successeurs des officiers royaux. Déjà siége d'un bailliage,
Aurillac était une des trois prévôtés, créées en 1319 par Philippe
le Long.
Pendant les guerres du XIVème et du XVème
siècle, Aurillac soutint plusieurs sièges contre les Anglais. Plus
tard, il eut à souffrir des guerres civiles et religieuses. Huit
fois pris et repris par les protestants et les catholiques, il vit,
notamment en 1569, ses églises et ses couvents pillés et saccagés.
Néanmoins, il a conservé le titre de première ville de la haute
Auvergne, primauté qui lui fut longtemps disputée par la ville de
Saint-Flour. Bâtie au pied et sur la pente d'une colline, sur la
rive droite de la Jordanne, qui remonte jusqu'aux sommets du Cantal,
avec ses maisons à tuiles rouges, ses églises et ses édifices en
toits d'ardoise, elle est d'un aspect agréable. On y arrive de la
route de Saint-Flour par une belle allée de peupliers, qui sert
de promenade, et après avoir passé la Jordanne sur un beau pont
en pierre de trois arches. Ses rues sont mal percées, mais larges.
De petits ruisseaux, dérivant de deux sources très abondantes et
des eaux de la Jordanne, y entretiennent la fraîcheur et la propreté.
II y a un grand réservoir en haut de la ville, et un canal formé
des eaux de la Jordanne traverse les rues basses, après avoir fait
mouvoir plusieurs usines entre la ville et la rivière s'étend le
cours Monthyon ou le Gravier charmante promenade plantée de quatre
rangées d'arbres, et sur laquelle s'élèvent la statue du pape Sylvestre
II., œuvre de David d'Angers, et la colonne de Monthyon: Aux abords
de la ville sont d'agréables avenues, formées par les routes de
Rodez, de Clermont, de Saint-Flour et de Tulle et parsemées de jolies
habitations avec jardins et vergers. Resserrée en cet endroit, la
vallée de la Jordanne s'élargit considérablement au midi ; la vue,
quoique bornée, se plaît à parcourir les environs de la ville et
à suivre le cours tortueux de la Jordanne jusqu'à son confluent
avec la Cère. Avant la Révolution, Aurillac possédait encore plusieurs
anciens édifices. De l'abbaye de Saint- Géraud il ne reste plus
que l'église, qui, malgré les ravages du temps et de la guerre,
a conservé quelque chose de son ancienne splendeur ; elle forme
un croix grecque régulière, mais elle est surchargée d'ornements
de mauvais goût. II y avait à Aurillac une collégiale, un couvent
de cordeliers, où saint Antoine de Padoue vint enseigner la théologie
un couvent de carmes, dont l'église était très belle ; une abbaye
de filles de Saint-Jean-du- Buis ou de Sainte-Croix, qui fut pillée
par les huguenots et enfin un couvent de religieuses de Notre-Dame,
sur les ruines duquel est construite la salle de spectacle. Sur
la colline du roc Castanet s'élevait le château de Saint-Étienne,
qui dominait la ville. Il n'en reste qu'une grosse tour carrée,
les autres constructions étant plus modernes. De ces ruines la vue
s'étend sur la vallée de la Jordanne, au-delà de laquelle se dressent
les cimes neigeuses du Cantal. Aujourd'hui, l'ancienne église des
cordeliers sert d'église paroissiale, sous le vocable de Notre-Dame
des-Neiges. C'est un grand et bel édifice, dont la construction
remonte au XIIIème siècle. La voûte en est hardie et
sans piliers. Aurillac possède, en outre, une ancienne chapelle
dite d'Aureinques, dans le faubourg de ce nom un Palais de justice,
sur le champ de foire, un petit Hôtel de préfecture, sur le cours
Monthyon; un Hôtel de ville, dont la façade est ornée des bustes
de douze de nos principaux écrivains; une Halle au blé, près de
l'église du chapitre un haras, un marché aux chevaux, un hippodrome,
un hôpital, une bibliothèque publique, riche de 6,000 volumes; un
Musée de tableaux et d'antiquités gauloises et romanes, une collection
minéralogique et un pensionnat tenu dans l'ancien château. Mais
le plus grand des édifices d'Aurillac est le collège, formé de quatre
corps de logis et d'un grand et beau pavillon. Sa fondation remonte
à 1619 ; d'abord confié aux jésuites, puis à des prêtres séculiers,
il jouit encore d'une certaine réputation.
Aurillac, qui, selon
les religieux de Saint-Maur, a été au Xème siècle le
berceau du renouvellement des lettres, a vu naître un grand nombre
d'hommes célèbres en tout genre, parmi lesquels saint Géraud, comte
et baron d'Aurillac; saint Odon, abbé de Cluny, et le pape Sylvestre
II (Gerbert). On sait qu'il fut le précepteur de l'empereur Othon
III et du roi Robert. Nommé archevêque de Reims, puis de Ravenne,
il fut élevé au souverain pontificat en 999. « Ses talents, dit
l'abbé de La Porte, étonnèrent tellement ses contemporains que plusieurs
l'accusèrent d'être sorcier. Le cardinal Bennon assura qu'il n'était
parvenu la papauté que par les moyens que le diable lui avait indiqués.
Il composa quelques faibles éléments de mathématiques et inventa
le premier le mécanisme d'une horloge à roue. Toutes ces découvertes
furent encore attribuées au diable tel a été le sort des premiers
progrès de la science. Dans les temps et dans les pays où l'ignorance
aveugle tous les esprits, ajoute le judicieux abbé, on a toujours
tort de se montrer savant. »
Aurillac est encore la patrie du
cardinal Pierre Bertrand, de Guillaume d'Auvergne, évêque de Paris;
de Jean de Rochetaillade, cardinal et patriarche latin de Constantinople;
du maréchal de Noailles, dont l'hôtel se voit encore dans la rue
de Noailles du cardinal de Noailles, son frère, archevêque de Paris
du poète François Meynard, secrétaire de la reine Marguerite, et
qui, sur la fin de ses jours, lassé du métier de courtisan, se mit
à chanter le néant des grandeurs humaines :
Toutes les pompeuses
maisons
Des princes les plus adorables
Ne sont que de belles
prisons
Pleines d'illustres misérables.
C'est le même
qui, abandonnant Paris pour retourner dans sa province, s'écriait
:
Adieu, Paris, adieu pour la dernière fois!
Je suis
las d'encenser l'autel de la Fortune
Et brûle de revoir mes rochers
et mes bois,
Où tout me satisfait et rien ne m'importune.
Un souvenir moins poétique, c'est celui du conventionnel
Carrier, le terrible proconsul de Nantes de J.-B. Coffinhal, vice-président
du tribunal révolutionnaire, également nés à Aurillac.
Sur le
bord du chemin d'Aurillac à Saint-Constant, on voit un de ces amas
de pierres dont l'existence remonte à une haute antiquité celui-ci
porte le nom de Peyral de Martori. Autrefois, chaque passant en
augmentait le volume en y jetant une pierre. Aujourd'hui, dit-on
dans le pays, cette distraction est réservée aux maris dont les
femmes sont, à tort ou à raison, accusées d'infidélité.
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