Guéret doit son origine au monastère de Waractum,
fondé vers 720, au temps de Charles- Martel et dont le premier abbé
fut saint Pardoux. Autour du monastère se groupèrent des habitations
qui devinrent le chef-lieu du pays environnant, lequel forma le
pagus Waractensis, l'un des pagi minores de la France carlovingienne.
Plus tard, en 887, le roi Eudes, fils de Robert le Fort, créa le
comté de la Marche ; Waractum ou Garactum en devint la capitale
sous le nom de Guéret on lui donnait le surnom de Bourg aux Moines,
en souvenir de son origine monastique. Les comtes de la Marche y
fixèrent leur résidence. C'était autrefois une place fortifiée,
entourée de murailles et flanquée de tours qui subsistent en partie.
On voit encore quelques restes du château où séjourna le roi Charles
VII pendant la guerre de la Praguerie, lorsqu'il poursuivait son
fils rebelle, le dauphin, depuis Louis XI. Guéret n'a été le théâtre
d'aucun événement digne de l'attention de l'histoire. Si cette ville
n'avait pas été la capitale de la basse Marche, si elle n'était
pas aujourd'hui le chef-lieu d'un département, son nom serait trop
obscur pour arrêter les regards. On a bien dans ces derniers temps
gratifié la province de la Marche du nom de Suisse française, mais
cette petite Suisse n'a point une grande histoire. Le canton de
Guéret n'est pas le canton d'Uri ou d'Unterwald, encore moins celui
de Berne. Les analystes ne racontent pas que ses habitants aient
gagné des batailles de Granson et de Morat contre les Limousins
ou les Berrichons, leurs voisins.
En 1848, ils eurent un combat
à soutenir ; mais ce fut un combat de quelques minutes contre des
paysans armés de fourches et de bâtons, un instant égarés par un
surcroît d'impôts. La garde nationale les accueillit à coups de
fusil ; quelques hommes périrent, le reste prit la fuite. La gloire
militaire de Guéret se réduit aux exploits de cette journée.
« C'est vainement, dit M. J.-B. Thuot, que l'on cherche dans l'histoire
quelque événement remarquable dont Guéret ait pu être le théâtre
; le souvenir de rien ne s'est conservé. »
Avant 1789, Guéret
possédait une sénéchaussée, un présidial, une justice royale, une
maréchaussée; elle était chef-lieu d'élection. Aux environs était
la forêt de Chabrier, où chacun pouvait faire paître sa chèvre et
ramasser du bois mort pour son chauffage ; de plus, comme capitale
de province, la ville de Guéret était le siège d'une administration
complète, et beaucoup d'habitants vivaient de leurs fonctions administratives;
aussi un proverbe local disait- il
Sans la Plume et le
Papier et le bois de Chabrier,
Guéret serait en chetivier;
en chetivier, c'est-à dire en pauvreté. Bien pauvre resta longtemps,
en effet, la petite capitale des comtes de la Marche ;
Ainsi
lorsque, en 1790, le comté fut devenu le département de la Creuse,
Aubusson, avec l'appui de Mirabeau, faillit lui enlever le rang
de chef-lieu.
Guéret serait assez jolie si les rues étaient
mieux percées. Plusieurs fontaines fournissent des eaux abondantes
et de bonne qualité. Les places publiques et les promenades ne manquent
pas d'agrément. Nous ne pouvons signaler aucun monument remarquable.
La bibliothèque renferme 4,500 volumes. A la fin d'octobre 1880,
un lycée national a été inauguré dans celte ville. La pépinière
est assez belle. La prison, entièrement reconstruite en 1827, est
bien distribuée ; les prévenus et les condamnés n'y sont pas confondus
les jeunes détenus, séparés des autres, y sont instruits et employés
à divers travaux. Outre l'hôpital, la ville possède une maison de
santé pour les aliénés du département. Aux environs, on peut visiter
le Puy de Gaudy, couronné par les restes d'un oppidum gaulois et
par les ruines d'une chapelle. Signalons qu’aujourd’hui se trouve
le labyrinthe de la Forêt de Chabrière, qui comporte environ cinq
kilomètres de haie et qui constitue le plus grand labyrinthe du
monde. Un parc animalier consacré aux loups est également présent
dans ce lieu.