Evreux - Préfecture de l'Eure
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Évreux (Mediolanum Aulercorum, Eburovices,Ebroicæ),
chef-lieu du département de l'Eure. Cette ville tire son nom actuel
des Eburovices, ainsi nommés du mot celtique Ebvre, qui signifie
forêt. Au temps des Romains, on l'appelait Mediolanum Aulercorum.
Longtemps des savants ont pensé que la ville romaine a occupé le
village désigné aujourd'hui sous le nom dé Vieil-Évreux, et que
la cité nouvelle s'est élevée dans une époque postérieure mais des
découvertes archéologiques récentes ne permettent pas de conserver
cette opinion. Après la soumission des Eburovices, les Romains firent
de Mediolanum l'une des plus belles villes du pays ; en effet, elle
ne tarda pas à prendre rang parmi les premières cités de la seconde
Lyonnaise.
Mais, au commencement du IIème, siècle,
une des invasions, barbares qui traversèrent la Gaule détruisit
Mediolanum de fond en comble. On n'a que de vagues données sur cet
événement qui d'ailleurs est certain, cette ville se releva lentement
et perdit son premier nom, auquel fut substitué le nom de la nation
des Éburovices qui, peu à peu, se modifia en celui de Ébroices,
Ebroicœ, Evreus, Évreux.
Vers cette même époque de l'invasion
des Vandales, saint Taurin vint prêcher le christianisme parmi les
habitants de la ville que les malheurs de la guerre avaient éprouvés
cruellement. Cet apôtre du christianisme fut le premier évêque d'Évreux,
et il eut pour successeur saint Gaud, qui, par sa piété, mérita
aussi d'être placé au nombre des saints. Après avoir administré
pendant quarante ans son diocèse, il se retira dans une solitude
de la basse Neustrie pour se recueillir et se préparer sans distraction
à la mort. Il est bien rarement fait mention d'Évreux dans les actes
ou dans les chroniqueurs de la période mérovingienne et dans les
premiers règnes de la seconde dynastie, jusqu'au moment où commencent
en Neustrie les invasions normandes.

Le peu de faits qui nous soient parvenus
de ces temps lointains concernent les évêques. Rollon, devenu duc
de Normandie, s'efforça de faire oublier par une sage administration
les ravages et les cruautés qu'il avait exercés dans cette contrée
; il releva les maisons et l'église d'Évreux, et son petit-fils,
Richard, construisit le château de cette ville.
Quelques guerres
entre le roi carlovingien Louis d'Outre-Mer, le duc de France, Hugues
le Grand, et le jeune Richard, pendant la minorité de ce duc, furent
funestes à Évreux.
Cette ville fut prise par Hugues, puis par
Louis IV en 943, et ce ne fut qu'en 946 que le duc Richard, vainqueur
du roi de France, par l'intervention des Danois, et allié avec le
puissant duc de Paris, qui avait fait la paix avec lui en lui donnant
sa fille, rentra en possession de la seconde capitale de ses États.
Nous avons déjà dit comment, sous Richard Ier, Évreux-
devint le chef-lieu d'un comté donné par ce prince à son fils naturel
Robert, qui, à cette dignité, joignit celle d'archevêque de Rouen.
Accusé par son neveu de vouloir se révolter, l'archevêque Robert
prit les armes et se fortifia dans le château d'Évreux. Le duc de
Normandie vint l'y assiéger, détruisit en partie la ville et la
cathédrale, chassa son oncle et ne lui rendit le comté que plusieurs
années après. L'archevêque Robert eut pour successeur son fils Richard,
qui fonda à Évreux la riche abbaye de Saint-Sauveur, l'une des communautés
de femmes les plus nombreuses en Normandie. Saint Louis visita cette
ville avec sa jeune épouse, Marguerite de Provence, en 1234 ; elle
jouit d'un calme profond jusqu'au temps des guerres de la rivalité
de la France et de l'Angleterre, époque calamiteuse pour elle, car
elle fut successivement prise et reprise par les deux partis.

Lorsque Jeanne d’Arc eut fait lever le siège d'Orléans et mené sacrer le roi à Reims, les villes du royaume tombèrent successivement au pouvoir des Français Conches, près d'Évreux, fut de ce nombre ; Charles VII lui donna pour gouverneur un Normand qui s'était déjà signalé par un grand nombre de services à la cause royale. Robert de Flocques ne put voir, sans s’indigner, la capitale du comté au pouvoir des Anglais ; il résolut de tenter une attaque pour la reprendre. Il se ménagea des intelligences dans la ville, fit pratiquer un trou dans un endroit des murailles, et, le 25 octobre 1441, il s'introduisit par cette brèche avec les plus braves de ses soldats. Les Anglais, surpris, s'assemblèrent dans la grande rue et dans les halles ils renversèrent des charrettes, formèrent des barricades et essayèrent de se défendre ; mais les Français furent les plus forts ; ils tuèrent et firent prisonniers un grand nombre de leurs ennemis, le reste prit la fuite, et la ville fut au roi. Pour récompenser cette action d'éclat, Charles VII donna le bailliage d'Évreux à Jean Flocquet, fils de Robert, qui avait vaillamment aidé son père dans son expédition. Le nouveau bailli se montra digne de cet honneur ; il repoussa une tentative des Anglais pour reprendre Évreux et les battit au Neubourg. Un de ses frères, Guillaume, devint, cette même année, évêque de la ville en remplacement de Pasquier de Vaux, partisan des Anglais, chassé avec eux. Le successeur de Guillaume de Flocques à l'épiscopat fut le célèbre Jean Balue ou La Balue qui après avoir été cardinal et chancelier de Charles de Normandie, frère de Louis XI, fut jeté par le roi dans une affreuse prison.

La ville d'Évreux prit part à la ligue du Bien public, en 1466. A la mort de son bailli, Jean Flocquet, tué à la bataille de Montlhéry en combattant pour le roi Louis XI, un de ses habitants, Jean Lebœuf, ouvrit les portes aux Bretons, partisans des ennemis du roi ; mais, peu après, Pierre de Bourbon attaqua la ville et la reprit. Louis XI rendit alors un édit qui ordonnait aux gentilshommes des environs de venir loger, dans Évreux pour défendre, au besoin, cette ville contre de nouvelles attaques. La fin du XVème, siècle et la première moitié du XVIème, furent pour Évreux un temps de prospérité et de calme à peu près complet. Pendant que fun des archidiacres de son église, Nicolas Murdras, licencié en théologie de la Faculté de Paris, l'illustrait par sa science, son évêque, Raoul du Fou, élevait un nouveau et splendide palais épiscopal enfin, le roi Louis XI prenait cette cité en affection et lui donnait un maire, six échevins et un procureur choisis entre les bourgeois, chargés de régler tous les différends et de défendre les intérêts de la cité jusqu'à ce que le roi ou le parlement rendissent une sentence définitive.

Évreux fut préservé, par la sagesse de son évêque, Ambroise Le Veneur, de l'hérésie qui se répandit dans presque toute la France sous le règne de François Ier ; le pape établit vers 1540, dans le couvent des frères prêcheurs de cette ville, un conseil d'inquisition pour toute la Normandie. Henri II et Catherine de Médicis visitèrent, Évreux en 1550 ; ils firent leur entrée le 12 novembre et furent reçus par le clergé, le maire et les échevins ; les bourgeois profitèrent de cette visite royale pour se plaindre de la longueur des procédures au parlement et solliciter l'établissement d'un siège présidial, qui leur fut accordé l'année suivante. Les juges, au nombre de sept, devaient juger en dernier ressort les instances et les procès qui n'excédaient pas la somme de 210 Iivres. Dans les premières années du règne de Charles IX, en 1562, les calvinistes essayèrent de reprendre Évreux ; le prince de Condé et l'amiral de Coligny passant près de cette ville tentèrent inutilement de s'en emparer ; ils furent repoussés, et, deux ans après, le bailli Louis d'Orbec, qu'on supposait être attaché aux hérétiques, fut chassé. Charles IX érigea, en 1569, Évreux en duché-pairie en faveur de son frère, François d'Alençon il le lui retira peu après ; mais cette concession fut renouvelée par Henri III, devenu roi de France, en 1574, qui, en même temps, donna à la ville pour bailli et capitaine Pierre de Melun, l'un de ses plus fidèles serviteurs. Le nouveau duché fut réuni à la couronne en 1584, par la mort de François d'Alençon, qui ne laissait pas d'enfants.

Claude de Saintes entraîna, par un excès
de zèle religieux, la ville d'Évreux dans le parti de la Ligue,
en 1587, lorsque Jacques Clément eut assassiné Henri III. Quatre
ans après, en 1591, Henri IV envoya le maréchal de Biron avec une
armée dans le comté d'Évreux. Biron parut devant la ville le 20
janvier et la fit sommer de se rendre à l'obéissance de Henri IV
; elle hésita d'abord ; puis, comme elle était peu en état de résister
efficacement, elle capitula, mais à des conditions favorables. La
victoire d'Ivry survenue le 14 mars 1591 assura cette conquête.
Henri IV fit fortifier de nouveau le château d'Évreux et en donna
le gouvernement, avec tout le bailliage de la ville, à Louis de
Grimonville, sieur de Farchaux. Le siège épiscopal d'Évreux fut,
à cette époque, occupé par l'un des plus illustres prélats dont
s'enorgueillisse cette cité. Jacques Davy du Perron succéda à l'évêque
Claude de Saintes, qui avait soulevé les bourgeois contre Henri
IV. Il était né à Genève en 1556. Il montra une précoce intelligence
son père lui apprit la langue latine et les mathématiques ; dès
l'âge de dix ans, il était fort avancé dans ces connaissances. Il
parut à la cour du roi Henri III, s'instruisit dans la foi catholique
et abjura le calvinisme, dans lequel il avait été élevé. A la mort
de Henri III, il s'attacha au cardinal de Bourbon et fut présenté
à Henri IV lors du siège de Rouen. Le prince s'empressa de s'attacher
cet homme éminent, et ce fut par son conseil qu'il provoqua une
réunion d'évêques pour s'éclairer lui-même avant d'abjurer la religion
réformée. Voulant, à ce moment, que Du Perron tînt parmi ces grands
personnages un rang honorable, il le nomma évêque d'Évreux. Du Perron
consacra son épiscopat à combattre les hérétiques et à maintenir
la foi dans son diocèse ; mais il ne défendit pas contre les empiétements
de la papauté les libertés de l'Église gallicane. En 1649, les habitants
d'Évreux se déclarèrent pour la Fronde et le duc de Longueville.
Depuis ce moment jusqu'en 1789, l'histoire de cette ville n'offre
aucun fait important. En 1669, le roi de Pologne, Jean-Casimir,
vint s'y faire moine et fut nommé abbé de Saint-Taurin. La Révolution
fut accueillie à Évreux avec assez d'enthousiasme ; un comité permanent
de vingt membres fut nommé pour veiller à la police et à l'organisation
de la ville, en même temps que la milice bourgeoise était organisée.
Buzot, l'un des citoyens que la ville avait envoyés à l'Assemblée
Nationale, s'y distinguait par son éloquence et par son patriotisme.
Un évêque constitutionnel, Robert Lindet, curé de Bernay, remplaça
l'évêque François de Narbonne, qui avait refusé le serment. Lindet
et Buzot furent envoyés en 1792 à la Convention ; mais, à ce moment,
de grands changements se firent dans la politique les violences
de la Montagne jetèrent Buzot dans l'opposition et celui-ci entraîna
ses concitoyens. Après le 31 mai, un grand nombre de girondins se
réfugièrent dans les départements de l'Eure et du Calvados. Le conseil
général de l'Eure protesta contre la tyrannie de la commune de Paris
; mais l'armée fédéraliste se dispersa, sans même livrer combat,
et les représentants qui avaient cherché à Évreux un asile se retirèrent
ailleurs ; Buzot s'enfuit dans la Gironde, où il périt de mort violente.
La Convention envoya dans le chef-lieu de l'Eure ses commissaires,
Louchet, Lacroix et Legendre. Rien de remarquable ne s'est plus
passé dans cette ville après la réaction thermidorienne.

En 1871, elle fut occupée par lest roupes
allemandes, qui se retirèrent immédiatement après la signature de
la paix. Évreux s'élève dans une jolie situation, au milieu d'une
vallée fermée au nord et au midi par des coteaux et arrosée par
trois bras de l'Iton de toutes parts, autour de la ville, on voit
des jardins, des vignes, des prairies qui rendent ses environs fort
agréables. L'édifice le plus remarquable est la cathédrale, considérée
comme l'un des beaux monuments de l'architecture normande. Ses vitraux
sont remarquables.
A 4 kilomètres à l'est de la ville, on
voyait autrefois le beau château de Navarre, bâti en 1330 par Jeanne
de Navarre et réédifié en 1686 par Mansart, pour le duc de Bouillon,
qui avait reçu le comté d'Évreux en échange de la principauté de
Sedan. Ce château, qui avait servi d'asile à l'impératrice Joséphine,
et qui était accompagné de beaux jardins, a été détruit en 1836

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