Chaumont-en-Bassigny - Préfecture de la Haute-Marne
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Chaumont-en-Bassigny Calvus Mons Bassiniaco
A quelle époque Chaumont fut-elle fondée ? Doit-elle son nom
à sa situation sur une montagne chauve et stérile, ou, comme plusieurs
l'ont écrit, à l'un de ses anciens seigneurs ? C'est ce qu'on ignore.
Quoi qu'il en soit, cette ville était connue sous le nom de Chaumont
au Xème siècle. Suivant les cartulaires de l'abbaye de
Molesme, elle avait, en 960, Geoffroy pour seigneur. Plus tard,
le dernier sire de Chaumont ayant été tué à la croisade, sa châtellenie
passa aux comtes de Champagne. L'un d'eux, Henri, en 1190, octroya
aux habitants une charte d'affranchissement qui fut confirmée en
1228 par le comte Thibaut, puis par Philippe le Bel en 1292, et
par Philippe de Valois en 1338. Alors Chaumont n'était qu'un bourg
fortifié ; son château, palais de plaisance des comtes de Champagne,
servait à la fois à la défense de la ville et à leurs parties de
chasse. Ils en faisaient foi et hommage à l'évêque de Langres.
Au commencement du XIIIème siècle, Chaumont devint le
siège d'un bailliage, ce qui lui donna quelque importance. C'était
l'une des clefs du royaume. Louis XII, François Ier et
Henri II la firent fortifier elle était entourée de murailles ;
dix bastions de pierre taillée à pointes de diamant, avec une courtine
et un fossé assez large, la défendaient. Aujourd'hui, bastions et
remparts ont disparu ; de L'ancien château des comtes de Champagne
il n'existe plus qu'une tour carrée, la vieille tour de Hautefeuille
qui paraît dater du Xème siècle. Ce château était fortement
assis entre les fossés qui le défendaient de toutes parts s'élevaient
un donjon et une tour si haute, celle dont nous parlions tout à
l'heure, qu'elle le mettait à couvert de toute surprise. Au-dessus
était une plate-forme entourée d'une balustrade. Douze cents fiefs
relevaient de ce château. Il y avait un beau jardin et, près du
donjon, une chapelle où l'on voyait une image de la Vierge, réputée
pour miraculeuse, qu'on portait processionnellement dans les jours
de calamités.
En 1474, la paroisse de Chaumont fut érigée en
collégiale par le pape, qui, à la sollicitation de Jean de Montmirel,
son légat et son ami, natif de Chaumont, accorda à cette collégiale
des indulgenses plénières et un pardon général. Ce pardon devait
être solennisé toutes les fois que la fête de saint Jean-Baptiste
tomberait un jour de dimanche, ce qui arrivait de cinq en six ans
et de six en onze ans. Ce jour-là, le clergé et le peuple sortaient
processionnellement de l'église. Dans les différents lieux où la
procession devait passer s'élevaient des théâtres où l'ou représentait
les diverses actions de la vie et la mort de saint Jean-Baptiste.
On coupait une tête postiche à celui qui jouait le personnage du
saint, et la fête se terminait par la chute, dans la chaudière des
diables, de l'âme d'Hérode, figurée par une poupée suspendue au
clocher de l'horloge. Au commencement ou au milieu du mystère, on
faisait un sermon. Après quoi la procession retournait à l'église,
où il y avait indulgence plénière. Cette fête, qui durait neuf jours,
était célèbre dans toute la Champagne. On s'y rendait de 30 et 40
lieues à la ronde. Les voyageurs étaient contraints d'entrer dans
la ville pour prendre part à la fête. On voyait dans l'église, et
même dans les rues, des prêtres qui écoutaient les pèlerins en confession.
A l'occasion de cette fête, des hommes et des femmes, désignés pour
la fête, s'habillaient en diables et en diablesses ; ils pouvaient,
à partir du jour des Rameaux, revêtir leur costume et parcourir
la ville et les campagnes environnantes, Pendant la procession,
c'étaient eux qui chantaient : Qui est iste rex gloriæ? Quand
les portes de l'élise étaient ouvertes, ils se répandaient dans
la ville et ils avaient le droit de faire contribuer les étrangers
qui venaient en foule à cette fête. C'était un petit revenu pour
ceux qu'on avait choisis. Aussi une bonne femme du pays disait-elle
dans son patois Note homme, si piait ai Dieu ai lai Saint Jean,
serai diabe, et j' paîrots teutes nos dettes.
Telle était
la Diablerie de Chaumont. En 1674, on supprima les diables et les
mystères quant à la fête religieuse, elle se célèbre encore de nos
jours sous le nom de Grand-Pardon.
C'est à Chaumont que les souverains
alliés signèrent, en 1814, ce traité par lequel ils s'engageaient
à poursuivre pendant vingt ans la guerre avec vigueur et dans un
parfait concert. Chaque puissance continentale devait tenir en campagne
active 150 000 hommes, et l'Angleterre fournir un subside annuel
de 4 800,000 livres sterling, à répartir entre ses trois alliés.
Aucune négociation séparée ne pouvait avoir lieu avec l'ennemi commun.
Durant la guerre franco-allemande de 1870-187 1, cette ville a été
occupée par les troupes ennemies, appartenant à la IVer
armée, sous les ordres du général Manteuffel, et à la IIème
armée, commandée par le prince Frédéric-Charles.
Les rues de
Chaumont sont larges et propres; mais quelques-unes sont escarpées
et d'un accès difficile. Parmi les édifices publics de Chaumont,
on remarque la préfecture, l'hôtel de ville, l'hôpital, et surtout
l'église de Saint-Jean-Baptiste, qui est bien bâtie, et dont le
chœur et les croisées sont d'un très beau gothique. Elle a été classée
parmi les monuments historiques. Au bas de l'église est un sépulcre
renfermant dix personnages groupés près du tombeau où gît le Christ,
tous de grandeur naturelle et très remarquables. Il y avait autrefois
à Chaumont un couvent de capucins, un couvent de carmélites, un collège
de jésuites dont la belle église est aujourd'hui celle du lycée.
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